Canons sous tourelle Belges à Kalemie

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Bernard Plumier
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par Bernard Plumier »

Bonjour à tous

Encore une très belle et intrigante contribution au blog des canons survivants http://canonspgmww1guns.canalblog.com/

Philippe Claesens m'a fait parvenir ces surprenantes photos de deux pièces lourdes de fabrication Allemande mais appartenant à la Belgique en 1914, sur les rives du Lac Tanganyka, à Kalemie, en République Démocratique du Congo. La localité de Kalemie a connu plusieurs épîsodes de combats pendant la Grande Guerre, entre les Allemands et las forces Belges. Je n'ai pas trouvé trace de la participation de ces pièces à ces combats, mais je n'ai cherché que sur Internet.

D'un point de vue technique, si les coupoles qui abritent les canons prennent une forme similaire à celles des coupoles de certains forts Brialmont, elles sont réalisées en tôle légère et non en acier moulé épais. Elles reposent sur un châssis pivotant sur un système de rails, tout comme certaines pièces de côte. Je ne serais pas étonné qu'une structure de maçonnerie légère ou un talus de terre protégeant la base aie disparu, mais ce ne sont que des conjectures de ma part.

Pouc ce qui est des tubes eux-mêmes, ils sont de calibre 15cm et marqués respectivement "Fried Krupp Essen Nr7" et "Fried Krupp Essen Nr8", sont tous deux datés de 1891. Je pense à des tubes de type "Canon rayé de 15 c.A. mod 1886 (manchonné et fretté" qui équipaient aussi les couipoles des forts de Liège et Namur, et furent aussi fabriqués par Cockerill sous le millésime 1890

Ces tubes ont-ils été montés par la Belgique avant 1914, ou bien s'agit-il de tubes démontés par les Allemands sur les forts tombés en 1914 ? Ou bien sont-ce des réalisation d'après guerre ?

Je soumets ces questions à votre sagacité, messieurs-dames de mon Forum préféré !

Amicalement

Bernard



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pierreth1
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par pierreth1 »

Bonjour,

Ces canons ont été acheminés à partir du fort de Shinkasasa pour équiper le fort d'Albertville en 1915
il y a d'ailleurs deux photos de ce scanons sur le site:
http://abergo1.e-monsite.com/medias/fil ... lemand.pdf
vous avez aussi sur le site :
http://abergo1.e-monsite.com/album/eic- ... 60-mm.html ,
des photos du fort de Shinkasasa de Boma ce fort etant à l'estuaire du fleuve Zaire
amener les canons sur la frontière est n'a pas été des plus simples (bateau jusqu'à Matadi, train de Matadi à Léopoldville (Kinshasa) puis de nouveau bateau portage...
A noter que jusqu'en 1929 la capitale du Congo belge est Boma, le fort est actuellement perdu au milieu d ela végétation (tout au moins c'est ainsi que je l'avais vu la dernière fois que j'y ai été, le corps d el'ouvrage forme un V tout y est à l'abandon
Ayant bien connu le zaire, je dois avoir dans une boite de photos des photos de ces canons prises dans les années 80

Cordialement

Pierre
pierre
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Bernard Plumier
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par Bernard Plumier »

Bonjour Pierre

merci pour ces précisions historiques et les liens très intéressants, que je vais prendre le temps de lire. J'avoue que je découvre l'existence de ce fort !

Le calibre annoncé par les articles indiqués m'étonne : on cite du 160mm, ce qui est un calibre totalement inhabituel dans l'arsenal Belge et la technologie Krupp. A moins qu'il ne s'agisse de calibres de Marine ?

Qui pourrait confirmer ? Mon correspondant Philippe Claessens semble avoir relevé du 15cm, mais toute personne qui a essayé de mesurer le calibre d'un vieux canon survivant avec les moyens du bord sait que ce n'est pas simple...

