Evolution de l'artillerie

[Anthony Verove]

Bonsoir à tous,

Je me demande quelle a été l’évolution de l’armement des RAC. L’organisation de ces régiments ne semble pas changer au cours de la guerre. Elle demeure schématiquement la même : 1RAC = 3 groupes de 3 batteries de 4 ( ?) pièces chacune.

Or, l’armement évolue. Si le canon de 75 est pour ainsi dire seul présent en 1914, des pièces nouvelles (parfois de très étranges comme on a pu le constater récemment sur ce forum) font leur apparition : canons de 37, mortiers de 58…

Comment l’organisation administrative s’adapte-t-elle à cette évolution technique ? (nombre de servants par pièce, nécessité d’une évolution de la liaison avec l’infanterie voire avec l’aviation….)

Je suis bien conscient qu’il s’agit là d’un sujet de thèse d’histoire militaire. Toute remarque, tout souvenir de lecture serait le bienvenu…

Je constate, par exemple, que dans ses Carnets d’un fantassin, Charles Delvert n’évoque que le 75 comme armement (exception faite de l’artillerie lourde) : ni canon de 37 ni mortier de 58 ; encore moins de liaison avec l’artillerie…

Cordialement,

Anthony

[Stephan @gosto]

Bonjour Anthony,

Je ne suis très calé en artillerie et j'en connais qui vous répondront certainement de façon pointue malgré l'ampleur du sujet.

L'artillerie est une des armes qui a le plus évolué durant la guerre, en même temps qu'elle prit une ampleur remarquable (26.000 officiers et 1.093.000 hommes à l'Armistice, alors qu'elle mit sur pied, à la mobilisation, un effectif de 10.650 officiers et 428.000 hommes !!).

En fait, la structure même des R.A.C. n'a pas subi de bouleversement considérable durant la guerre.

Concernant les pièces de 37 ou de 58, elles n'étaient pas du ressort de l'artillerie de campagne. Je crois que des canons de 37 étaient utilisés au sein même des régiments d'infanterie, au sein d'un peloton dédié à cette arme. Quand au mortier de 58, ce fut l'arme de l'artillerie de tranchée, qui fur organisée progressivement durant la guerre.

Cordialement,

Stéphan

[Anthony Verove]

Bonjour Stéphan, bonjour à tous,

Merci pour ces informations.

Il me semble avoir lu dans l'histo du 1er RAC que le régiment était doté de mortiers de 58. Je ne pourrais hélas vérifier que quand je serais de retour chez moi, dans quelques jours...

Cordialement,

Anthony

[bm thiry]

une précision de départ à la mobilisation:

il y avait des RAC à 3 ou 4 groupes de 36 ou 48 pièces selon
qu'ils étaient artillerie divisionnaire ou artillerie d' appui de CA!

lien ou vous trouverez les différentes incorporations des RAC
http://cecile_meunier.club.fr/index.htm

Bien cordialement
BM

[Anthony Verove]

Merci à vous pour cette précision. Petit à petit on avance... c'est tout l'intérêt des forums et de celui-ci en particulier.

Cordialement,

Anthony

[jean-pierre LUCAS]

Bonsoir,
Effectivement les RAC n'ont pas changé d'armement, ils conservent le canon de 75 mle 1897 (toutefois, pendant la crise des munitions de 75 en septembre 1914 (pénurie), certaines batteries sont temporairement rééquipées avec des 90 de Bange, l'ancien canon de campagne, d'avant le 75), ni de structure pendant la guerre, du moins pour les RAC divisionnaires qui sont restés à 3 groupes de 3 batteries de 4 pièces.
Les RAC de CA sont, eux, réduits à deux groupes en mai 1915 puis disparaissent. Ils sont remplacés par les régiments d'artillerie lourde hippomobile de corps d'armée à 5 groupes : deux groupes de 155C Schneider affectés aux DI du CA et 2 groupes de 105L et 1 groupe de 155L concervés au niveau du CA, mais ce n'est plus de l'artillerie de campagne.

Les canons de 37 sont arme d'accompagnement de l'infanterie et servis par des fantassins.

Pour l'artillerie de tranchée c'est plus compliqué.
Des batteries d'artillerie de tranchée sont constituées au début de 1915 dans les dépôts des RAC, à raison de 1 ou 2 batteries par DI, à partir de volontaires venant des dépot d'artillerie ou d'autres armes (cavalerie entre autre, car elle n'est pas employée).
Ces batteries portent les numéro 101 et suivants pour les canons de 58, 121 et suivants pour les 150 mle 1916 et 151 et suivants pour les 240.
Les batteries sont à 12 pièces pour le 58, 6 pour les autres.
En 1917 l'artillerie de tranchée est réorganisée en groupes spécialisés toujours rattachés à des RAC, mais sans en faire partie intégrante.
L'AT compte alors 3000 mortiers, 300 batteries et 50 000 canonniers.
En mars 1918 sont créés les 175e, 176e, 177e et 178e RAT, plus le 179 qui regroupait toutes les batteries de crapouillots de l'armée d'Orient.
Bien qu'ayant été rattachée longtemps à l'artillerie de campagne pour des raisons de logistique et de chaine de commandement, l'artillerie de tranchée a été dès le début une spécialité à part entière de l'artillerie au même titre que l'artillerie de campagne, l'artillerie lourde, l'ALVF, ou l'artillerie à pied ...
C'est également pourquoi dans l'historique du 1er RAC que vous évoquez ont parle des batteries de 58 mais qu'il n'y a pas de détails d'opération de ces unités car elles n'appartiennent pas au 1erRAC!!
Bien amicalement,
Jean-Pierre LUCAS

[Anthony Verove]

Merci, Jean-Pierre, pour tous ces renseignements.

Je médite cela à tête réposée : vous avez pu remarqué que j'ai quelques problèmes de concentration en ce moment...

Cordialement

Anthony