BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Rutilius
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BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Bar-le-Duc — Aviso de la classe Amiens (1920~1920).

Reglisse13 a écrit : lun. nov. 12, 2018 9:23 pm
« Mon grand-père était clairon à bord du Bar-le-Duc. Il a survécu au naufrage, qui a eu lieu dans la nuit du 14 décembre 1920. Il m’a beaucoup parlé de cette catastrophe.

Y a-t-il quelqu’un qui a des infos ? »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
capu rossu
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Re: BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Message par capu rossu »

Bonjour,

Voici les circonstances de sa perte :
12/12/1920 : appareille de Constantinople à destination de Bizerte en escortant une partie de la flotte russe blanche de mer Noire. Ce convoi comprend le croiseur Almaz, quatre grands torpilleurs remorqués par quatre remorqueurs, le brise-glace Iliaz Mourometz (acheté ultérieurement par la Marine et transformé en mouilleurs de mines sous le nom de Pollux), le bâtiment école Svoboda, l’aviso Yakout, les canonnières Stray et Grosny, le navire base Dobitcha, le dragueur Kitovoi, quatre sous-marins, dont les Outka et AG 22, et un remorqueur. Le convoi est rapidement dispersé par une violente tempête.
13/12/1920 : la brume ayant diminué encore plus une visibilité déjà réduite, vient se jeter vers 1h00 sous les falaises du cap Doro (île Eubée). La coque crevée sur des rochers à une soixantaine de mètres du rivage, le navire coule rapidement. L’enseigne de vaisseau Joubin parvient à porter une amarre à terre par laquelle trente-cinq hommes purent se sauver. Quarante-quatre autres parviennent à gagner le rivage à la nage mais vingt-six autres dont le commandant, capitaine de corvette Blanchot, et tous les autres officiers disparaissent avec le bâtiment. Les soixante dix neuf survivants sont recueillis par le croiseur cuirassé Ernest Renan.

« Le Bar le Duc faisait route de Constantinople vers la France, en convoyant les bateaux russes évacués de Sébastopol. Il faisait très mauvais temps et le convoi faisait route à 4 nœuds.
Dans la nuit du 12 au 13, il y eut un choc violent. Une partie de l'équipage avait été surprise dans son sommeil. Le commandant ordonna de battre en arrière et le bâtiment se dégagea. Un message fut adressé sur la TSF: " Bar le Duc échoué sur Doro".
Rapidement les machines stoppèrent car les tubes de la chaudière en fonction avaient joué. La pression chuta, la dynamo stoppa et le bâtiment fut désemparé car la deuxième chaudière n'était pas en pression.
Le navire fut drossé une deuxième fois à la côte. Ce deuxième choc intervint 15 minutes après le premier. Le commandant donna l'ordre à son second, Joubin, d'établir une corde tendue entre le bateau et la terre.
La nuit était noire, la pluie tombait en rafales et la mer brisait sur les récifs.
Joubin se jeta à l'eau avec une corde qu'il amena à terre sur un rocher distant de 7 à 8 mètres de l'étrave. La coque du Bar le Duc protégeait, par sa masse, l'espace compris entre le bâtiment et le rocher. Pendant ce temps, des feux «Costons» étaient tirés pour éclairer Joubin.
L'évacuation du personnel fut entreprise dès que la corde fut fixée. Les hommes passaient un à un, à la lueur des «Costons». Ils rejoignaient le rocher puis se remettaient à l'eau sur une dizaine de mètres pour rejoindre un autre banc de rochers plus élevés, avant d'atteindre la terre ferme. Le mouvement devait se faire rapidement pour dégager, au fur et à mesure, la place nécessaire sur le premier rocher.
Le Bar le Duc continuait à s'enfoncer et le pont était, à présent, à hauteur de la mer. Une première lame emporta le commandant, suivie d'une seconde qui enleva l'officier de quart.
Soixante hommes avaient atteint le deuxième banc de rochers. Une quarantaine était restée sur la première ligne de récifs. Il n'y avait plus de «Costons» pour s'éclairer.
La météo était toujours aussi mauvaise, et personne ne pouvait bouger sans risquer de tomber dans un trou. Il était entre 03h00 et 04h00, il fallait attendre trois heures encore avant que le jour ne se lève. Au début, la coque du Bar le Duc protégeant la côte, les hommes du premier banc étaient à l'abri.
Quand le Bar le Duc coula, glissant sur les fonds escarpés, la situation devint plus difficile. La mer balayant les rochers obligeait les hommes à se cramponner pour ne pas être emportés. De temps à autre, on entendait des cris et un des hommes du premier banc constatait que son voisin avait disparu.
Après deux heures d'attente, le jour apparut. Sur les 40 hommes du premier banc, il n'en restait plus que 8. Ils parvinrent à gagner la terre, et tous les rescapés se regroupèrent sur un éperon de la côte.
Il y avait une cabane. Un berger fit du feu et donna un peu de lait. Un ruisseau proche permit de laver les plaies des blessés.
Dans l'après-midi, les rescapés virent passer, et repasser l'Ernest Renan et d'autres patrouilleurs. Ils firent du feu et des signaux, mais sans succès, car la météo était encore trop mauvaise.
Joubin décida qu'il fallait prévenir par le télégraphe le plus proche, à 50 km. Il prit la décision de s'y rendre lui-même, protégé par la capote d'un second-maître, et muni d'un billet de 100 francs. Sans chaussures, les pieds enveloppés tant bien que mal, il se mit en route, guidé par un villageois.
Au bout de 25 km à pieds sur les cailloux, il put profiter d'une mule et parvint dans cet équipage, au village d'où il télégraphia.
Les autorités grecques lui fournirent des vêtements militaires grecs et des espadrilles.
Pendant ce temps, l'Ernest Renan avait récupéré les rescapés. »


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Alain
Memgam
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Re: BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Message par Memgam »

Bonjour,

Les avisos du Type Amiens ont été construits de 1917 à 1918 comme bateau-piège pour la chasse aux sous-marins (silhouette de navire de commerce) et très peu ont participé à la fin du conflit. Au nombre de trente, ils portaient tous des noms de batailles terrestres de la Grande guerre : Verdun, Les Eparges, Craonne, etc...13 autres étaient prévus.

