LOIRE ― Quatre-mâts barque — Armement Antoine-Dominique Bordes & Fils.

[Dennou]

Bonjour à toutes et à tous,
Dans son ouvrage "Hard down! Hard down!" le petit-fils du capitaine John Isbester consacre 23 pages à la perte du Dalgonar.Les pages 192-205,en particulier,retracent les circonstances du naufrage:les conditions météo,terribles,mais aussi les dispositions prises pour sécuriser le lest de galets,les incidents successifs,les manoeuvres tentées,la mort du capitaine et le sauvetage final des survivants,le 13 octobre 1913, par l'équi-page du "Loire".Jack Isbister qui a 35 ans de navigation dans la marine marchande britannique a constitué un dossier technique très fouillé:croquis,explications nombreuses sont un apport essentiel pour la compréhen-sion de ces journées dramatiques.En outre,en annexe,il place le texte de l'enquête réalisée en 1914 dans le cadre du "Marchant Shipping Act" de 1892.Ce texte réglementait tout ce qui avait trait à l'enregistrement des navires,aux officiers et équipages,aux navires transportant des passagers et des émigrants,à la sécurité, aux enquêtes et Cours maritimes, au transport et à la livraison des marchandises,aux naufrages et sauveta-ges, aux phares,notamment.
Il y a quelques années,j'avais découvert ce rapport établi par la Cour Navale qui siégea en audience offi-cielle à Liverpoool,les 27 et 30 mars et le 1er avril 1914(1). Pour mon propre usage,je fis une traduction de ce document qui m'apparut alors d'une importance capitale.En voici quelques extraits.
"Les 27 et 30 mars et le 1er avril 1914,devant Stuart Deacon,Juge,Magistrat rémunéré(juge professionnel), assisté du Vice-Amiral A.G. Tate et du Capitaine David Davies,se tint une Audience Officielle sur les circons-tances dans lesquelles le voilier britannique "Dalgonar" fut abandonné dans l'Océan Pacifique le 13 octobre 1913 ou autour de cette date et sur la perte de vies humaines qui en résulta.
RAPPORT DE LA COUR
La Cour ayant très soigneusement enquêté sur les circonstances dans lesquelles est intervenu l'accident de mer ci-dessus mentionné,estime que pour les raisons évoquées dans l'Annexe joint,le voilier britannique "Dalgonar" de Liverpool fut abandonné par son équipage le 13 octobre 1913 à une latitude sud d'environ 28°58' et une longitude ouest de 87°4',et que la cause immédiate d'un tel abandon vient du fait que le lest de galets que la navire avait chargé à Callao n'avait pas été bien sécurisé.Au cours de la violente tempête du 9 octobre,il en résulta un ripage qui endommagea le navire et entraîna une telle gîte sur babord qu'à 14H30,l'après-midi du dernier jour de relevé,il était couché sur babord,l'extrémité des vergues touchant l'eau, ne pouvant de ce fait être redressé.
Le Capitaine,M.Isbister et trois hommes d'équipage,malheureusement,perdirent la vie au cours de la tem-pête mentionnée auparavant et le reste de l'équipage,après des souffrances et des privations,fut sauvé au dernier moment par le quatre-mâts "Loire" le 13 octobre.Au capitaine et à son équipage,la reconnaissance de la Cour et de tous est due pour l'assistance apportée et pour la bienveillance ensuite manifestée envers l'équipage du "Dalgonar"".
(Suivent les circonstances du naufrage,informations en grande partie extraites du rapport du second du "Dalgonar",H.G.Mull)
Puis:
"En conclusion de ce qui apparaît comme une évidence,M.Paxton,au nom de la Chambre de Commerce,sou-met les questions suivantes à l'avis de la Cour:
1)A combien les propriétaires estimaient-ils le navire? Quelle était sa valeur lorsqu'il prit la mer pour son dernier voyage? Des assurances en rapport furent-elles souscrites?
2)Quelle quantité et quelle qualité de lest furent chargées à Callao en septembre 1913? La quantité était-elle suffisante,bien entreposée et protégée contre le ripage?
3)Pourquoi le lest a-t-il ripé et la bateau gîté à babord aux environs de 8H30 et de 14H30 le 9 octobre? Fit-on l'effort suffisant pour remettre le lest en place et redresser le navire?
4)Dans quelles circonstances le Capitaine et trois membres d'équipage perdirent-ils la vie?
5)Quand et où le "Dalgonar" fut-il abandonné? Quelle fut la cause de l'abandon du navire?

