LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Rutilius
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LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Léopold-Dor — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern), Paris (1917~1918).

Cargo en acier lancé en 1916 par le chantier de la société North of Ireland Ship-building C°. Ltd., de Londonderry (Irlande du Nord), pour le compte de la société dite « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Torpillé le 26 avril 1918 en mer Tyrrhénienne par le sous-marin allemand UB-48 (Kapitänleutnant Wolfgang STEINBAUER), à 57 milles dans le Nord-Ouest de l’île de San-Pietro, par 39° 55’ N. et 7° 2’ E.


□ Du nom de Léopold DOR, né le 5 avril 1852 à Saint-Denis-de-La Réunion (Île de La réunion), décédé le 23 janvier 1933 à Marseille (Bouches-du-Rhône), avocat au Barreau de Marseille, qui fut un temps bâtonnier dudit barreau. En 1873, il fonda dans cette ville un cabinet spécialisé en droit maritime international.

L’activité du cabinet fut poursuivie par son fils, Joseph Léopold DOR, né le 4 juillet 1881 à Marseille, décédé le 14 décembre 1960 à Cannes (Alpes-Maritimes), avocat au Barreau de Marseille (Novembre 1903 ~ Juillet 1924), puis au Barreau de Paris (1924~1953). Elle fut ensuite reprise par son gendre, Auguste Jean-Baptiste RENARD, né le 1er août 1890 à Lunel (Hérault), décédé le 19 juin 1938 à Marseille, puis par son petit-fils, Maurice Jean RENARD.

Durant la Grande guerre, Joseph Léopold DOR fut membre de la commission instituée par l’arrêté du 20 août 1915 (J.O. 21 août 1915, p. 5.861) en vue de procéder à une étude préparatoire des modifications à apporter au Livre II du Code de commerce relatif au commerce maritime, ainsi que de la Commission d’as-surance des risques de guerre maritimes (Août 1917).

De Janvier à Février 1917, le Sous-secrétariat aux Transports le chargea d’une mission officielle auprès du Gouvernement britannique pour obtenir de lui la mise à la disposition des chantiers de construction navale français d’un contingent de matières premières, afin de leur permettre de reprendre leurs activités. D’Avril à Mai 1917, il effectua, pour le compte de la même administration, une seconde mission auprès du Gouvernement italien pour obtenir la livraison de deux vapeurs serbes acquis par des armateurs français, mais retenus par les autorités italiennes.

Joseph Léopold DOR présida la Branche française de l’Association internationale de droit (International Law Association). En cette qualité, il participa à l'élaboration des conventions maritimes internationales de Bruxelles des 25 août 1924 relative au transport maritime de marchandises et 10 mai 1952 relative à la saisie conservatoire des navires de mer. Il fut également vice-président du Comité maritime international.

Parallèlement à l’exercice de sa profession, il dirigea la Revue internationale de droit maritime et fonda en 1923 la Revue de droit maritime comparé qui fusionna par la suite avec la publication Le droit maritime français.

Par décret du 27 juillet 1930 (J.O. 3 août 1930, p. 8.973 et 8.974), nommé au grade de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur. Par décret du 23 janvier 1954, promu au grade d’officier dans le même ordre.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par Memgam »

Bonjour,

Léopold Dor s'est également fait connaître dans un domaine particulier du droit maritime, celui du remorquage et de l'assistance maritime, notamment comme co-auteur, avec un autre avocat.

Leopold Dor, Jacques Villeneau, Le remorquage en droit maritime, Paris, LGDJ, R.Pichon et R. Durand-Auzias, 1959, 216 pages.

On remarquera que l'ouvrage, bien que centré sur le droit, contient aussi de riches informations sur la technique, les compagnies de remorquages de l'époque et de brefs historiques.

Cordialement.
Memgam
Memgam
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Re: LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par Memgam »

Bonjour,

"Le 6 août 1917, le vapeur Leopold Dor, de la Société des Affréteurs Réunis, riposte à l'attaque d'un U-Boot et se sauve, son commandant, le capitaine Vince, sera cité à l'ordre"

Pour cette action, l'équipage recevra une prime payée par une souscription du Journal.

