Re: THOR II Voilier norvégien
Publié : dim. oct. 18, 2009 1:33 pm
Bonjour à tous,
Bien que ce sujet ne concerne pas un navire français, il me paraît assez intéressant pour figurer sur le forum.
THOR II
Le 25 Février 1917, le Ministre Plénipotentiaire de France à Copenhague a fait parvenir à la Direction de la Guerre sous-marine un document relatant le passage dans cette ville d’un officier norvégien, le capitaine Issen Jacobsen, qui vient de passer huit jours à bord d’un sous-marin allemand. Il a été interviewé par le directeur du journal « Politiken ».
Voici le récit communiqué
« Le Dimanche 4 Février, quand je suis monté à la passerelle, je vis quelque chose d’inhabituel. Je pris une longue vue et j’aperçus un sous-marin qui hissa le signal « Stoppez ». Ne soupçonnant pas que ce sous-marin put avoir de mauvais desseins (sic) , je diminuais immédiatement la vitesse de mon bâtiment. Nous étions alors à 80 milles de la côte d’Irlande. Après avoir brassé les cargues de l’avant, nous mîmes une chaloupe à la mer et le second maître alla à la rame vers le sous-marin pour lui montrer le connaissement et le certificat de nationalité. Peu après, il revint vers nous avec la décision du commandant du sous-marin que notre navire devait être coulé. Une demi heure nous était laissée pour quitter le bord. Les chaloupes furent aussitôt mises à la mer et garnies de provisions et de nos instruments.
Après que nous ayons quitté le bord, le sous-marin vint rapidement vers nous. Le commandant était sur le kiosque et demanda qu’on lui remette notre baromètre et nos autres instruments nautiques. Puis ce commandant ( nous apprîmes plus tard que c’était sans doute celui qui avait coulé le LUSITANIA) exigea que ma femme, ma petite fille de trois ans et moi-même embarquions sur le sous-marin. Mon équipage, embarqué dans les deux chaloupes, nous regardait de loin. L’obscurité approchant, je demandai au commandant de rapprocher les deux chaloupes de la côte d’Irlande. Il y consentit, mais auparavant coula le THOR II. Nous avons pleuré en voyant disparaître dans l’eau noire notre vieille demeure sur laquelle nous avions vécu pendant six ans.
Le sous-marin prit les deux chaloupes en remorque et fit route sur la côte d’Irlande. Il ne pouvait aller vite pour la sécurité des hommes dans les chaloupes. Vers minuit, le commandant m’annonça qu’il devait prendre une autre direction et que les chaloupes devaient être abandonnées à elles-mêmes.
Je dis à mes hommes :
-« C’est fini pour le remorquage. Dirigez-vous vers le SE et vous atteindrez la côte d’Irlande. Je vous souhaite bon courage ».
Ma femme et moi étions fort émus de nous séparer de nos braves matelots. Personne ne pouvait savoir ce qu’ils allaient devenir. Plus tard, au consulat de Hambourg, nous reçûmes un télégramme disant qu’ils étaient heureusement arrivés à terre. Ils avaient ramé sur une distance de 30 milles danois.
A 01h00 du matin, le commandant fit route au sud. Nous pûmes nous reposer après cette journée mouvementée. On nous avait donné la cabine du premier officier, mais nous étions trois et avions très peu de place. On était mal à l’aise. Le bruit de la machine et la trépidation incessante étaient choses nouvelles pour nous. L’atmosphère était horrible.
Un sous-marin n’est qu’une grande machine avec une masse de rouages s’engrenant les uns dans les autres. C’est un martelage et un ronflement continuel, de l’avant à l’arrière. Il ne peut être question de bien dormir.
A bord du sous-marin, il y avait un gramophone pour distraire l’équipage quand nous étions tranquilles sous l’eau. Parmi les disques, il y avait un morceau de Grieg : le chant de Solweig dans Peer Gynt. Et chaque matin, à 09h00 précise, on réveillait notre petite Solweig au son de cet air. C’était doublement mélancolique, vu les circonstances.
