Page 1 sur 1

Re: GENEVIEVE Cie Bouet

Publié : jeu. nov. 11, 2010 6:22 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

GENEVIEVE

Vapeur construit au chantier Osbourne Graham de North Hylton en 1912 pour l’armement F. Bouet.
Lancé le 22 Novembre 1912
1598 tx JB Longueur 79,20 m Largeur 11,10 m.
1 hélice

La perte de GENEVIEVE

Image


Rapport du capitaine


Quitté Rouen le 13 Janvier 1918 à 17h00 sur lest pour Swansea. Quitté la rade du Havre le 14 Janvier à 16h00 en convoi. Mauvais temps pendant tout le voyage. Vent de SSE et mer houleuse.

Le 16 Janvier 1918 à 23h00, par 50°23 N et 05°20 W, naviguant en zigzags à 9 nœuds, ressenti un choc extrêmement violent et entendu une formidable explosion tandis qu’une gerbe d’eau couvrait le navire. La vapeur s’échappe de la chaufferie et de la machine par toutes les issues. L’embarcation bâbord est défoncée et le radeau a disparu. A l’évidence, nous venions d’être torpillés.

Grièvement brulé aux mains et à la figure, je donne l’ordre au second capitaine de surveiller l’embarquement dans le canot tribord et dans le petit canot. Vu mes blessures, le 2e capitaine insiste pour que je prenne place dans le canot tribord et il reste le dernier à bord. Constaté l’absence du chauffeur Le Gall, de quart dans la chaufferie. Il a du être tué sur le coup par l’explosion, ou brûlé par la vapeur. L’accès de la chaufferie et de la machine est impossible.
A noter l’attitude du chef mécanicien Triquenot qui se précipite courageusement avec une lampe électrique et tente de fermer les soupapes de la chaudière. Ses efforts sont inutiles et la chaudière se vide en 15 minutes environ. Mais il parvient à saisir le quartier maître Queffelec, perdu et à demi asphyxié, et à le sortir de la vapeur. La conduite de cet officier a provoqué l’admiration de tous.
Capitaine, chef mécanicien et un canonnier ont été sérieusement brûlés par l’échappement de la vapeur.

Vingt hommes dont moi-même ont pris place dans le canot tribord. Quatre, dont le 2e capitaine et le 2e mécanicien dans le youyou. Quitté le navire à 23h30 et resté sur les lieux jusqu’à minuit, quand le navire a disparu.
Le Jeudi 17 Janvier à 09h20 aperçu un voilier et fait des signaux. Il nous recueille à 10h00. C’est la goélette REGINA, de Bayonne, capitaine Le Goascon. L’équipage nous réserve un accueil chaleureux et nous donne tous les soins voulus.
REGINA faisait route sur Port Talbot et nous y débarque le 18 Janvier à 05h00.

Rapport AMBC

GENEVIEVE portait un canon de 90 mm à l’avant et un canon de 90 mm à l’arrière.
Par nuit noire et mer houleuse, le navire a été frappé par une torpille par le travers bâbord. Les hommes de veille n’ont rien vu. Seul le canonnier Kerhardy, que le mauvais temps avait obligé à quitter sa pièce pour gagner la passerelle, a vu la torpille à 15 m du bord. Il était malheureusement trop tard pour l’éviter.

Evacuation dans l’ordre avec beaucoup de calme et de sang froid, malgré le mauvais temps.

Conclusions de la commission d’enquête


La commission estime que des signaux auraient du être faits (fusées, feux coston, coup de canon d’alarme) pour attirer l’attention de la côte qui n’était qu’à 8 ou 9 milles.

L’évacuation s’est déroulée normalement grâce à la discipline de l’équipage. Mais la commission estime que cette évacuation a été trop hâtive car GENEVIEVE possédait des cloisons étanches rigides, sans portes (sauf dans le tunnel). Torpillé à 23h00, évacué à 23h30, le navire flottait encore à minuit. Quoi que le salut de l’équipage ait été –avec raison- la seule préoccupation du capitaine, cette décision d’évacuation aurait du être prise avec une période plus longue de gestation. Toutefois, la commission tient compte de la dépression physique dans laquelle ses brûlures, blessures douloureuses, ont mis le capitaine. Elles ont certainement paralysé son commandement.

La commission regrette qu’une fois recueilli par le REGINA, le capitaine ait attendu d’être à Port Talbot, soit 20 heures plus tard, pour faire ses déclarations réglementaires.