Source : Marc Saibène, La marine marchande française 1914-1918, Marines Editions, 2012.

Cordialement.
Memgam
Ladislav
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Re: LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par Ladislav »

Good day!

Do you know cargo of steamer "LEOPOLD DOR" in time his sinking?

Regard Ladislav
Rutilius
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LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par Rutilius »

Bonsoir Ladislav,
Bonsoir à tous,

Probablement du vin en fûts.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec des sous-marins les 25 Mars et 30 mars 1918.

Rapport du capitaine

Le 25 Mars 1918, passé le canal de Thermis. Au lever du soleil, commencé la navigation en zigzags n°3. Beau temps, mer belle, petite brise de NNW.

A 09h24 nous sommes à 12 milles dans le Nord de l’entrée de Milo. Je suis sur la passerelle avec l’officier de quart et celui-ci s’écrie soudain : « Un sous-marin ! » Je vois en effet un périscope à 100 m à 2 quart sur l’avant tribord. Au même moment, le navire anglais SATURNE reçoit une torpille. Fait les signaux pour mettre chacun à son poste et venu sur bâbord en montant à l’allure maximum, afin de pouvoir utiliser le canon en nous éloignant de l’ennemi.

20 secondes plus tard, nous ouvrons le feu. Le 1er coup est malheureusement un peu à gauche, mais nous sauve car le sous-marin, qui faisait route pour se rapprocher de nous et nous lancer une torpille, vient sur la gauche et se dirige vers le vapeur grec GELATANOS. Il lui envoie une torpille qui passe heureusement à quelques mètres sur son arrière.

Notre 2e coup est bon et le 3e très bon. Nous avons tout lieu de croire que le projectile a frappé la partie supérieure du dôme qui affleurait l’eau. Après l’explosion de ce 3e coup, nous ne voyons plus rien, si ce n’est une grande tache d’huile exactement au point où le périscope a été aperçu.

Trois chalutiers et un contre torpilleur font route sur Milo, près du navire torpillé. Mouillé à 11h20.
Je signale le bon ordre qui a régné à bord et la promptitude que le 2e capitaine et les canonniers ont mis à se rendre à leur pièce. LEOPOLD DOR a été le 1er navire du convoi à ouvrir le feu sur l’ennemi. Il est fort malheureux que nous n’ayons pas une pièce de 75 ou 90 mm à tir rapide sur l’avant, car nous aurions la certitude d’avoir coulé un sous-marin.

Le 30 Mars 1918, étant par 35°33 et 14°43 W, le chalutier escorteur et un navire du convoi signalent un sous-marin par bâbord. Equipage mis aux postes de combat. Nous n’apercevons rien.
A 13h30, nouvelle alerte et cette fois, nous apercevons le périscope de l’ennemi à environ 6500 m. Le contre-torpilleur POIGNARD et 2 chalutiers anglais se dirigent vers l’endroit où a été vu le périscope, mais le sous-marin a disparu. Ils reviennent vers le convoi et le POIGNARD signale « Ligne de file ». Nous sommes à 12 milles de Marsa Sirocco.
A 14h20, CARAÏBES, de la Transat, signale le sous-marin sur bâbord. Le périscope et la partie supérieure du kiosque sont bien visibles. Nous ouvrons le feu et, au 3e coup, le sous-marin disparaît. Il réapparaît à 14h44, aussitôt aperçu du bord et par CARAÏBES. Nous n’avons que le temps de lui envoyer deux obus qui tombent près de lui, et il disparaît définitivement.

