U 86 Sous-marin allemand
Publié : jeu. févr. 22, 2018 8:45 am
Bonjour à tous,
Voici deux récits intéressants faits par des officiers anglais du cargo mixte ATLANTIAN coulé par ce sous-marin le 26 Juin 1918 dans l’Atlantique, au NW de l’Irlande, et retenus prisonniers à bord du submersible pendant 15 jours. Ils assistèrent donc au torpillage de ses dernières victimes
- LLANDOVERY CASTLE le 27 Juin
- COVINGTON le 1er Juillet
- ORIGEN le 1er Juillet
Le commandant de l’U 86 était alors le Kptlt Helmut PATZIG qui fut poursuivi pour crime de guerre suite au torpillage du navire hôpital LLANDOVERY CASTLE, mais évita son passage devant un tribunal en se réfugiant à Dantzig. Il eut une activité importante lors de la 2e guerre mondiale, dans le domaine de la sous-marinade. Il est décédé le 11 Mars 1984.
Voici une photo de l’U 86 (Source uboat.net)
Et une photo de l’ATLANTIAN
Récit de L.W. POTTS, 1er officier de l’ATLANTIAN
J’ai été fait prisonnier le 25 Juin 1918 à 10h30. Le sous-marin était au début de sa patrouille et ATLANTIAN a été le premier navire qu’il a coulé par torpillage. Auparavant, il avait coulé à coups de canon un voilier, mais j’ignore où et quels étaient son nom et sa nationalité. (Nota : il s’agissait du voilier norvégien EGLANTINE et le naufrage avait fait 8 victimes.)
Le second du sous-marin m’a interrogé sur la route de l’ATLANTIAN et du convoi. Mais quand je lui ai répondu, il m’a dit que je mentais. J’ai ensuite été interrogé à Kiel et à Karlsruhe.
Le 26 Juin, rien ne s’est passé, et le sous-marin n’a pas été attaqué au canon. Des grenades sous-marines lui avaient été lancées depuis l’ATLANTIAN.
LLANDOVERY CASTLE
Le 27 Juin à 03h00, le sous-marin torpilla un vapeur et des hommes de l’équipage m’ont dit, après que le navire eut été torpillé, que c’était le LLANDOVERY CASTLE. Ils avaient aperçu le vapeur et avaient plongé, mais n’ont rien dit à ce moment-là. J’ai compris qu’ils avaient vu un navire car le sous-marin a aussitôt plongé. Puis le sous-marin est venu en surface et des embarcations du LLANDOVERY CASTLE sont venues le long du bord ; c’est alors que des hommes m’ont dit : « C’est le LLANDOVERY CASTLE ». Je leur ai dit que c’était un navire hôpital. Mais je n’ai pas été autorisé à monter sur le pont. J’ai entendu les embarcations venir le long du bord, mais n’ai pu entendre aucune conversation. Je ne peux pas dire combien de torpilles ont été tirées sur LLANDOVERY CASTLE. J’étais dans la chambre des torpilles avant et, sans l’affirmer avec certitude, aucune torpille n’a été tirée de là. Elles ont dû être lancées de la partie arrière du sous-marin.
Le canon arrière a ouvert le feu, mais je ne peux dire si c’était contre les embarcations et ne me souviens plus du nombre de coups tirés. Mais je l’ai entendu tirer.
(Nota : d’après les rescapés, le sous-marin a coulé toutes les embarcations sauf une. Il y eut 234 victimes et 24 survivants. Les Canadiens et les Américains utilisèrent cette affaire pour récolter des fonds pour la victoire avec les « Victory bonds »)
Puis deux charges sous-marines ont été lancées après que nous ayons plongé.
Voici trois photos du LLANDOVERY CASTLE
Le 28 au matin, un autre vapeur a été torpillé. Je ne suis pas certain d’où la torpille a été tirée. Le sous-marin transportait 11 torpilles dont 3 avaient été utilisées contre ATLANTIAN. La 1ère l’avait manqué et les deux autres l’avaient atteint. Donc un autre vapeur a été torpillé, mais je ne connais pas son nom.
(Nota : aucun navire n’ayant été coulé par U 86 le 28 Juin, la torpille a sans doute manqué son but.)
COVINGTON
Dans la nuit du 1er Juillet, alors que nous faisions route vers la côte espagnole, nous avons coulé le COVINGTON. Le lendemain matin, le sous-marin était au milieu des embarcations du COVINGTON et a pris des provisions dans ces canots. A l’évidence, l’équipage avait déjà été récupéré.
