PICARDIE Société Métallurgique de Montbarc

olivier 12
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Re: PICARDIE Société Métallurgique de Montbarc

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

PICARDIE

Vapeur de 690 tx
Armateur Société Métallurgique de Montbarc
Armé de 2 canons de 90 mm modèle 77
12 Berger et 2 Verdier non employés
Traversée Barry Docks – Rouen avec 697 tonnes de charbon.
Capitaine GEOFFROY Joseph Paimpol 637
27 hommes d’équipage

Rencontre d’un sous-marin le 15 Mai 1918 à 09h00

Rapport du capitaine

Pris à Barry Docks un chargement de houille pour Rouen. Quitté ce port le 14 Mai à 22h20. Débarqué le pilote à 22h45 et mis en route libre. Beau temps clair. Petite brise. Même type de temps le 15 Mai.
Doublé Hartland à 04h00 et passé Trevose à 09h05. A 09h50, à 7 milles dans le S35W de Trevose, par 50°27 N et 05°08 W, aperçu l’explosion d’un navire anglais par suite de torpillage. Il se trouvait à 400 m par le travers bâbord. A 09h55, aperçu très distinctement le périscope du sous-marin et ouvert le feu avec la pièce arrière. Mis tout l’équipage aux postes de combat et fait des routes diverses. Quitté les lieux au plus vitre. Un patrouilleur s’est rendu aussitôt auprès du navire torpillé.

Deux torpilles avaient été lancées sur le navire anglais. La première a porté et la deuxième s’est arrêtée en chemin après être passée sur son arrière.

Passé Longship à 13h45. Jolie brise, mer houleuse et agitée. Pluie fine. Passé Lizard à 17h00 avec temps s’éclaircissant et mer assez belle.

Note de l’officier AMBC

3 canonniers de veille : 1 à chaque pièce et 1 sur la passerelle avec un matelot du commerce. A 09h00 le 15 Mai, un navire anglais est torpillé. Le QM chef de section appelle aux postes de combat. Périscope aperçu. Ouvert le feu avec hausse 1500 m, dérive 94 et chrono-télémétrie éloignement faible.

Tiré deux coups qui paraissent bons en direction et portée. Le périscope disparaît.
Pas d’incident de tir. Mise au poste de combat rapide. Impossible de juger le résultat. Tout s’est passé normalement.

Conclusions de l’officier enquêteur

A terre de PICARDIE, un navire anglais a reçu dans son flanc tribord une première torpille. Une seconde est passée sur son arrière et s’est arrêtée entre lui et PICARDIE. Périscope du sous-marin aperçu à 1500 m à 140° bâbord. Le capitaine cesse les zigzags tandis que l’armement de la pièce arrière ouvre le feu et tire deux coups. Le périscope disparaît.
Le capitaine dit que le sous-marin filait 8 nœuds ce qui paraît exagéré. Il a fait une route NW puis W.

Critique :

Tout navire naviguant isolément doit faire des zigzags irréguliers entre dix et vingt minutes, ce que ne faisait pas PICARDIE. Le capitaine, interrogé, a répondu que personne ne zigzaguait, ce qui n’est pas une excuse. De plus les zigzags effectués ensuite étaient complètement inopérants. On mettait la barre toute d’un bord, puis on renversait de l’autre bord dès que la route avait varié de 60°. On obtenait ainsi une sinusoïde très restreinte par rapport à la longueur du bâtiment et le sous-marin n’a qu’à lancer suivant l’axe de cette courbe avec 8 chances sur 10 d’atteindre sa cible. Ce genre de zigzags n’a rien de commun avec ceux ordonnés par les instructions. Avec 10 à 20 minutes d’intervalle, le sous-marin doit complètement reprendre son attaque et se remettre en position à chaque changement de route.

Le périscope disparaît, donnant l’impression que le sous-marin reprend la chasse contre PICARDIE. Or, bien que le vent soit favorable, on ne se sert pas des fumigènes pour se dérober. Si jamais une occasion propice se présente de s’en servir, il semble bien que ce soit celle-là. A cette observation le capitaine répond simplement : « Mais je ne l’aurai plus vu ! ».
« - Bien sûr, vous ne le voyez plus puisqu’il a plongé, mais d’un coup de périscope qui vous aurait de toutes façons échappé, lui vous aurait vu ».

En résumé, méconnaissance complète et mépris profond des instructions réglementaires. Intelligence de la situation tactique qui fait négliger un moyen de défense extrêmement précieux. S’il avait été torpillé trente minutes plus tard, sa responsabilité eut été lourdement engagée.

Cet engagement insignifiant révèle néanmoins une grave insuffisance du capitaine. Cet officier d’intelligence médiocre fait preuve de surcroit d’un esprit critique irraisonné qui va jusqu’à l’inconvenance comme je m’en suis aperçu pendant l’interrogatoire. Son opinion est nette et il ne la cache pas. Pour lui, toutes les mesures prises pour protéger la navigation sont inapplicables et inopérantes -et il dit tout cela en termes infiniment plus vifs-.

Si son opinion en elle-même n’a pas d’importance, on ne peut avoir aucune confiance pour l’exécution des ordres en quelqu’un qui manifeste un tel état d’esprit.