Les sous-marins aperçus


Le 25 Mars, il s’agit de l’UC 37 de l’Oblt z/s Otto KUMPEL.
Le navire anglais torpillé est en fait le WARTURM, dont le capitaine Lelièvre a mal compris le nom. Quant au vapeur grec qui échappe de peu à la torpille, il s’agit du GRIGORIOS ZLATANOS.
L’UC 37, longtemps commandé par Otto LAUNBURG, avait coulé les vapeurs français ERNEST SIMONS, SAINT SIMON et COLBERT. Le 25 Mars 1918 il n’a pas été touché par le tir du LEOPOLD DOR.

Le 30 Mars, le sous-marin n’est pas identifié. Mais il pourrait bien s’agir de l’UC 52 de l’Oblt z/s Hellmuth von DOEMMING.

Récompenses

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

LELIEVRE Capitaine au Long Cours

Pour l’esprit de décision et les qualités de manœuvrier dont il a fait preuve lors d’une rencontre avec un sous-marin.

X. François (nom illisible) Bastia 1714 Matelot

Pour sa veille attentive grâce à laquelle il a signalé un sous-marin que son capitaine a pu ainsi éviter.

Cdlt
olivier
Rutilius
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olivier 12
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Re: LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 25 Mars 1918 (Complément)

Vapeur de 2763 t équipé d’un canon de 95 mm à l’arrière
Traversée Milo – Malte
Transporte 1200 tonnes de minerai et divers
Affrété par l’Etat
Appareils fumigènes : 2 Verdier et 18 Berger non utilisés
35 hommes d’équipage

Lettre du capitaine LELIEVRE au commandant AMBC de Marseille

Je tiens à vous signaler la conduite courageuse du personnel AMBC embarqué à mon bord en qualité de canonnier au cours de notre dernier voyage.

Le 25 Mars, à 12 milles de Milo nous avons rencontré un sous-marin ennemi qui venait de torpiller un vapeur anglais et manœuvrait pour nous envoyer une torpille.
Par suite du bon ordre qui a régné à bord et de la promptitude que le second capitaine et les canonniers de quart ont mise à se rendre à leur poste LEOPOLD D’OR a été le premier navire du convoi à ouvrir le feu sur l’ennemi. Le 1er coup a obligé le sous-marin à s’éloigner de nous et le 3e a certainement atteint son kiosque. J’ai la presque certitude que le sous-marin a été coulé.

Je demande une Citation à l’Ordre du Régiment pour

CHEVALIER 2e capitaine Brest 48

A très bien organisé le service défensif du navire et habilement dirigé le tir contre un sous-marin ennemi.

ETCHEGARAY Pierre Canonnier pointeur Bordeaux 4805

Par son sang froid et la possession de soi-même a hâté le tir contre un sous-marin ennemi

ICHE Antoine QM canonnier Agde 213
FLORENCE Joseph 23128.1 Canonnier breveté

Se sont précipités à leur pièce à la première alerte et ont obligé un sous-marin à plonger par la rapidité et la précision de leur tir.

Aucune suite donnée à cette demande ne semble figurer aux archives. On sait que le sous-marin UC 37 n'a pas été touché, ni coulé.

Cdlt
olivier
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Re: LÉOPOLD-DOR — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern).

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Naufrage du 26 Avril 1918

Image

Rapport du capitaine

Armateur : Affréteurs Réunis. Navire affrété par l’Etat.
Quitté Marseille le Jeudi 25 Avril 1918 à 08h00, navire en parfait état de navigabilité, avec un complet chargement de matériel de guerre pour l’armée d’Orient, à destination du Pirée (Automobiles, locomotives et matériel divers)
Parti en convoi avec MANSOURA, UPANA et ROMANY, escorté par les chalutiers LIBERTE, MARGUERITE II et SAINT JEAN. LEOPOLD DOR est guide de navigation. Sorti du chenal de sécurité à 10h40, pris la formation et navigué en zigzags. Vers 15h00, mauvais temps, mer devenant grosse. Vitesse 7 nœuds et les convoyeurs ont de la peine à suivre. Le chef de convoi ordonne de cesser les zigzags.
A 22h30, changé de route et venu au S17E.
Le lendemain, vent hâlant au NE et mer toujours grosse.

