U 86 Sous-marin allemand

olivier 12
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U 86 Sous-marin allemand

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici deux récits intéressants faits par des officiers anglais du cargo mixte ATLANTIAN coulé par ce sous-marin le 26 Juin 1918 dans l’Atlantique, au NW de l’Irlande, et retenus prisonniers à bord du submersible pendant 15 jours. Ils assistèrent donc au torpillage de ses dernières victimes
- LLANDOVERY CASTLE le 27 Juin
- COVINGTON le 1er Juillet
- ORIGEN le 1er Juillet

Le commandant de l’U 86 était alors le Kptlt Helmut PATZIG qui fut poursuivi pour crime de guerre suite au torpillage du navire hôpital LLANDOVERY CASTLE, mais évita son passage devant un tribunal en se réfugiant à Dantzig. Il eut une activité importante lors de la 2e guerre mondiale, dans le domaine de la sous-marinade. Il est décédé le 11 Mars 1984.

Voici une photo de l’U 86 (Source uboat.net)

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Et une photo de l’ATLANTIAN

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Récit de L.W. POTTS, 1er officier de l’ATLANTIAN

J’ai été fait prisonnier le 25 Juin 1918 à 10h30. Le sous-marin était au début de sa patrouille et ATLANTIAN a été le premier navire qu’il a coulé par torpillage. Auparavant, il avait coulé à coups de canon un voilier, mais j’ignore où et quels étaient son nom et sa nationalité. (Nota : il s’agissait du voilier norvégien EGLANTINE et le naufrage avait fait 8 victimes.)

Le second du sous-marin m’a interrogé sur la route de l’ATLANTIAN et du convoi. Mais quand je lui ai répondu, il m’a dit que je mentais. J’ai ensuite été interrogé à Kiel et à Karlsruhe.

Le 26 Juin, rien ne s’est passé, et le sous-marin n’a pas été attaqué au canon. Des grenades sous-marines lui avaient été lancées depuis l’ATLANTIAN.

LLANDOVERY CASTLE

Le 27 Juin à 03h00, le sous-marin torpilla un vapeur et des hommes de l’équipage m’ont dit, après que le navire eut été torpillé, que c’était le LLANDOVERY CASTLE. Ils avaient aperçu le vapeur et avaient plongé, mais n’ont rien dit à ce moment-là. J’ai compris qu’ils avaient vu un navire car le sous-marin a aussitôt plongé. Puis le sous-marin est venu en surface et des embarcations du LLANDOVERY CASTLE sont venues le long du bord ; c’est alors que des hommes m’ont dit : « C’est le LLANDOVERY CASTLE ». Je leur ai dit que c’était un navire hôpital. Mais je n’ai pas été autorisé à monter sur le pont. J’ai entendu les embarcations venir le long du bord, mais n’ai pu entendre aucune conversation. Je ne peux pas dire combien de torpilles ont été tirées sur LLANDOVERY CASTLE. J’étais dans la chambre des torpilles avant et, sans l’affirmer avec certitude, aucune torpille n’a été tirée de là. Elles ont dû être lancées de la partie arrière du sous-marin.
Le canon arrière a ouvert le feu, mais je ne peux dire si c’était contre les embarcations et ne me souviens plus du nombre de coups tirés. Mais je l’ai entendu tirer.
(Nota : d’après les rescapés, le sous-marin a coulé toutes les embarcations sauf une. Il y eut 234 victimes et 24 survivants. Les Canadiens et les Américains utilisèrent cette affaire pour récolter des fonds pour la victoire avec les « Victory bonds »)
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Puis deux charges sous-marines ont été lancées après que nous ayons plongé.

