LES BALEINES — Patrouilleur auxiliaire, ex-chalutier rochelais.

[Rutilius]

Bonjour à tous,

Les Baleines — Patrouilleur auxiliaire, ex-chalutier rochelais (1915~1919).

Le patrouilleur auxiliaire Les Baleines fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre :

— du 27 février 1915 au 1er mai 1918 ;
— du 30 juin au 20 novembre 1918.

[Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 751.].

En 1917, avec les dragueurs auxiliaires Cormoran-I et Vénus-I, affecté à l’Escadrille de dragage du Front de mer de Cherbourg, commandée par le lieutenant de vaisseau Félicien Georges MERCKELBAGH (École navale, 1892). Alors employé comme dragueur et accessoirement comme arraisonneur.

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 21 septembre 1920 (J.O. 22 sept. 1920, p. 13.961), Félicien Georges MERCKELBAGH fut inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade d’officier dans les termes suivants :

MERCKELBAGH Félicien Georges - L.H. - .jpg (29.25 Kio) Consulté 1485 fois

A partir d’Avril 1918, utilisé comme convoyeur entre Cherbourg et Brest. Alors rattaché à la 2e Escadrille de patrouilles de la Direction des patrouilleurs de Normandie.

[Memgam]

Bonjour,

Les Baleines, chalutier construit en 1913 par Smith's Dock Co à Middlesborough,
253 grt, 89 tjn, 220 tpl, 38,64 x 7,20 x 3,58 m, une machine à triple expansion de 511 cv, 10,5 noeuds.

27/2/1915, réquisitionné à La Rochelle.
1917, équipé d'un hydrophone à écoute directe Walser pour des expériences avec le Crocodile et le sous-marin Roland Morillot pour la mise en pratique de la tactique des Groupes Offensifs d'Ecoute (GOE).
11/12/1919, déréquisitionné.

En 1930, indicatif OLJZ, immatriculé à La Rochelle, armateur Oscar Dahl, capitaine Hamon.

Source : registre n° 274, Bureau Veritas 1930.
Jean-Marie Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, tome II, Rezotel-Maury, 2005.

Cordialement.

[Memgam]

Bonjour,

"Le président du Tribunal de commerce de La Rochelle autorise la saisie d'un bateau espagnol.

La Rochelle, 25 octobre. Le président du Tribunal de commerce de La Rochelle a autorisé la saisie du bateau espagnol Careno. Ce dernier avait été rencontré désemparé le 23 octobre à 90 milles de La Rochelle, ayant des miliciens à bord, par le chalutier Les Baleines qui l'avait pris en remorque et ramené à La Rochelle.
L'armateur du chalutier Les Baleines, par cette saisie, vient réserver ses droits."

Source : Le Petit Journal du 26 octobre 1937.

Cordialement.

[Rutilius]

Bonsoir Memgam,
Bonsoir à tous,

Je m’en suis bien évidement tenu à vos indications pour modifier l’introduction du présent sujet, mais j’ai néanmoins un doute sérieux quant à la dénomination antérieure de ce « chalutier » Les Baleines, dans la mesure où la page de garde de son Journal de bord n° 1 (Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 45, p. num. 869) mentionne un bâtiment du nom de Lloyd, par la suite qualifié d’« arraisonneur ».

LES BALEINES - J.B 1. - .jpg (80.1 Kio) Consulté 1578 fois

A cela s’ajoute les circonstances (Ibid., p. num. 873) :

— qu’il est dit réquisitionné avec son équipage le 9 décembre 1914, bassin Napoléon III du port de Cherbourg ;

— qu’il est doté d’un canon de 47 mm le 12 ;

— que lors de sa prise de commandement le 28, l’enseigne de vaisseau Alfred Jules BEAUJEU constate « le mauvais état des vireurs et de l’embrayeur des deux roues », ce qui, manifestement, évoque un navire à roues, probablement du type remorqueur ou transbordeur.

Il y a toutefois lieu d’exclure le remorqueur Lloyd, second du nom, puisque capturé à l’état neuf à Cherbourg le 10 mai 1915, puis intégré à la flotte sous le nom de Guêpe. S’agirait-il alors du Lloyd, premier du nom, qui, semble-t-il, était encore en service à Cherbourg à la même époque ?

LLOYD - Transbordeur - x - .jpg (225.45 Kio) Consulté 1578 fois

LLOYD - Transbordeur - xx - .jpg (227.91 Kio) Consulté 1578 fois

[Memgam]

Bonjour,

A l'attention de Rutilius,

Votre introduction du sujet, relative au patrouilleur auxiliaire "Les Baleines", sur la base de la circulaire de 1922, correspond bien au chalutier du même nom, réquisitionné en 1915. Les autres informations que j'ai fournies correspondent bien à ce chalutier rochelais d'Oscar Dahl.

