L'Artillerie de tranchée.

Avatar de l’utilisateur
TURPINITE
Messages : 4290
Inscription : dim. mars 04, 2007 1:00 am
Localisation : France
Contact :

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par TURPINITE »

Bonjour à tous,
voici en quelques mots un petit descriptif de la munition qui est plus connue sous le nom de "bombe à cornes"

Ce modèle a été rencontré en versions de hauteurs ou de couvercles différents, mais du même ordre. Ce couvercle était tenu en place par trois boulons de 14. La base tronconique adoptait le profil interne de la chambre à poudre du mortier, mais le vent devait rester important.
L'avant du projectile dépassait de la tranche antérieure du tube du mortier, ce qui permettait cette fixation particulière du couvercle par trois oreilles dépassantes et trois boulons. Une variante de ce projectile recevait un couvercle qui présentait un évidement en assiette dans lequel venaient se fixer deux allumeurs à traction du même principe que ceux du projectile Gatard.
Un autre projectile cylindrique en fonte, à base tronconique intérieurement renforcée par des nervures, plus court que le précédent, mais moulé d'un seul tenant, avec un fond renforcé de quatre nervures internes. Un raccord à six pans vissé dans l'oeil permettait la mise en place de la fusée concutante, après chargement en explosif. Il a également existé sans raccord, pour recevoir une fusée du type Gatard.
Le corps était réalisé au diamètre de 147 mm, mais en laissant deux surépaisseurs. Usinées au tour, celles-ci donnaient deux ceintures de guidage et d'étanchéité au calibre de 149 mm. Le projectile était pratiquement totalement introduit dans l'âme du mortier, seule la tranche avant affleurant, ce qui permettait d'ôter la goupille.
Sur une autre version, la ceinture antérieure était remplacée par des lignes saillantes longitudinales, qui évitaient le battement du projectile dans l’âme tout en en limitant l’usure.
Ces divers projectiles en fonte furent réalisés de manière semi-artisanale sur les arrières du
front lorrain. A notre connaissance, on n'en découvre nulle part ailleurs.
Ils étaient chargés en explosif de qualité médiocre (de la Perdit allemande récupérée a même
été observée dans l'un d'eux) et amorcés par une fusée très simple, en laiton, fusante à temps
fixe s'allumant par dispositif concutant au départ du coup. En 1987, un retard de 16 secondes a
été constaté.
La goupille traversante de la fusée ne s'enlevait qu'au moment du tir.De nos jours, un tel projectile présente un risque certain si la goupille immobilisant le concuteur ne remplit pas son office.
En effet, le ressort de sécurité, déjà très faible en 1915, est actuellement toujours très endommagé, voire totalement détruit par la corrosion due au bimétallisme. La fusée peut fonctionner par simple retournement ou chute de l'engin.
L'amorce était constituée d'une douille de laiton et carton, du type d'une cartouche de chasse
de calibre 16. Elle initiait une mèche elle-même munie d'un détonateur introduit dans un relais
de mélinite sous carton.
Image
Image

Source: manuel de l'artillerie de tranchée - 1921.

Amicalement
Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
humanbonb
Messages : 1951
Inscription : ven. juil. 08, 2005 2:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par humanbonb »

Superbe, merci à toi.
Peut-on par ailleurs, avoir le même style d'information sur le mortier modèle 1838 ?

Bonne journée.
Avatar de l’utilisateur
TURPINITE
Messages : 4290
Inscription : dim. mars 04, 2007 1:00 am
Localisation : France
Contact :

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par TURPINITE »

Bonjour à tous,
voici la suite :
Image
Image

Amicalement
Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
Avatar de l’utilisateur
guillaume jacquinet
Messages : 164
Inscription : mar. juin 07, 2005 2:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par guillaume jacquinet »

Bonjour à tous, quelqu'un sait-il à quoi correspond la "vis de douille de secteur" sur le mortier de 58n°1, pièce à priori fragile qui cassait fréquemment lors du tir. Bon WE, G.J.
p Lamy
Messages : 990
Inscription : ven. juin 01, 2007 2:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par p Lamy »

Bonjour,
à défaut de pouvoir répondre à la question de Guillaume, voici le 58 n°1
Image
Cordialement.
P. Lamy
"C'est le Vin qui a fait gagner la Guerre"
Jean-Louis Billet, agent de liaison au 70e BACP
Pierre-Charles
Messages : 110
Inscription : sam. janv. 30, 2010 1:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par Pierre-Charles »

Bonjour,
Est-il possible de savoir où était positionné le 175e RA deTranchées du 1ier avril au 18 juillet 1918 ?
Merci.
Pierre-Charles
ALVF
Messages : 7124
Inscription : mar. oct. 02, 2007 2:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par ALVF »

