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STARO Vapeur norvégien

Publié : jeu. août 15, 2019 8:05 am
par olivier 12
Bonjour à tous,

STARO

Vapeur norvégien construit en 1915 au chantier A/S Sorlandet de Fevik pour l’armateur AS Standard (J.B. Stang) de Christiania. Délivré en Décembre par Fredriksstad Mekaniske Verksted à son armateur.
Classe 1A1 du Veritas danois.
3050 tpl 1805 tx JB 1096 tx JN Longueur81 m Largeur 13 m Machine à triple expansion. 2 chaudières 180 psi

Voici une photo du STARO

Image

Le torpillage de STARO

A quitté Dakar le 7 Octobre à 07h00 pour Dunkerque avec 1387 tonnes d’arachide.
Capitaine Knut Johan NIELSEN
Second capitaine J.E. PEDERSEN
Lieutenant Hans NIELSEN
Chef mécanicien Karl Herman OLSEN
Maître d’équipage Sigurd OLSEN
21 hommes d’équipage en tout

Rapport du capitaine

Canots virés à l’extérieur au départ de Dakar. Le voyage devait se faire sous l’escorte d’un croiseur, mais celui-ci a été perdu dès le 1er jour car au cours des séjours à Ziguinchor et Dakar, la carène du navire s’était couverte de végétation et il ne pouvait donner la vitesse convenue. Suivi instructions de l’Amirauté anglaise. Pendant le voyage les hommes de l’équipage souffrirent à tour de rôle de fièvre.

A 22h00 dans la nuit du 18 au 19 Octobre, à la position 45°00 N et 12°07 W, le STARO est atteint par une torpille et commence à couler par l’avant. La machine est stoppée. Ordre est donné d’embarquer dans les canots qui sont amenés en bon ordre. 10 hommes dans celui du capitaine et 11 dans celui du second. Beau temps et légère brise de SE. Les embarcations poussent et le navire continue à s’enfoncer.
Le sous-marin fait alors surface et m’a demandé de venir à son bord avec six de mes matelots. 4 marins allemands prennent leur place dans l’embarcation pour aller poser des bombes. Ils s’emparent de provisions et de matériel : cartes, jumelles, chronomètre et baromètre. Puis ils allument leurs bombes et se font reconduire sur le sous-marin. Les hommes du STARO remontent dans leur canot et je demande au commandant du sous-marin s’il ne pourrait pas nous remorquer plus près de terre. Celui-ci répond : « Est-ce des femmes que vous avez à bord ? Ne pouvez-vous pas ramer ou naviguer à la voile ? »
Il lui demanda alors pourquoi il naviguait tous feux éteints, ce à quoi le capitaine dit qu’il lui semblait inutile de répondre à une telle question. Le commandant allemand lui indiqua qu’il l’avait pris pour un transport ennemi et que c’était la raison pour laquelle il avait utilisé une torpille tirée pour atteindre la salle des machines. Mais la vitesse était si faible qu’elle n’atteignit que l’avant. Il félicita alors le capitaine, lui disant « Heureusement que vous alliez lentement, sinon vous seriez maintenant tous à la nage… ».

Les canots s’éloignent alors du sous-marin. Ils entendent les bombes qui explosent, puis un canonnage, mais ne peuvent voir le vapeur couler. Une heure plus tard, les lumières du STARO disparaissent ce qui fait penser qu’il s’est englouti.
Le sous-marin était de grande dimension et portait deux canons.

Fait route de conserve vers la terre la plus proche. Le temps fut très beau mais on dut beaucoup ramer sans avancer rapidement. Plusieurs hommes sont encore pris de fièvres et leurs jambes sont enflées. Le chauffeur Hans Leken est vraiment malade et souvent pris de vomissements. Le 4e jour, aperçu deux barques de pêche espagnoles que nous accostons vers 17h00. Vu l’état des hommes, ils relèvent leurs filets, nous prennent à leur bord avec les canots en remorque. Ils nous débarquent au Ferrol le 22 Octobre à 22h45. Le consul de Norvège nous prend en charge. Sept hommes doivent être mis à l’hôpital et le reste est logé à l’hôtel. L’état de Hans Leken empire et il meurt à l’hôpital du Ferrol le 29 Octobre. Il était resté sans rien dire, affirmant seulement qu’il ne souffrait pas. Les hommes ont tout perdu. Le pavillon norvégien avait été hissé dès l’entrée dans les zones dangereuses et le STARO naviguait la nuit avec ses feux masqués.

Le consul s’est chargé de la vente des canots de sauvetage.

Je signale aussi un incident survenu avant le torpillage. Pris d’un accès de fièvre et de délire, le novice Erling Hansen avait sauté par dessus bord, un soir vers 21h00. On avait aussitôt stoppé, mis un canot à la mer et on avait réussi à le retrouver et à le récupérer. Il va très bien maintenant.