Cordialement

Bernard

Par c
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marpie
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par marpie »

Bonjour Bernard et à tous ,
Sur le site Delcampe :
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Bien amicalement
Marpie
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Bernard Plumier
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par Bernard Plumier »

Bonjour Marpie

et merci pour ces photos, qui contredisent ce que je pensais : Ces pièces en service sur la rivière Kalemie ne disposaient pas de plus de protection que de nos jours.

Amicalement

Bernard
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pierreth1
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par pierreth1 »

Bonjour,

Le capitaine commandant Petillon est chargé par le roi des Belges en 1889 d'installer une batterie de 8 canons au fort Shinkakasa les deux pièces d'artillerie de Kalémie ayant les numéros 7 et 8 sont a priori les dernières de la commande
Petillon arrive à Boma en avril 1891 il installe la batterie dont le rôle etait de protéger Boma et plus loin Matadi
En 1894 il est decide de construire un fort bétonné dont les plans sont l'oeuvre du capitaine commandant du génie Wangermée adjoint du célèbre général Brialmont
La construction du fort a pour but d eprotéger le fleuve (et la capitale Boma) des incursions portugaises car le Portugal étant présent en angola et à Cabinda a des revendications territoriales sur le fleuve , la marine Belge n'existe pas à l'époque
les deux canons d'Albertville sont arrivés l'un après l'aute à 4 mois d'intervalle.
ce qui est surprenant c'est que tous les textes belges que j'ai parlent de canons de160mm, mais il est fait état de canons de 160mm de marine
Mais on peut lire dans la revue navale belge Neptunus d'aout 1966 que Le fort possède deux batteries de 4 canons de marine Krupp de 160 mm, a 38 calibres, Chaque canon était installé dans une cuve de beton, sur affut pivotant a commande démultipliee par manivelle, le tout sous protection
d'un bouclier d'acier hémisphérique, solidaire de l'affüt
en 1914 ce fort est équipe de 8 canons de 160mm approvisionnés 650 coups, de deux coupoles pour obusier de 120 mm avec 400 coups et un obusier de réserve, de 13 canons Nordenfeldt de 57 mm de flanquement avec 1300 coups
lors de l'installation des canons à Albertville, dans un premier temps (au vu d'une photo), les coupoles n'étaient pas installées et les canons étaient sur leur affut sans protection

Le transport de ces canons n'a pas été simple, ils ont du être transportes par
- voie fluviale jusqu'à Matadi
- voie ferree de Matadi à Leopoldville (Kinshasa)
- voie fluviale de Leopoldville à Stanleyville (Kisangani)
- Voie ferrée de Stanleyville à Ponthierville (ubundu)
- voie fluviale de Ponthierville à Kindu
- Voie ferree de Kindu à Kongolo
- voie fluviale de Kongolo à Kabolo
- voie ferree de kabolo à Albertville

de Matadi à Leopoldville le chemin de fer était géré par la Compagnie du Chemin de fer du Congo crée par le capitaine Thys en 1889. cette voie avait un écartement de 0,765 m., avec des inclinaisons de 45 mm. par mètre et des rayons de courbure de 50 mètres. Au début , la charge utile d’un train ne dépassait pas 28 tonnes, (trois wagons de 10 tonnes ). La vitesse maximum autorisée était de 25 km/h., et la vitesse commerciale ne dépassaitt pas 20 km/h!

de Stanleyville à Albertville les chemins de fer étaient:la Compagnie du Chemin de fer du Congo Supérieur aux Grands Lacs africains (CFL) est créée le 4 janvier 1902, à Bruxelles par le Baron Edouard Empain, il s'agissait d'un réseau métrique

Pour le transport de ces canons, les belges ont eu de la chance en effet la voie ferrée Stanleyville Ponthierville est ouverte en 1906, la voie fluviale Ponthierville Kindu (320km) n'a été ouverte qu'en 1906, la voie ferree Kindu Kongolo a été ouverte en 1910, la voie fluviale Kongolo Bukuma en 1911 (Kabolo est une escale sur cette voie) et la voie ferree kabolo Albertville en février 1915
avant l'ouverture de ces voies les relèves de fonctionnaires belges de l'est du Congo et le transport du fret se faisait par l'intermediaire de l'Afrique Orientale Allemande! le tronçon Kabolo Albertville fait 272 km, vu le terrain à traverser cela aurait été une épreuve pour les populations locales qui auraient eu la charge de participer au transport (sous la contrainte..)