Deux jours plus tard (nota : donc le 6 ou le 7 Février) nous assistâmes à un événement terrible. Un grand vapeur anglais faisait route vers la Manche, venant de l’ouest. Le sous-marin lui intima l’ordre de s’arrêter et à l’équipage de l’évacuer. Comme il n’obtempérait pas immédiatement, plusieurs coups furent tirés. Il s’arrêta alors et l’équipage descendit dans les chaloupes. Le sous-marin recommença alors à tirer lorsque nous vîmes venir à nous un destroyer anglais, à force de vapeur. Le commandant se prépara alors à plonger, mais lança auparavant une torpille qui atteignit son but. L’explosion fut si violente que le pont du sous-marin se fissura et nous fûmes tous projetés à terre. Nous crûmes notre dernière heure arrivée. En fait, le cargo était chargé de munitions pour la France et toute la mer fut soulevée par la déflagration quand il coula. Nous ne pouvons dire ce qu’il advint aux chaloupes, car nous plongeâmes aussitôt. Quelques instants plus tard, nous entendîmes le destroyer passer au dessus de nous, heureusement trop tard. Ce fut une chance que, suite à cette terrible secousse, le sous-marin ne fit pas eau. Mais l’un des moteurs était endommagé et il avait perdu de sa mobilité. Après un court conciliabule, les officiers décidèrent qu’il fallait regagner un port pour réparer. Au premier moment favorable, le sous-marin fit surface et navigua alors à ciel ouvert le long de la côte d’Irlande, puis au nord des Shetland. Dans ces parages, les mécaniciens réussirent à remettre en route le moteur endommagé, par leurs propres moyens.
C’étaient pour nous des moments de tension terrible que de vivre dans ce sous-marin, car il y avait beaucoup de torpilleurs anglais. Mais le commandant avait une grande expérience dans la conduite de son sous-marin et nous leur échappâmes.
En plongée, quand un seul moteur était en route, l’air était oppressant et la chaleur suffocante. Quand on remontait en surface, on avait l’impression de passer d’un four de boulanger à une maison de glace. C’étaient des changements de température que seuls les hommes de mer peuvent supporter. Bref, c’est une vie terrible, inhumaine, que les sous-mariniers doivent supporter quand ils font une longue croisière.
La nourriture à bord était bonne et abondante. Quand nous le rencontrâmes, le sous-marin avait déjà quatre semaines de campagne mais il avait encore du bon pain et du bon beurre, et surtout beaucoup de café.
En Mer du Nord le commandant me promit que si nous croisions un vapeur norvégien faisant route à l’est, il nous transborderait dessus. Mais aucun ne fut rencontré. Il me dit alors : « -Je vais passer aux récifs de Horn. Je pourrai peut-être vous mettre à bord d’un chalutier danois. »
Mais nous ne rencontrâmes qu’un trawler hollandais. Nous l’accostâmes. Il avait à son bord un officier de marine et deux matelots anglais. L’officier fut gardé à bord et les deux matelots furent mis chacun dans une chaloupe avec ordre de regagner l’Angleterre à la rame. Quant au trawler, il fut laissé libre de regagner la Hollande.
Puis, nous croisâmes un chalutier anglais qui fut coulé après avoir été évacué par son équipage.
Enfin, nous entrâmes à Heligoland. L’équipage tout entier, 42 hommes, était aligné sur le pont et quinze d’entre eux, qui constituaient la fanfare du sous-marin, jouaient des airs nationaux allemands alors que nous entrions dans la baie. Le commandant se tenait tout à l’avant et donnait la main à ma petite Solweig. Il avait envoyé un message par TSF annonçant notre arrivée et j’ai constaté qu’il était très populaire. Jamais je n’aurais imaginé qu’il y ait tant d’hommes à Heligoland, tant civils que militaires, alors qu’au début de la guerre, toute la population indigène avait été envoyée sur le continent.
Nous reçûmes un accueil enthousiaste. Ma femme, Solweig et moi-même fûmes installés dans un hôtel d’où nous avions une vue charmante sur Heligoland et la mer et on nous servit un repas remarquable. Nous étions les premiers non-Allemands à venir à Heligoland depuis le déclenchement de la guerre. Après les huit jours passés dans ce terrible sous-marin, notre système nerveux put se calmer.
Plus tard, un contre-torpilleur nous conduisit à Wilhelmshaven et un officier nous accompagna en chemin de fer jusqu’à Hambourg où nous fûmes remis au consulat de Norvège. Nous avons gagné Copenhague en passant par Gjedser. »
Commentaires
Les autorités maritimes françaises s’étonnent que le commandant norvégien ne donne ni le numéro du sous-marin, ni le nom de son commandant.
