SANTAREN Vapeur anglais

olivier 12
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SANTAREN Vapeur anglais

Message par olivier 12 »

SANTAREN

Vapeur anglais construit en 1912 au chantier Readhead de South Shields
4256 t Longueur 113 m Largeur 15,3 m
Armateur Srutton,Sons & Co. Londres

La perte de SANTAREN

Traversée Newcastle – Arkhangelsk en convoi avec BOUVREUIL, ROLLESBY, MAJESTIC et un autre. Le convoi venait de se disperser.
Affrété par l’Amirauté
42 hommes d’équipage : 36 Anglais, 3 Suédois, 1 Chilien, 1 Hollandais, 1 lascar Indien.
Capitaine : T. CHAPMAN
2e capitaine : SANDERS (de Londres)
Lieutenant : John William JONES (officier interrogé)
Armé d’un canon de 12 livres. Canonniers Leo GEALEN et H. FAWCETT.
Torpillé le 15 Septembre 1917 à 40 milles au NE de Muckle Flugga

Rapport d’enquête

Vent modéré de SW. Bonne visibilité
Après la 1ère torpille le navire est abandonné. Le sous-marin vient en surface.
Une 2e torpille frappe dans la salle des machines 45 minutes plus tard, le navire ne coulant pas. Il coule alors en 10 minutes.
Le sous-marin vient le long d’une embarcation contenant et ordonne au capitaine et au second de monter à son bord. L’officier qui interroge parle un anglais parfait et semble avoir 22 ans. Vu 2 officiers et 3 hommes.
Une embarcation avec 16 hommes est recueillie par le bateau pilote de Skaw le 20 Septembre à 05h00 et les rescapés sont débarqués à Symbister. La 2e embarcation contenant 24 hommes est récupérée par un patrouilleur anglais et son équipage ramené à Lerwick. (Nota : ce patrouilleur pourrait être en réalité le français BOUVREUIL).
Capitaine et second capitaine ont été gardés prisonniers dans le sous-marin.

Le sous-marin était un type UB.

Lettre du capitaine CHAPMAN. Décembre 1918


Voici un document intéressant sur son séjour à bord du sous-marin attaquant, l’UB 63 du Kptlt Rudolf GEBESCHUS.

« Ayant quitté Lerwick le 14 Septembre avec 7 navires nous avons été informés par le commandant du destroyer D 22 que nous serions escortés jusqu’à 50 milles au NNE de Muckle Flugga.
Le 15 Septembre à 06h30, le signal de la dispersion a été donné. Nous étions à 37 milles de Muckle Flugga. A 07h45, nous avons été frappés par une torpille sur tribord à hauteur de la cloison de la chaufferie. L’appareillage radio a été aussitôt hors service. Une 2e torpille nous touchés sur bâbord et le navire s’est cassé en deux et a coulé.

- Le sous-marin était l’UB 63. 1ère patrouille
- Commandant : Herr von GEBESCHUS
- Officier en second : Oberleutnant DRIER
- Ce sous-marin n’était pas équipé de dispositif de largage de mines

Après avoir pris le second capitaine et moi-même à son bord comme prisonniers, le sous-marin a plongé à 40 m où nous sommes restés un moment. Un tremblement qui semblait une explosion a secoué le sous-marin.
« Depth charge ? » ai-je demandé au commandant. Il m’a répondu : « Depth charge… depth charge… wasser bomb yes ». « Water bomb » ai-je répliqué. « Nein, nein, another wessel torpedoed ». Puis il a appelé le lieutenant Drier, qui lui parlait un excellent anglais, et qui m’a confirmé la chose. Je pense maintenant que c’était vrai car j’ai rencontré des marins qui s’étaient trouvés dans les embarcations et qui m’ont dit avoir vu un autre navire exploser. Je pense donc qu’il y avait deux sous-marins qui croisaient sur les lieux.

Nota : L’information est exacte. Le 2e sous-marin présent ce jour là était l’U 48 du Kptlt Karl EDELING. Il torpilla effectivement le vapeur ROLLESBY, 3955 t, qui allait de Cardiff à Arkhangelsk avec du charbon.

Nous avons ensuite fait route vers le Minch (bras de mer entre les Hébrides et les Highlands)
Et j’ai été autorisé à monter sur le kiosque pour fumer. J’ai vu North Rona sur bâbord. Ils m’ont aussi montré un de nos yachts patrouilleurs tout proche de la terre et m’ont demandé pourquoi ils ne s’aventuraient pas plus au large. Ils ne sont pas entrés dans le Minch mais ont fait demi-tour vers Lerwick et la route de Bergen. Nous avons eu 4 jours de mauvais temps et il ne s’est rien passé. Le sous-marin dérivait lentement, presque toujours en plongée à 40 m.

Un autre sous-marin a été rencontré, de retour d’une patrouille dans le Minch. Il était sur la route vers sa base. Je ne l’ai pas vu, mais l’un des marins m’a dit qu’ils avaient échangé une conversation par sémaphore. Je ne connais pas son numéro.
Par malchance, j’ai été le seul navire coulé par UB 63. Il avait un approvisionnement en combustible pour 30 jours et était à la mer depuis 11 jours quand il a coulé SANTAREN.
En discutant avec le lieutenant Drier, j’ai appris que le 14 Septembre ils avaient lancé deux torpilles sur un vapeur et l’avait manqué avec les deux. Environ deux jours plus tôt, ils avaient canonné un vapeur. Mais celui-ci possédait 2 canons et à son troisième tir, il avait presque atteint le sous-marin, l’obus tombant à 30 pieds seulement. Ils avaient immédiatement plongé.

