BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Memgam
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

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Bonjour,

Bossuet, trois-mâts barque construit en 1900 par les Chantiers de la Loire à Nantes.
2204 tjb, 1954 tjn, 84,14 x 12,31 x 6,80 m, une chaudière timbrée à 7 kg.

Construit pour R. Guillon et R. Fleury de Nantes.

Pris par le capitaine Houelberg à son premier voyage de Californie et d'Oregon, le capitaine eut à sortir son revolver pour lutter contre les marchands d'hommes qui voulaient monter à bord.
Il est à Sydney (Australie) du 18 octobre 1902, venant de Table Bay (Afrique du Sud) jusqu'au 8 janvier 1903, partant pour Rotterdam avec 2955 t de "shade".
Il est à Melbourne le 24 février 1904 venant de San Francisco et repartant le 10 mars avec 27 120 sacs de blé pour Queenstown (Irlande).
Il est à Newcastle le 1er novembre 1904, venant d'Anvers et repart le 19 novembre pour San Francisco avec 3015 t de charbon.
Le capitaine Houelberg est alors remplacé par le capitaine Ancelin.
Bossuet est à Newcastle le 2 mai 1905, venant de San Francisco, repartant pour San Francisco le 15 juin avec 3050 t de charbon.
Il fait ensuite un voyage, partant le 16 mars 1906 de Liverpool, Swansea, Brest, San Francisco (octobre à novembre), Ipswich le 29 mars 1907.
En 1908, année de la vente à la Société nouvelle d'armement, il arrive à Hobart, commandé par le capitaine Jamet, venant de Londres, le 26 juin, le lendemain il repart pour Newcastle où il séjourne du 1er juillet au 28 août, repartant pour Portland avec 3085 t de charbon.
Le capitaine Le Troquer conduit Bossuet à Hobart le 26 novembre 1909, venant d'Anvers et repart le 1er décembre pour Portland.
Bossuet est à Newcastle le 10 août 1910, venant de Dunedin. Au déchargement, une voie d'eau apparait, consécutive à un heurt avec un objet immergé à Dunedin, Bossuet part le 30 août pour passer au bassin à Sydney dont il revient à Newcastle le 6 septembre. Il repart le 28 septembre 1910 avec 3022 t de charbon.
La visite du Bureau Veritas est faite à Cardiff en août 1911, capitaine Beaulieu, né le 17 juillet 1880.
En 1912, Indicatif HNKD, immatriculé à Nantes, armateur Société nouvelle d'armement, capitaine Beaulieu.
En septembre 1911, Bossuet part de Limerick, escalant à Belle-Ile pour Junin (Chili, à côté d'iquique). A partir de ce port chilien, le voyage de Bossuet prend un caractère exceptionnel qui sera relaté dans la presse australienne en octobre 1912 :

Un trois-mâts barque malchanceux.