La page de titre du journal du Lloyd, sous-titrée "Les Baleines" renvoie bien, comme vous le supposez, au transbordeur Lloyd, construit en 1870 et dont vous présentez les cartes postales. En retournant au sujet du forum Guépe, il s'agit bien du Lloyd, transbordeur neuf, saisi par la France le 10 mai 1915. En reprenant la circulaire de 1922 que vous citez dans le sujet Guépe, il est écrit que le bâtiment a été armé en guerre, d'abord du 9 décembre 1914 au 23 février 1915, ce qui est impossible, puisque la capture du Lloyd de 1913 n'a eu lieu qu'en mai.
Donc, comme vous le supposiez, le journal de timonerie, commençant au 9 décembre 1914, correspond bien au Lloyd de 1870.

Comme il n'y a pas de navire du nom de Lloyd dans les répertoires, ni de Les Baleines ex Lloyd, la situation paraît être la suivante.

En 1914, le Lloyd de 1870 est saisi à Cherbourg, armé en guerre jusqu'en février 1915, remplacé en juin 1915 par le Lloyd de 1913. L'embrouille vient de deux navires du même nom, présents ensemble dans le même port.
Les détails manquent sur la substitution réelle, qui ne s'est pas traduite correctement sur le plan administratif.

Il faut rappeler qu'à Cherbourg, port d'escale de nombreux paquebots de compagnies françaises et étrangères, la mise à quai n'était pas possible, et qu'il fallait des transbordeurs de grande capacité pour les passagers qui embarquaient ou débarquaient. La réglementation exigeant qu'ils aient le pavillon français, les compagnies étrangères utilisaient des prête-noms, ainsi, le Nomadic et le Trafic avait pour armateur A. Lanièce, le Lloyd (1870), la Société maritime internationale.

Lloyd, transbordeur construit en 1870, probablement chez Seebeck à Geestemünde.
337 tjb, 126 tjn, 49,50 x 6,66 x 2,93 m, deux machines compound, 500 cv, 10 noeuds.

En 1912, indicatif JWRB, immatriculé à Cherbourg, armateur Société maritime internationale.

Source : Registre n°84, Bureau Veritas 1912.

Cordialement.

[capu rossu]

Bonsoir,

Pour valider l'hypothèse de Memgam, on trouve à la page 890 du document scanné par Mémoire des Hommes que "le dimanche 7 mars 1915 l'équipage du Lloyd embarque à bord du chalutier à vapeur Les Baleines du Port de La Rochelle".
Il y a fort à parier que les missions de surveillance confiées au Lloyd par grosse mer relatées aux pages précédentes du document ont dû montrer que le bâtiment était peu adapté à cette mission et qu'il a été déréquisitionné.
@+
Alain

[Memgam]

Bonjour,

A l'attention de capu-rossu,

Merci de votre contribution qui permet d'en savoir plus sur le mic-mac (du nom de la tribu d'indiens du Canada) de Lloyd et des Baleines.

A l'attention de Rutilius,

Le premier capitaine du Lloyd (1870) est le capitaine au long cours Alfred Beaujeu, devenu enseigne de vaisseau auxiliaire (car issu de la Marine marchande), fait prisonnier en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale et ayant eu le loisir, en Moravie, à l'Oflag VIII.H, d'écrire ses souvenirs maritimes de la navigation sur les voiliers Bordes dont le quatre-mâts Montmorency. Excellent témoignage : Dans les tempêtes du Cap Horn, Editions Nicea, 1945, ouvrage couronné par l'Académie française et l'Académie de Marine. L'ouvrage a d'abord été édité par Paul Bellée à Coutances, en 1943.

Cordialement

[kgvm]

Le "Lloyd" de 1870 est construit par AG Weser, Bremen, # de construction 12.
Selon Arnold Kludas, Die Seschiffe des Norddeutschen Lloyd 1857 bis 1970, il est vendu en 1911 à G. Huret, Cherbourg, et dépecé en 1913 à Boulogne.
Le Bureau Veritas Register de 1914 a la mention "Démoli":
http://www.digishelf.de/objekt/54962810X86/421/
Cordialement
Klaus Günther

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

En poursuivant la lecture du Journal de bord de l’arraisonneur Lloyd, j’avais également relevé, à la date du 7 mars 1915, la mention :

« 7 h. 00 — Embarquement du personnel du Lloyd à bord du chalutier à vapeur Les Baleines, du port de La Rochelle. Une corvée de quatre hommes aux subsistances pour prendre les vivres. Le reste du personnel au débarquement de la glace de la cale aux poissons. »