D’après une sérieuse conversation que j’ai eue avec le commandant Gebeschus, son sous-marin n’a pas coulé d’autres navires. Je vais vous reconstituer aussi bien que possible cette conversation pour que vous puissiez en tirer vos conclusions. Elle a commencé le 2e jour de mon séjour à bord :

- « Well, allez-vous rentrer sain et sauf à votre base ? »
- « Pourquoi pas ? »
- « Pour l’amour de Dieu, tenez-vous à distance de nos destroyers. »
(Il faut vous dire que moi-même j’ai eu trois années de guerre pleines de suspense, SANTAREN ayant effectué toute la campagne de Gallipoli comme navire approvisionneur, ravitaillant les Anzacs à West Beach de Suvla Bay. Et cela a continué les deux années suivantes.)
« Nos destroyers ont de puissantes charges sous-marines. »

Il répéta cette dernière phrase plusieurs fois et appela le lieutenant Drier pour la traduire.

- « Oh, nous ne nous préoccupons pas de vos destroyers et de leurs charges explosives. »
- « Vous avez raison. Elles n’étaient pas bonnes jusqu’en Mai dernier. Mais maintenant, faites attention. Elles sont équipées de nouveaux explosifs quatre fois plus puissants que les anciens. »
- « Qui vous a dit cela ? » s’exclamèrent en même temps Drier et Gebeschus.
- « Personne. Mais c’est connu de tous. C’est dans toutes les conversations. »
Le commandant fut déconcerté par cette phrase, jusqu’à ce que le lieutenant Drier la lui explique. Alors il s’esclaffa et pouffa de rire. Je compris qu’il était piqué au vif.

- « Néanmoins, méfiez-vous, car peu importe qu’ils viennent au dessus de nous ou non. Même si ces charges explosent à une certaine distance, tout le flanc du sous-marin y passe. A l’œuvre, on connait l’artisan ! »

Deux nuits après le mauvais temps, nous approchâmes vers 20h00 d’un convoi. C’était le 21 ou le 22 Septembre. Il plongea immédiatement, injuriant les destroyers qui étaient au dessus de nous, mais aucune charge ne fut larguée. La nuit suivante à minuit, nous croisâmes un convoi à contre-sens et il effectua la même manœuvre, descendant à 80 mètres. L’arrière du sous-marin sortit de l’eau quelques secondes et tous les hommes grimpèrent aussitôt vers l’arrière. Une vanne ou quelque chose d’autre n’avait pas fonctionné. Cette nuit là, il réprimanda le chef mécanicien pendant une demi-heure.

Après être resté posés sur le fond toute la nuit du 28 Septembre, nous reprîmes la route et passâmes le bateau-feu du Dogger Bank le 29 vers 20h00. Nous plongeâmes à la 2e bouée au Sud de ce bateau-feu et passâmes toute la nuit sous le champ de mines. Occasionnellement, nous touchions les orins de mouillage des mines. Le 30 Septembre, trois de leurs chalutiers nous escortèrent jusqu’à Heligoland où nous arrivâmes à 20h30.

Le second capitaine et moi-même fûmes mis en cellule toute la nuit et emmenés le lendemain, par le même sous-marin, jusqu’à Whilhelmshaven. Nous fûmes logés dans une cabine du vieux navire de guerre PRUSSIAN pendant 3 jours, puis dans des baraquements de la marine pendant 5 jours. Nous fûmes ensuite envoyés à Brandenburg sur Havel dans un camp pour marins jusqu’en Janvier 1918, puis dans un camp pour officiers à Schweidnitz, d’où nous fûmes libérés le 23 Décembre 1918. (Aujourd’hui Swidnica en Basse Silésie polonaise)

Commentaire

Tout le récit du capitaine Chapman est conforme à la vérité. UB 63 n’avait coulé qu’un seul navire, le SANTAREN, lors de cette patrouille. Par la suite, il attaqua trois autres navires :

- 3 Novembre 1917 Le vapeur belge HAELEN, 3290 t, entre Bergen et les Shetlands (capturé)
- 8 Novembre 1917 Le trois-mâts danois LINDHARDT, 225 t, qui allait de Reykjavik à Thuro (coulé)
- 15 Novembre 1917 Le vapeur norvégien STARGARD, 1113 t, qui allait de Gothenburg à Londres (endommagé)

Le commandant Gebeschus et son équipage de 33 hommes disparurent lors de sa 3e patrouille fin Janvier ou début Février 1918 sans doute en mer du Nord ou en mer d’Irlande pour une raison inconnue.

Le second du sous-marin, que Chapman appelle DRIER, pourrait être l’Oblt z/s Otto DREHER, né le 12/01/1893, donc âgé de 24 ans en 1917, mais sans certitude car il n’est pas signalé comme ayant été sur UB 63. Il n’était de toute façon pas à bord au début de 1918.

Cdlt
olivier
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