BRISE — Goélette — Armement J. Le Gonidec, Paimpol.

Rutilius
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Re: BRISE — Goélette — Armement J. Le Gonidec, Paimpol.

Message par Rutilius »

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Bonjour à tous,


Brise. — Goélette de 160 tx jb. Construite en 1902 par le chantier Goasdoué, de Kérity – commune rattachée à Paimpol, Côtes-d’Armor, en 1960. Francisée le 28 février 1903 (« Situation, au 1er janvier 1917, du tonnage admis à participer aux primes à la navigation et compensations d'armement. » : J.O. 9 août 1917, p. 6.234). Armement Guillaume Le Gonidec, Paimpol. Armée avant guerre à la grande pêche en Islande.

Alors qu’elle allait de Paimpol à Cardiff avec un chargement de 100 t. de poteaux de mine, coulée au canon le 7 mars 1918 par le sous-marin allemand U-55 (Kapitänleutnant Wilhelm Werner), à 3,5 milles dans le Nord du phare de Trevose Head (Cornouaille, Royaume-Uni), par 50° 36’ N. et 5° 3’ W., selon uboat.net, ou à 3 milles dans le N. 10 E. dudit phare, selon une autre source. Capitaine Arthur Charles ; sept hommes d’équipage.

Furent coulés de façon semblable le même jour dans les mêmes parages par le même sous-marin :

— le dundee Saint-Georges (102 tx jb), de l’armement Yves Le Briand, de Pleubian, près de Tréguier (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) ;

— le trois-mâts goélette Saint-Joseph (434 tx jb), de l’armement J. Duhamel & L. Monnier, de Fécamp (Seine-Inférieure – aujourd’hui Seine-Maritime), importateurs de charbon.


uboat.net —> http://uboat.net/wwi/ships_hit/947.html
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: BRISE — Goélette — Armement J. Le Gonidec, Paimpol.

Message par Memgam »

Bonjour,

AD des Côtes d'Armor, tribunal de commerce de Paimpol, rapports de mer 6U/2/5 :
"Rapport de mer du commandant de la goëlette Brise.
14 mars 1918 : Naufrage par suite de torpillage (sic) du navire goëlette Brise du port de Paimpol, commandé par le capitaine Arthur, goëlette jaugeant 122 tonneaux 67/100ème, armateur Le Gonidec.
Je soussigné Arthur Charles, capitaine de la goëlette Brise du port de Paimpol, déclare être parti le six mars à neuf heures du matin ayant à bord sept hommes d'équipage et cent tonnes de poteaux de mines. J'ai fait route avec le convoi à destination de Cardiff. Il soufflait une jolie brise de vent de sud-est. A six heures du matin, le sept, je relève le feu de Lizard au nord-nord-est, distance estimée cinq milles ; à neuf heures, je relève le phare de Longship à l'est-sud-est, distance un quart de mille, le loch marquait trente-trois. J'ai fait route au plus près avec jolie brise de vent de sud-est, route au compas est-nord-est. A quatre heures du soir, le loch marquait soixante-dix-neuf étant alors d'après l'estime à trois milles dans le nord de Trévose. J'ai aperçu un sous-marin venant à la surface à un demi-mille au sud-sud-est de nous. Quelques secondes après, il canonnait un trois mâts qui faisait route à ouest-sud-ouest. Voyant le danger qu'il y avait pour nous, j'ai fait mettre le canot à la mer pendant que je mettais le cap au nord, cherchant ainsi à écarter le sous-marin pour le perdre de vue, le temps étant brumeux. Mais la brise étant plus faible en ce moment ne me permit pas de m'éloigner assez vite, le navire filait en ce moment trois noeuds à l'heure. Cinq minutes après cette manoeuvre, le premier obus tombait à une centaine de mètres plus loin, le deuxième plus court et le troisième plus près, le quatrième atteignait l'avant du navire. J'ai fait mettre le vent sur le hunier et ordonné aux hommes de prendre place dans le canot en commençant par le mousse. Nous avons écarté le navire afin d'éviter des obus qui tombaient toujours. Quelques instants après, le sous-marin s'est approché à deux cent mètres du navire et continuait son tir, dont plusieurs obus atteignaient le navire qui piquait de l'avant. Cinq minutes après il se redressait en s'enfonçant dans l'eau. Le sous-marin cesse le feu un moment puis tire encore quelques obus avant de s'en aller après s'être rendu compte que le navire était démoli ainsi que j'ai pu m'en rendre compte moi-même ainsi que les hommes d'équipage et les capitaines qui se trouvaient sur les lieux. Le navire était entre deux eaux, c'est à dire à fleur d'eau, le grand mât atteint, le mât de flèche descendu et le hunier apiqué. J'ai fait route sur la terre, il était alors cinq heure trente. A six heures, j'étais recueilli par la goëlette Anne Yconne (note : qui sera coulée au canon le 17 mars 1918 par l'UB 57). Mais un patrouilleur anglais nous ayant aperçu est venu nous prendre et nous a ramené à Penzance où je suis arrivé avec mes hommes à trois heures du matin, le huit. Il y avait à côté de moi au moment du cannonage plusieurs navires. J'ai quitté le navire de vue à six heures, le temps était toujours brumeux. Tel est mon rapport que j'affirme être sincère et véridique ainsi qu'il sera attesté par les hommes d'équipage et en le signant je me réserve le droit de le faire plus détaillé si le besoin l'exige. Penzance, le 8 mars 1918, le capitaine Arthur".

