ELISABETHVILLE
Construit en 1910 au chantier Stephen de Linthouse pour la Compagnie Belge Maritime du Congo. Armateur et affréteur.
7034 t. 4384 tx JN
Longueur 126,5 m Largeur 16,8 m 2 hélices
La perte d’ELISABETHVILLE
Effectue une traversée Matadi – Hull avec escale à Dakar et La Pallice.
Torpillé le 6 Septembre 1917 à 13h50 par 47°05 N et 05°04 W lors de sa traversée La Pallice – Falmouth.
Capitaine Georges Victor DORCHAIN (a repris le commandement au Cdt intérimaire LEMANS)
Armé d’un canon de 3 pouces. 2 canonniers anglais.
173 membres d’équipage
140 passagers en majorité Africains dont 52 Français.
Rapport d’enquête
Après avoir déchargé 500 tonnes de marchandises à La Pallice, avait encore 2900 tonnes à bord (noix de palmiste, gomme, caoutchouc, cacao, ivoire).
Quitte La Pallice le 6 Septembre à 06h00 sans convoi. A reçu instruction de passer à l’intérieur des îles. Ayant reçu par TSF l’avis qu’un sous-marin était entre Belle Ile et la terre, le commandant a décidé de passer au large de cette île.
A 13h50, l’officier de quart HIERNAUX aperçoit le périscope d’un sous-marin à un quart bâbord à 150 m. Il manœuvre pour l’aborder, mais le sous-marin gagne de vitesse, dépasse l’ELISABETHVILLE, vient brusquement sur la gauche et lance sa torpille. Le navire est atteint dans la salle des machines à 2m sous la flottaison. L’explosion est très violente. 2 canots de sauvetage sont brisés, le collecteur de vapeur se crève, brûlant des hommes d’équipage et plusieurs personnes tombent par-dessus bord. La dynamo s’arrête. La salle des machines se remplit et les 13 hommes qui étaient de quart y sont noyés.
Ce sont :
- 1 officier mécanicien belge
- 1 officier mécanicien anglais
- 11 chauffeurs et soutiers noirs.
Sont blessés :
- 1 Anglais
- 1 Belge
- 1 Congolais belge
- 1 Passager anglais (paralysé). Tous sont restés en traitement au Palais (Belle Ile)
Ont été sauvés : 196 personnes grâce à une mise aux postes d’évacuation dans le plus grand calme. Un exercice d’abandon avait d’ailleurs eu lieu à 10h00 du matin. Le commissaire, tombé à l’eau, a pu être sauvé grâce à sa ceinture de sauvetage. 5 minutes après l’évacuation, vers 14h10, le navire s’est couché sur le flanc puis s’est enfoncé doucement dans les flots. Tous ceux qui n’avaient pas été tués ont été secourus par la vedette V.30, capitaine LE BOT, qui a remorqué les 7 embarcations jusqu’au Palais, aidée à la fin par le chalutier à vapeur JOSEPH PENEAU des conserveries nantaises Le Chat, Philippe et Benoit Co. Elles arrivent à 20 h00 au Palais. Les 200 rescapés envahissent les quais et seront logés dans l’église.
Tous les rescapés ont rallié Lorient le 7 Septembre à midi.
Description du sous-marin
Le sous-marin avait fait surface, accosté l’un des canots, et son commandant avait posé des questions au commandant Joseph BRANT (qui était un passager). C’est un quartier maître allemand qui faisait la traduction. L’Allemand a demandé provenance, destination et chargement. A la réponse « noix de palmistes », le commandant a semblé ne pas comprendre, a haussé les épaules et a cessé la conversation. Le marin traducteur parlait un anglais très correct.
Le passager belge JEREMIE aurait vu U 19 inscrit sur le sous-marin, mais il est le seul.
Petit sous-marin de 30 m environ.
Un officier déclare qu’il ressemblait à l’UB 23 avec son plan incliné sur l’avant.
1 canon de calibre inférieur à celui de l’ELISABETHVILLE.
Pas de TSF
Type mouilleur de mine, avec 1 tube lance-torpilles sur l’arrière tribord.
L’officier télégraphiste a pu en prendre des photos (Ne figurent malheureusement pas dans le dossier aux archives).
Vu 2 officiers en costume kaki et 2 hommes en vêtements blancs, sales et usés.
Note de l’officier enquêteur
Le commandant a eu une conduite irréprochable. La manœuvre de l’officier de quart essayant de couper le sous-marin est digne d’éloges.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 71 de l’Oblt z/s Rheinhold SALTZWEDEL.
Conclusion (Source Naufrages et épaves du Ponant http://www.archeosousmarine.net/elisabethville.php)
L’épave de l’ELISABETHVILLE sera repérée le 30 Juin 1928. Voici sa position
On savait que dans les cales reposaient 30 tonnes d’ivoire et 12 kilos de diamants embarqués à Matadi pour Liverpool, soit 12770 carats, cargaison qui va éveiller bien des appétits.
En Juillet 1928, un navire de la Cie Sorima, l’ARTIGLIO, repêche le coffre du paquebot. Il est ouvert hors de la présence d’un officier ministériel et on y trouve un peu d’argent belge, de l’or et quelques paquets scellés. On ne saura jamais ce que contenaient ces paquets.
Voici ce coffre
On remonte aussi des défenses d’ivoire et des caisses d’obus de petit calibre. Voici les défenses entassées sur le quai, qui seront le seul butin reconnu de l’ARTIGLIO.
Aujourd’hui encore on ignore tout du sort de ces diamants qui auraient été placés en cassettes dans des sacs postaux. Or la chambre postale a été éventrée à l’explosif par la Sorima. Ces diamants auraient représenté une valeur de 90 000 f de l’époque. Ils étaient assurés pour 20 000 livres anglaises de 1917.
Cdlt
