NOÉMI — Trois-mâts barque — Société générale d’armement, Nantes.

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

Noémi — Trois-mâts barque — Société générale d’armement, Nantes (1899~1927).

• Louis LACROIX : « Les derniers grands voiliers », éd. J. Peyronnet & Cie, Paris, 1937, p. 453 et 239.

« Le trois-mâts Noémi du type CA (1) lancé aux Chantiers de la Loire à Saint-Nazaire, au début de 1899 pour le compte de la Société des Voiliers Nazairiens, passa rapidement à la Société générale d’Armement, après la liquidation de ses premiers armateurs, dont il fut le premier navire.
Les capitaines Mallet, Le Hégarat, Schaëffer, de Broca, Becquet, Gloharec et en dernier lieu Calbourdin n’ont jamais rien consigné de réellement sensationnel en leurs rapports.
A son dernier voyage, le 20 mai 1920 faisant son retour de Geelong (Australie) sur l’Europe, une épave d’un petit navire demi-submergé fut rencontrée dans l’Atlantique-Nord.
On avait cru apercevoir des survivants à bord ; Noémi s’approcha aussi près que possible du navire, puis constatant que le navire sur lequel la mer brisait avec force, était abandonné depuis de longs mois, le capitaine continua sa route.
Ramené d’Ipswich au canal de la Martinière le 7 janvier 1921 (2), Noémi fut démoli le 2 février 1927. »

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(1) Type G. selon le même auteur (op. cit., p. 239). D’où les caractéristiques suivantes :

— Jauge brute ........................ : 2.297 t.
— Port en lourd ...................... : 3.000 t.
— Longueur ........................... : 83,97 m.
— Largeur ............................. : 12,31 m.
— Creux ................................ : 6,89 m.

(2) Le 7 juillet 1921 selon la Liste des grands voiliers nantais au cimetière de la Martinière figurant en annexe du même ouvrage (p. 489).

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

Le capitaine du trois-mâts barque Noémi en 1907

— SCHAËFFER Joseph Auguste, né le 5 août 1876 à Brest-Recouvrance (Finistère) (Registre des actes de naissance du quartier de Brest-Recouvrance, Année 1876, f° 77, acte n° 305).et décédé le ... à ... (...). Capitaine au long-cours, inscrit à Brest, n° 29.

• Fils d’Auguste Victor SCHAËFFER, né le 1er novembre 1847 à Brest-Recouvrance, matelot gabier – en fin de carrière, premier maître de manœuvre –, et de Sophie Jeanne BOURDOULOUX, née le 26 mai 1850 à Brest-Recouvrance, « tailleuse pour hommes » ; époux ayant contracté mariage à Brest-Recouvrance, le 20 octobre 1873 (Registre des actes de mariage du quartier de Brest-Recouvrance, Année 1873, f° 50, acte n° 98).

• Petit-fils de :

– Françoise Églantine SCHAËFFER,

– Louis BOURDOULOUX, « gardien de vaisseau », et de Brigitte KERFURIC, son épouse.

• Époux de Louise Théodorine Fanny Marie BEYOU, née le 13 mai 1884 à Lanildut (Finistère) et décédée le ... à ... (...), sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage à Brest-Recouvrance, le 1er mars 1905 (Registre des actes de mariage du quartier de Brest-Recouvrance, Année 1905, f° 15, acte n° 27).

Fille d’Auguste BEYOU, premier maître torpilleur, et de Marie AUDRÉZET, sans profession, son épouse.

Les capitaines au long-cours Francisque POILVET (debout), commandant le trois-mâts barque Bayard, et Joseph SCHAËFFER (assis), commandant le trois-mâts barque Noémi, photographiés à Portland (Oregon, États-Unis), le 18 janvier 1907.

[Memgam]

Bonjour,

Noëmi, construit en 1899 par les chantiers de la Loire à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

2192 tjb, 1958 tjn, 83,97 x 12,31 x 6,89 m,

En 1912, indicatif KLCJ, capitaine de Broca, immatriculé à Nantes, armateur, Société nouvelle d'armement.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
Henri Picard, La fin des cap-horniers, les dernières aventures des long-courriers français, Edita-Vilo, 1976, page 104, tableau de Roger Chapelet.
Jacques Malet, question 1461, page 16, chasse-marée n° 176 mars 2005, tableau Temple West, Marine artist, Newcastle, NSW (Australie).

Cordialement.

