La plaquette Malandrin

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jacques didier
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Re: La plaquette Malandrin

Message par jacques didier »

Bonjour à tous,

Cette plaquette a-t-elle déjà été évoquée ?

Du fait que les prévisions d’avant 1914 ne s’appliquaient qu’à une guerre courte et toute de mouvement, la France ne voulait pas s’alourdir avec du matériel pesant.
La solution économique de la plaquette Malandrin fait mettre de côté le projet d’une pièce à tir courbe, légère, susceptible de tirer sur un ennemi abrité comme l’obusier de campagne allemand de 105.
"La plaquette Malandrin était une rondelle de métal qui était interposée au moment du besoin entre la fusée du projectile et le corps de l’obus ; offrant une résistance sérieuse à l’avancement du projectile dans l’air, cette plaquette incurvait pour une charge donnée la trajectoire de l’obus ; elle diminuait par suite la portée de ce dernier, mais permettait le tir plongeant. La plaquette Malandrin devait nous faire faire une économie de 85 millions, avait-on déclaré à la commission de l’Armée et aux Chambres, puisque son adoption nous éviterait la mise en construction de l’obusier léger. L’expérience de la campagne a prouvé que le canon omnibus n’existait pas, et qu’il fallait se résigner à avoir des pièces de modèles différents pour exécuter dans de bonnes conditions les différents genres de tir imposés par la guerre."

(Tiré de : Colonel Pellegrin, La vie d’une Armée pendant la Grande Guerre. Préface du général Mangin. Flammarion 1921.)

Cordialement.
J. Didier
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Laurent59
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Re: La plaquette Malandrin

Message par Laurent59 »

Bonjour, il me semble que j'avais posé une question sur cette fameuse plaquette il y a déjà qques temps...une photo de cette plaquette >>> ICI

Laurent :hello:
Histoire du soldat François Louchart 72ème RI .
Pages du 72e et 272e RI [https://www.facebook.com/laurentsoyer59[/url].
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TURPINITE
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Re: La plaquette Malandrin

Message par TURPINITE »

Bonsoir à tous, bonsoir Jacques,

les plaquettes étaient destinées à être utiliser sur des champs de tir.

Elles furent ensuite utiliser pour permettre au 75 de toucher des objectifs à la manière d'un obusier, par des tirs extrêmement courbes.
Elles se montrèrent totalement inefficaces durant la 1ère guerre.

Il existe deux types de plaquettes le modèle P ayant un diamètre de 68 mm et un poids de 50g; l'autre modèle L, a un diamètre de 58 mm pour un poids de 34 g.

Amicalement
Florian

S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
ALVF
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Re: La plaquette Malandrin

Message par ALVF »

Bonsoir,

La plaquette Malandrin a déjà été évoquée à plusieurs reprises sur ce Forum.
Il est nécessaire de bien rappeler les responsabilités dans cette triste affaire où certains veulent voir l'unique responsabilité des "Généraux" alors que la réalité est beaucoup plus complexe.
Je résume en quelques lignes:
-Le capitaine Malandrin avait mis au point une plaquette, que je décrirai à la fin du sujet, afin d'éviter les incidents ou les accidents dans les champs de tir trop exigus où les obus de 75 avaient une fâcheuse tendance à sortir des limites après des ricochets.La plaquette diminuait fortement la portée en rendant la trajectoire courbe et évitant de ce fait les incidents ou accidents provoqués par des coups "longs".
-En 1911, sous l'émotion de la crise Marocaine qui faillit provoquer une guerre avec l'Allemagne, un budget de 500 millions est prévu pour doter l'Armée française d'une artillerie lourde de campagne moderne.
-Contrairement à beaucoup d'affirmations, les "Services de l'Artillerie" ont étudié de bons prototypes d'obusiers légers pouvant être rapidement mis en production (sans compter que l'industrie privée dispose "sur étagère" d'excellents matériels d'obusiers légers).
-Après avoir obtenu l'apaisement de la crise Marocaine, les dirigeants sont tout à coup beaucoup moins pressés d'investir de fortes sommes dans l'achat de matériels d'armement très coûteux, d'autant plus que les "militaires" ne sont pas "en odeur de sainteté" dans certains milieux politiques très influents.
-C'est alors que de serviles courtisans, comme il en existe toujours à toutes les époques, trouvent la solution en "découvrant" la plaquette Malandrin dont "l'invention" providentielle devient la "divine surprise" qui permettra à l'Armée française de se passer d'un obusier léger en donnant au "75" la possibilité de tirer en trajectoire courbe comme un obusier pour "fouiller" le terrain invisible.Je passe sur ces responsables que je nommerai dans une étude complète dans une publication argumentée.
-Les gouvernants et en particulier le Ministre de la guerre "sautent" sur cette "pseudo invention" et, après des essais en vraie grandeur sur un champ de tir, deviennent subitement "convaincus" par cette démonstration, surtout organisée par des cabinets ministériels!On peut ainsi faire l'économie d'un crédit de 85 millions et le budget de la guerre devient ainsi une intéressante "variable d'ajustement".
-Certes, "certains" ont gagné du galon, des ministres ont économisé de l'argent public mais un an plus tard (car nous sommes en 1913!), des milliers de poilus succomberont sur les barbelés établis à contre-pente des deuxièmes lignes allemandes, faute d'un obusier léger qui fera défaut à l'armée française pendant toute la guerre!
-Pour être juste, il faut reconnaître que le 16 février 1914, peut-être pris d'un remord tardif, les commissions parlementaires dégagent cette fois 163 millions pour réaliser un programme d'artillerie lourde, la loi de crédit sera enfin votée le 13 juillet 1914!
On voit donc que ce n'est pas du fait de la seule responsabilité des "militaires" que nous sommes partis en guerre presque entièrement démunis d'artillerie lourde moderne.
Un dernier point, le capitaine Malandrin eut à souffrir longtemps des sarcasmes des officiers d'artillerie quand la plaquette qui porte son nom montra sa quasi-inutilié dans la plupart des situations militaires, il n'était pourtant pour rien dans cette application inattendue de son invention!