Donc, réquisitionné à La Rochelle le 27 février 1915, le chalutier Les Baleines fut dirigé sans délai vers l’arsenal de Cherbourg, ayant encore de la glace dans sa cale à poissons. Jusqu’au 29 mars 1915, il y fit l’objet de divers travaux, aménagements et transformations, afin d’être être armé militairement : nettoyage de la cale à poissons et lavage du poste d’équipage (9 mars) ; démontage des apparaux de chalut, graissage des freins de treuil (10 mars) ; embarquement du youyou, dégréement de la voie d’artimon, grattage et piquage de la rouille, découpage de la porte de la cabine du commandant (11 mars) ; poursuite du piquage de la rouille et du découpage de la porte de la cabine du commandant, nettoyage de ladite cabine, embarquement de matériel provenant de la Défense fixe de Cherbourg (12 mars) ; poursuite du découpage de la porte de la cabine du commandant, début du montage de la plateforme du canon de 47 mm, démontage de la prise d’eau du puits aux chaînes (13 mars) ; poursuite du montage de la plateforme du canon, remontage de la prise d’eau du puits aux chaînes, gabarit de la porte de la cabine du commandant (14 mars) ; poursuite du montage de la plateforme du canon, début du montage de la plateforme du projecteur, confection de casiers à pavillons, début de la peinture du bâtiment (15 mars) ; poursuite du montage de la plateforme du canon et de celle du projecteur, mise en place des étais du mât, début de l’installation de l’électricité, poursuite de la confection de casiers à pavillons (16 mars) ; poursuite du montage de la plateforme du canon, poursuite de la peinture du bâtiment, démontage des cloisons de la cale à poissons, mise en place du râtelier d’armes (17 mars) ; poursuite de la peinture du bâtiment et du démontage des cloisons de la cale à poissons, pose de parquet dans ladite cale, pose d’étagères dans la lampisterie, pose du dôme du poste d’équipage, dimensionnement du poste de T.S.F. (18 mars) ; poursuite de la pose de parquet dans la cale à poissons, installation du projecteur, pose des armoires à vaisselle du commandant, installation de la crinoline du canon de 47 mm (19 mars) ; poursuite de la pose de parquet dans la cale à poissons, mise en place de la dynamo et embarquement du canon (20 mars) ; embarquement des obus de 47 mm (21 mars) ; fixation de la dynamo, peinture à la chaux du poste d’équipage et mise en place de crocs de hamac dans ledit poste (22 mars) ; poursuite de la fixation de la dynamo, fixation des tuyaux de vapeur, peinture de l’entourage du canon, mise en place de la colonne Allaire, début de la fixation des câbles électriques (23 mars) ; poursuite de la fixation de la dynamo et des câbles électriques, câblage de la colonne Allaire (24 mars) ; fixation des accessoires et tuyautages de la dynamo, pose des établis et des armoires à outils de la machine (25 mars) ; achèvement de la pose des établis et des armoires à outils de la machine, essais des feux de route et de l’éclairage intérieur, arrimage de la cale avant (26 mars) ; essais de la dynamo, du projecteur et de l’éclairage électrique (29 mars).

Ainsi équipé, et après avoir procédé le 30 mars 1915 à la régulation de ses compas, le chalutier Les Baleines appareilla pour la première fois le lendemain pour tenir un poste d’arraisonneur en grande rade de Cherbourg, poste qu’il occupait alors en alternance avec les arraisonneurs Neptune et Utile. Et, jusqu’à la fin du mois d’Août 1916, en exerça le commandement l’enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve Alfred Jules BEAUJEU ; lui succéda en Septembre 1916 l’enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve Ernest Léon RABECQ, du port de Cherbourg.

Quant au Lloyd, dont une partie du personnel civil était demeurée à bord, il fut très probablement déréquisitionné le 22 février 1915, après une évolution en rade destinée à vérifier le bon fonctionnement de sa machine, et ce en présence d’une commission d’essais de la compagnie. A cet effet, du 19 au 21 février 1915, des ouvriers de l’arsenal avaient procédé au remontage de son matériel et de ses boiseries.

[Memgam]

Bonjour,

Merci à Rutilius d'avoir soulever ce lièvre Lloyd (1870)/Les Baleines, car cela permet d'en savoir plus sur les conditions d'acquisitions de navires de tout poil pour les besoins exorbitants en patrouilleurs.
Sa relation en détail des transformations effectuées sur le chalutier Les Baleines, s'est répété des centaines de fois par les arsenaux de la Marine qui ont pratiquement dû presque arrêter les constructions neuves pendant cette période.

Dans le sujet Guépe, ex Lloyd (1913), Rutilius a cité l'arrêt du Conseil des prises qui mentionne l'acquisition du remorqueur Lloyd (1870) par le sieur G.Huret (Guillaume) en 1911, et qui est confirmé par un arrêt du Conseil d'Etat.

"Cons.que d'après un rapport de M. Doyen administrateur-séquestre de la Société NorddeutscherLloyd Paris office, filiale à Paris de la compagnie allemande de navigation Norddeutscher Lloyd de Brême, cette société était en 1911 propriétaire d'un remorqueur dénommé Lloyd, que ce remorqueur avait été, avec un autre appellé Willkommen, cédé fictivement le 6 mars 1911 par la dite société à Guillaume Huret, lequel, par contre-lette du lendemain, promettait de rétrocéder à la société et à toute réquisition de celle-ci, les 51/100 dont il venait de se rendre acquéreur."

Recueil des arrêts du Conseil d'Etat statuant au contentieux des décisions du Tribunal des Conflits et de la Cour des Comptes, Tome 87, 2ème série, année 1917, page 920.

Willkommen, construit en 1884 par J.C. Tecklenborg à Geestemünde,
436 tjb, 203 tjn, 54,20 x 7,76 x 3,30 m, deux machines compound, deux roues à aubes, 944 cv.

En 1912, indicatif LKTR, immatriculé à Cherbourg, armateur Agence maritime internationale, capitaine Leur.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.

Cordialement.