Concernant le calibre de 160mm le problème est que ne semblent répertoriés en 16cm
que le canon de marine britannique RML 64 pounder 64 cwt gun obsolete en 1890
et les deux canons espagnols "gonzales Hontario de 16 cm modele 1879 et 1883,
ainsi qu'en calibre plus important le 164mm modele 93 français.

Les belges auraient ils appele canon de 160mm des canons Krupp de 150mm ? Krupp aurait il fourni une commande spéciale destinée à équiper spécifiquement ce fort? On sait qu'il y avait deux batteries de 4 canons or les deux canons de kalemie sont visiblement numerotes 7 & 8 ce qui pourrait indiquer une commande spéciale, si il y avait eu des commandes antérieures les numéros seraient plus élevés?

Notre spécialiste ALP pourra sans doute nous en dire plus et expliquer ce calibre.


Cordialement,

Pierre
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Bernard Plumier
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par Bernard Plumier »

Bonjour Pierre

merci pour cette très riche réponse. Il faut s'en rendre aux faits - toujours tétus - et admettre que ces pièces sont certainement du calibre 16 cm. Autant de sources de périodes différentes ne pourraient se tromper.

Ma conviction initiale était basée sur la ressemblance apparente entre ces canons et ceux équipant certaines coupoles de la ceinture fortifiée de Liège et de Namur, contemporains, du même constructeur, mais de calibre 15cm. Il aurait été logique pour l'Etat Belge de conserver les mêmes calibres ne fut-ce que pour la gestion des munitions ou l'optimisation des achats. Mais la mission de défense côtière de cette batterie, puis du fort, ont peut-être induit le choix d'un calibre classiquement plus 'naval', à moins que les performances recherchées des pièces (puissance, portée) aient dicté ce choix.

J'essayerai de trouver le temps ce WE pour tenter de trouver des traces de ces pièces dans les revues d'artillerie de l'époque, à moins qu'un des membres de ce forum ou de mon blog n'apportent des précisions

Bien amicalement

Bernard
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ALVF
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par ALVF »

Bonjour,

J'ai recherché vainement des canons Krupp de 16 cm dans ma documentation (catalogues Krupp, Revue d'Artillerie, livres divers), je ne trouve que des 15 et 17 cm pour la période considérée mais la gamme "export" de Krupp est vaste.
En dehors de la Marine française et de ses canons de 16 cm et 164,7 mm, on ne trouve rien de comparable dans les productions des autres pays.
Je me suis penché sur l'ouvrage du maître belge de la fortification, le général Brialmont, dont le livre "La Défense des Côtes et les têtes de pont permanentes" de 1896 (éditeur Guyot à Bruxelles) n'évoque que les canons de 280, 150, 120, 75 et 57 dans la Défense des Côtes. La Planche VII de l'album de planches in-folio décrit une batterie de côte de 150 de conception semblable à celle du fort Shinkakasa pour illustrer le paragraphe "Batterie de côte pour la défense d'un fleuve, d'un détroit ou d'un goulet".
Évidemment, ceci ne prouve rien, le gouvernement belge a peut-être voulu un canon plus puissant qu'un 15 cm.
Je ne vois que le colonel Lothaire ou Luc Malchair pour nous sortir de ce mauvais pas.
Cordialement,
Guy François.
pierreth1
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par pierreth1 »

Bonjour,

Sur un point je me trompais car j'avais oublié un élément important.
En effet les photos des deux canons montrent les numéros 7 & 8 et j'écrivais: "les deux canons de Kalemie sont visiblement numérotes 7 & 8 ce qui pourrait indiquer une commande spéciale, si il y avait eu des commandes antérieures les numéros seraient plus élevés?" mais ces canons n'ont jamais été commandés par le royaume de Belgique et donc il s'agit d'une commande de 8 canons en tout et pour tout passée par l'Etat Indépendant du Congo qui ne sera annexé par la Belgique qu'en 1908. Donc une numérotation de 1 à 8 est cohérente quand bien même la Belgique en aurait commandé de son côté.