(Nota : il est rare de trouver un jugement aussi cinglant sur un capitaine de navire. Mais celui-ci semble s’être montré plutôt borné…)

Note du VA Commandant en chef Préfet Maritime de Brest 233 Juin 1918

De l’examen du dossier PICARDIE il résulte que le capitaine au cabotage Joseph GEOFFROY (Paimpol 637) ne s’est pas conformé aux prescriptions des instructions générales aux Capitaines de navires de commerce en ce qui concerne l’exécution des zigzags et l’emploi des fumigènes, lequel était particulièrement indiqué en la circonstance.

Je vous prie de lui transmettre mes observations à ce sujet et de lui faire connaître que je devrais lui appliquer une sanction plus sévère si pareil fait m’était à nouveau signalé.

Il sera fait mention de ces observations sur son fichier matriculaire.

Le sous-marin rencontré

C’était l’U 55 du Kptlt Wilhelm WERNER.

Le navire anglais torpillé était le WAR GRANGE, navire neuf de 3100 t qui effectuait une traversée Bordeaux – Cardiff. Il fut seulement endommagé et put être échoué à Newquay. Il fut plus tard remis à flot et réparé.

Il terminera sa carrière le 5 Avril 1928 en s’échouant sur la chaussée des Bœufs (au large de Noirmoutier) lors d’une traversée Sfax – Basse Indre avec une cargaison de phosphate.

Cdlt
olivier
Rutilius
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PICARDIE — Cargo — Société métallurgique de Montbard-Aulnoye.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Picardie — Cargo — Comptoir de l’industrie cotonnière, puis Société d’importation du Nord et de l’Est, puis Société métallurgique de Montbard-Aulnoye.

Bâtiment en acier lancé le 25 novembre 1911 sous le nom d’Artigas par le chantier George Brown & Co., de Greenock (Écosse, Royaume-Uni) pour le compte de la société d’armement E. J. Vidal & Cia., de Montevideo (Uruguay) ; n° de chantier, 72. Cédé en ... à la société dite « Comptoir de l’industrie coton-nière », établie à Paris, au 106, boulevard Haussmann (VIIIe Arr.) ; renommé Picardie, étant immatriculé à Bordeaux, f° 1.599, n° 4.624.

Réquisitionné avec son équipage le 22 décembre 1916 à Rochefort-sur-Mer par le commissaire en chef de la Marine Charles Louis Marie PAQUERON, étant directement géré par la marine et ayant Rochefort-sur-Mer pour port comptable ; déréquisitionné le 2 janvier 1917.

Cédé début 1917 à la Société d’importation du Nord et de l’Est, établie à Paris, au 22, rue de l’Arcade (VIIIe Arr.) ; francisé le 3 avril 1917 à Rouen, n° 1.285, et immatriculé dans ce port, f° 1.006, n° 1.520. Signal distinctif : K.Q.F.S., puis O.Q.R.F. Cédé le 30 novembre 1917 à la Société métallurgique de Montbard-Aulnoye, également établie à Paris, au 22, rue de l’Arcade. Cédé le 1er juillet 1922 à la Compagnie côtière d’Afrique, établie à Paris, au 9, boulevard des Italiens (IXe Arr.). Cédé le 29 juin 1923 à la Société com-merciale, industrielle et agricole du Haut-Ogoué (Congo français), établie à Paris, au 43, rue Laffitte (IXe Arr.) ; immatriculé le 16 août 1923 au quartier de Dakar, f° 115, n° 349.

S’échoue le 24 avril 1924 sur la barre de Saint-Louis (Sénégal) ; après des tentatives infructueuses de renflouement, déclaré perte totale.

Caractéristiques : Jauge : 690,16 tx jbt, 643,04 tx jb et 384,25 tx jn — puis 954,18 tx jbt, 953,94 tx jb et 577,46 tx jn. Dimensions : 196.8 x 34.1 x 9.9 ft. Propulsion : Machine à triple expansion de 450 cv — ou 87 nhp ; deux hélices. Vitesse : ... nœuds.

**********

Armé au cabotage international à Rochefort-sur-Mer le 22 décembre 1916, n° 119 ; désarmé à Rouen le 15 décembre 1917, n° 179, étant alors qualifié de « chaland de mer à vapeur » capitaine André Marie Guillaume HEURTÉ, capitaine au cabotage, inscrit au quartier d’Audierne, n° 20. Réarmé à Rouen le 16 décembre 1917, n° 188 ; désarmé à Rouen le 2 janvier 1919 — capitaine Joseph JEFFROY, capitaine au cabotage, inscrit au quartier de Paimpol, n° 637.

Sources

—> https://www.clydeships.co.uk/view.php?y ... el=ARTIGAS

Inscription maritime ― Quartier de Rouen ― Matricules des bâtiments de commerce — 1900~1925 — f°ˢ 893 à 1089 : Archives départementales de Seine-Maritime, Cote 7 P 5_47, p. num. 116.

Inscription maritime ― Quartier de Rouen ― Désarmement des bâtiments de commerce (1917), n°ˢ 106 à 206 : Archives départementales de Seine-Maritime, Cote 7 P 6_212, p. num. 484 à 509.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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PICARDIE — Cargo — Société métallurgique de Montbard-Aulnoye.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

□ Sur la Société métallurgique de Montbard-Aulnoye, V. le sujet correspondant :

—˃ viewtopic.php?p=95552#p95552
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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