bonjour à tous
mon GP ayant été prisonnier en allemagne dans différents camps, je recherche des infos sur ceux de Cassel et d'Ohrdruf.
Merci pour vos réponses et bonne journée
adèle
Je suis dans le même cas. Mon arrière-grand-père fait partie des déportés de Gembloux en 1916, le 22 novembre. Il était parmi les plus jeunes, n'ayan que 18 ans. Etant donné qu'il est décédé relativement tôt dans sa 34ème année et que sa fille a été éloignée vu le diagnostique de la tuberculose, il y a peu de "mémoire" le concernant. Il se fait que, par hasard ou malveillance, le formulaire de reconduction de la concession où il était enterré n'est pas parvenue à temps chez sa fille. Ma grand-mère s'est trouvée un jour de Toussaint face à ... rien! Impossible de sa voir où son ses os. Mais je me rends compte combien nous devons à ce jeune homme déporté à Kassel! S'il n'avait pas trouvé la force de tenir, nous ne serions pas là. Dans l'impossibilité de lui rendreun hommage sur sa tombe, je cherche tout ce que je peux trouver à son sujet.
Evidemment, je suis obligée de me contenter de ce que l'on sait du sort collectif. De lui, j'ai deux "diplômes" de déporté, l'un accordé par la Belgique (son pays), l'autre par les forces alliées. Je sais donc qu'il était à Kassel (attesté aussi par un laisser-passer allemand délivré à son retour et mentionnant Kassel comme "domicile précédent" (on ne sait comment il a dû le lire!!! en rire ou en pleurer?). Il en est revenu le 7 août 1917.
Que reste-t-il actuellement à Kassel comme vestige de cette période? J'imagine rien du tout, d'autant que la guerre 40-45 a vu aussi la triste occupation du site à des fins relativement similaires, voire pires.
Quelle était la situation réelle des déportés qui refusaient de signer un contrat de travail? J'ai appris qu'à l'époque la situation sociale était pire en Allemagne que dans les autres pays. Les Belges privés de tout en consommaient en moyenne 1300 calories à 1600 calories par jour grâce aux nouveaux aliments introduits (riz, maïs, manioc, lentilles). Les Français vivaient chichement aussi, mais en 1916 il y avait moyen de trouver ce type d'aliment aussi. En Grande Bretagne, on demandait aux habitants de réserver le poisson, la viande et la graisse aux soldats et on engageait les jeunes à cultiver le potage dans les jardins de leurs écoles. La ration alimentaire était un peu plus élevée. Mais en Allemagne, la situation était pénible. Les photos montrent clairement que si le soldat allemand n'est pas toujours enrobé, il se porte bien, au détriment de la population terriblement amaigrie, notamment dans les villes. En moyenne, les Allemands consommaient 1000 calories par jour. C'est aussi pour calmer le jeu de la population qui se déclarait volontiers en grève, malgré les menaces de représailles et les tensions politiques remettant la guerre en cause que les civils des pays occupés ont été déportés afin de prêter main forte dans les fermes et les usines en manque de bras.
Ok, mais ceux qui décident de refuser le travail? Quel était leur sort? Terrible j'imagine! Comment pourrait-on imaginer les nourrir quand ils refusent le travail et que l'Allemand est lui-même sous alimenté? J'ai pu constater que les colis vers les prisonniers de guerre parvenaient de temps à autre. Des cartes postales servant à la propagande allemande auprès des pays neutres montrent en effet la réception de choux et de pommes de terre auprès de soldats qui n'ont pas l'air aussi mal portant que les Allemands observés à la même époque dans les villes. Mais concernant les civils déportés, aucun ouvrage consulté ne me donne une information. Je reviens d'une exposition mettant en valeur les nouvelles habitudes alimentaires introduites à l'époque. Tout est complet sur le sujet! Jusqu'aux détails des colis envoyés aux prisonniers, acheminés gratuitement, mais pour lesquels les familles avaient le choix entre la version de base (un peu plus de deux kgs au total le tout comprenant viande, sucre, biscuits, pain d'épice, cigarettes)ou la version double. Le paiement du contenu à charge des familles. Mais encore une fois, rien de rien quant au sort de ces civils dont l'acte héroïque est de refuser la mise au travail. Je trouve même hallucinant qu'on n'en parle pas! Nulle part! Je ne trouve rien! Même des BD sur les soldats, ça fleurit de partout, et le déporté rien. Pourquoi? Bref, vous comprenez la situation, je ne sais rien de mon aïeul, ou très peu, je me pose des questions quant à sa phénoménale résistance (où trouve-t-on la source de cette ténacité à cet âge-là?). Je tente de m'approcher de lui en prenant connaissance de ce que veut dire son statut. Et je suis étonnée de me trouver là devant autant de vide que ma grand-mère, un jour de toussaint, bouquet à la main...
Est-ce que quelqu'un peut m'aiguiller?
Des ouvrages dont vous auriez connaissance et qui se penchent sur le statut du déporté, notamment les Belges, voire les Gembloutois? (Je possède Gembloux dans la tourmente, c'est déjà un excellent point de départ).
Des ouvrages sur les camps de déportés à Kassel?
Des photos actuelles du lieu (même si j'imagine qu'il n'y en a aucune trace!), un plan actuel de Kassel sur lequel serait noté l'emplacement de l'ancien camp? J'aimerais m'y rendre. Je n'ai aucune tombe à ma disposition pour perpétuer son souvenir. Je ne sais même pas exactement où il habitait avant son décès. Aussi stupide que cela paraisse, c'est le seul endroit où je pourrais aller lui rendre hommage. Un comble? Oui! En même temps, une reconnaissance. Parce que sans son refus de signer, le sien et le refus des autres héros du silence, qui sait si le pays n'aurait pas dû attendre sa liberté plus longtemps? Et parce que sans la force mentale qui a contribué à le tenir vivant (j'ai appris qu'il était rempli de poux, qu'il avait le typhus et qu'il avait dû manger du chat!) je ne serais pas là aujourd'hui.
Vers qui dois-je me tourner pour trouver mes réponses?
Merci d'avoir eu la patience de me lire. J'espère trouver quelques pistes en vous lisant aussi!