NOTRE DAME DE LA GARDE Goélette morutière de Saint Malo

olivier 12
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Re: NOTRE DAME DE LA GARDE Goélette morutière de Saint Malo

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

NOTRE DAME DE LA GARDE

Goélette à huniers construite en 1893.
Nota : Il ne doit pas s'agir de l'ex ANNA WICHHORST, comme signalé dans uboat.net. Une goélette n'a en principe que deux mâts
Achetée par l’armateur havrais Eude.
Donnée pour 133 tx dans le rapport du capitaine et 150 tx sur la liste d’équipage.
Armateur en 1918 : Madame Veuve Lemoine. Saint Malo.
Armée à Saint Malo

Equipage

Image

La perte de NOTRE DAME DE LA GARDE

Télégramme du consul de France à Montréal du 30 Août 1918

« Le voilier français NOTRE DAME DE LA GARDE a été torpillé le 21 Août à 02h15 du matin sur le banquereau au large des côtes de Nouvelle Ecosse par 44°37 N et 59°58 W, par un chalutier armé de deux mitrailleuses qui a stoppé à 10 m du bord.
Trois hommes munis de trois bombes ont été détachés à bord pour le faire sauter. Un sous-marin ennemi de 100 m de long avec deux canons se tenait à 500 m sur tribord et s’est éloigné quand le navire eut coulé.
L’équipage, 27 hommes en tout, a été dirigé sur North Sydney. Il y aurait un marin blessé. Le navire transportait 1400 quintaux de morues. L’équipage sera rapatrié de North Sydney sur Bordeaux via New York. »

(On notera l’expression employée à mauvais escient par le consul « torpillé par un chalutier stoppé à 10 m... et à l’aide de trois bombes… !! )

Rapport du capitaine

Je soussigné, Royer Raoul, capitaine au cabotage commandant la goélette à huniers NOTRE DAME DE LA GARDE, 133 tx, appartenant à Madame Veuve Lemoine, armé de deux canons de 47 mm, déclare être parti de Saint Pierre le 26 Juillet 1918 à destination des bancs de Terre Neuve.
Pêché la morue jusqu’au 21 Août. Rien à signaler.

Le 21 Août à 02h15 du matin par beau temps et beau clair de lune, petite brise d’ouest, l’homme de quart sur le pont vient me prévenir qu’un chalutier à vapeur est à 10 m du bord et que son commandant m’ordonne de venir immédiatement à son bord. Croyant avoir à faire à un patrouilleur allié, j’exécute l’ordre, d’autant plus que ce commandant parlait un français très correct.

Mais en arrivant à bord, le capitaine, revolver au poing, me déclare qu’il faut dire à l’équipage d’évacuer et qu’il va couler le navire. Ses deux mitrailleuses sont braquées sur le navire et il ajoute qu’au moindre mouvement de défense, les deux servants mitrailleront l’équipage.

Le vapeur est masqué par les haubans et il est impossible d’utiliser le canon. Pour ne pas sacrifier mes hommes, je donne l’ordre d’évacuer.
Pendant ce temps, j’aperçois un grand sous-marin à environ 500 m sur tribord, armé de deux canons de fort calibre. Au fur et à mesure que les doris sont chargés, le commandant du chalutier les envoie vers la direction du sous-marin.
Il fait venir un doris le long de son bord et trois hommes armés y prennent place, porteurs de trois bombes. Je vais avec eux. Je ne reste à bord que quelques minutes, pendant lesquelles je parviens à détruire subrepticement tous les papiers. Je quitte ensuite mon bâtiment, y laissant les trois Allemands qui installent leurs bombes. Une demi heure plus tard, ils reviennent et la goélette saute et coule par l’avant.

A mon arrivée à bord, le commandant m’avait demandé : « Que pensez-vous de la guerre ? » Croyant parler à un Anglais ou à un Américain, j’avais répondu : « Vous savez, je n’ai aucune nouvelle depuis 1 mois et demi ».
Il a alors repris : « La guerre, c’est malheureux pour nous ; mais encore plus pour vous et c’est votre Poincaré qui a voulu cette guerre ! »
A cette phrase, j’ai réalisé avoir affaire à un Allemand.
Il a alors ajouté :
« Si vous rentrez en France, allez donc lui dire de finir cette maudite guerre. »

Il avait entre 35 et 40 ans, taille moyenne, figure bronzée, et parlait vraiment très bien le français.

