Patrouilles de Méditerranée

[olivier 12]

Bonjour à tous,

Patrouilles de Méditerranée

Les listes suivantes nous donnent une bonne idée des immenses difficultés qu’avait la Marine à entretenir en permanence des navires en patrouille, tant d’ailleurs en Méditerranée qu’en Manche ou en Atlantique.

31 Octobre 1917

10e escadrille de torpilleurs

- BOMBARDE indisponible à Bizerte pour réparation très longue durée. Cylindre BP bâbord à remplacer.
- FLAMBERGE indisponible à Salamine. Entrée d’eau de mer au condenseur. 2 ailes d’hélice tribord cassées. Arbre tribord cassé.

2e escadrille de torpilleurs

- CARABINIER indisponible à Toulon suite accident nécessitant changement d’une chaudière.
- SPAHI immobilisé à Malte suite rupture d’excentrique
- ASPIRANT HERBER immobilisé à Milo suite rupture de tige de piston ayant entraîné le défoncement du plateau de cylindre BP tribord.

8e escadrille de torpilleurs

- MOUSQUETON, EPEE, PISTOLET, CHASSEUR et HALLEBARDE immobilisés à Toulon pour réparations de longue durée.
- Canonnière CAPRICIEUSE indisponible à Naples suite à rupture de boulon de pied de bielle ayant entraîné la rupture du plateau de cylindre HP.
- GRACIEUSE indisponible à Bizerte.

Escadrille d’Algérie - Tunisie

- Vedettes canadiennes V 17 et V 24. Deux ruptures d’arbres (ce qui porte à 8 le nombre d’accidents sur ces vedettes). Le poids du canon placé à l’avant et du contrepoids placé à l’arrière entraîne un arc sans doute trop important qui provoque ces ruptures constantes.

30 Novembre 1917

5e escadrille de chalutiers

- HENRIETTE I et GABRIELLA en réparations
- Sloops BELLATRIX et ALGOL en réparation à Toulon.

Patrouilleurs

- D’IBERVILLE et CORSE II indisponibles pour réparations à Toulon
- LA HIRE indisponible pour réparations à Bizerte
- ALTAÏR au bassin à Alger. A chassé sur ses ancres et a touché dans le port, endommageant son gouvernail.

4e escadrille de torpilleurs

- SARBACANE indisponible suite rupture de bielle du cylindre BP bâbord
- MASSUE indisponible pour changement de 200 tubes de chaudière
- PIQUE doit aller en réparations dès que SARBACANE aura repris son service.

8e escadrille de torpilleurs

- MOUSQUETON et HALLEBARDE en réparations à Toulon
- PISTOLET en réparations à Marseille
- FRONDE en réparations à Salamine
- ARC doit être envoyé à Toulon pour retubage des chaudières

4e escadrille de chalutiers

- VOLUBILIS en réparations à Toulon
- SARIGUE en réparations à La Ciotat

8e escadrille de chalutiers

- ROSITA, VAUTOUR et SURMULET en réparations à Alger

3e escadrille de chalutiers

- LIBERTE en réparations à Alger

9e escadrille de torpilleurs

- ARQUEBUSE indisponible à Toulon
- BELIER et EPIEU indisponibles à Bizerte.

Canonnières

- MALICIEUSE en réparations à Bizerte
- MOQUEUSE et GRACIEUSE en réparations à Toulon

Voiliers spéciaux

- JEAN D’UST a fait côte le 16 Novembre par tempête de NW à 1 mille à l’Est de Philippeville. Le LV SAUGRAIN, commandant, a disparu dans le naufrage. La coque, échouée par petits fonds paraît indemne. Le bâtiment de sauvetage anglais ALICE a été demandé pour le déséchouer. Mais il est actuellement en opération de sauvetage du sloop CANDYTUFT, échoué près de Sigli suite à un torpillage.

10e escadrille de torpilleurs

- FLAMBERGE indisponible à Salamine
- BOMBARDE indisponible à BIZERTE

2e escadrille de torpilleurs

- CARABINIER indisponible à Toulon
- ASPIRANT HERBER sur dock à Alexandrie

Conclusion

Si les chalutiers arrivent tant bien que mal à assurer leurs patrouilles, il n’en est pas de même pour les grands patrouilleurs et les torpilleurs qui suite à leur usage intensif sont immobilisés en grand nombre.
A la date du 30 Novembre en Méditerranée occidentale sont immobilisés :
- 3 sloops sur 5
- 3 grands patrouilleurs sur 3
- 4 canonnières sur 16
- 12 torpilleurs sur 28 (La 8e escadrille n’a plus que 2 unités)

Pour assurer une protection suffisante contre les sous-marins en Méditerranée il faut environ 600 petits bâtiments. Or les alliés n’en ont que les deux tiers. Pour les patrouilles françaises, suite à un service excessif, quantité d’unités sont indisponibles et traînent dans les arsenaux dans d’interminables réparations. D’autres, surmenés, seront bientôt indisponibles à leur tour. En un mot, nous épuisons notre capital militaire au moment où il faudrait le doubler.
Le problème est angoissant. La situation s’aggrave avec la débâcle russe, l’échec italien, l’isolement roumain. Quand les Allemands le jugeront nécessaires, ils feront croître le nombre de sous-marins en Méditerranée et des grands croiseurs sous-marins viendront disperser la poussière de nos petits chalutiers. Il faut donc employer les grands moyens et donner une impulsion formidable aux arsenaux et à tous les chantiers français, alliés et neutres où l’on peut travailler pour nos petits bâtiments.
Il faut collaborer avec les Américains et les Japonais pour construire rapidement des bâtiments armés comme il convient pour être de véritables destructeurs de sous-marins.
Il faut enfin réduire par toutes mesures possibles le service des escortes, sans considération des intérêts particuliers ou individuels, et ne voir que le but général. Il faut une véritable dictature de la mer.

Signé : CV RATYE Commandant Supérieur des Patrouilles Françaises de Méditerranée.

(Document adressé à Sir Sommerset GOUGE WALTHORPE Commander in Chief of British Naval Forces in the Mediterranean.

On note que fin Décembre 1917, la situation ne s’était guère améliorée. Par exemple, pour la seule 4e escadrille de torpilleurs, à SARBACANE et MASSUE sont venues s’ajouter les indisponibilités de PIQUE, TIRAILLEUR et MORTIER. A la 8e escadrille de torpilleurs est venu s’ajouter DARD qui a eu des avaries à Corfou. Le renflouement du JEAN D’UST n’a pu aboutir.

Le CV Ratye fera alors un long exposé sur le type de navire nécessaire pour lutter efficacement contre les sous-marins, et sur l’avantage indéniable que présente la navigation en convois escortés, de bâtiments bien armés, sur une navigation de bâtiments isolés.

Cdlt

[NIALA]

Etude intéressante, sur les indisponibilités de navires, les torpilleurs de 300 t des types Arquebuse, Branlebas, etc, sont particulièrement visés, ce sont des navires déjà anciens, relativement fragiles, petits, dont les structures fatiguent par mer formée, que l'on utilise justement pour ces raisons comme patrouilleurs, on note moins d'indisponibilités sur les navires récents, plus grands utilisés en première ligne.

Alain