[Memgam]

Bonjour,

A l'arrivée du trois-mâts barque Noëmi, capitaine de Broca, à Newcastle, venant de Montevideo, le 25 mars 1911, un événement insolite a été révélé : Deux membres d'équipage, citoyens des Etats-Unis, avaient embarqué à bord à Montevideo. Il s'agissait en réalité, d'un couple marié, la femme s'étant déguisée en homme. La supercherie a été éventée,la femme séparée de l'équipage et affectée à la cuisine. Le couple a été débarqué à Newcastle, mais la femme n'a pu quitter le bord qu'après avoir reçu de terre des vêtements féminins, car elle aurait été arrêtée en costume d'homme.
Noëmi est repartie de Newcastle le 18 mai 1911 pour Caleta Coloso avec 2882 tonnes de charbon.

Cet évènement a été également raconté, de façon croustillante, par le commandant Georges Aubin.

Source : Patrick Ahern, Full sail beyond the three capes, the french bounty ships in Australia, 1898-1925, Patrick Ahern, 2008, page 10.
Georges Aubin, Dans le vert sillage des cap-horniers, Flammarion, 1960, Ercole, pages 143-227.
Patrick Ahern, French sailing ships at australian ports 1898-1925, Patrick Ahern, 2010.

Cordialement.

[jmibg44]

Bonjour,

Dans la liste des capitaines du Noemi, il manque le capitaine Guillaume RANNOU cité dans le livre de Georges AUBIN "Dans le sillage verts des cap-horniers" Edition Flammarion d'aout 1960 Page 145.

Je n'ai pas ses années de service.

[Memgam]

Bonjour,

Il n'y a pas eu de capitaine Guillaume Rannou comme commandant de Noemi car Rannou est un pseudonyme pour le capitaine au long cours Louis de Broca, né le 2 mars 1882 à Rodez, inscrit à Bordeaux n° 8886, embarqué pour un deuxième voyage à bord de Noemi au départ de Gênes le 21 juillet 1910.

Lors de ce voyage, à l'escale de Montevideo, le capitaine de Broca est contraint, avec l'autorisation de l'agent consulaire, d'embarquer à bord de Noemi, des marins étrangers pour remplacer des déserteurs.

Parmi ces marins étrangers, deux sujets américains, inscrits sous les n° 31 et 32 sur le rôle d'équipage, et donc embarqués à Montevideo le 23 janvier 1911. Le premier est Oppenham Jack, né le 1er mai 1889 à Washington, engagé comme matelot à 75 francs par mois et qui sera débarqué à Newcastle (Australie) le 25 mars 1911 et payé pour ses deux mois et 8 jours de service à bord.Le second est Oppenham Mark, né le 26 août 1891 à Washington, engagé comme pilotin au pair à 50 francs par mois et qui sera débarqué dans les mêmes conditions à Newcastle. Cette deuxième personne était en fait la femme du premier et la supercherie a été vite découverte, comme je l'avais indiqué dans mon message à ce sujet du 10 octobre 2016.
J'avais alors commis une erreur en me trompant de titre pour le livre de George Aubin, citant "L'amour en matelote" au lieu de "Dans le vert sillage des cap-horniers"
Quant aux données sur l'état-civil, elles proviennent des archives de l'Inscription maritime, rôle d'équipage de Noemi 7R4/766, mis en ligne par les Archives départementales de Loire Atlantique.

Cordialement.

[Memgam]

Bonjour,

La presse australienne a rendu compte de ce faits divers par un même texte paru dans différents journaux en mars et avril 1911.

Woman as a sailor.

Captain Broca of the French ship Noémi which arrived at Newcastle the other day from Montevideo had a bord his vessel a woman whose presence has caused some trouble and embarrassament. The woman in question joined the ship at Montevideo as an able bodied seaman, being at the time disguised as a man. It appears that she and his husband signed on as members of the crew, and it was not until the vessel was two days out that the skipper became aware of the presence of a woman in the forecastle. An intimation of this fact was however, conveyed to the woman's husband. She was immediately removed from the men's quarter, and was provided with a cabin in another part of the ship. The disguise had been perfect, her hair having been cut short. Captain Broca is uncertain as to what he shall do with the women and her husband.

Cordialement.

[Memgam]

Bonjour,

Finalement, le couple fera plusieurs tentatives pour embarquer sur un voilier rentrant aux Etats-Unis, le mari se faisant embaucher et la femme se cachant clandestinement à bord. Ce sera le cas en mai à bord du quatre-mâts Puritan où elle sera découverte.
En juin, ils réussiront à partir sur le Lucknow, à destination de Valparaiso.

Source : Newcastle Morning Herald and Miner's Advocate du lundi 12 juin 1911.