La Cour apporte les réponses suivantes aux représentants de la Chambre de Commerce:
1)Selon ses propriétaires,le navire était estimé à 23 262£7s.1d. Quand il partit pour son dernier voyage,sa valeur était de 11 000£.Il était assuré pour 10 250£ et 5 580£ pour le fret.IL n'était pas assuré pour les dé-passements.Les biens du capitaine étaient assurés par lui-même,en accord avec les propriétaires,pour 150£.

2)Le navire chargea 1000T de lest en galets à Callao.Environ 30T de charbon étaient stockées dans le coqueron avant.Selon l'avis de la Cour,le lest était en quantité suffisante et convenablement arrimé mais pas suffisamment protégé contre le ripage.Il apparaît avec certitude que le capitaine voulut sécuriser les galets en plaçant dans chaque écoutille un cadre en bois fait de madriers croisés.D'environ 20 pieds(6m) de côté et 3 pieds(0,91m) de hauteur,le cadre fut enfoui dans le lest sur environ 18 pouces(0,45m).Les quatre coins de chaque cadre étaient arrimés aux épontilles pour rester en place.Chaque cadre dépassait le lest d'environ 1 pied 6 pouces(0,45m).Des cloisons d'environ 6 pieds(1,80m) de hauteur furent placées à l'avant et à l'arrière du lest,lesquelles étaient inclinées de manière à dépasser le sommet de la cloison d'environ 18 pouces(0,45m).Il y avait 600T de galets dans la cale N°2 et 340T dans la cale N°3.
La Cour prenant en considération la caractère dangereux du lest tel que décrit, comme l'ont toujours été les galets,ne peut que reprendre et souligner les recommandations que fit la Commission d'Enquête qui sié-gea à Liverpool tout au long de l'année 1901 pour un cas semblable,celui du "Limache".Elles rejoignaient cel-les de cette Cour et disaient ceci:"Le lest de galets embarqué à Callao de manière aussi dangereuse que celle-ci,des bardis de milieu auraient dû être immanquablement utilisés,ainsi que sur les côtés quand c'était possible.En outre,des cloisons auraient dû être dressées en avant et en arrière du lest et à la même hauteur pour l'empêcher de rouler en avant et en arrière.En définitive,le lest aurait dû être entreposé de manière sûre."

3)Le 9 à environ 8H30 la navire gîtait à babord.La cause:le lest avait ripé car en même temps un grain soufflait de l'E-S-E et une grosse mer courait depuis le S-E avec un vent de face de N-E.Le vent violent em-porta le hunier de misaine.Simultanément le bateau donna un coup de roulis à tribord et le lest de la cale 2 ripa d'un bloc.Une nouvelle fois le Capitaine donna l'ordre à l'équipage de descendre dans la cale et le lest fut encore arrimé et,pour la première fois,étayé.Une opération considérée accomplie avec succès qu'avec de grandes difficultés,vers midi.Plus tard, on tenta d'accorer le lest de la cale N°3 de la même manière, mais ce n'était pas terminé quand survint le naufrage.
A 14H30,tandis que l'équipage était encore occupé dans la cale N°3,un terrible grain frappa le navire qui chavira,avec pour conséquence de faire de nouveau riper le lest des cales N°2 et 3.La mer déferlait et le -prit une sérieuse gîte.Le Capitaine rappela l'équipage pour virer de bord mais le navire ne remonta que de deux quarts (environ 11-12°) puis se coucha dans le creux de la vague et,peu après, un autre paquet de mer le secoua si bien qu'après un nouveau ripage du lest il était complètement sur le flanc,l'extrémité des ver-gues plongeant dans l'eau.
Dans des circonstances telles que décrites ci-dessus,la Cour estime que tout a été fait pour arrimer le lest et pour sauver le navire.