Le trois-mâts barque Bossuet qui est récemment arrivé de la Columbia River a eu un remarquable lot de malchance pendant son séjour dans les eaux américaines.
Le Bossuet est d'abord allé à Junin au Chili où il a débarqué une cargaison de charbon embarquée à Port Talbot (Grande-Bretagne). Pendant l'escale à Junin, le capitaine Maurice Beaulieu, né le 17 juillet 1880, commandant le voiier a contracté la fièvre typhoïde. Il a été débarqué le 22 février, admis à l'hôpital où il est décédé le 25 mars 1912.
En France, les propriétaires ont été informés du décès (maladie) du capitaine Beaulieu et le nécessaire a été fait pour envoyer le capitaine Lechvien en Amérique du Sud pour prendre le commandement de Bossuet. Il fut cependant envisagé que le trois-mâts devait procéder vers la Columbia River, sur ballast, pour charger du bois à destination de Sydney (Australie). Il fut accordé au second, Guillaume Guerpin, né le 14 avril 1880 à Saint-Servan, de conduire Bossuet de Junin à la Columbia River et que le capitaine Lechvien y rencontrerai le navire et en prendrai le commandement.
Le capitaine Lechvien quitte immédiatement la France (traversée de l'Atlantique en paquebot, puis des Etats-Unis en train), pour la Columbia River et le Bossuet quitte Junin le 22 mars (la veille du décès du capitaine Beaulieu). Quelque temps après le départ du navire, le capitaine Guerguin (l'ancien second), devient malade et souffre apparemment aussi de la fièvre typhoïde. Il meurt le 12 avril 1912, et son corps est immergé. Le commandement de Bossuet passe au second, Christian Demont (l'ancien lieutenant) qui conduira le navire à la Columbia River. Le capitaine Lechvien qui y rejoignit le navire fut surpris de trouver que le commandement avait de nouveau changé et qu'au lieu de relever le second, il a relevé le lieutenant.
Mais les ennuis de Bossuet ne sont pas terminés pour autant. Pendant que le trois-mâts était dans la Columbia River, un marin nommé G. Gallivet, 21 ans, qui était en train de pêcher, tomba par dessus bord et se noya. le corps fut retrouvé et enterré à Westport. Le capitaine Lechvien conduira le navire à Sydney.
Une visite fut faite au navire à Berry's bay à Sydney et le capitaine Lechvien fut trouvé assis dans sa cabine. Les murs étaient nus, il n'y avait pas de tapis sur le plancher, pas de livres sur les étagères et on ne voyait pas d'images ni de décoration. Les seuls éléments du mobilier étaient un fauteuil et un bureau pour écrire, les tiroirs de cuivre étaient absents. Toute la cabine sentait le nettoyage de printemps. Après que le capitaine Lechvien eut relaté les circonstances entourant la mort des deux capitaines précédents et du marin, il lui fut demandé les raison de l'apparente désolation de sa cabine.
"Tout est passé par dessus-bord dit le capitaine en montrant le hublot ouvert. Le navire a perdu deux capitaines de la fièvre typhoïde, et il ne va pas en perdre un troisième si je peux l'éviter".

The Maitland Daily Mercury, Sydney, Tuesday 15 octobre 1912.

N.B. Cet évènement de mer, plutôt rare mais pas exceptionnel (plusieurs capitaines sont morts à bord), n'est pas relaté par les chroniqueurs, Lacroix ou Picard. Cependant, Lacroix en fera le récit dans la réédition de 1950 chez Amiot Dumont, mais on ne le trouve pas dans l'édition de 1974 aux EMOM, puisque c'est le texte de 1937 qui a été retenu.

Bossuet, sous la conduite du capitaine Lechvien, arrivé à Sydney le 8 octobre 1912, partira pour Newcastle le 16 novembre, arrivé le 17, il embarquera 3000t de charbon, quittant le port le 23 décembre 1912 pour Mejilones (Chili), repartant pour Hambourg avec du nitrate où il arrivera le 31 août 1913.

Le capitaine Lechvien avait commandé Bayard (cf le sujet dans le forum), Edouard Detaille (sujet dans le forum) et passera ensuite la guerre sans encombre sur Crillon (sujet dans le forum).

Bossuet sera à Hobart le 11 mars à 1914, capitaine Henry, Port Adélaide où il chargera du blé qu'il complétera à Port Victoria partant pour le Royaume Uni le 25 mai 1914 avec 36977 sacs de blé.

Après la Grande Guerre, Bossuet repartira aux blés d'Australie en 1920, déchargeant au Havre le 22 mai 1921.
Désarmé au canal de la Martinière, acheté le 12 mars 1926 pour des voyages aux Indes occidentales, (Antilles), sera perdu au départ d'un voyage pour Fort de France, depuis Dunkerque, virant trop près de la côte, talonnera sous le cap Gris Nez où le navire sera détruit le 8 novembre 1929 (capitaine Olivier).

En 1930, indicatif ODPB, immariculé à Nantes, armateur Marcel Potet, Paris, capitaine Gaudé.

Sources : Registre n°84, Bureau Veritas 1912;
Registre n° 274, Bureau Veritas 1930.
Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, J. Peyronnet & cie, 1937.
Henri Picard, La fin des cap-horniers, Edita-Vilo, 1976, photo page 30, Dan Mac Donald.
Frédéric Grellier, Trésors cap-horniers, O Large éditions, 2010.Photo Allan C. Green/Pictures collection, State Library of Victoria.
Comité du patrimoine de Saint-Briac, le Cap Horn, une épopée briacine, Crystel éditions 2011, page 53, extraits de rôle.
Patrick Ahern, French sailing ships at Australian ports, arrivals and departures, 1898-1925, Patrick Ahern, 2010.