Cordialement.

[Memgam]

Bonjour,

Noémi est rentré de voyage le 5 juillet 1914.

Ce n'est que près d'un an plus tard que le trois-mâts a été expédié à Bahia Blanca (Brésil), le 26 juin 1915, sous les ordres du capitaine au long cours Joseph, Marie Calbourdin, né le 14 juillet 1889 à Carnac (Morbihan), inscrit à Aury, n° 75. Arrivé à Bahia le 5 septembre, il en repart le 26 pour Nantes qu'il atteint le 24 novembre 1916.

Noémi repart avec le même capitaine Calbourdin, expédié le 18 janvier 1917 pour Bahia Blanca où il arrive le 18 mars et repart deux jours plus tard pour Sydney (Australie) où il arrive le 2 juillet 1917. Départ le 8 août pour Montevideo (Uruguay) où le trois-mâts arrive le 7 octobre. Il en repart le 12 pour Dakar où il arrive le 7 janvier 1918.

Noémi est réquisitionné le 19 avril 1918/
Toujours avec le capitaine Calbourdin, Noémi est expédié le 1' mai 1918 à Freemantle (Australie) où il arrive le 25 juillet. Le 24 août, il est expédié à Dakar où il arrive en décembre. Il repart pour Nantes le 9 janvier 1919.

Sources : A.D. de Loire-Atlantique, Marine, Rôles de bord 7R4/ 786, 790 et 795.

Cordialement.

[Memgam]

Bonjour,

Lors de son 9ème voyage, expédié le 24 juin 1913 d'Hamburg pour San Francisco, sous le commandement du capitaine au long cours Jules François Le Gloahec, né le 11 avril 1873 à Saint-Pierre de Quiberon, inscrit à Auray, n° 348, Noémi, après avoir doublé le cap Horn, se trouve, dans la nuit du 1er au 2 octobre 1913, en situation de collision avec le trois-mâts Cerro Allegre de la compagnie Bordes. Pour éviter l'abordage, Labour, (Charles, né le 18 avril 1890 à Saint-Nazaire, inscrit à Saint-Nazaire, n° 3635), 1er lieutenant et alors de quart fait abattre en grand, ce qui masque le navire. Le capitaine Gloahec qui dormait dans la chambre de veille et le second Calbourdin qui était dans sa cabine, se précipitent sur le pont en tenue légère et le capitaine prend la barre pour laisser un homme de plus à la manoeuvre. La situation est rétablie, malgré le mauvais temps, le froid et la neige, mais quelques jours après, le capitaine et le second qui étaient montés pieds nus et en chemises ressentent les effets de gelure sur leurs membres. Ils doivent laisser, sous surveillance, le commandement du navire aux deux lieutenants du bord. C'est Jean Guiader (né le 11 septembre 1890 au Havre, inscrit au Havre, n° 7105) alors 2ème lieutenant qui a pris la précaution de s'habiller et de mettre ses bottes, qui a fait un fort intéressant récit de cette affaire que l'on trouve sur le site "caphorniersfrançais".
Arrivés à San Francisco le 17 novembre, les deux "gelés" sont expédiés à l'hôpital. Le Gloahec est alors remplacé par le commandant du La Rochefoucauld, Louis-Marie Malbert, futur commandant du remorqueur Iroise à Brest, dix ans plus tard. Le Gloahec est rapatrié en France. Il sera fait prisonnier sur Pierre Loti par le Seeadler. Calbourdin, moins atteint, pourra remplacer Malbert sur le La Rochefoucauld. Plus tard, c'est Calbourdin qui commandera Noémi pendant toute la Grande guerre, cf plus haut.
Quant à Malbert, pour le voyage de retour de Noémi, le 5 mars 1914, à dix heures du matin, le cuisinier Lemarié Louis, Marie, Emile, né le 5 avril 1858 à Saint-Pierre de la Réunion, fils de Jules et de Louise Robert, décédera à bord au large du Chili, 15 jours après le départ de Portland (Oregon). Ils ne seront plus que 23 à l'arrivée à Grimsby, dont un blessé avec une jambe cassée à la suite d'une rixe à bord.
Pendant la Grande guerre, Malbert reprendra le commandement de La Rochefoucauld pour deux voyages avant de passer sur le quatre-mâts barque Champigny du 23 mai 1916 au 22 février 1919, lui aussi débarqué malade, mais de la grippe espagnole.

Source : caphorniersfrançais.
AD de Loire Atlantique, Rôle de bord 7R4/778.

Cordialement.