Juste après le torpillage, de nombreuses charges sous-marines avaient été lancées contre le sous-marin, leurs fragments frappant la coque, endommageant la radio et secouant quelque peu le sous-marin. Après le torpillage du COVINGTON il n’y avait plus de torpilles à bord et l’équipage disait que c’était dommage qu’il n’y ait plus de torpilles. Le sous-marin a alors pris la route du retour en se dirigeant vers l’Ouest de l’Irlande.
Il a arraisonné deux navires neutres, des vapeurs danois, dans le Nord de l’Ecosse. Je n’étais pas autorisé à monter sur le pont quand il y avait quelque chose en vue. J’ai pris quelques notes, mais elles m’ont été confisquées quand je suis arrivé en Allemagne.
U 86
Voici les silhouettes de l'U 86 dessinées par l'équipage rescapé d'ATLANTIAN
Le numéro de ce sous-marin était U 86. Je l’ai vu sur quelques équipements du sous-marin et sur les ceintures de sauvetage. Je ne connais pas les noms des officiers. Le commandant était bien rasé, et un peu plus grand que moi qui mesure 5 pieds et 4 pouces et demi. Je dirais qu’il mesurait 5 pieds 6 pouces (1,68 m).
D’après certains marins, ce commandant les traitait plutôt convenablement. C’était un bon soldat et un type brillant. Ils étaient toutefois déçus que le sous-marin ne soit pas retourné au milieu du convoi après avoir coulé ATLANTIAN.
Le 8 Juillet, traversant en direction des côtes norvégiennes, nous avons heurté à 05h00 du matin une mine, alors que le sous-marin était en surface. Elle a occasionné des dommages considérables au sous-marin, le rendant incapable de plonger. Une demi-heure plus tard, le sous-marin U 53 est venu en surface et nous lui avons demandé de venir nous accoster et de nous approvisionner en carburant. J’avais été jeté à bas de mon hamac et suis monté à toute vitesse sur le pont. Nous étions en vue de terre après avoir heurté la mine, mais je ne sais quelle était cette terre et si c’était une île ou le continent. J’ai vu une ou deux petites mines à la surface de la mer.
Après l’explosion de la mine, le sous-marin avait signalé par pavillon à l’U 53, qu’il ne pouvait plus utiliser la station radio. Cette station radio avait été rendue inutilisable quand nous avions été grenadés après le torpillage du COVINGTON. Nous étions descendus jusqu’à 95 m car les grenades étaient lancées en décrivant un cercle. Les marins m’ont dit que nous étions à 95 m.
La station radio avait été détruite par l’explosion et nous ne pouvions plus descendre dans la partie avant du sous-marin. Je ne sais s’il y avait eu un feu, mais de l’acide s’échappait des accumulateurs. Nous sommes arrivés à Kiel le 10 Juillet à midi. L’U 53 nous escortait en surface et plus tard deux destroyers allemands sont venus et nous ont accompagnés et nous ont fourni du combustible et de la nourriture. Des gens sont venus à bord pour essayer de descendre dans la partie avant et de reconnaître les dommages.
Le commandant de l’U 53 s’appelait Hans ROSE. Il était allé jusqu’en Amérique avec son sous-marin.
Dans l’après midi, j’ai été emmené dans une prison de la marine. A bord du sous-marin, les Allemands nous ont traités convenablement et avec équité. J’étais logé avec les marins dans la partie avant.
Captivité
En Allemagne, j’ai été mis en prison et j’ai reçu du chou, des pommes de terre, du café et du pain noir. Ils ne m’ont pas maltraité. J’ai été confiné seul pendant 7 jours, puis avec l’opérateur radio. Le 25 Juillet, j’ai été emmené à Karlsruhe. Ils m’ont donné une tranche de pain et une demi-saucisse pour le voyage. En arrivant à Karlsruhe, j’ai été mis dans un hôtel qui était une prison militaire, puis emmené dans un camp. Quand j’étais à Karlsruhe, il y a eu un ou deux raids aériens. Le 2 Août j’ai quitté Karlsruhe et le 4 suis arrivé à Stralsund. Quand j’ai été fait prisonnier, j’avais mon brevet et mes papiers qui ont été confisqués et ne m’ont pas été rendus. Ils ont pris aussi mon argent, mais m’ont donné en échange l’argent utilisé dans le camp.
Je signale qu’un officier a été tué dans le camp de Stralsund, deux jours après l’armistice. Les sentinelles avaient été retirées. Cet officier se trouvait en dehors des barbelés jusqu’où nous étions autorisés à aller. Il a été tué et un autre homme a été blessé.