En revanche, elles sont intéressées par les informations sur Heligoland où, semble-t-il, avant guerre, une partie de la population était composée de sujets britanniques.
En tous cas cet extraordinaire témoignage est fort intéressant et donne une bonne idée de ce que pouvait être la vie à bord de ces sous-marins de la Grande Guerre.
Il montre aussi très bien la stupéfaction d’un officier de la marine à voile, découvrant toute « l’horreur » de la navigation sur des navires à moteur. Il montre aussi le goût bien connu des Allemands pour la belle musique…
Le THOR II
C’était un 4-mâts barque de 2144 tx (donc un grand voilier) construit à Glasgow en 1886 par Russel & Co, armé par Thor Dhal, de Fredriksvoern dans le Sandefjord (fjord d’Oslo). Il revenait de Géorgie du Sud et transportait de l’huile de baleine (un fret de grande valeur) pour Queenstown (Irlande).
Il était commandé par le capitaine Issen Jacobsen.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 45 du KL Eric Sittenfeld. Notons au passage qu’Eric Sittenfeld n’était pas le commandant ayant coulé le LUSITANIA, puisqu’il s’agissait du KL Walther Schwieger sur l’U 20.
Sittenfeld avait en revanche coulé le trois-mâts français LE PILIER le 2 Mai 1916 (voir fiche de ce navire)
Il disparaitra avec son sous-marin le 12 Septembre 1917. Il n’y aura que deux survivants sur 43 hommes d’équipage.
Navires coulés
Le chalutier anglais est de toute évidence l’OSTRICH de 148 tx, effectivement coulé le 10 Février.
Mais, selon U-boat.net, l’U 45 n’a coulé aucun cargo anglais entre le 4 Février et son retour à Heligoland.
Pourtant le récit est particulièrement précis et j’ai du mal imaginer qu’il a été inventé de toutes pièces pour une propagande quelconque qui ne pourrait d’ailleurs guère se justifier de la part du Norvégien. Côté français, on n’identifie aucun des deux navires coulés à cette époque.
Un cargo anglais a-t-il été coulé vers le 6 ou7 Février et attribué à un autre sous-marin ? Il y a là matière à une petite enquête, d’autant plus que l’U 45 étant revenu à bon port son KTB doit exister .
Cdlt
Bien que ce sujet ne concerne pas un navire français, il me paraît assez intéressant pour figurer sur le forum.
THOR II
Le 25 Février 1917, le Ministre Plénipotentiaire de France à Copenhague a fait parvenir à la Direction de la Guerre sous-marine un document relatant le passage dans cette ville d’un officier norvégien, le capitaine Issen Jacobsen, qui vient de passer huit jours à bord d’un sous-marin allemand. Il a été interviewé par le directeur du journal « Politiken ».
Voici le récit communiqué
« Le Dimanche 4 Février, quand je suis monté à la passerelle, je vis quelque chose d’inhabituel. Je pris une longue vue et j’aperçus un sous-marin qui hissa le signal « Stoppez ». Ne soupçonnant pas que ce sous-marin put avoir de mauvais desseins (sic) , je diminuais immédiatement la vitesse de mon bâtiment. Nous étions alors à 80 milles de la côte d’Irlande. Après avoir brassé les cargues de l’avant, nous mîmes une chaloupe à la mer et le second maître alla à la rame vers le sous-marin pour lui montrer le connaissement et le certificat de nationalité. Peu après, il revint vers nous avec la décision du commandant du sous-marin que notre navire devait être coulé. Une demi heure nous était laissée pour quitter le bord. Les chaloupes furent aussitôt mises à la mer et garnies de provisions et de nos instruments.
Après que nous ayons quitté le bord, le sous-marin vint rapidement vers nous. Le commandant était sur le kiosque et demanda qu’on lui remette notre baromètre et nos autres instruments nautiques. Puis ce commandant ( nous apprîmes plus tard que c’était sans doute celui qui avait coulé le LUSITANIA) exigea que ma femme, ma petite fille de trois ans et moi-même embarquions sur le sous-marin. Mon équipage, embarqué dans les deux chaloupes, nous regardait de loin. L’obscurité approchant, je demandai au commandant de rapprocher les deux chaloupes de la côte d’Irlande. Il y consentit, mais auparavant coula le THOR II. Nous avons pleuré en voyant disparaître dans l’eau noire notre vieille demeure sur laquelle nous avions vécu pendant six ans.