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010.

Cordialement.
Memgam
olivier 12
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Re: BRISE — Goélette — Armement J. Le Gonidec, Paimpol.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

BRISE – SAINT GEORGES

BRISE

Goélette de 175 tx JB 250 tpl
Construite en 1902 au chantier Goasdoue de Kerity
Immatriculé à Paimpol
Armateur Le Gonidec Paimpol
Traversée Lézardrieux – Swansea avec des poteaux de mine
Non armé

Liste équipage

ARTHUR Claude Capitaine Paimpol 538
LE BITTER Yves 2e capitaine Paimpol 5202
BURUIL Jean Maître équipage Paimpol 2360
CAMPION Yves Marie Matelot Paimpol 3242
BREZELLEC Yves Matelot Paimpol 22704
BONIORT Yves Matelot Paimpol 22754
MOULINET François Mousse Paimpol 22987

SAINT GEORGES

Dundee de 102 tx JB 79 tx JN 150 tpl construit au chantier Bonne de Kérity en 1904
Immatriculé à Tréguier
Armateur Veuve LE BRIAND de Pleubian
Traversée Lézardrieux – Swansea avec minerai de fer
Non armé

Liste équipage

LE BRIAND Capitaine Tréguier 173
SAINT JAMES Maître équipage Tréguier 1188
PADEL Yves Matelot Tréguier 7112
LE BIDEAU Joseph Matelot Tréguier
LE VAILLANT Pierre Mousse Tréguier

Naufrage du 4 Mars 1918. Rapport du capitaine LE BRIAND du dundee SAINT GEORGES

Quitté Lézardrieux le 6 Mars 1918 à 09h00 en convoi pour l’Angleterre. Jolie brise de SE. Atterri le 7 à Lizard au point du jour. Fait route sur Longships en serrant la côte le plus près possible. Doublé Longships à 10h00 et continue la route en serrant la côte. Vers 16h00, à 2,5 milles au Nord de Trévose, aperçu un sous-marin qui canonne un trois-mâts à 1 mille de terre et de moi.
Tout le monde sur le pont et donné l’ordre de donné l’ordre de disposer l’embarcation avec tout le nécessaire dedans.
Une brume assez épaisse couvre l’horizon et je laisse porter grand largue, voulant me dérober à la vue du sous-marin. Mais à peine le canot mis à la mer, le sous-marin commence à nous canonner sans avertissement. Voyant le danger qu’il y avait à rester à bord, je fais embarquer l’équipage et je le suis aussitôt, sans avoir le temps de prendre les papiers, ni autre chose.