Elle estime toutefois que le capitaine Le Basnier est un bon marin et lui conserve la faculté de commander.
Elle décerne ses félicitations à l’équipage pour sa discipline.

(Commentaires : à la lecture des conclusions de cette commission, on peut penser que son président n’avait sans doute jamais été torpillé lui-même… !)

Récompenses

Citation à l’ordre du Corps d’Armée

TRIQUENOT Georges Chef Mécanicien Dieppe n° 176

Lors du torpillage de son navire a montré un grand esprit de devoir et de belles qualités d’énergie et de dévouement. A sauvé un homme évanoui sous l’émanation des gaz. A lui-même été grièvement brûlé à la tête.

Témoignage officiel de satisfaction du Ministre

Au vapeur GENEVIEVE pour l’ordre et le sang-froid dont son équipage a fait preuve lors du torpillage de ce vapeur.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 55 de l’OL Wilhelm WERNER.

Wilhelm Werner était né le 6 Juin 1888. Il est décédé le 14 Mai 1945 à Falkenau (Saxe) Il avait obtenu la croix « Pour le Mérite » le 18 Août 1918.

Cdlt



Re: GENEVIEVE Cie Bouet

Publié : jeu. nov. 11, 2010 6:36 pm
par Memgam
L'armement F. Bouet, de Caen, possédait à l'orée de la guerre de 1914-1918, une dizaine de navires d'un tonnage unitaire de l'ordre de 1500 tjb.
Le tirant d'eau de Geneviève était de 4,82 m et sa puissance de 189 nhp (machine à triple expansion).

Sources : Jean Randier, Histoire de la Marine marchande française, des premiers vapeurs à nos jours, EMOM, 1980.
Charles Hocking, Dictionary of disasters at sea during the age of steam, 1824-1962, Lloyd's register of shipping, 1969.

GENEVIÈVE — Cargo — Armement Fernand Bouet, Caen (1912~1918).

Publié : sam. nov. 23, 2013 1:57 am
par Rutilius
Bonjour à tous,

Geneviève — Cargo — Armement Fernand Bouet, Caen (1912~1918).

■ Historique (complément).

— 29 décembre 1912 : Avec le cargo Gabrielle, du même armement, baptisé au bassin Saint-Pierre du port de Caen.

L’Ouest-Éclair — éd. de Caen —, n° 5.115, Dimanche 29 décembre 1912,
p. 4, en rubrique « Calvados ».


Image


La Croix des Marins, n° 979, Dimanche 5 janvier 1913, p. 4.

L.C.M. 5-I-1913 -  .JPG
L.C.M. 5-I-1913 - .JPG (111.96 Kio) Consulté 589 fois

Re: GENEVIEVE Cie Bouet

Publié : sam. nov. 23, 2013 5:20 pm
par Rutilius

Bonjour à tous,


En Avril 1916, le cargo Geneviève avait était commandé par Émile LEBASNIER, capitaine au cabotage, inscrit à Caen, n° 49, et pour chef mécanicien Pierre LE CHAFFOTEC, inscrit à Tréguier, n° 2.747 (Déc. du 10 avr. 1916 établissant la Liste des capitaines ou patrons des navires de commerce, des armateurs et des officiers mécaniciens qui ont obtenu des félicitations pour la bonne tenue de leur navire et le bon entretien des machines, chaudières, etc. : J.O., 14 avr. 1916, p. 3.148).

Re: GENEVIEVE Cie Bouet

Publié : sam. nov. 23, 2013 5:36 pm
par Rutilius

Re,


■ Distinctions accordées à la suite du torpillage du cargo Geneviève, survenu le 16 janvier 1918.


TRIQUENOT Georges Arthur, chef mécanicien, inscrit à Dieppe, n° 176.

Par décision du Ministre de la Marine en date du 20 janvier 1919 (J.O., 25 janv. 1919, p. 996), inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur dans les termes suivants :


Image


LE GALL François, matelot chauffeur, inscrit à Morlaix, n° 5.634.

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 20 mars 1922 (J.O., 2 avr. 1922, p. 3.653), inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :


Image


Nota : Unique victime. Non mentionnée par la base uboat.net.

Re: GENEVIEVE Cie Bouet

Publié : dim. nov. 24, 2013 5:54 pm
par Yves D
Bonjour à tous
uboat.net à jour à présent.
Cdlt
Yves