VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Rutilius
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VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Au nombre des rescapés


— CHARANCE Eugène, supposé né le 12 novembre 1891 à Mustapha — aujourd’hui Sidi M’Hamed, quartier d’Alger (Algérie) ; décédé après 1943. Matelot, inscrit au quartier d’Alger, n° 173. Classe 1911, n° 1.623 au recrutement d’Alger.

• Né de père et de mère inconnus. Enfant trouvé le 14 novembre 1891 près de l’hôpital de Mustapha, paraissant âgé de deux jours. Après avoir été baptisé dans la chapelle de l’hôpital, a reçu les nom et prénom de CHARANCE Eugène — Selon procès-verbal établi à Mustapha, le 14 novembre 1891, transcrit sur le registre des actes de naissance de cette commune le 23 du même mois (Registre des actes de naissance de la commune de Mustapha, Année 1891, f° 211, acte n° 831).

• Époux de Rosa DEVESA, née le 11 février 1892 à Tefeschoun — aujourd’hui Khemisti (Algérie), avec laquelle il avait contracté mariage dans cette commune, le 23 avril 1927 (Ibid.).

[En Avril 1920, cuisinier à bord du brick-goélette Francesca-Madré.]


— BLIGNY Noël Jean-Baptiste, né le 25 décembre 1879 à Douéra — aujourd’hui quartier d’Alger (Algérie). Matelot, inscrit au quartier maritime d’Alger, n° 1.432. Classe 1900, ayant été omis de la classe 1899, n° 2.380 au recrutement d’Alger.

• Fils naturel de Joséphine Françoise BLIGNY, née le 10 juin 1860 à Boufarik (Algérie) (Registre des actes de naissance de la commune de Boufarik, Année 1860, f° 17, acte n° 59) et décédée le 2 décembre 1911 à El Biar (– d° –) (Registre des actes de décès de la commune d’El Biar, Année 1911, suppl. f° 5, acte n° 193).

Fille de Jean BLIGNY, né le 6 mai 1814 à Montesson (Haute-Marne), cultivateur, et de Joséphine CRESSOT, née le 27 décembre 1827 à Pierrefaite (– d° –), sans profession ; époux ayant contracté mariage dans cette commune, le 13 novembre 1848 (Registre des actes de mariage de la commune de Pierrefaite, Année 1848, f° 3, acte n° 4).

• Époux de Dolorès MAS, née le 17 novembre 1885 à Alger (Registre des actes de naissance de la ville d’Alger, Année 1885, f° 180, acte n° 1.826), avec laquelle il avait contracté mariage dans cette ville, le 30 mars 1922 (Ibid — Mention marginale).

Fille de François Joseph MAS, né le 22 octobre 1858 à Palma de Majorque (Îles Baléares, Espagne), cor-donnier, et de Jeanne Marie PIRIS, née le 15 mai 1861 à El Biar, « ménagère » ; époux ayant contracté mariage dans cette commune, le 27 décembre 1884 (Registre des actes de mariage de la ville d’Alger, Année 1884, f° 206, acte n° 505).
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
iroise47
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par iroise47 »

Bonjour à tous

Afin de rédiger une biographie de Paul Julien Urbain Boyer, disparu dans l'attaque du Vulcanus, je cherche toutes informations que l'on serait susceptible de me communiquer, en particulier à propos de la date de son départ en Algérie. La compagnie Schiaffino avait-elle un comptoir à Marseille ? Les engagements étaient-ils nombreux ?
Et si par hasard quelqu'un sait quelque chose sur la carrière algérienne de Paul Boyer, sur ce qu'était la vie des métropolitains engagés au sein de la compagnie Schiaffino
Par ailleurs, s'il existe une photo de l'équipage du Vulcanus, j'aimerais bien en avoir connaissance, car je ne dispose d'aucune photo de Paul Boyer, non plus que sa famille.

Merci de toutes les informations, autres que celles qui figurent déjà sur la page Vulcanus, que vous pourriez me communiquer.
Bonne journée
Denise Bourven
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markab
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par markab »

Bonjour,

Un lien vers le site du naufrage (en anglais) :

https://www.wrecksite.eu/wreck.aspx?132058
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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markab
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par markab »

Bonjour

Et voici 2 vues du VULCANUS (actuellement sur internet) mais je n'ai pas pu vérifier si cela correspondait au navire recherché :

VULCANUS
VULCANUS
VULCANUS 2.jpg (90 Kio) Consulté 802 fois
VULCANUS
VULCANUS
VULCANUS 1.jpg (97.59 Kio) Consulté 802 fois

La photo en noir et blanc a ma préférence (le dessin représente un navire hollandais)

Mais vu le nombre de navire dénommé VULCANUS à cette époque, je reste très prudent.

