Bonjour à tous,
Naufrage du MEMLING
Rapport d’enquête
Navire appartenant à l’armement Landport & Holt Ltd de Liverpool.
Le vapeur était allé de Sydney à Montréal via le cap Horn. Il avait quitté Montréal le 30 Septembre pour Bordeaux avec un chargement de 3200 tonnes de viande congelée.
Capitaine Alfred William AMERY
2e capitaine R.P. FULLER
Lieutenant J.T. FETTES
78 hommes d’équipage répartis comme suit :
- 43 Britanniques
- 6 Américains
- 3 Suédois
- 2 Finlandais
- 2 Portugais
- 6 Hollandais
- 10 Espagnols
- 2 Belges
- 2 Danois
- 2 Russes
Armé d’un canon de 12 pdr. Canonniers Nicol et Robertson. Le canon n’a pas tiré.
Navigue en convoi avec 7 autres navires et 3 destroyers français. Convoi en ligne de file avec un destroyer sur l’avant et 2 sur bâbord. Vitesse 4 à 5 nœuds. Mer calme avec vent de secteur Sud. Zigzags jusqu’à l’entrée du chenal du Four. Reçu l’ordre de rester en ligne de file, MEMLING étant le 7e de la ligne. Il n’y a pas de pilote à bord.
Aucun sous-marin n’est aperçu, ni aucun sillage de torpille. A 13h15 le 3 Octobre, alors que le navire approche du haut fond de La Valbelle, une explosion se produit à hauteur des cales 1 et 2 à tribord, à une certaine profondeur. Les tôles sont arrachées et les deux cales se remplissent immédiatement. Sans en avoir reçu l’ordre, tout l’équipage quitte le navire, en désordre dans les embarcations. Seuls demeurent à bord le capitaine, les officiers, les novices, le signaleur et les canonniers. Le capitaine fait alors pomper la cale 3 ce qui permet de gagner du temps et d’aller échouer le navire à 07h00 le lendemain matin 4 Octobre sur les rochers à l’entrée de l’Aber Ildut. Si la cale 3 s’était remplie, le navire serait immédiatement parti au fond. Le navire étant échoué, l’équipage revient à bord.
L’équipage est ensuite débarqué, conduit à Brest par un remorqueur, puis rapatrié vers l’Angleterre via Saint Malo et Southampton. Le signaleur et les canonniers sont envoyés au dépôt de Brest.
Voici la position du haut-fond de La Valbelle, à l’entrée Nord du chenal du Four.
Et la bouée qui marque aujourd’hui ce haut-fond. On voit au loin l’entrée de l’Aber Ildut.
Le sous-marin attaquant
Aucun sous-marin n’a revendiqué cette attaque et « l’explosion » qui a provoqué le naufrage du vapeur demeure inexpliquée. On pourrait bien sûr penser à une mine dérivante…
Mais la localisation de ce naufrage permet d’attirer l’attention sur la navigation de ce convoi. Je connais le chenal du Four pour y être passé à plusieurs reprises lors des sorties d’entraînement des EOR sur les petits dragueurs de mines dans les années 70. C’est un passage particulièrement mal pavé, encombré de récifs et de hauts fonds, où la navigation est extrêmement délicate. Il faut suivre des routes diverses, bien connaître les alignements et les amers, et une erreur ne pardonne pas. Nous avions alors à bord un pilote de la Flotte, pour lequel j’avais d’ailleurs une grande admiration car sa compétence était exceptionnelle.
Y faire passer un convoi de 7 navires et 3 escorteurs, sans pilote sur les vapeurs, voilà une initiative vraiment osée et, pour tout dire, surprenante. On peut se demander si MEMLING n’a pas tout simplement heurté un récif sur lequel il s’est déchiré la coque.
En ce qui concerne l’équipage, on constate qu’il était polyglotte et par suite peu enclin à comprendre les ordres, et que sa réaction n’a pas été brillante. Quand on ne dispose plus que des officiers et des novices, plus de quelques militaires qui ne sont pas marins, il est bien difficile de se tirer d’affaire !
Si le naufrage lui-même n'a fait aucune victime, trois marins français ont quand même trouvé la mort lors des tentatives de renflouage.
Cdlt