Voici trois photos du LLANDOVERY CASTLE

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Le 28 au matin, un autre vapeur a été torpillé. Je ne suis pas certain d’où la torpille a été tirée. Le sous-marin transportait 11 torpilles dont 3 avaient été utilisées contre ATLANTIAN. La 1ère l’avait manqué et les deux autres l’avaient atteint. Donc un autre vapeur a été torpillé, mais je ne connais pas son nom.
(Nota : aucun navire n’ayant été coulé par U 86 le 28 Juin, la torpille a sans doute manqué son but.)

COVINGTON

Dans la nuit du 1er Juillet, alors que nous faisions route vers la côte espagnole, nous avons coulé le COVINGTON. Le lendemain matin, le sous-marin était au milieu des embarcations du COVINGTON et a pris des provisions dans ces canots. A l’évidence, l’équipage avait déjà été récupéré.
Juste après le torpillage, de nombreuses charges sous-marines avaient été lancées contre le sous-marin, leurs fragments frappant la coque, endommageant la radio et secouant quelque peu le sous-marin. Après le torpillage du COVINGTON il n’y avait plus de torpilles à bord et l’équipage disait que c’était dommage qu’il n’y ait plus de torpilles. Le sous-marin a alors pris la route du retour en se dirigeant vers l’Ouest de l’Irlande.

Il a arraisonné deux navires neutres, des vapeurs danois, dans le Nord de l’Ecosse. Je n’étais pas autorisé à monter sur le pont quand il y avait quelque chose en vue. J’ai pris quelques notes, mais elles m’ont été confisquées quand je suis arrivé en Allemagne.

U 86

Voici les silhouettes de l'U 86 dessinées par l'équipage rescapé d'ATLANTIAN

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Le numéro de ce sous-marin était U 86. Je l’ai vu sur quelques équipements du sous-marin et sur les ceintures de sauvetage. Je ne connais pas les noms des officiers. Le commandant était bien rasé, et un peu plus grand que moi qui mesure 5 pieds et 4 pouces et demi. Je dirais qu’il mesurait 5 pieds 6 pouces (1,68 m).
D’après certains marins, ce commandant les traitait plutôt convenablement. C’était un bon soldat et un type brillant. Ils étaient toutefois déçus que le sous-marin ne soit pas retourné au milieu du convoi après avoir coulé ATLANTIAN.

Le 8 Juillet, traversant en direction des côtes norvégiennes, nous avons heurté à 05h00 du matin une mine, alors que le sous-marin était en surface. Elle a occasionné des dommages considérables au sous-marin, le rendant incapable de plonger. Une demi-heure plus tard, le sous-marin U 53 est venu en surface et nous lui avons demandé de venir nous accoster et de nous approvisionner en carburant. J’avais été jeté à bas de mon hamac et suis monté à toute vitesse sur le pont. Nous étions en vue de terre après avoir heurté la mine, mais je ne sais quelle était cette terre et si c’était une île ou le continent. J’ai vu une ou deux petites mines à la surface de la mer.
Après l’explosion de la mine, le sous-marin avait signalé par pavillon à l’U 53, qu’il ne pouvait plus utiliser la station radio. Cette station radio avait été rendue inutilisable quand nous avions été grenadés après le torpillage du COVINGTON. Nous étions descendus jusqu’à 95 m car les grenades étaient lancées en décrivant un cercle. Les marins m’ont dit que nous étions à 95 m.
La station radio avait été détruite par l’explosion et nous ne pouvions plus descendre dans la partie avant du sous-marin. Je ne sais s’il y avait eu un feu, mais de l’acide s’échappait des accumulateurs. Nous sommes arrivés à Kiel le 10 Juillet à midi. L’U 53 nous escortait en surface et plus tard deux destroyers allemands sont venus et nous ont accompagnés et nous ont fourni du combustible et de la nourriture. Des gens sont venus à bord pour essayer de descendre dans la partie avant et de reconnaître les dommages.
Le commandant de l’U 53 s’appelait Hans ROSE. Il était allé jusqu’en Amérique avec son sous-marin.
Dans l’après midi, j’ai été emmené dans une prison de la marine. A bord du sous-marin, les Allemands nous ont traités convenablement et avec équité. J’étais logé avec les marins dans la partie avant.