A 16h25, alors que je suis sur la passerelle avec le maître d’équipage, le veilleur avant tribord et celui de la hune signalent une torpille par tribord. J’aperçois en effet à 150 m et 65° sur l’avant une torpille qui vient sur nous en rasant l’eau. Je n’ai que le temps de faire mettre la barre toute à droite et la torpille passe à 4 ou 5 m sur l’avant.

Dès qu’elle est parée, je fais mettre avant toute et bâbord toute afin de m’éloigner de la direction d’où elle est venue et pour présenter l’arrière à l’ennemi. Dès qu’il paraîtra, nous pourrons le canonner. Mais 15 secondes après, nous voyons une 2e torpille venant encore de tribord, à quelques mètres de nous et, contrairement à la première, très profonde dans l’eau. Elle touche le navire par le travers du panneau 2. L’explosion est formidable et la gerbe d’eau monte jusque sur la passerelle et nous recouvre, moi, le maître d’équipage et l’homme de barre, d’eau et de débris de toute sorte.

Dès qu’il est possible de se rendre compte de l’avarie, je juge le navire perdu. Le gaillard est déjà sous l’eau et les panneaux 1 et 2 ont sauté, suite à la pression de l’eau qui s’engouffre dans les cales. Je commande de stopper la machine et mets aux postes d’abandon. La mer étant grosse, l’évacuation du navire est délicate, mais s’opère avec un grand calme et dans un ordre parfait. Le temps presse car le navire s’enfonce de l’avant et je crains qu’il ne coule avant que les baleinières n’aient eu le temps de s’éloigner du bord. Je profite de ce que l’embarquement se fait en bon ordre pour sauter dans la chambre de veille et prendre instructions et papiers secrets qui sont enfermés dans un sac lesté. Je le jette à la mer et le vois couler. J’essaie de me rendre dans ma chambre pour prendre les papiers du bord, mais c’est impossible car l’eau s’engouffre dans le salon. Je reviens sur le spardeck et vois l’embarcation de bâbord, sous le commandement du second capitaine, qui pousse au large. Celle de tribord n’attend plus que moi. Avant de descendre dedans, j’appelle par la claire-voie machine et sur le pont afin de m’assurer qu’il ne reste plus personne à bord. Ne recevant pas de réponse, je vais pour embarquer dans la baleinière qui m’attend, mais suite à l’état de la mer, la bosse de la baleinière a cassé et elle n’est plus accostée. Je suis forcé de me jeter à la mer et suis aussitôt recueilli par mes hommes.

Quelques minutes après, une forte explosion se produit sur LEOPOLD DOR. Ce sont les chaudières qui explosent. Cinq minutes s’écoulent encore et notre pauvre navire prend une position verticale et s’enfonce rapidement dans la mer.

Fait route sur le chalutier le plus proche, MARGUERITE II. Quelques instants après, nous sommes embarqués à son bord. L’embarcation du second est recueillie par LIBERTE.
Je me fais un devoir de signaler la discipline dont a fait preuve l’équipage, et le bon ordre qui a régné pendant les moments pénibles que nous avons vécus, du torpillage au sauvetage. Les commandants des escorteurs, aussi bons que leurs hommes, ont reçu les naufragés avec la plus grande bienveillance et ont tout fait pour nous venir en aide.

Position du naufrage 39°35 N 07°06 E

Image

LIBERTE a tiré 2 coups de canon sur le périscope et a lancé deux grenades Guiraud. MARGUERITE II a aussi tiré deux coups de canon et lancé deux grenades.

Déposition du 2e capitaine CHEVALIER

J’étais en train de dîner quand le torpillage s’est produit. Je suis sorti du carré au bruit de l’explosion et j’ai vu le gaillard s’enfoncer et le navire apiquer par l’avant. Le capitaine a appelé aux postes d’abandon et je suis allé aux embarcations pour les faire descendre et j’ai embarqué dans la baleinière de bâbord. Le capitaine nous a dit qu’il n’y avait plus personne à bord et nous avons poussé sur son ordre et avons été recueillis par le chalutier LIBERTE.