Rapport du second capitaine

J’étais couché à moitié habillé sur le sofa de ma cabine quand j’ai été réveillé par l’explosion. Le lieutenant, qui était de quart, m’a dit que la torpille l’avait atteint à l’arrière du gaillard. Cinq minutes après l’explosion, tout le monde avait embarqué dans les canots qui avaient été amenés en bon ordre. J’ai fait le tour du vapeur pour m’assurer que personne n’était resté à bord car beaucoup de malades, qui avaient la fièvre, étaient couchés. Quant à moi, j’avais eu de la fièvre, mais ce jour-là j’étais bien. Les hommes ont quitté le navire avec seulement ce qu’ils avaient sur eux. Certains n’avaient même pas de chaussures. Par chance, je n’avais pas ôté mes chaussures pour me coucher sur le sofa. Nous avons souffert du froid car l’eau qui entrait dans le canot ne permettait pas de garder les pieds au sec. Le canot faisait en effet un peu eau.

Déposition du chef mécanicien


Karl Olsen est né le 4 Mars 1891 à Fredrickstad, Glemminge. Au moment du torpillage il souffrait de fièvre, mais descendait néanmoins de temps à autre dans la machine. Quand la torpille a explosé, c’était le 1er chauffeur qui était de quart. La machine fut stoppé e et l’ordre d’abandon donné. L’avant du STARO était profondément enfoncé dans l’eau. Le témoin ne put prendre qu’un veston, un pantalon et une paire de chaussures. Il a souffert de fièvre pendant les trois jours passés dans l’embarcation.

Déposition du matelot Kristian Marinus HANSEN

Né le 18 Décembre 1888 à Fredrikstad. Etait à la barre quand la torpille fit inopinément explosion. Une colonne d’eau et d fumée s’est élevée jusqu’à hauteur des mâts. L’explosion et l’ébranlement du navire furent très violents. Heureusement, les postes d’équipage étaient situés sur l’arrière ce qui explique que personne ne fut blessé ou tué. La nuit était très noire. La machine a stoppé immédiatement et les hommes ont couru aux embarcations parées à être amenées. La plupart des hommes étaient très peu vêtus. Le témoin est au nombre de ceux qui conduisirent les Allemands sur le vapeur, mais aucun des matelots ne fut autorisé à monter à bord avec eux. Ils sont restés une demi-heure sur le navire et il ne peut dire ce qu’ils ont pris. Plus tard, les bombes ont explosé et il a vu les éclairs des coups de canon tirés pour achever de couler le vapeur. La dernière fois qu’il l’a vu, l’avant était enfoncé jusqu’au niveau du pont.
En ce qui concerne le chauffeur Hans Leken, le témoin pense qu’il avait 26 ans. Les premiers jours dans le canot, il était tout à fait bien, mais s’est trouvé très abattu une fois débarqué. Il restait sans rien dire. Le médecin qui venait le voir régulièrement a ordonné son transfert à l’hôpital où il est mort quelques jours plus tard.

Note de l’enquêteur

STARO était resté un mois à Ziguinchor et Dakar à la plus mauvaise période de l’année avec des pluies continuelles et des nuées de moustiques. Tout le monde avait eu des accès de fièvre plus ou moins forts et était épuisé. C’est la raison pour laquelle le convoi fut perdu. Les chauffeurs, malades comme ils l’étaient, ne pouvaient fournir le travail habituel. Dans les conditions habituelles la vitesse de STARO était de 9 nœuds, mais il ne donnait plus que 7,5 nœuds, alors que les autres navires du convoi étaient de grands et rapides vapeurs. L’escorteur était un navire anglais de 14000 tonnes puissamment armé. Il a d’ailleurs été lui-même coulé le 19 Octobre.

(Nota il s’agissait du paquebot ORAMA effectivement coulé le 19 Octobre, mais par l’U 62 du Kptlt Ernst HASHAGEN, homonyme du commandant de l’U 22.
Voir ce lien viewtopic.php?f=29&t=71424 )


Quand STARO a été torpillé, le capitaine, qui avait 40° de fièvre s’était absenté de la passerelle et s’était couché quelques instants dans sa cabine. Il entendit une violente détonation et le navire fut fortement ébranlé. Aussitôt remonté sur la passerelle et voyant le navire couler, il ordonna l’évacuation. C’est un miracle que tout le monde se soit sorti sain et sauf du torpillage. Il y avait des conserves et de l’eau en quantité suffisante dans les canots, même si les hommes buvaient beaucoup à cause de la fièvre. Mais les vêtements étaient insuffisants. Le capitaine a du rester alité 12 jours à cause de la fièvre après son arrivée au Ferrol.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’U 22 de l’Oblt z/s Hinrich Hermann HASHAGEN qui attaquera le lendemain AUSTRALDALE et ORNA.

Cdlt