Captivité

En Allemagne, j’ai été mis en prison et j’ai reçu du chou, des pommes de terre, du café et du pain noir. Ils ne m’ont pas maltraité. J’ai été confiné seul pendant 7 jours, puis avec l’opérateur radio. Le 25 Juillet, j’ai été emmené à Karlsruhe. Ils m’ont donné une tranche de pain et une demi-saucisse pour le voyage. En arrivant à Karlsruhe, j’ai été mis dans un hôtel qui était une prison militaire, puis emmené dans un camp. Quand j’étais à Karlsruhe, il y a eu un ou deux raids aériens. Le 2 Août j’ai quitté Karlsruhe et le 4 suis arrivé à Stralsund. Quand j’ai été fait prisonnier, j’avais mon brevet et mes papiers qui ont été confisqués et ne m’ont pas été rendus. Ils ont pris aussi mon argent, mais m’ont donné en échange l’argent utilisé dans le camp.

Je signale qu’un officier a été tué dans le camp de Stralsund, deux jours après l’armistice. Les sentinelles avaient été retirées. Cet officier se trouvait en dehors des barbelés jusqu’où nous étions autorisés à aller. Il a été tué et un autre homme a été blessé.

A suivre...

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Re: U 86 Sous-marin allemand

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Suite des récits

Récit de S. CROSBY, Chef radio d’ATLANTIAN

ATLANTIAN a été coulé le 25 Juin 1918 par le sous-marin U 86. Ce sous-marin avait deux canons, 1 de 6 pouces à l’avant et un de 4 pouces à l’arrière. Avant ATLANTIAN, il avait coulé un voilier par canonnage, lieu, date, nationalité et nom inconnus. Pas d’autre navire attaqué auparavant et ATLANTIAN a été le premier attaqué par torpille.
Le sous-marin a tiré 3 torpilles sur ATLANTIAN. La première l’a manqué. La 2e a frappé la proue à tribord et ATLANTIAN a immédiatement pris feu. Le sous-marin a contourné ATLANTIAN par l’arrière, et a lancé une 3e torpille qui l’a atteint au milieu. Le navire s’est rapidement enfoncé par l’avant. Le croiseur ROCHESTER, qui escortait le convoi, est venu sur les lieux pour offrir son assistance, mais n’a rendu aucun service et a rejoint rapidement le reste du convoi. Le sous-marin a fait surface 20 minutes après que le croiseur se soit éloigné. Il a stoppé près de mon embarcation dans laquelle était le 2e officier et nous avons dû l’accoster. Il a dirigé une lumière sur moi et m’a demandé si j’étais le l’opérateur TSF. J’ai répondu oui. Etes-vous le chef ? J’ai encore répondu oui. J’ai dû monter sur le sous-marin et j’ai été gardé dans le kiosque. Etant quelque peu hébété et confus je ne me souviens pas de ce qui s’est passé dans les moments suivants, mais j’ai compris qu’ils recherchaient le capitaine et le second. Dix minutes plus tard, le 1er officier, Monsieur Potts, a été amené sur le kiosque. Nous avons tous deux été descendus dans la cabine du commandant. Ils ont pris nos papiers et nous ont posé quelques questions. Puis Monsieur Potts a été envoyé à l’avant et moi à l’arrière. On m’a dit que le sous-marin recherchait notre convoi, mais ne réussissait pas à le retrouver. Il avait alors fait route au Sud toute la journée, en surface.