On s’écarte le plus possible et le sous-marin cesse le tir. Il va couler la goélette BRISE qui se trouve à une faible distance au NE, puis revient et recommence à canonner SAINT GEORGES à bout portant. Bientôt, il s’enfonce par l’arrière. Ensuite il apique et disparaît complètement.

Position de l’attaque 50°36 N 05°01 W

On fait alors route vers la terre et vers 18h30 nous sommes recueillis par un patrouilleur anglais qui nous transborde sur un deuxième patrouilleur pour aller à Penzance où nous arrivons le 8 à 03h00.

Description du sous-marin

60 à 70 m
Avant légèrement en forme de guibre
Type U 38
Comme des gradins sur l’avant et l’arrière du kiosque environ 3 m au dessus de l’eau. Pas de mât.
Un canon de 100 mm à l’avant et un de 47 mm à l’arrière
Peinture gris foncé assez vieille

Voici sa silhouette

Image

Rapport de l’officier enquêteur

Le convoi dont faisait partie BRISE et SAINT GEORGES avait quitté Lézardrieux pour Swansea le 6 Mars à 09h00. Il comportait 18 navires escortés par trois patrouilleurs. Ceux-ci ont quitté le convoi à Lizard. Ils se sont maintenus aussi près de terre que possible et le 7 à 16h00 a surgi dans l’Est un sous-marin que l’on prit tout d’abord pour un remorqueur.
Il se dirigea aussitôt vers le voilier SAINT JOSEPH qu’il détruisit, puis vint attaquer SAINT GEORGES et BRISE. Le premier coula assez rapidement ; le second, chargé de poteaux de mine ne disparut qu’à 18h00. Les deux navires étaient à 3 milles de terre quand ils aperçurent le sous-marin et tentèrent de fuir, mais l’ennemi ne tarda pas à les rattraper et les capitaines durent mettre en panne et évacuer. N’étant pas armés, ils n’avaient pas d’autres ressources.
Vers 18h30, les deux équipages ont été recueillis par un patrouilleur anglais, conduits à Penzance, puis à Southampton. Ils sont arrivés à Saint Malo dans la matinée du 11 et ont été interrogés le 12 Mars.
L’équipage de BRISE avait été recueilli tout d’abord par le voilier ANNE YVONNE, qui l’a déposé sur le même patrouilleur que celui de SAINT GEORGES

Nota : ANNE YVONNE était une goélette de 150 tpl, construite à Paimpol en 1901 et appartenant aux armateurs GLOUX – FOIS de Pleubian. Sans doute faisait-elle partie du même convoi.

Les faits ne méritent ni sanctions ni récompenses.

Rapport de la commission d’enquête

Il reprend tous les faits et précise :

Le sous-marin détruisit le voilier SAINT JOSEPH qui, croit-on, venait de Swansea ou de Cardiff avec du charbon.
Toute résistance des deux navires était impossible et le sous-marin tira une vingtaine de coups de canon dont un petit nombre seulement portèrent. SAINT GEORGES coula rapidement alors que BRISE n’avait pas encore disparu à 18h00.
Les équipages n’ont été ni inquiétés, ni interrogés par le sous-marin. Celui-ci a mis le cap au Nord où l’on apercevait 5 ou 6 voiliers. On a entendu des coups de canon, mais on ignore la suite.

Le sous-marin attaquant

C’était l’ U 55 du Kptlt Wilhelm WERNER. Il ne coula aucun autre navire ce jour-là.
Quant au SAINT JOSEPH, il venait en réalité de Fécamp et faisait route pour Swansea, sur lest.

Cdlt
olivier
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