Cordialement.
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Memgam
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Memgam »

Bonjour,

"Un naufrage en vue du cap Gris Nez.
Le trois-mâts Bossuet est perdu.
L'équipage entier est sauvé.
Boulogne sur Mer-8. Les côtes du Boulonnais ont été, ce matin, le théâtre d'un nouveau naufrage.
Le trois-mâts français Bossuet, du port de Nantes, a été jeté à la côte en vue du cap Gris Nez.
La nouvelle se répandit rapidement dans les villages d'Audresselles et d'Audinghen et le canot de sauvetage, habilement manié, pu, après une série de voyages entre le trois-mâts sinistré et la côte, ramener à terre les 21 hommes d'équipage.
Le trois-mâts est considéré comme perdu."

La Dépêche de Brest et de l'Ouest du samedi 09 novembre 1929.

Cordialement
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Memgam »

Bonjour,

Le Bossuet arrive à Liverpool le 21 septembre 1915, venant de Tocopilla (La Dépêche de Brest du 29/9/1915).

Le Bossuet (capitaine Henry) arrive à Portland (Oregon), le 22 venant de Liverpool (La Dépêche de Brest du 17/4/1916).

Cordialement.

Memgam
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Memgam »

Bonjour,

"Le trois-mâts Bossuet de Nantes
s'échoue près du cap Gris Nez
L'équipage est sauvé.
Calais-8 novembre. Le trois-mâts français Bossuet du port de Nantes (armateur : M. Potet, 108, faubourg Saint Honoré à Paris), parti de Dunkerque, mardi à destination de Fort de France, s'est mis à la côte à 3 h 15 ce matin par suite du temps brumeux, par vent du sud et mer très houleuse.
Le Bossuet était commandé par le capitaine Olivier de Dinard et son équipage se composait de 21 hommes. Tous ont été sauvés par un va-et-vient établi par les riverains et les hommes du bord. Le lieutenant a été légèrement blessé au cours de cette opération.
Le navire et les marchandises sont considérés comme perdus."

Ouest-Eclair, édition de Caen, du 9 novembre 1929.

Cordialement.
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Memgam »

Bonjour,

" La fièvre typhoïde

Quand la maladie débute par cette période fébrile très accusée, avec des signes d'embarras gastrique, c'est à l'ipéca et aux purgatifs que l'on a recours.
Diète, un peu de bouillon et de tisane, le lendemain matin : 1,50 g d'ipéca, le surlendemain : 30 g de sulfate de soude.
Quand la température baisse, qu'elle n'est qu'à 38 °, on donne 50 cg de sulfate de quinine.
Tout le traitement de la fièvre typhoïde confirmée réside dans ces trois indications :
- abaisser la température
- désinfecter le tube digestif
- soutenir le malade
Le moyen d'abaisser la température consiste dans l'emploi de solutions réfrigérantes : mélange d'eau et de vinaigre.
pour désinfecter l'intestin, la première place revient encore au sulfate de soude. On peut, sans inconvénient donner tous les matins 10 g (2 cuillerées à café) de sulfate de soude, soit dans l'eau, soit dans du bouillon. Le salicylate de bismuth et, à défaut, le sous-nitrate de bismuth se donne à la dose de 2 g en 24 heures, par cachets de 50 cg.
Voici une formule à employer : 10 g de chaque (Salicylate de bismuth plus naphtol, plus Magnésie calcinée)., en 30 cachets, prendre 4 cachets par jour.
Le salol peut se donner dans les mêmes conditions, à la dose de 2 g par jour, par cachets de 50 cg.
Enfin, on doit prescrire à discrétion des boissons rafraîchissantes (limonades citriques et tartriques) ou des tisanes toniques (tilleul ou thé alcoolisé) administrées fréquemment par petites doses".