Le sous-marin prit les deux chaloupes en remorque et fit route sur la côte d’Irlande. Il ne pouvait aller vite pour la sécurité des hommes dans les chaloupes. Vers minuit, le commandant m’annonça qu’il devait prendre une autre direction et que les chaloupes devaient être abandonnées à elles-mêmes.
Je dis à mes hommes :
-« C’est fini pour le remorquage. Dirigez-vous vers le SE et vous atteindrez la côte d’Irlande. Je vous souhaite bon courage ».
Ma femme et moi étions fort émus de nous séparer de nos braves matelots. Personne ne pouvait savoir ce qu’ils allaient devenir. Plus tard, au consulat de Hambourg, nous reçûmes un télégramme disant qu’ils étaient heureusement arrivés à terre. Ils avaient ramé sur une distance de 30 milles danois.
A 01h00 du matin, le commandant fit route au sud. Nous pûmes nous reposer après cette journée mouvementée. On nous avait donné la cabine du premier officier, mais nous étions trois et avions très peu de place. On était mal à l’aise. Le bruit de la machine et la trépidation incessante étaient choses nouvelles pour nous. L’atmosphère était horrible.
Un sous-marin n’est qu’une grande machine avec une masse de rouages s’engrenant les uns dans les autres. C’est un martelage et un ronflement continuel, de l’avant à l’arrière. Il ne peut être question de bien dormir.
A bord du sous-marin, il y avait un gramophone pour distraire l’équipage quand nous étions tranquilles sous l’eau. Parmi les disques, il y avait un morceau de Grieg : le chant de Solweig dans Peer Gynt. Et chaque matin, à 09h00 précise, on réveillait notre petite Solweig au son de cet air. C’était doublement mélancolique, vu les circonstances.
Deux jours plus tard (nota : donc le 6 ou le 7 Février) nous assistâmes à un événement terrible. Un grand vapeur anglais faisait route vers la Manche, venant de l’ouest. Le sous-marin lui intima l’ordre de s’arrêter et à l’équipage de l’évacuer. Comme il n’obtempérait pas immédiatement, plusieurs coups furent tirés. Il s’arrêta alors et l’équipage descendit dans les chaloupes. Le sous-marin recommença alors à tirer lorsque nous vîmes venir à nous un destroyer anglais, à force de vapeur. Le commandant se prépara alors à plonger, mais lança auparavant une torpille qui atteignit son but. L’explosion fut si violente que le pont du sous-marin se fissura et nous fûmes tous projetés à terre. Nous crûmes notre dernière heure arrivée. En fait, le cargo était chargé de munitions pour la France et toute la mer fut soulevée par la déflagration quand il coula. Nous ne pouvons dire ce qu’il advint aux chaloupes, car nous plongeâmes aussitôt. Quelques instants plus tard, nous entendîmes le destroyer passer au dessus de nous, heureusement trop tard. Ce fut une chance que, suite à cette terrible secousse, le sous-marin ne fit pas eau. Mais l’un des moteurs était endommagé et il avait perdu de sa mobilité. Après un court conciliabule, les officiers décidèrent qu’il fallait regagner un port pour réparer. Au premier moment favorable, le sous-marin fit surface et navigua alors à ciel ouvert le long de la côte d’Irlande, puis au nord des Shetland. Dans ces parages, les mécaniciens réussirent à remettre en route le moteur endommagé, par leurs propres moyens.
C’étaient pour nous des moments de tension terrible que de vivre dans ce sous-marin, car il y avait beaucoup de torpilleurs anglais. Mais le commandant avait une grande expérience dans la conduite de son sous-marin et nous leur échappâmes.
En plongée, quand un seul moteur était en route, l’air était oppressant et la chaleur suffocante. Quand on remontait en surface, on avait l’impression de passer d’un four de boulanger à une maison de glace. C’étaient des changements de température que seuls les hommes de mer peuvent supporter. Bref, c’est une vie terrible, inhumaine, que les sous-mariniers doivent supporter quand ils font une longue croisière.
La nourriture à bord était bonne et abondante. Quand nous le rencontrâmes, le sous-marin avait déjà quatre semaines de campagne mais il avait encore du bon pain et du bon beurre, et surtout beaucoup de café.