Bonjour,

Il faut absolument connaître la ou les batteries de tranchée qui vous intéressent car toutes les batteries sont dispersées.A défaut, il faut connaître le Groupe car l'artillerie de tranchée a connu de multiples réorganisations au cours de sa courte histoire.
L'organisation du 1er avril 1918 et le regroupement des groupes et batteries au sein des régiments, série 175 et au-dessus, n'eut guère qu'un but purement administratif.
Il faut aussi tenir compte que l'artillerie de tranchée est incroyablement sous-encadrée.A titre d'exemple, le capitaine de La Chapelle ("K.KI" en littérature) commandait un groupement d'artillerie de tranchée de 4.000 hommes avec le simple grade de capitaine de réserve!Qui dit mieux?
Cordialement,
Guy François.
ALVF
Messages : 7124
Inscription : mar. oct. 02, 2007 2:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par ALVF »

Bonjour,

Suite à la liste des affectations de l'artilleur, objet de vos recherches, que vous m'avez envoyée en MP, je réponds ici car la réponse à ces questions est d'intérêt général.
En effet, malgré les apparences, votre artilleur a servi dans la même batterie d'artillerie de tranchée de 1915 à 1918 mais cette batterie a subi de multiples changements d'appellations en fonction des réorganisations incessantes de l'Artillerie de tranchée jusqu'au 1er avril 1918 où l'organisation se fige, ce qui n’empêchera pas un certain nombre de dissolutions d'unités avant le 11 novembre 1918.
Votre artilleur a donc servi:
-de la création de la batterie jusqu'au 24 juillet 1915: 16e batterie du 6e R.A.C..
-du 24 juillet 1915 au 1er octobre 1917: 104e batterie du 6e R.A.C.
-du 1er octobre 1917 au 1er avril 1918: 101e batterie du 54e R.A.C.
-à partir du 1er avril 1918: 9e batterie du 175e R.A.T.

En fait, ces multiples appellations concernent la même batterie constituant la batterie puis une des deux batteries de tranchée de la 28e Division d'Infanterie.
Paradoxalement, tout ceci découle d'une logique qui nécessiterait de nombreuses pages d'explications.J'espère publier un jour les textes qui régissent cette organisation très complexe en illustrant par des tableaux le panorama complet de l'artillerie de tranchée.Tout ceci est complexe, chaque tableau comportera 4 ou 5 pages et il y aura au moins cinq tableaux différents.Je ne vois pas d'autres solutions pour synthétiser un sujet d'une rare complexité!
Cordialement,
Guy François.
Avatar de l’utilisateur
hugues
Messages : 55
Inscription : ven. nov. 14, 2008 1:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par hugues »

Bonjour a tous,

Je fais des recherches sur le canonnier JUIN du 45e RAC a la 102e batterie de 58T No 2 qui servait dans le secteur de la 125e DI entre, en gros, Four de Paris et Fille Morte.

Les positions de 58 étaient elles fixe dans les lignes et avaient elles un aménagement particulier. Etaient elle réparties régulierement sur la ligne de front ou étaient elles en groupes. Sur une carte du 55e RI (JMO), il est inscrit en limite de secteur Fille Morte, "emplacement lances bombes", ce qui laisse penser que les mortiers étaient tous au même endroit...

Autre question, JUIN est mort le 13 Février 1916 "Tué à son poste de combat lors d'un tir sous un violent bombardement" (extrait de l'arrêté portant concessions de la Médaille Militaire) , et son camarade Maître Point BEGOT blessé (JMO 102e batterie 45e RAC). Puis le 14 pas de pertes.
Sur le JMO du 72e RI, il est inscrit en date du 14 Février:
" Journée calme, l'artillerie ennemie est peu active, toutefois 1 Miners tombe sur l'abri du canon de 58, tuant un artilleur et en blessant griévement un autre."
Pourrait il s'agir du même événement, mais avec une erreur sur la date du 14?

En tout cas, merci pour toutes les informations que vous nous faites partager sur ce merveilleux site.
Bonnes fêtes à tous.

Hugues




Avatar de l’utilisateur
mo120rtf1
Messages : 95
Inscription : mar. avr. 03, 2012 2:00 am

Re: L'Artillerie de tranchée.

Message par mo120rtf1 »

bonjour,
Enme promenant hier dans la nécropole militaire de Gerbeviller, je suis tombé sur deux soldats du 8°RAT et un du 8°RAC.
Ma question est, c'est deux régiment sont ils un seul et même régiment???
Si ce n'est pas le cas, pouvez vous m'expliquer?
Cordialement.
T.Fr
Répondre

Revenir à « Artillerie »