A suivre...
Cdlt
Voici deux récits intéressants faits par des officiers anglais du cargo mixte ATLANTIAN coulé par ce sous-marin le 26 Juin 1918 dans l’Atlantique, au NW de l’Irlande, et retenus prisonniers à bord du submersible pendant 15 jours. Ils assistèrent donc au torpillage de ses dernières victimes
- LLANDOVERY CASTLE le 27 Juin
- COVINGTON le 1er Juillet
- ORIGEN le 1er Juillet
Le commandant de l’U 86 était alors le Kptlt Helmut PATZIG qui fut poursuivi pour crime de guerre suite au torpillage du navire hôpital LLANDOVERY CASTLE, mais évita son passage devant un tribunal en se réfugiant à Dantzig. Il eut une activité importante lors de la 2e guerre mondiale, dans le domaine de la sous-marinade. Il est décédé le 11 Mars 1984.
Voici une photo de l’U 86 (Source uboat.net)
Et une photo de l’ATLANTIAN
Récit de L.W. POTTS, 1er officier de l’ATLANTIAN
J’ai été fait prisonnier le 25 Juin 1918 à 10h30. Le sous-marin était au début de sa patrouille et ATLANTIAN a été le premier navire qu’il a coulé par torpillage. Auparavant, il avait coulé à coups de canon un voilier, mais j’ignore où et quels étaient son nom et sa nationalité. (Nota : il s’agissait du voilier norvégien EGLANTINE et le naufrage avait fait 8 victimes.)
Le second du sous-marin m’a interrogé sur la route de l’ATLANTIAN et du convoi. Mais quand je lui ai répondu, il m’a dit que je mentais. J’ai ensuite été interrogé à Kiel et à Karlsruhe.
Le 26 Juin, rien ne s’est passé, et le sous-marin n’a pas été attaqué au canon. Des grenades sous-marines lui avaient été lancées depuis l’ATLANTIAN.
LLANDOVERY CASTLE
Le 27 Juin à 03h00, le sous-marin torpilla un vapeur et des hommes de l’équipage m’ont dit, après que le navire eut été torpillé, que c’était le LLANDOVERY CASTLE. Ils avaient aperçu le vapeur et avaient plongé, mais n’ont rien dit à ce moment-là. J’ai compris qu’ils avaient vu un navire car le sous-marin a aussitôt plongé. Puis le sous-marin est venu en surface et des embarcations du LLANDOVERY CASTLE sont venues le long du bord ; c’est alors que des hommes m’ont dit : « C’est le LLANDOVERY CASTLE ». Je leur ai dit que c’était un navire hôpital. Mais je n’ai pas été autorisé à monter sur le pont. J’ai entendu les embarcations venir le long du bord, mais n’ai pu entendre aucune conversation. Je ne peux pas dire combien de torpilles ont été tirées sur LLANDOVERY CASTLE. J’étais dans la chambre des torpilles avant et, sans l’affirmer avec certitude, aucune torpille n’a été tirée de là. Elles ont dû être lancées de la partie arrière du sous-marin.
Le canon arrière a ouvert le feu, mais je ne peux dire si c’était contre les embarcations et ne me souviens plus du nombre de coups tirés. Mais je l’ai entendu tirer.
(Nota : d’après les rescapés, le sous-marin a coulé toutes les embarcations sauf une. Il y eut 234 victimes et 24 survivants. Les Canadiens et les Américains utilisèrent cette affaire pour récolter des fonds pour la victoire avec les « Victory bonds »)
Puis deux charges sous-marines ont été lancées après que nous ayons plongé.
Voici trois photos du LLANDOVERY CASTLE
Le 28 au matin, un autre vapeur a été torpillé. Je ne suis pas certain d’où la torpille a été tirée. Le sous-marin transportait 11 torpilles dont 3 avaient été utilisées contre ATLANTIAN. La 1ère l’avait manqué et les deux autres l’avaient atteint. Donc un autre vapeur a été torpillé, mais je ne connais pas son nom.
(Nota : aucun navire n’ayant été coulé par U 86 le 28 Juin, la torpille a sans doute manqué son but.)
COVINGTON
Dans la nuit du 1er Juillet, alors que nous faisions route vers la côte espagnole, nous avons coulé le COVINGTON. Le lendemain matin, le sous-marin était au milieu des embarcations du COVINGTON et a pris des provisions dans ces canots. A l’évidence, l’équipage avait déjà été récupéré.