Le soir du 27 Juin, un sous-marinier qui parlait anglais m’a dit qu’il y avait un navire hôpital en vue. Il a été torpillé et il m’a dit que c’était le LLANDOVERY CASTLE. Vers 08h00, deux torpilles ont été tirées, le sous-marin étant en surface. 20 minutes plus tard, le canon qui était juste au dessus de moi (le canon arrière) a tiré rapidement et continuellement pendant 15 à 20 minutes. Le canon avant n’a pas tiré. Un autre navire était à proximité et une torpille a été tirée, mais je ne sais rien d’autre sur ce cas. Des charges sous-marines ont été lancées, très proches. Puis nous avons fait route sur Ouessant et vers le Sud dans le golfe de Gascogne.
Le 30, le sous-marin a stoppé et le commandant a pris un bain le long du bord. J’étais autorisé à monter sur le pont.

Puis le COVINGTON a été torpillé. Le sous-marin est revenu sur les lieux du torpillage quelques heures après que le COVINGTON ait été coulé. Le sous-marin n’a pas été canonné lors du torpillage de COVINGTON. Mais il y avait plusieurs destroyers d’escorte et des grenades ont été lancées qui ont endommagé l’installation TSF. L’équipage a été un peu nerveux, mais sans panique, la propulsion électrique fonctionnant bien. Le sous-marin a plongé d’une seule traite jusqu’à 96 m alors que les grenades explosaient à 60 m. J’ai pu voir cela sur l’enregistreur de profondeur qui était gradué jusqu’à 110 m. Quand nous descendions, la pression était formidable sur la coque, mais tout est resté calme. L’air était parfaitement frais dans le sous-marin et personne ne s’est senti malade.
Le sous-marin est revenu en surface et sur le lieu du torpillage. Il a récupéré tout ce qu’il pouvait dans les embarcations. Les naufragés avaient déjà été récupérés.
Au cours de sa croisière précédente, le sous-marin avait fait 3 prisonniers. L’un d’eux était Monsieur McGrath, chef mécanicien du MEDORA, coulé au large de l’île de Man. Le second du sous-marin m’a parlé d’une lettre qu’il avait écrite et envoyée au Premier Ministre Lloyd Georges. Il trouvait la plaisanterie excellente. D’autres lettres avaient été écrites par l’équipage du sous-marin. Mais je ne pense pas qu’elles aient été confiées aux embarcations du MEDORA.
Les prisonniers du MEDORA sont restés 26 jours dans le sous-marin avant d’arriver en Allemagne. Je ne suis resté que 15 jours.

Les autres hommes de l’équipage n’ont pas voulu me dire qu’ils avaient coulé le navire hôpital LLANDOVERY CASTLE. Ils n’ont pas voulu me dire s’ils aimaient ou non leur commandant. Ils étaient très effrayés par lui et le craignaient. Personne n’a voulu dire quoi que ce soit contre lui. Rien non plus n’a été dit sur les officiers aviateurs américains supposés être sur le LLANDOVERY CASTLE. J’ai idée que la plupart ne savait pas que c’était un navire hôpital. Ils parlaient toujours en allemand, langue que je ne comprends pas. Mais ils savaient que notre convoi approchait, ayant entendu le ROCHESTER qui utilisait continuellement sa TSF. C’était un convoi de 13 navires escorté par un seul croiseur. On espérait l’arrivée d’un destroyer.

Ce commandant avait un port de tête vraiment teutonique, bien rasé, très beau, des yeux gris et un teint olivâtre.
Le second du sous-marin était très vantard, toujours admirant et louangeant son chef. Il inclinait à être très offensif. Il parlait très bien anglais. Plutôt petit (1,67 m) et fort. Ne portait pas de lunettes. D’ailleurs, aucun officier du sous-marin ne portait de lunettes.

L’équipage nous a dit qu’on manquait terriblement de nourriture en Allemagne. Il était mieux nourri à bord du sous-marin.