Concernant l'état libre du Congo
En novembre 1884, Bismarck convoque la conférence de Berlin pour parvenir à un accord à l'amiable pour le partage de l'Afrique centrale. La France reçoit 666 000 km2 sur la rive nord du fleuve Congo (les actuelles république du Congo et République centrafricaine) , le Portugal 909 000 km2 au sud (l'actuel Angola) et Léopold II obtient, au nom de l'A.I.C. les 2 344 000 km2 qui constitueront l'État indépendant du Congo. (L'Association internationale du Congo est une association créée le 17 novembre 1879 par Léopold II, roi des Belges), en Réalité il obtient ce territoire car les autres puissances veulent se neutraliser mutuellement et refusent devoir ce territoire passer sous le contrôle dun rival. cet AIC était en fait un état fictif géré par des "prètes noms"
Le 28 avril la chambre des représentants décide « Sa Majesté Léopold II, Roi des Belges, est autorisé à être le chef de l'État fondé en Afrique par l'Association internationale du Congo. L'union entre la Belgique et le nouvel État sera exclusivement personnelle. » Autrement dit la Belgique ne participera pas aux dépenses engendrées par la gestion de ce qui n'est pas officiellement une colonie.
Le problème est que les portugais depuis 1882, revendique l'embouchure du fleuve Congo. La Grande-Bretagne et la France sont au départ hostiles mais moyennant pour les britanniques la liberté de navigation de Noqui (quasiment Matadi) à l'embouchure, la Grande-Bretagne, valide dune convention consacrant sa possession des deux rives du Congo depuis le village de Noqui jusqu'à l'Océan Atlantique.
La conférence de Berlin de 1885 autorise la liberté de navigation sur le fleuve Congo pour toutes les puissances (internationalisation de la voie d'eau jusqu'à Matadi (ensuite le fleuve n'est plus navigable jusqu'à Kinshasa. Le territoire du Congo est délimité par le fleuve
Le 25 mai 1891, un accord est signé entre le Portugal et l'État Indépendant du Congo

Autrement dit au moment où ce fort est construit et est équipé de canons la menace portugaise a disparu et l'utilité du fort diminue.On a du mal à imaginer de nos jours que deux puissances plus que moyennes (que ce soit sur le plan militaire ou démographique) aient pu envisager un conflit sur la terre africaine

La disposition des 2 batteries de 4 canons sur les deux ailes permettait d’atteindre la rive opposée et de barrer le passage vers Matadi (Matadi est à 50/60km) au niveau de Boma le fleuve dans sa plus grande largeur fait de l'ordre de 6 km (de berge à berge)
Ce fort avait vraiment comme vocation de protéger de ses canons la capitale de l'etat indépendant du Congo, face aux portugais et à une tentative de débarquement de leur part appuyés par des navires de guerre, l'état de la Flotte portugaise en 1880/1890 constitué majoritairement de canonnières et de bâtiments dépassés, donc pour les conditions théoriques d'emploi du 150mm était parfaitement suffisant
Et effectivement comme Le général Brialmont a « été à la manœuvre » pour la construction du fort de Shinkakasa, il serait étonnant qu’il ait préconisé un calibre différent de ceux des forts belges.