Juste après le torpillage, de nombreuses charges sous-marines avaient été lancées contre le sous-marin, leurs fragments frappant la coque, endommageant la radio et secouant quelque peu le sous-marin. Après le torpillage du COVINGTON il n’y avait plus de torpilles à bord et l’équipage disait que c’était dommage qu’il n’y ait plus de torpilles. Le sous-marin a alors pris la route du retour en se dirigeant vers l’Ouest de l’Irlande.
Il a arraisonné deux navires neutres, des vapeurs danois, dans le Nord de l’Ecosse. Je n’étais pas autorisé à monter sur le pont quand il y avait quelque chose en vue. J’ai pris quelques notes, mais elles m’ont été confisquées quand je suis arrivé en Allemagne.
U 86
Voici les silhouettes de l'U 86 dessinées par l'équipage rescapé d'ATLANTIAN
Le numéro de ce sous-marin était U 86. Je l’ai vu sur quelques équipements du sous-marin et sur les ceintures de sauvetage. Je ne connais pas les noms des officiers. Le commandant était bien rasé, et un peu plus grand que moi qui mesure 5 pieds et 4 pouces et demi. Je dirais qu’il mesurait 5 pieds 6 pouces (1,68 m).
D’après certains marins, ce commandant les traitait plutôt convenablement. C’était un bon soldat et un type brillant. Ils étaient toutefois déçus que le sous-marin ne soit pas retourné au milieu du convoi après avoir coulé ATLANTIAN.
Le 8 Juillet, traversant en direction des côtes norvégiennes, nous avons heurté à 05h00 du matin une mine, alors que le sous-marin était en surface. Elle a occasionné des dommages considérables au sous-marin, le rendant incapable de plonger. Une demi-heure plus tard, le sous-marin U 53 est venu en surface et nous lui avons demandé de venir nous accoster et de nous approvisionner en carburant. J’avais été jeté à bas de mon hamac et suis monté à toute vitesse sur le pont. Nous étions en vue de terre après avoir heurté la mine, mais je ne sais quelle était cette terre et si c’était une île ou le continent. J’ai vu une ou deux petites mines à la surface de la mer.
Après l’explosion de la mine, le sous-marin avait signalé par pavillon à l’U 53, qu’il ne pouvait plus utiliser la station radio. Cette station radio avait été rendue inutilisable quand nous avions été grenadés après le torpillage du COVINGTON. Nous étions descendus jusqu’à 95 m car les grenades étaient lancées en décrivant un cercle. Les marins m’ont dit que nous étions à 95 m.
La station radio avait été détruite par l’explosion et nous ne pouvions plus descendre dans la partie avant du sous-marin. Je ne sais s’il y avait eu un feu, mais de l’acide s’échappait des accumulateurs. Nous sommes arrivés à Kiel le 10 Juillet à midi. L’U 53 nous escortait en surface et plus tard deux destroyers allemands sont venus et nous ont accompagnés et nous ont fourni du combustible et de la nourriture. Des gens sont venus à bord pour essayer de descendre dans la partie avant et de reconnaître les dommages.
Le commandant de l’U 53 s’appelait Hans ROSE. Il était allé jusqu’en Amérique avec son sous-marin.
Dans l’après midi, j’ai été emmené dans une prison de la marine. A bord du sous-marin, les Allemands nous ont traités convenablement et avec équité. J’étais logé avec les marins dans la partie avant.
Captivité
En Allemagne, j’ai été mis en prison et j’ai reçu du chou, des pommes de terre, du café et du pain noir. Ils ne m’ont pas maltraité. J’ai été confiné seul pendant 7 jours, puis avec l’opérateur radio. Le 25 Juillet, j’ai été emmené à Karlsruhe. Ils m’ont donné une tranche de pain et une demi-saucisse pour le voyage. En arrivant à Karlsruhe, j’ai été mis dans un hôtel qui était une prison militaire, puis emmené dans un camp. Quand j’étais à Karlsruhe, il y a eu un ou deux raids aériens. Le 2 Août j’ai quitté Karlsruhe et le 4 suis arrivé à Stralsund. Quand j’ai été fait prisonnier, j’avais mon brevet et mes papiers qui ont été confisqués et ne m’ont pas été rendus. Ils ont pris aussi mon argent, mais m’ont donné en échange l’argent utilisé dans le camp.
Je signale qu’un officier a été tué dans le camp de Stralsund, deux jours après l’armistice. Les sentinelles avaient été retirées. Cet officier se trouvait en dehors des barbelés jusqu’où nous étions autorisés à aller. Il a été tué et un autre homme a été blessé.
A suivre...
Cdlt