J’ai été traité comme un officier prisonnier en Allemagne. J’ai été tenu à l’isolement dans une prison navale pendant 15 jours, puis envoyé dans un camp à Karlsruhe, et enfin à Stralsund pour rapatriement. Le capitaine du PHELAN était avec moi et a été rapatrié avant l’armistice. Les prisonniers étaient en majorité des officiers de l’armée.
Dans le sous-marin, ils ne m’ont posé aucune question à propos de mon travail. Ils ne m’ont pas laissé entrer dans leur station radio. J’ai été interrogé à Kiel sur la façon dont étaient arrangés les convois et sur la position du navire, mais pas à propos de la TSF.

Sur le chemin du retour vers l’Allemagne, le sous-marin est resté en surface, sauf une journée. Nous sommes passés au large de la côte norvégienne. Le sous-marin filait 17 nœuds en surface et 13 nœuds s’il cherchait à couler un navire.
Nous étions au large de la côte de Norvège, en surface, quand nous avons heurté une mine. Elle a fracassé les deux moteurs du sous-marin et aussi le compartiment avant et le carré des officiers. Quelques heures après avoir heurté la mine, j’ai été autorisé à monter sur le pont et j’ai vu des mines tout autour de nous. J’ai vu distinctement la côte norvégienne et aussi plein de petites mines flottant autour de nous. Elles étaient de couleur noire.

Après 3 heures passées sur le pont, nous avons rencontré l’U 53, commandant Rose, qui nous a escorté en surface jusqu’à Kiel. U 53 est ce sous-marin qui était allé jusqu’aux USA en 1916. Le commandant Rose était un homme très identifiable. Il portait une barbe taillée en pointe et une moustache, comme sur la photo que m’a montrée Monsieur Thring. Je dirais qu’il était un homme plein de suffisance. J’ai vu d’autres photos de lui avec tout l’équipage de l’U 53.
(Voici une photo du Kptlt Hans Rose. Source uboat.net)

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U 53 est venu le long du bord et nous a passé du combustible, puis est resté avec nous jusqu’à la côte du Danemark où un destroyer a pris la relève.
Quand la mine a explosé, l’équipage d’U 86 a mal réagi. Il y a eu une terrible panique et il s’est rué sur le pont, mécaniciens comme restant de l’équipage. J’étais aussi abasourdi et je suis venu au poste central pour monter dans le kiosque. Mais la porte était fermée et c’est pourquoi je suis resté 3 heures en bas. Monsieur Potts avait été jeté à bas de son hamac. L’explosion avait eu lieu dans la partie avant. Il y a eu un début d’incendie et carré des officiers et station radio ont été détruits.
Le second est descendu et nous a fait jurer de ne rien dire de ce que nous avions vu sur le sous-marin avant que la guerre ne soit terminée. Ils allaient probablement échouer le sous-marin sur la côte de Norvège et le faire sauter. Ils avaient de grosses charges d’explosifs de 3 pieds de long et 2 pieds de haut, une dans le compartiment des moteurs et une dans la partie arrière au cas où un destroyer serait aperçu. Tous les Allemands avaient revêtu leurs ceintures de sauvetage et le petit canot gonflable était sur le pont. Déjà, la station TSF de l’U 86 avait été détruite par les grenadages lors de l’attaque du COVINGTON. Les isolateurs avaient été brisés. C’est donc tout à fait par hasard que nous avons rencontré l’U 53 qui croisait le long de la côte de Norvège. Je sais que c’était le commandant Rose qui était à bord car je l’ai vu dans les papiers. Je suis sûr qu’U 86 était incapable d’utiliser son poste TSF après l’explosion et ne l’avait pas utilisé après avoir été grenadé lors de l’affaire du COVINGTON. Il n’y avait qu’un seul poste à bord et les isolateurs étaient brisés. C’était un appareil Telefunken. Les postes radio allemands ne sont pas aussi bruyants que les nôtres et ils n’utilisent pas les ondes continues, mais j’aurais entendu les ondes continues qui sont une spécialité américaine. J’ai parcouru tout le sous-marin et il n’y avait plus de mât d’antenne. L’U 53 en avait un. Nous avons rencontré les destroyers allemands dans l’Est de la côte du Danemark, après avoir passé le Skaw.
La veille de l’explosion de la mine, le sous-marin avait arraisonné un vapeur norvégien, mais ne l’avait pas canonné. Quand il l’avait aperçu, il avait stoppé ses moteurs et s’était doucement immergé. Puis il était revenu en surface. Je n’étais pas sur le pont quand les hommes du vapeur sont venus sur le sous-marin.