Déplacement : 850 tonnes. 72 x 8,71 x 3,2 m, deux chaudières, deux turbines Parsons, 2 hélices, 5000 cv, 20 noeuds, 3000 milles à 11 noeuds.
2 x 138,6 mm, 1 x 75 mm, un grenadeur.
4 officiers, 99 hommes.

Bar Le Duc, construit par l'arsenal de Lorient, mis sur cale en 1917, lancé en 1918 et entré en service en 1920. Affecté au groupe d'avisos de la Méditerranée orientale. Le 12 décembre 1920, quitte Constantinople en escorte d'une partie de la flotte russe de la mer Noire. Une tempête disperse les navires et le Bar Le Duc talonne au cap Doro, dans la nuit du 12 au 13. Il parvient à se déséchouer, mais victime d'avaries de chaudières, il coule à 60 mètres du rivage par fonds de 15 mètres. La plus grande partie de l'équipage parvient à gagner la terre avec un va et vient, mais 26 hommes périssent, dont le commandant et tous les officiers, sauf un. Grâce à un message TSF, le naufrage sera connu de navires à proximité qui ne pourront intervenir et les survivants seront recueillis le lendemain par le croiseur Ernest Renan, qui a appareillé du Pirée.
Le Bar le Duc transportait un certain nombre de pièces de rechange pour les sous-marins russes.

Source : Jean Labayle-Couhat, French warships of world war I, Ian Allan, 1974.
Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, tome II, 1870-2006, Rezotel-Maury 2005.
Marc Saibène, La flotte des russes blancs, Marines éditions, 2008.
N. Monasterev, Dans la mer noire (1912-1924), Payot, 1928.
La Dépêche de Brest des 18, 20, 24, 25 décembre 1920, 20 mars 1921.

Cordialement.
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Memgam
Memgam
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Re: BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Message par Memgam »

Bonjour,

La Société centrale de sauvetage des naufragés a décerné des récompenses à trois marins du Bar-Le-Duc :
La médaille d'or du sauvetage à l'enseigne de vaisseau Joubin.
Un prix de 300 francs et la médaille d'argent de 1ère classe au second-maître Dudoret et au quartier-maître Le Bihan.

Source : La Dépêche de Brest du 9 août 1921.

Cordialement.
Memgam
Rutilius
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BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

L’Ouest Éclair — éd. de Caen —, n° 7.258, Dimanche 19 décembre 1920, p. 1.


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Bonjour à tous,

L’Ouest Éclair — éd. de Caen —, n° 7.259, Lundi 20 décembre 1920, p. 1.


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L’Ouest Éclair — éd. de Caen —, n° 7.262, Jeudi 23 décembre 1920, p. 5.


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Bonjour à tous,

L’Ouest Éclair — éd. de Caen —, n° 7.263, Vendredi 24 décembre 1920, p. 4.


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L’Ouest Éclair — éd. de Caen —, n° 7.264, Samedi 25 décembre 1920, p. 1.


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Bonsoir à tous,

Le Petit Journal, n° 21.163, Samedi 25 décembre 1920, p. 3.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Récompenses

□ Par décret du Président de la République en date du 10 juillet 1921 (J.O. 12 juill. 1921, p. 8.070 et 8.071), l’enseigne de vaisseau de 1re classe Charles Louis André Paul JOUBIN fut nommé au grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur dans les termes suivants :

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Par décision du Ministre de la Marine en date du 17 février 1921, il avait été inscrit d’office au tableau de concours pour la Légion d’honneur dans les termes suivants :

« A donné lors du naufrage du Bar-le-Duc sur les côtes de Grèce un bel exemple d’énergie et de courage, d’abord en portant à terre une amarre qui permit le sauvetage d’une partie de l’équipage, puis en faisant, malgré les blessures reçues aux pieds, une longue marche en montagne pour aller chercher du secours. »

[Né le 23 février 1896 à Besançon (Doubs) et décédé le 18 mai 1928 à Toulon (Var).]


□ Récompenses attribuées par la Société centrale de sauvetage des naufragés.

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[• Annales du sauvetage maritime, 1er et 2e trim. 1921 : « Rapport sur les récompenses attribuées aux sauveteurs de la mer. », p. 26.]
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: BAR-LE-DUC — Aviso de la classe Amiens.

Message par Memgam »

Bonjour,

La commission d'enquête sur la perte de l'aviso Bar-Le-Duc a été présidée par le capitaine de frégate de Penfentenyo de Kervéreguen.

N.B. Lors de son décès en mai 1928, l'EV Joubin était alors lieutenant de vaisseau. (Le Temps du 17 mai 1928).

Source : La Dépêche de Brest du 9 août 1921.

Cordialement.
Memgam
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