4)Les circonstances dans lesquelles le Capitaine et trois membres d'équipage perdirent la vie:après que le navire eut complètement chaviré sur babord,l'extrémité des vergues dans l'eau ainsi qu'il est dit dans la ré-ponse à la précédente question,le canot babord fut mis à l'eau et quelques membres d'équipage embarquè-rent.Le canot fut aspiré le long du bord et l'un des bossoirs,du fait de la forte gîte du navire, enfonça le côté babord.Les hommes qui s'y trouvaient parvinrent à grimper à bord, saufs.Le canot tribord fut ensuite mis à l'eau mais aussitôt endommagé et inondé. L'équipage fut précipité à la mer et le voilier(H.J. Cousins) ainsi que le cuisinier (Hugo Hunger) se noyèrent tandis que les autres s'efforçaient de monter à bord. Mal-heureusement,l'un des premiers nommés(Arthur Confrere) s'empêtra dans le gréement qui trempait dans l'eau et coula.Le Capitaine(John Isbister) qui à ce moment se trouvait au milieu du navire,en face de la cabine,voyant Confrere en danger approcha,dans l'intention, évidente de le sauver mais fut aussitôt balayé par le vent.Sa tête vint heurter la lisse.Il fut assommé,emporté par une vague et se noya sans qu'il fut possible de lui porter assistance.Dans ces conditions dangereuses il n'était pas possible de secourir le marin Confrere et son corps resta empêtré dans les cordages deux jours durant,avant que la mer ne l'emporte.

5)Le navire fut abandonné le 13 octobre 1913 par 25° 58' de latitude sud et 87°4' de longitude ouest.Il ne fut pas abandonné prématurément.La cause immédiate de l'abandon vient qu'il fut estimé nécessaire de scier les mâts dans l'espoir de redresser le navire,ce qui ne se produisit pas.
STUART DEACON,juge

Ont concouru au rapport ci-dessus:
A.G. TATE,assesseur
DAVID DAVIES,assesseur

Liverpool,le 2 avril 1914
(Publié à Londres par le Board of Trade le 28 avril 1914)
1)Voir le site http://plimsoll.org/resources/SCCLibrar ... ports2002/

[Dennou]

SEPULTURE DU CAPITAINE CADIC AU CIMETIERE DE LEZARDRIEUX(22740)

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[Rutilius]

Bonsoir à tous,

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State Library of Western Australia

—˃ https://purl.slwa.wa.gov.au/slwa_b3012573_61.pdf

[markab]

Bonjour,

L'ouvrage de JM Roche cite un quatre-mats LOIRE réquisitionné entre 1915 et 1918, s'agit-il de ce navire ?

A bientôt.

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

« Le capitaine Jaffré, après le sauvetage de l'équipage du Dalgonar au retour du 23e voyage de Loire — et le premier pour lui en tant que capitaine —, effectue deux autres voyages.

Ayant livré à La Pallice son nitrate, il repart pour Taltal et Iquique, revenant à Nantes en mars 1916. Les deux voyages suivants, en 1916 et 1917, sont commandés par le capitaine Joseph Marie Texier. Puis, le capitaine Benjamin Riou part pour le Chili, mais passe par Panama pour livrer à Norfolk, où les canons sont supprimés en mai 1918. De là, il refait un aller et retour sur le Chili, via Panama, étant réquisitionné à Caleta Coloso le 27 août 1918. De retour à Iquique, il est déréquisitionné le 26 avril 1919 et rentre à Dunkerque le 21 août 1919. »

Source : Claude et Jacqueline BRIOT : « Cap-horniers du nitrate. Armement français Bordes », pré-face de Bernard Cadoret, éd. Books On Demand, Décembre 2012.

[markab]

Bonjour Daniel, bonjour à tous,

Cela répond parfaitement à ma question .

A bientôt.

[Rutilius]

Bonjour à tous,

Le quatre-mâts barque Loire (1897~1924)

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State Library of Western Australia
Réf. : slwa_b3328021_1

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State Library of South Australia
Réf. : PRG-1373-48-24

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Navigazette, n° 1.307, Jeudi 14 mai 1914, p. 1.

[Rutilius]

°

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Maquette réalisée par Christian Pendélio ~ Échelle 1/50e
Musée de la Marine en bois du Brivet ~ Montoir-de-Bretagne ~ Août 2021

[Rutilius]

Bonjour à tous,

• Le Phare de la Loire, n° 24.264, Mercredi 9 décembre 1896, p. 2.

L.P.L. 9-XII-1896 - I - .jpg (185.96 Kio) Consulté 306 fois

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[Rembobine]

Bonjour !
je viens de m'inscrire sur ce forum, ayant retrouvé une photo qui pourra peut-être vous intéresser ?
Le grand-père du grand-père de mon compagnon travaillait pour la maison Bordes; cette photo n'est malheureusement pas datée mais elle est légendée :
" 4 mât Loire
Thebaut
Le Breton
Le Meillet
et le 1er lieut Schmitt
prenant la méridienne"

J'imagine que l'un d'entre eux prend la photo, il n'y a que 3 personnes..
Bien cordialement,
Rembobine