Aujourd'hui un petit tour dans un vide-grenier parisien et trouvailles de photos 14-18.
Parmi celles-ci un homme pose à côté d'un char FT 17 (je présume) dont une chenille est détruite. Ce char porte les lettres HS à la craie à plusieurs endroits et plusieurs numéros : 93 à côté de HS et au dessous 5 chiffres dont les 3 derniers 399, à hauteur du carter de chenilles (je ne connais pas le nom exact de cette pièce).
Serait-ce suffisant pour identifier le char ?
Je peux envoyer le scan sur messagerie perso.
Cordialement,
Christophe
Bonsoir Christophe.
Il s'agit effectivement bien d'un Renault FT. Il s'agit donc du n° xx399.
Si les deux premiers chiffres auraient permis de savoir dans quelle usine ce Renault avait été construit, cela ne donnait que peu de chance de retrouver l'unité d'appartenance, la date et le lieu de sa destruction.
Plusieurs des usines de montages des chars ont fabriqué un FT n° 399.
Il est quasiment impossible de remonter dans le détail les numéros de chars des Régiments en FT. Les documents de ces derniers mois de guerre ne suivaient pas les numéros de chars comme ceux des Groupes Schneider et St Chamond.
Le terrain pourrait être celui du secteur de Chaudun en Juin ou Juillet 18. Ce n'est qu'un hypothèse.
Les inscriptions HS à la craie ont probablement été tracées par l'équipe de récupération, pour signaler que le char était Hors Service et que les pièces utilisables avaient été récupérées. L'aspect du train de roulement fait penser à du démontage, plutôt qu'à de la destruction combat. Les deux poulies de tension avant ont disparu. Probablement pour remplacer celles d'un char endommagé. Cette pièce, partiellement construite en bois, restait fragile aux impacts.
Bonsoir,
Avec la photo en belle qualité fournie par Christophe, la situation de ce Renault se précise un peu.
Il s'agit finalement du n° 66899 (et non 399). Ce char appartenait à l'AS 306 (3° Compagnie du 2° BCL du 501° RAS). Il a détruit (ou mis en panne) le 21 Juillet 1918 sur la D 1570 entre Villemontoire et Taux (49° 17' 27" N - 3° 20' 66" E).
L'AS 306, avec l'AS 305(*), appuyait une attaque du 6° tirailleurs sur le plateau Sud/Est de Villemontoire.
Sur ce char, en plus du numéro constructeur (66899) un numéro à quatre chiffres (de plus grande taille) est partiellement visible. C'est une autre logique de numérotation qui, à cette époque, n'est pas visible sur tous les Renault.
Le char appartenait à la 1° Section de la 3° Compagnie. Son As de pique est visible à l'arrière du char.
Pour l'instant, pas de détail sur l'histoire de l'équipage. Le JMO et les quels rapports existants ne mentionnent que les officiers et le volume de blessés du jour.
Merci pour tous ces éléments très précis, qui indiquent même le lieu de la prise de vue !
L'érudition et la qualité des réponses du forum m'épatent toujours autant après plusieurs années de fréquentation.
Heureux de partager quelques photos avec vous tous !
Bonne journée,
Amicalement
Chrsitophe
Pour compléter les éléments fournis par Michel, voici un montage photo réalisé par ses soins, indiquant la position exacte du Char Renault FT 17 - 66899 - 936X As de Pique détruit le 21 juillet 1918 entre Taux et Villemontoire :
Bonsoir,
Avec la photo en belle qualité fournie par Christophe, la situation de ce Renault se précise un peu.
Il s'agit finalement du n° 66899 (et non 399). Ce char appartenait à l'AS 306 (3° Compagnie du 2° BCL du 501° RAS). Il a détruit (ou mis en panne) le 21 Juillet 1918 sur la D 1570 entre Villemontoire et Taux (49° 17' 27" N - 3° 20' 66" E).
L'AS 306, avec l'AS 305, appuyait une attaque du 6° tirailleurs sur le plateau Sud/Est de Villemontoire.
Sur ce char, en plus du numéro constructeur (66899) un numéro à quatre chiffres (de plus grande taille) est partiellement visible. C'est une autre logique de numérotation qui, à cette époque, n'est pas visible sur tous les Renault.
Le char appartenait à la 1° Section de la 3° Compagnie. Son As de pique est visible à l'arrière du char.
Pour l'instant, pas de détail sur l'histoire de l'équipage. Le JMO et les quels rapports existants ne mentionnent que les officiers et le volume de blessés du jour.
A plus - Michel
Bonsoir Tanker,
Mon G-P Edmond de l'AS 306 a été blessé le 21 juillet dans ce secteur, c'est peut-être son char ?
A plus, et encore merci pour tes travaux
Dominique
Bonjour à tous,
Merci à Christophe pour cette photo et surtout - comme à l'habitude - un grand bravo à Michel toujours présent pour apporter la précision qui éclaire le sujet ! Cet endroit est tout proche de celui de mes recherches sur le char renault "récupéré" par les troupes allemandes en juin 18 et ramené à Noyant...Pourrais-je avoir un scan de cette photo pour compléter mes documents sur cette période de combats autour de mon village ? Par avance, merci à Christophe, et par message privé ou directement sur ma messagerie. Bien cordialement,
Pierre
J'ai, pour commencer, une erreur à corriger. Le 21 Juillet, avec l'AS 306, c'est la compagnie AS 304 qui est intervenue. L'AS 305 avait combattu le 20 juillet, et se trouvait en phase de reconstitution.