Dominique Le Srat, la santé à bord des long-courriers cap-horniers (1840-1925), Thèse de médecine, Univeristé de Rennes, 1976.

Cordialement.


Memgam
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Memgam »

Bonjour,

Fièvre typhoïde
Maladie infectieuse fébrile, due à la pénétration dans le tube digestif des bacilles d'Eberth qui ulcèrent l'intestin.
Causes - Absorption d'eau contaminée par les selles des typhiques, de légumes crus arosés avec de l'eau souillée, contact direct avec les matières des malades, absorption d'huitres contaminées.
Signes. Début lent par maux de tête et frissons, puis perte d'appétit, saignement de nez, vertiges et fatigue générale. Ensuite le ventre devient sensible à droite et gargouille, la langue est blanche, pâteuse, l'insomnie est habituelle. La diarrhée ocre jaune est la règle, la somnolence et l'abattement sont fréquents. Le malade a les yeux fixes, sa température atteint 40°, ses lèvres tremblent, il a du délire. Sa langue est devenue comme rôtie, grillée, ses lèvres sont sèches. On peut alors voir de petites taches roses sur le ventre. Vers le vingt et unième jour, tous ces signes s'atténuent et le malade revient progressivement à la vie. Le malade guérit généralement, mais peut mourir par fatigue du coeur ou hémorragie intestinale."

Docteur F. Tuloup, Précis de médecine pratique et d'hygiène navale, SEGMC, 1927.

Cordialement.
Memgam
Rutilius
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

La fièvre typhoïde fut initialement dénommée « dothiénentérite » en 1818 par Pierre Fidèle BRETONNEAU (1771~1862), puis « dothiénentérie » en 1826 par Armand TROUSSEAU (1801~1867). L’expression « fièvre typhoïde », qui devait être finalement adoptée en France, est due à Pierre Charles Alexandre LOUIS (1787~1872), auteur d’un ouvrage publié en 1829 et intitulé : « Recherches anatomiques, pathologiques et thérapeutiques sur la maladie connue sous les noms de gastro-entérite, fièvre putride, adynamique, ataxique, typhoïde, etc., etc., comparée avec les maladies aiguës les plus ordinaires. » (Paris, 2 vol. in-8°) [2e édition : « Recherches anatomiques, pathologiques et thérapeutiques sur la maladie connue sous les noms de fièvre typhoïde, putride, adynamique, ataxique, bilieuse, muqueuse, gastro-entérite, entérite folliculeuse, dothinenthérie, etc., comparée avec des maladies aiguës les plus ordinaires. » (Paris, 1841, 2 vol. in-8°)].

Néanmoins, le terme « dothiénentérie » demeurait encore employé durant la Grande Guerre.

—> http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... em_zoom=46
Dernière modification par Rutilius le sam. juin 09, 2018 6:25 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
gsfm3
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par gsfm3 »

Bonjour à tous et toutes.

Mes recherches concernant le trois mats barque BOSSUET m'ont amenés sur ce forum . Faisant partie d'un club de modélisme naval à Cancale (35) Je désirerais faire la maquette de ce voilier, car mon père y a navigué comme mousse ,juste avant son naufrage en 1929 (il n'y est pour rien ,je vous rassure).
Quelqu'un pourrait-il me dire si ces plans existent ? Éventuellement ou me les procurer ?

J'ai déjà contacté ces 2 organismes:

MHT Nantes déjà contactés :rien
Cap Horn au long cours : rien

Merci d'avance pour votre aide
Cordialement
Claude Lecuyer
35430 Saint Jouan des Guérets
Memgam
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Re: BOSSUET - Trois-mâts barque - Société nouvelle d'armement

Message par Memgam »

Bonjour,

Pour une bonne documentation technique, consulter Jean Randier, Grands voiliers français, Editions des quatre seigneurs, 1974. Il y figure un plan longitudinal des voiliers de type CA construits par les chantiers Dubigeon et auquel appartenait Bossuet. Ce plan a été vraisembablement repris de l'ouvrage de Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937. Les éditions suivantes de cet ouvrage n'ont pas repris les plans.
Vous trouverez ci-dessous ce plan publié par Lacroix.

Cordialement.
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Memgam
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