Au lever du jour, j’ai rassemblé mes 7 doris et leur ai donné l’ordre de faire route au nord.

Il y avait deux goélettes américaines en pêche près de nous. L’une avait disparu. Le chalutier, faisant route à l’Est est passé à toute vitesse près de l’autre sans s’y intéresser. Mais le sous-marin a fait la même route. Il s’est arrêté près d’elle et, vers 04h00, l’a faite sauter. Nous l’avons vu couler.

Le temps était favorable avec une jolie brise d’ouest et nous avons mis sous voile. Vers minuit, nous avons aperçu les feux de la côte. Ne connaissant pas notre position, nous avons mouillé. Au jour, le 22, nous avons reconnu la côte et sommes arrivés à 08h00 à Gabarus ( Ile de Cap Breton).

La position estimée du naufrage est 44°34 N 59°58 W.
Nous avions à bord 75 000 morues, représentant 1400 quintaux. Nous avons perdu tous nos effets.

Nous avons été acheminé sur Sydney (Cap Breton) et sommes rentrés en France par New York.

Le sous-marin était absolument identique à l’U 157 dont vous me montrez la photo actuellement. Le chalutier était identique aux chalutiers anglais que l’on voit sur les bancs.

Rapport de l’officier enquêteur

L’officier enquêteur reprend le récit du capitaine et note que l’évacuation s’est faite en bon ordre. Il précise que le capitaine a adroitement jeté à la mer tous les papiers.
Il estime toutefois regrettable que les canonniers n’aient pas jeté une pièce essentielle de leurs canons à la mer, car le chalutier aurait pu les récupérer et les utiliser. Mais en l’occurrence, il ne l’a pas fait et a coulé tout de suite le morutier.

Rapport de la Commission d’enquête

Il reprend presque mots pour mots les rapports précédents. La commission estime qu’il n’y a lieu ni à récompense, ni à sanction.

Les navires attaquants

Le sous-marin qui a assisté à l’attaque sans intervenir était l’U 156 du KL Richard FELDT. La position donnée est 45°32 N et 58°57 W.
Ce sous-marin ne rentrera pas de sa patrouille et sautera probablement sur une mine le 25 Septembre 1918. Il disparaîtra avec ses 77 hommes d’équipage.

Le chalutier à vapeur était le canadien TRIUMPH, 239 tx, construit en 1907 à Grimsby et appartenant à l’armateur Kendall, de Halifax. Il avait été capturé le 20 Août à 60 milles du cap Canso par l’U 156 qui l’utilisait alors comme raider.
Il sera coulé plus tard.

Le chalutier américain que les hommes du NOTRE DAME DE LA GARDE ont vu être coulé vers 04h00 le 22 par l’U 156 devait être le SYLVANIA.

Cdlt
olivier
kgvm
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Re: NOTRE DAME DE LA GARDE Goélette morutière de Saint Malo

Message par kgvm »

According to Lloyd's Register 1913/14 the "Notre Dame de la Garde" ex "Anna Wichhorst" was bigger: 364 GRT / 284 NRT.
See also here:
http://www.uboat.net/wwi/ships_hit/4290.html
Memgam
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Re: NOTRE DAME DE LA GARDE Goélette morutière de Saint Malo

Message par Memgam »

Notre Dame de la Garde, construite en 1893, 146,59 tjb, 113,38 tjn.

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, Association Bretagne 14-18, 2010.
Memgam
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markab
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Re: NOTRE DAME DE LA GARDE Goélette morutière de Saint Malo

Message par markab »

Bonjour

En attendant plus de précisions sur les navires, le navire de Saint Malo a l'indice 1 et l'ex Anna Wichhorst (3 mats) a l'indice 2

A bientot
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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