En Mer du Nord le commandant me promit que si nous croisions un vapeur norvégien faisant route à l’est, il nous transborderait dessus. Mais aucun ne fut rencontré. Il me dit alors : « -Je vais passer aux récifs de Horn. Je pourrai peut-être vous mettre à bord d’un chalutier danois. »
Mais nous ne rencontrâmes qu’un trawler hollandais. Nous l’accostâmes. Il avait à son bord un officier de marine et deux matelots anglais. L’officier fut gardé à bord et les deux matelots furent mis chacun dans une chaloupe avec ordre de regagner l’Angleterre à la rame. Quant au trawler, il fut laissé libre de regagner la Hollande.
Puis, nous croisâmes un chalutier anglais qui fut coulé après avoir été évacué par son équipage.
Enfin, nous entrâmes à Heligoland. L’équipage tout entier, 42 hommes, était aligné sur le pont et quinze d’entre eux, qui constituaient la fanfare du sous-marin, jouaient des airs nationaux allemands alors que nous entrions dans la baie. Le commandant se tenait tout à l’avant et donnait la main à ma petite Solweig. Il avait envoyé un message par TSF annonçant notre arrivée et j’ai constaté qu’il était très populaire. Jamais je n’aurais imaginé qu’il y ait tant d’hommes à Heligoland, tant civils que militaires, alors qu’au début de la guerre, toute la population indigène avait été envoyée sur le continent.
Nous reçûmes un accueil enthousiaste. Ma femme, Solweig et moi-même fûmes installés dans un hôtel d’où nous avions une vue charmante sur Heligoland et la mer et on nous servit un repas remarquable. Nous étions les premiers non-Allemands à venir à Heligoland depuis le déclenchement de la guerre. Après les huit jours passés dans ce terrible sous-marin, notre système nerveux put se calmer.
Plus tard, un contre-torpilleur nous conduisit à Wilhelmshaven et un officier nous accompagna en chemin de fer jusqu’à Hambourg où nous fûmes remis au consulat de Norvège. Nous avons gagné Copenhague en passant par Gjedser. »
Commentaires
Les autorités maritimes françaises s’étonnent que le commandant norvégien ne donne ni le numéro du sous-marin, ni le nom de son commandant.
En revanche, elles sont intéressées par les informations sur Heligoland où, semble-t-il, avant guerre, une partie de la population était composée de sujets britanniques.
En tous cas cet extraordinaire témoignage est fort intéressant et donne une bonne idée de ce que pouvait être la vie à bord de ces sous-marins de la Grande Guerre.
Il montre aussi très bien la stupéfaction d’un officier de la marine à voile, découvrant toute « l’horreur » de la navigation sur des navires à moteur. Il montre aussi le goût bien connu des Allemands pour la belle musique…
Le THOR II
C’était un 4-mâts barque de 2144 tx (donc un grand voilier) construit à Glasgow en 1886 par Russel & Co, armé par Thor Dhal, de Fredriksvoern dans le Sandefjord (fjord d’Oslo). Il revenait de Géorgie du Sud et transportait de l’huile de baleine (un fret de grande valeur) pour Queenstown (Irlande).
Il était commandé par le capitaine Issen Jacobsen.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 45 du KL Eric Sittenfeld. Notons au passage qu’Eric Sittenfeld n’était pas le commandant ayant coulé le LUSITANIA, puisqu’il s’agissait du KL Walther Schwieger sur l’U 20.
Sittenfeld avait en revanche coulé le trois-mâts français LE PILIER le 2 Mai 1916 (voir fiche de ce navire)
Il disparaitra avec son sous-marin le 12 Septembre 1917. Il n’y aura que deux survivants sur 43 hommes d’équipage.
Navires coulés
Le chalutier anglais est de toute évidence l’OSTRICH de 148 tx, effectivement coulé le 10 Février.
Mais, selon U-boat.net, l’U 45 n’a coulé aucun cargo anglais entre le 4 Février et son retour à Heligoland.
Pourtant le récit est particulièrement précis et j’ai du mal imaginer qu’il a été inventé de toutes pièces pour une propagande quelconque qui ne pourrait d’ailleurs guère se justifier de la part du Norvégien. Côté français, on n’identifie aucun des deux navires coulés à cette époque.
Un cargo anglais a-t-il été coulé vers le 6 ou7 Février et attribué à un autre sous-marin ? Il y a là matière à une petite enquête, d’autant plus que l’U 45 étant revenu à bon port son KTB doit exister .
Cdlt