Je n’ai pas eu connaissance d’un marin nommé Ditmann à bord de l’U 86. Il y avait un marin qui parlait très bien l’anglais, mieux que les officiers, mais j’ignore son nom.

Commentaire

Ces deux narrations montrent bien la vie à bord de ce sous-marin. Elles soulignent aussi le caractère semble-t-il très autoritaire du Kptlt Patzig, craint même par son équipage…et la gêne manifeste des marins allemands suite au torpillage d’un navire hôpital et au canonnage de ses embarcations. Il est d’ailleurs assez incompréhensible que l’un des canots, avec 24 survivants, ait été épargné.

Quant à l’U 86, très gravement endommagé, il ne reprendra pas ses patrouilles après le 15 Juillet 18. Il fera sa reddition, sans doute à Kiel, le 20 Novembre 1918 et fera naufrage en Manche en 1921 alors qu’il était en route pour la démolition.
Il avait coulé 33 navires dont les français DUNKERQUOISE et MARIE CELINE le 5 Avril 1917 et le remorqueur BARON LEOPOLD DAVILLIERS le 15 Décembre 1917.
Pendant le mois d'Août 1918 Helmut Patzig prendra le commandement de l'U 90.

COVINGTON

Ce paquebot était l’ex CINCINATTI, 16339 t, longueur 177 m, de Hamburg Amerika Linie, lancé en 1908 au chantier Schidau de Dantzig.
Le voici au temps de sa splendeur. C’était l’un des rois de l’Atlantique Nord.

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En 1914, il avait été interné à Philadelphie. Le voici en remorque, avec d’ailleurs une forte gite, emmené auprès du PRINZ EITEL FRIEDRICH, futur DE KALB en 1917.

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En 1917, les Américains le rebaptisèrent COVINGTON et le transformèrent en transport de troupes. Voici les photos de son naufrage après son torpillage par l’U 86. Ce naufrage fit 6 victimes.

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Re: U 86 Sous-marin allemand

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur le LLANDOVERY CASTLE

Navire hôpital pour le Gouvernement canadien
Capitaine Edward Arthur SYLVESTER
Traversée Halifax – Liverpool
Torpillé le 27 Juin à 21h30, par 50°38 N et 12°27 W alors qu’il faisait route au N74E à 13 nœuds
Portait le pavillon de navire hôpital. 258 personnes à bord (257 Anglais + 1 Italien). Observait le règlement sur les feux pour les navires hôpitaux
24 Rescapés ont été récupérés dans le canot du capitaine par HMS LYSANDER le 29 Juin à 09h00.
Le sous-marin a tiré une douzaine de coups de canon à 23h45, mais pas sur le navire
La torpille a frappé dans la cale 4

Enquête sur le torpillage

Le canot du capitaine est venu le long du sous-marin. Il apparaît que le commandant du sous-marin attendait le passage du navire et pensait que ce dernier avait à son bord 8 officiers américains aviateurs. En réalité, le navire avait 8 officiers canadiens des services médicaux.
Le commandant du sous-marin pensait aussi que le navire transportait des munitions. Le capitaine explique que cela vient du fait que son poste habituel à Halifax est le pier n° 2 et que ce pier, sur son autre côté, sert au chargement de munitions sur les navires.
Le capitaine pense que plusieurs canots de sauvetage ont chaviré, mais ne peut donner de détails.