D’un autre côté
- une carte postale belge postérieure à 1918 montre deux canons du fort de Shikakasa et la légende sur la carte fait état de pièces de 160mm le fort étant dit déclassé. Les 6 pièces ont été retirées dans l’entre deux guerre, il se raconte qu’elles avaient été enterrées dans les fossés du fort ??
- dans la revue des deux mondes sous la plume de Charles d’Ursel (tome 162, 1900) on lit : « le Gouverneur général voulut, avant mon départ, me faire les honneurs de Shinkakasa. Dominant Boma, destiné à servir de porte-respect à la capitale de l’État, c’est un fort très important à coupoles blindées qui abritent des pièces de 16 centimètres, d’une portée de 8 000 mètres »…
- Dans l'ouvrage "la campagne anglobelge de l'Afrique Orientale Allemande" de Charles Stenon imp Berger Levrault 1918 il y a une photo des deux pièces d'artillerie avec la légende "la défense d'albertville sur le tanganyika. Canons de 160 sous coupole"

Pour l’annecdote lors de la rebellion de soldats de la force publique entre le 17 avril 1900 et le 9 mai 1900, le fort avait été pris par les mutins (des soldats qui à l’issue de leur service de 7ans attendaient leur libération), entre autres motifs) Ils ont utilisé ces canons pour tirer sur Boma mais ne sachant pas les utiliser un seul obus est tombé dans le jardin de la villa du gouverneur du Congo. Le fort ayant été repris la révolte a été matée dans le sang selon le règles en vigueur à l’époque…Autrement dit la seule fois où ces canons ont tirés (en dehors des exercices) ce fut contre leurs propriétaires.

Les deux canons amenés à Albertville avaient pour but de protéger la ville des incursions allemandes ceux-ci étant au début du conflit maitres du lac Tanganyika grâce à leur flottille qui leur permettait de lancer de nombreux coups de main (de nos jours on parlerait, toute proportion gardée, d’action commando, les effectifs déposés à terre étant généralement de l’ordre de la vingtaine). La ville d'Albertville terminale en février 1915 était une base logistique (à partir d elà tout devait être porté à dos d'hommes) un chantier d econstruction navale pour la construction d ebateaux à partir d etôles provenant d'Europe par Matadi (à plus de 4000KM) et ultérieurement de base d'hydravions. Ce lac fut le lieu d’une « guerre navale » entre canonnières et bateaux armés, les allemands disposant d’une supériorité en artillerie « navale » grâce notamment à une pièce de 105 mm provenant Königsberg (coulé par les anglais) armant le « Graf von Götzen », la base d’Albertville sera protégée par une batterie de 75 et les deux pièces provenant de Boma. Au vu l’évolution de la guerre à l’est de l’Afrique, la probabilité que ces canons aient eu à tirer pour défendre Albertville est ntrès faible (d'ailleurs aucun des documents et récits que j'ai sur le sujet ne parle d'une défense d'Albertville, par ailleurs la rive allemande étant à 80 km face à Albertville et cette ville étant en position centrale sur le lac à 300 km des limites nord et sud du lac., ces pièces n’ont joué aucun rôle dans les combat, par contre leur calibre en a fait des éléments de dissuasion redoutables. Les allemands ne pouvaient ignorer leur présence car ils étaient aidés par un réseau d’espions africains vivant sur la rive congolaise, espions qui notamment les aidaient et les guidaient lors de leurs coups de main…Malgré tout autant les allemands dominaient sur le lac (alors de la première partie du conflit, autant leurs attaques terrestres contre les positions belges furent vaines et les combats tournaient généralement à l’avantage de la force publique.

Cordialement

Pierre
ALVF
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Re: Canons sous tourelle Belges à Kalemie

Message par ALVF »

Bonsoir,

J'ai interrogé le colonel Lothaire, éminent spécialiste de l'artillerie belge, sur ces canons du fort de Shinkakasa.
Le colonel a publié dans le numéro 2007-2008 de "Militaria Belgica" un gros article très documenté, intitulé "Les débuts de l'artillerie coloniale belge", dans lequel il donne des précisions sur les canons du Fort de Shinkakasa et détruit au passage quelques légendes:
-les huit canons sont des pièces Krupp de 16 cm L/35 modèle 1889.
-la demande de ce fort calibre provient du Roi des Belges lui-même.
-le général Brialmont n'a pas participé directement à l'étude et à la réalisation de ce fort.
Je ferai une petite synthèse de ces trois points après lecture complète de l'article du colonel Lothaire.
Cordialement,
Guy François.
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