Déposition du maître d’équipage HERVIEU

J’étais sur la passerelle avec le commandant. Vers 16h25 j’ai vu un sillage par tribord et le commandant a fait mettre la barre toute à droite. La torpille est passée à quelques mètres sur notre avant et le commandant a fait mettre à gauche toute pour prendre chasse devant le sous-marin. A ce moment-là est arrivée une autre torpille par tribord qui a frappé le navire dans la cale 2. Il est arrivé une gerbe d’eau très forte et j’ai dû me cramponner à la passerelle pour ne pas être entraîné.
L’avant s’enfonçant, le commandant a appelé aux postes d’abandon et je me suis rendu à la baleinière de bâbord avec le 2e capitaine. Nous avons amené la baleinière et les hommes ont embarqué. Nous avons été recueillis par le chalutier LIBERTE.

Déposition du veilleur BERTRAND

J’ai pris la veille à 16h00 et je veillais sur tribord. Vers 16h25, j’ai vu un sillage de torpille venant de tribord et l’ai signalé à la passerelle. La pièce étant chargée, j’étais paré à faire feu. J’ai alors aperçu une 2e torpille venant sur nous par le travers de la cale 2. L’explosion se produisit et l’avant s’enfonça aussitôt. L’eau balaya complètement le gaillard et je suis revenu sur le spardeck avec de l’eau jusqu’à la poitrine. Je me suis rendu au poste d’évacuation.

Rapport de l’officier AMBC

LEOPOLD D’OR est un bâtiment bien commandé. Veille faite de façon sérieuse. Etant donné l’état du temps, il était difficile de découvrir le sillage de la torpille et il ne faut pas s’étonner que la 1ère n’ait été vue qu’à 150 m du bord. La 2e était à une immersion plus grande, environ 4,5 m et n’a été vue qu’à quelques mètres du bord.
Artillerie en bon état. Lors de son dernier passage à Bizerte début Avril, le bâtiment n’avait qu’un canon de 90 mm. A son dernier passage à Marseille, il avait reçu un 95 à l’avant. Les pièces n’ont pas eu à tirer.

Note du CF de Penfentenyo, commandant la 3e escadrille de patrouille, au CV chef des patrouilles de Tunisie

Je vous transmets le rapport du Sd maître chef de quart Roumegieras, qui a pris le commandement du SAINT JEAN le 27 Avril à 08h00 du matin, quand le maître Grall a été tué.
J’ai fait procéder à une enquête sur le SAINT JEAN pour reconstituer les faits.

Le premier maître Grall étant mort, il n’a pas été possible de dire pourquoi SAINT JEAN a pris place derrière le convoi pendant la nuit. Le maître Le Saout est mort lui aussi. Il était de quart de minuit à 04h00 et il n’est pas possible d’établir vers quelle heure SAINT JEAN a perdu le convoi. Le temps était bouché et SAINT JEAN, sans voir le convoi, devait en être à 5000 ou 6000 m. C’est alors qu’il a aperçu le sous-marin et l’a attaqué
Le sous-marin a ensuite effectué la manœuvre classique. Se défilant au feu du SAINT JEAN qui était loin derrière, il a fait une route offensive sur lui et a engagé le combat au canon. Vu l’état de la mer, le tir ne pouvait être que mauvais de part et d’autre.
Le premier obus du sous-marin est toutefois tombé à bord et a abattu le mât de flèche et l’antenne TSF. Le 2e obus, sans doute à mitraille, a tué le commandant et mis hors de combat ses auxiliaires immédiats le maître Le Saout, second, et le second maître Delille, chef de quart stagiaire. Il n’y a pas eu de grosses avaries sur la passerelle, seulement criblée d’éclats. En perdant à la fois commandant et second, SAINT JEAN n’était plus qu’un corps sans âme.