Après l’explosion, le capitaine a demandé à l’opérateur Marconi d’envoyer un SOS avec la position. Mais ce dernier n’a pu le transmettre. Il a alors envoyé le 3e officier démarrer la dynamo de secours. La lumière est revenue juste avant que le navire ne coule. Le capitaine a ordonné l’abandon et est allé chercher une lampe torche dans sa cabine. Le second capitaine a mis à l’eau le canot d’accident tribord. Le 2e officier à mis à l’eau un canot de l’arrière. C’était dix minutes après le torpillage. Il a récupéré 11 hommes qui étaient sur des radeaux ou des épaves (dont le capitaine). C’est alors que le sous-marin s’est approché et le commandant a ordonné de venir l’accoster. Le 2e officier a répondu : « Nous repêchons un homme ». Le commandant du sous-marin a répliqué « Venez le long du bord ou je tire sur vous avec mon canon. » Et 2 coups de révolver ont été tirés. Le canot a alors accosté rapidement le sous-marin. L’Allemand a dit au 2e officier « Je suis le commandant. Montez à bord ».

Le commandant a demandé le nom du navire et le 2e officier lui a répondu « C’est le navire hôpital LLANDOVERY CASTLE ». C’est alors que le commandant a parlé des officiers américains et des munitions. Le 2e officier lui a répondu qu’il faisait des liaisons avec le Canada depuis 6 mois et lui a dit « Je vous donne ma parole d’honneur que nous ne transportons que des blessés, du staff médical, des infirmières et l’équipage ». Le commandant a alors fait monter sur le sous-marin un des officiers canadiens du service médical qui se trouvait dans le canot et lui a dit : « Vous êtes un officier aviateur américain ? » Le capitaine, qui était dans le canot, protesta « Non, c’est un officier médical canadien ». L’Allemand interrogea l’officier qui lui confirma qu’il était bien un officier médical canadien. Il le renvoya alors dans le canot. Il renvoya aussi dans le canot le 2e officier.
Laissant le canot, le sous-marin fit des cercles à grande vitesse autour du paquebot puis revint au canot. Le commandant dit au 2e officier qu’il y avait eu une énorme explosion au moment ou le navire avait coulé et qu’il devait bien y avoir des munitions à bord. Le 2e officier lui répondit que non et que c’était l’explosion des chaudières ou le bruit des cheminées tombant sur le pont.
Puis le canot s’éloigna et hissa ses voiles pour faire route. Le sous-marin continua à faire des cercles. Il passa à plusieurs reprises à quelques mètres du canot. Puis il stoppa et ouvrit le feu sur une cible non identifiée. Il tira 18 coups de canon.
Le canot fit route sur 70 milles, lorsqu’il rencontra le HMS LYSANDER.

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Commentaire

Le rapport d’enquête laisse vraiment perplexe en ce qui concerne l’attitude du Kptlt Patzig.

Tout d’abord, on se rend compte que les Allemands avaient des renseignements assez précis, sans doute transmis par des compatriotes aux Etats Unis. Certes, ils les interprétaient parfois mal, mais ces renseignements sont indéniables. Ils ont conduit au torpillage du LLANDOVERY CASTLE.

En ce qui concerne le tir sur les embarcations et leur destruction systématique, devenu après la guerre la vérité officielle encore rapportée aujourd’hui dans tous les récits concernant Patzig, le rapport d’enquête laisse vraiment dubitatif. Tout d’abord, personne parmi les 24 rescapés du canot du 2e officier n’a vu le fait ou ne l’a rapporté. Le capitaine dit même que les canots ont sans doute chaviré, ce qui n’est pas absurde car mis à l’eau dès le torpillage, alors que le navire avait encore de l’erre, c’est une possibilité envisageable. Certes, le sous-marin a tiré au canon, mais on ne sait pas sur quelle cible et le fait que des grenades aient été lancées contre le sous-marin après la disparition du navire hôpital (fait rapporté par les hommes de l'ATLANTIAN) pourrait faire penser qu'il s'agissait en réalité d'un destroyer d'escorte. Les Anglais qui étaient dans le sous-marin n’en savent d’ailleurs pas plus.
Surtout, le sous-marin passe à plusieurs reprises près du canot du 2e officier et ne le coule pas. Si Patzig avait voulu effacer toute trace d’un quelconque forfait, on peut penser qu’il ne s’en serait sûrement pas privé.
Bref, la lumière est loin d’être faite sur cette affaire.