Pour en revenir à la plaquette Malandrin, ou plutôt aux plaquettes Malandrin, il en a existé deux types principaux.Ce sont de simples rondelles de tôle d'acier à oeil central qui se placent entre la gaine-relais et la fusée-détonateur au moment du tir, on distingue:
-la plaquette P, d'un diamètre de 68 mm et d'un poids de 50 grammes, marquée "P" pour "Près".
-la plaquette L, d'un diamètre de 58 mm et d'un poids de 34 grammes, marquée "L" pour "Loin".
La portée des obus de 75 mm n'est plus que de 4000 mètres au maximum et la précision est très mauvaise pour un tir de guerre (46 mètres à 3000 m de portée), les plaquettes peuvent être employées avec toutes les fusées, sauf la fusée IA.
Faible portée, faible précision, mauvais angle de chute, cela fait beaucoup de défauts mais il faut se souvenir que cette plaquette n'avait initialement que le seul but de diminuer artificiellement la portée des obus de 75 mm sur les champs de tir étroits du temps de paix!
Pour être complet, il a existé aussi une plaquette en acier et à oeil fileté d'un diamètre de 68 mm mais deux fois plus épaisse et lourde que la plaquette "P".Elle était destinée aux obus de 75 mm des chars d'assaut afin de donner un bon angle de chute aux fusées compte-tenu de la nature particulière des tirs effectués par les chars.
Voilà à quoi ressemblent les plaquettes Malandrin qui économisèrent 85 millions de francs-or à la France (car leur fabrication ne coûtait à peu près rien!) mais qui causèrent indirectement la mort de milliers de poilus du fait de l'absence d'un obusier léger dans nos Armées:
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Cordialement,
Guy François.
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Tanker
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Re: La plaquette Malandrin

Message par Tanker »

Bonjour,
Et une "bonne invention pas chère" n'est jamais perdue !
Ces plaquettes sont toujours en service sur les lance-roquettes multiples développés pas les russes et copiés par de nombreux pays.
Sur une salve de 20 LRM de 122 mm tirant chacun 40 roquettes, ces plaques permettent de mieux disperser dans la profondeur les impacts.
Michel
Email - [email protected]

Liens sur les sujets Artillerie Spéciale de "Pages 14-18" :
viewtopic.php?f=34&t=52768
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jacques didier
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Re: La plaquette Malandrin

Message par jacques didier »

Bonjour à tous,

Un grand merci pour toutes ces précisions sur ce sujet que j'ai découvert.

Cordialement.
J. Didier
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IM Louis Jean
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Re: La plaquette Malandrin

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,

Malandrin l'a rêvé, Nexter l'a fait!

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Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
air339
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Re: La plaquette Malandrin

Message par air339 »

Bonjour,

A noter que malgré ses insuffisances la plaquette Malandrin est toujours en service en 1936, avec son nouveau tracé de 1928 :

"PLAQUETTES
Pour réaliser certaines conditions d'emploi on peut utiliser au tir:
-les plaquettes Malandrin, en tôle d'acier (tracé du 27 Octobre 1928) qui se placent entre la gaine-relais et la fusée détonateur de l'obus de 75 pour courber sa trajectoire (objectifs défiles): '
- une plaquette P (près) de 68 mm de diamètre, pesant 47 grs.
- une plaquette L (loin) de 58 mm de diamètre, pesant 34 grs.
- la plaquette en acier destinée au tir de l'obus de 75 par les chars de combat et dont l'effet est, aux très courtes distances donc en tir très tendu, d'éviter les ricochets des obus sur le sol sans fonctionnement percutant.
De même diamètre que la plaquette P, et deux fois plus épaisse, elle se place comme cette dernière
."

"Ecole d'application d'artillerie. Organisation des matériels d'artillerie. Tome I. Munitions". 1936/07, page 63 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... rk=21459;2

Cordialement,

Régis R.
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