Le chef de quart Roumeguieras n’a pas eu la surface suffisante pour faire face honorablement à la situation. Alors que seulement deux obus étaient tombé à bord, il a jugé la situation intenable et a tourné le dos à l’ennemi. SAINT JEAN a alors reçu deux autres projectiles. L’un a cassé le mât avant et l’autre la chaîne du bossoir bâbord et les tôleries du bordé. Six hommes ont été blessés, très légèrement d’ailleurs.

Le second maître Roumeguieras a eu un moment de surprise naturel et explicable, mais il ne s’est pas ressaisi et, après avoir laissé passer une occasion unique, il a été obsédé par la fuite. Il est intervenu à plusieurs reprises auprès du second maître mécanicien pour faire activer les feux.

Voir aussi ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas


On se rend compte en lisant cette note qu’UB 48, après avoir coulé LEOPOLD DOR et UPADA le 26 Avril vers 16h25 sans que le SAINT JEAN s’en rende compte, a continué à suivre le convoi. Le 27, il a été vu par le SAINT JEAN qui était à la traîne sur l’arrière du ROMANY, et a engagé le combat avec lui à 06h00 du matin. SAINT JEAN ayant pris la fuite, il a finalement coulé le ROMANY.
De tout ce convoi, seul le MANSOURA (de la Mixte) s’en est sorti.


Voici une photo du MANSOURA

Image

Rapport de la commission d’enquête

Elle reprend tout le déroulement des faits et précise :

- La 1ère torpille, après être passée sur l’avant de LEOPOLD DOR, a frappé UPADA par le travers de la cale 1.
- Le capitaine a fait entièrement son devoir et a donné l’exemple du calme et du sang froid. Il a assuré le salut de tout son équipage par très mauvais temps ce qui prouve des dispositions de sauvetage parfaites. Tout le monde à bord a fait preuve de courage et de discipline.

Il résulte des rapports des capitaines de LEOPOLD DOR et de MANSOURA :
- Qu’il faut éviter de mettre en convoi des bateaux de vitesses très différentes. Il faut les faire escorter par des bâtiments de vitesse supérieure ou égale aux leurs.
- L’éclairage en flèche à grande distance a plutôt servi à l’ennemi qu’au convoi. Par mer assez grosse la visibilité d’un périscope est faible à grande distance. La présence de l’escorteur à grande distance en avant du convoi faisait l’office d’un jalonnement. En voyant de loin les fumées du convoi, le sous-marin pouvait s’immerger, l’éclaireur lui servant de point de repère pour attendre d’attaquer le convoi qui se croyait couvert à l’avant.
- Ensuite, le sous-marin a pu faire route en surface, de nuit, sans être vu, et gagner de vitesse le convoi pour couler le ROMANY.
- Il faut éviter de faire exécuter un service régulier au même paquebot car il est certain que, même sans marque extérieure, les sous-marins reconnaissent nos paquebots, devinent leurs routes, et préviennent les autres sous-marins en patrouille.
- Il y a lieu de varier le service des courriers en changeant les jours de départ dans la semaine, et en alternant leurs ports de destination, que ce soit pour ceux de la Transat ou ceux de la Cie Touache…etc. Douane et Poste trouveront le système compliqué, mais cela rendra difficile le service d’espionnage et la vue d’un navire sortant d’un port de France ou d’Algérie ne permettra pas à un sous-marin ou un espion de connaître sa destination.

Récompenses

Citation à l’Ordre de la Brigade

LELIEVRE Henri LV auxiliaire. CLC. Nantes 458

S’est signalé par son énergie lors de deux rencontres de sous-marins et, son bâtiment ayant été torpillé par gros temps, a par des dispositions judicieuses et la fermeté de son commandement assuré le salut de la totalité de son équipage.