Cdlt
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olivier
NIALA
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Re: U 86 Sous-marin allemand

Message par NIALA »

Bonjour olivier,

Attention aux homonymes! le Lysander de la photographie est un escorteur britannique de la seconde guerre mondiale, le Lysander de la Premier guerre mondiale était un destroyer du type Laforey construit en 1913, je n'ai pas sa photo mais voici le Laforey de la même classe.
LAFOREY 0323a.jpg
LAFOREY 0323a.jpg (73.7 Kio) Consulté 1976 fois
Cordialement

Alain
olivier 12
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Re: U 86 Sous-marin allemand

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, Bonjour Alain,

Je retire donc cette photo inappropriée. Merci pour la correction.

Cdlt
olivier
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Re: U 86 Sous-marin allemand

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur ORIGEN

Vapeur de 3544 t construit au chantier Caledon de Dundee
Armateur Booth & Co. Liverpool
Entré en service en Juin 1918. Effectuait son premier voyage Falmouth – Porto – Brésil
Capitaine William Edmund DOWNING
58 hommes d’équipage dont 56 Anglais et 2 Portugais et 7 passagers dont 2 Anglais, 4 Portugais et 2 Suédois.
Faisait partie d’un convoi de 18 navires escortés par 1 croiseur et 3 autres navires dont 1 porteur d’hydravion.
Torpillé le 30 Juin à 21h35 par 46°50 N et 07°48 W. Faisait route au S32W à 7,5 nœuds.
Coulé par une 2e torpille.

Navire armé de 2 canons. Canonniers : Lambert, Dongan, Edwards et Lachlan Ross. N’ont pas tiré.
1 victime : Joseph Taylor, donkeyman (chauffeur chaudière auxiliaire). Probablement noyé.
La première torpille a détruit la cale 1 et le gaillard. La seconde a explosé dans le compartiment chaudière. Le navire a été évacué après la première attaque.
Les naufragés ont été recueillis par les chalutiers RICHARD ROBERTS et KASTORIA

Cdlt
olivier
Rutilius
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U-86 ― Sous-marin allemand (1916~1918).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


Le sous-marin allemand U-53 à Newport (États-Unis) en 1916


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Gallica ~ Bibliothèque nationale de France
Photographie de presse de l’Agence Rol ~ Réf. Rol 48.230



Le kapitänleutnant Hans ROSE

(Berlin-Charlottenburg, 15 avr. 1885 ~ ..., 6 déc. 1969)


Image

Gallica ~ Bibliothèque nationale de France
Photographie de presse de l’Agence Rol ~ Réf. Rol 48.231
Dernière modification par Rutilius le sam. janv. 12, 2019 6:44 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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U-86 ― Sous-marin allemand (1916~1918).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Bâtiments français coulés ou avariés par le sous-marin allemand U-86

5 avril 1917 : Dunkerquoise — Goélette — Société d’armement à la grande pêche, Dunkerque.

—> viewtopic.php?f=29&t=45017&start=0#p352312

5 avril 1917 : Marie-Céline — Goélette — Armement J. Daulle-Maniez.

—> viewtopic.php?f=29&t=45019&start=0#p352325

15 décembre 1917 : Baron-Léopold-Davilliers — Patrouilleur auxiliaire, ex-remorqueur. [Avarié]

—> viewtopic.php?f=29&t=44242&start=0
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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