Pour Dominique et l'histoire du canonnier Edmond Bion, j'ai quelques interrogations.
Arrivé dans l'Artillerie spéciale le 7 Février 1918, le canonnier Edmond Armand Bion a du suivre le cycle classique des affectés dans les chars :
- Fort du Trou d'Enfer de Marly le Roi,
- Camp de Cercottes,
- Camp de Champlieu,
Son affectation au 500° RAS le 1° Mai 1918 fait suite à la création de cette structure administrative, en remplacement du 81° RALT.
En l'absence d'autres précisions, il est impossible de reconstituer son parcours entre Février et Septembre 1918. Son affectation suivante est le 501° RAS en 1919 !
Il est cependant blessé le 21 Juillet 1918 lors des combats dans le secteur de Chaudun. Cette blessure atteste de sa présence en unité de combat dans la zone des armées à cette date, et sa citation le consacre comme "excellent mécanicien de char".
A quelle type d'unité appartenait alors Edmond Bion ? Dans les combats du 18 au 21 Juillet, au Sud-Ouest de Soissons, les trois types de chars étaient engagés, et ses pièces militaires ne le donnent, comme affecté au 501° RAS, seulement le 1° Septembre 1919.
Mécanicien de char, Edmon Bion pouvait l'être à bord d'un char Schneider ou d'un char St Chamond. S'il avait été affecté dans une de ces unités, le numéro de son Groupe de chars aurait du être mentionné dans ses pièces.
Concernant les unités de Renault FT, les pilotes étaient effectivement aussi souvent appelés "mécanicien" (plutôt que pilote).
Même s'il est surprenant que son unité d'affectation finale ne soit pas mentionnée dans ses pièces, il est, pour moi, possible qu'il ait appartenu, en Juillet 1918, à une SRR (Section de Réparation et de Ravitaillement), plutôt qu'à une unité de chars. (cela reste une hypothèse)
Les équipes de mécaniciens des Groupes et Régiments d'AS participaient activement au dépannage et à la récupération des chars dans la zone des combats, et leurs personnels travaillaient très souvent sous le feu de l'ennemi.
Il reste donc beaucoup d'interrogations dans sa carrière dans les chars.
Dans le combat du 20 Juillet 1918, l'AS 305 a évacué 8 blessés : Adjt Chambon, MdL Pescayre, Brg. Andréani, Brg. Savattier, canonniers Corsier, Rodriguès, Blanc, Hartet. (Avec l'écriture du Lt Daher, la transcription de certains noms peut être erronée).
Le 21 Juillet, l'AS 304 et l'AS 306 ont eu 2 Sous-officiers et 4 chefs de chars (généralement Brigadier) et 7 mécaniciens blessés. Aucun n'est nommé !
Difficile donc d'en dire plus sur Edmond. Une chose est certaine, il a participé aux combats de chars sur le plateau de Villemontoire, et les photos de lui avant sa libération en Septembre 19 semble bien prouver qu'il était membre d'un équipage de Renault FT.
Pour Pierre, et concernant les Renault FT disparus dans les premiers combats de Mai et Juin 1918, les 3 BCL du 501° RAS ont laissé, dans les lignes ennemis des chars qui ont certainement intéressé les Allemands. Ils étaient alors dans une phase de gain de terrain qui permet de penser qu'ils ont eu plusieurs occasions de récupérer des chars.
Le 31 Mai 1918, le 2° BCL laisse deux FT dans les lignes ennemis dans le secteur Missy Ferme de Cravençon.
Le 3 Juin 1918, le 3° BCL perd deux chars dans les lignes ennemis dans le secteur Corey, Voutry, Troesnes.
Le 4 Juin 1918, le 1° BCL perd un char dans les lignes ennemis (à la ferme de la Grille).
Malheureusement pas de détails et pas de numéros de chars. Par ailleurs, aucun compte-rendu de l'AS mentionnant la disparition totale de chars dans ce secteur, une fois la ville de Soissons dégagée.
En Juillet, les chars perdus sur le plateau de Chaudun étaient généralement dépassés le lendemain. Les Allemands n'avaient alors plus le loisir de faire de la récupération.
Il reste à voir :
- si la photo de Guy, du Renault capturé et ramené à Noyant, permet peut-être de lire le numéro du char,
- si ce numéro de char est répertorié dans un des BCL du 501° RAS.
Encore une fois merci Michel pour toutes ces précisions.
Donc "mon" FT 17 était dans l'AS 306 dans laquelle il y eut plusieurs blessés 'anonymes" : on a déjà leur grade, je ne vais pas demander plus, ce serait malvenu
Je suis déjà bien servi en renseignement pour cette petite photo bien anodine pour qui n'a pas le coup d'oeil, j'ai vraiment eu un coup de bol qu'elle m'attende dans ce petit lot, vendu pour des photos des années 30-40 (c'était la majorité, mais il y avait aussi d'avant).
Pierre je transmets la photo légendée par Michel.
Bonne soirée,
Amicalement,
Christophe