Vapeur LEOPOLD DOR

Belle conduite de l’équipage lors du torpillage de son bâtiment, chacun à bord ayant fait preuve de dévouement, de discipline et de sang froid.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’UB 48 du Kptlt Wolfgang STEINBAUER

Cdlt
olivier
Rutilius
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Bonsoir à tous,

Léopold-Dor — Cargo — Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern), Paris (1917~1918).

Cargo en acier lancé le 24 octobre 1916 par le chantier de la société North of Ireland Ship-building C°. Ltd., de Londonderry (Irlande du Nord) pour le compte de la société dite « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern) [Siège social en 1917 : Paris, 37 boulevard Haussmann (IXe Arr.)] ; n° de chantier : 67. Achevé en Février 1917. Immatriculé à Rouen le 2 mars 1917, f° 1.003, n° 1.511 ; francisé dans ce quartier le 15 sep-tembre 1917, n° 1.303. Signal distinctif : J.W.H.P. (1)

Initialement armé au cabotage international le 2 mars 1917 à Rouen, n° 203, et ce à compter du 4 février 1917 ; désarmé le 10 avril 1918 à Marseille, n° 252. Capitaine Henri Désiré LELIÈVRE, né le 10 mai 1881 à Rennes (Ille-et-Vilaine), capitaine au long-cours (Brevet ordinaire), inscrit au quartier de Nantes, n° 458. Bâtiment armé défensivement.

Le 6 août 1917, parvient à échapper à un sous-marin qui le poursuivait (Le Journal, n°9.165, Mardi 30 oct. 1917, p. 3).

Le 25 mars 1918, canonne le sous-marin allemand UC-37 (Oberleutnant zur See Otto KUMPEL), à 12 milles de l’entrée Nord de Milo (Grèce). Le 30 mars suivant, canonne un sous-marin non identifié au large de Marsa Sirocco (Île de Malte).

Réquisitionné le 17 avril 1918 en application du décret du 15 février 1918 relatif à la réquisition de la flotte marchande (J.O. 16 févr. 1918, p. 1.638) ayant prescrit, à compter du 10 mars 1918, « la réquisition de tous les bâtiments de mer de nationalité française, habituellement affectés au transport des personnes et des marchandises » (Art. 1er).

Torpillé le 26 avril 1918 en mer Tyrrhénienne par le sous-marin allemand UB-48 (Kapitänleutnant Wolfgang STEINBAUER), à 57 milles dans le Nord-Ouest de l’île de San-Pietro, par 39° 55’ N. et 7° 2’ E. Capitaine Henri Désiré LELIÈVRE, précité, et 28 hommes d’équipage, plus 8 marins de l’État du Service de l’Arme-ment militaire des bâtiments de commerce (A.M.B.C.), dont un radiotélégraphiste.

Armé en dernier lieu au cabotage international le 11 avril 1918 à Marseille, n° 272 ; désarmé administra-tivement le 3 mai 1918 à Rouen, n° 89, et ce à compter du 26 avril 1918, jour de sa perte. (2)

Postérieurement à son naufrage, objet du témoignage officiel de satisfaction suivant (J.O. 27 juin 1918, p. 5.538) :

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Caractéristiques générales.Jauge : 2.761,12 tx jbt, 2.629,44 tx jb et 1.573,41 tx jn. Dimensions : 287.2 x 40.6 x 22.8 ft [87,53 x 12,37 x 6,94 m]. Propulsion : Machine à triple expansion d'une puissance de 1.900 cv ; une hélice. Vitesse : ... nd.

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(1) Inscription maritime — Quartier de Rouen — Matricules des bâtiments de commerce — 1900~125 — f°ˢ 893 à 1.089, n°ˢ 1.181 à 1.770 : Archives départementales de Seine-Maritime, Cote 7P5_47, p. num. 112. [f° 1.003, n° 1.511]

(2) Inscription maritime — Quartier de Rouen — Désarmement des bâtiments de commerce — 1918 — n°ˢ 1 à 109 — 3 mai 1918, n° 89 : Archives départementales de Seine-Maritime, Cote 7P6_213, p. num. 947 à 962.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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