VULCANUS
VULCANUS
VULCANUS 3.jpg (144.97 Kio) Consulté 802 fois
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
iroise47
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par iroise47 »

Merci pour le partage des photos et les informations fournies.
Une autre question : Paul Julien Urbain Boyer, officier mécanicien, avait 55 ans au moment des faits, et 'n'avait apparemment pas eu d'embarquement depuis 1911.
Je ne sais pas s'il était en retraite, mais il ne naviguait plus.
Pouvait-il avoir été réquisitionné, ou, à tout le moins, sollicité, parce que les hommes plus jeunes, mobilisés, n'étaient pas disponibles ?
Merci et bonne soirée
Denise Bourven
Rutilius
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VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par Rutilius »

Bonjour,

Paul Julien Urbain BOYER, chef mécanicien du cargo Vulcanus, était définitivement libéré du service militaire depuis le 22 mars 1906 (État signalétique et des services).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
iroise47
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par iroise47 »

Bonjour à vous

En fait, Paul Boyer était hors de service à cette époque, et a continué à naviguer, sa pension n'étant peut-être pas considérée comme suffisante. Le "Vulcanus" a été militarisé, et Paul Boyer est resté chef mécanicien.
DB
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francois-alexandre
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par francois-alexandre »

Mousse sur le VULCANUS, cargo dont le Capitaine sauva mon grand-père orphelin de la maltraitance et lui permit de devenir marin engagé volontaire dès ses 15 ans à la veille de la Grande Guerre.

Il quitta Bab-el-Oued et s'embarqua.png
Il quitta Bab-el-Oued et s'embarqua.png (328.23 Kio) Consulté 412 fois

Mon grand-père François Alexandre RAVIS fut recueilli comme mousse sur ce cargo en 1913. Tout au début de 1913, très certainement en janvier, il profita d'une course vers Alger et fugua jusqu'au port depuis l'immeuble de son oncle, un ex-fils de charretier de primo-colon valaisan devenu conducteur de "voitures publiques à cheval" (diligences Alger-Blida dans l'algérois) installé au 2 place Lelièvre à la Cité BUGEAUD de Bab-el-Oued et qui avait dépouillé son propre père et son frère cadet en 1891 de l'entreprise familiale, mettant le premier à l'asile et laissant mourir le second dans la misère fin janvier 1898 en plein hiver dix jours après la naissance de son dernier fils François-Alexandre pendant les manifestations anti-dreyfusardes d'Alger. Cet orphelin de père ayant ensuite perdu sa sœur du typhus en 1903 puis sa mère en 1910, l'assistance publique d'Alger avait aussitôt imposé l'adoption du jeune écolier orphelin de 12 ans à son oncle autocrate fortuné qui avait tenté de refuser et qui depuis trois ans maltraitait son neveu qui n'en pouvant plus choisit de s'enfuir le plus loin possible de ce foyer et jusqu'au port d'Alger avec le secret espoir d'y être secouru. Parmi les adolescents qui s'y trouvaient https://www.geneanet.org/media/public/a ... r-22115383, il fit la rencontre du mousse du cargo S.S VULCANUS de la Cie. SCHIAFFINO & JOUVET à l'embarcadère des cargos de cette compagnie. Ce cargo récemment racheté et rattaché depuis le 15 juin 1912 à Alger était de retour de Bougie et déchargeait à ses entrepôts depuis le 30 décembre 1912 la cargaison de liège qu'il en avait ramené. Le mousse étant de l'âge de mon grand-père, ils sympathisèrent. François Alexandre qui en avait gros sur le cœur s'épancha et lui conta ses déboires familiaux. Son oncle et sa tante l'avaient déscolarisé, en avaient fait leur garçon d'écurie et le faisaient coucher dans la remise du linge sale, près de l'écurie des mules de leur diligence. Ils le stigmatisait et le méprisait. Le mousse dégourdi du cargo S.S VULCANUS, par compassion ou révolté, se prit de sympathie pour le jeune François Alexandre. Il l'invita à rester manger à bord du cargo et lui proposa de le présenter à son Capitaine. Ce dernier, s'il fut bien le même qu'en 1917 aux commandes du VULCANUS, n'était autre qu'Antoine Marie NAVAROLI (http://monumentmort.corse.free.fr/fotol7e.php?aki=7473), Capitaine au long-cours, inscrit à Bastia au n° 220 originaire du village de Rogliano, où il était né en 1868, fils d’Étienne NAVAROLI et de Marie Angélique VIVAL, un homme valeureux qui, hélas, disparut précocement en mer le 3 juin 1917 à 48 ans lorsque le S.S VULCANUS fut torpillé par le U-boat allemand U-47 du KL Heinrich METZGER. http://www.histomar.net/GSM/images/vulc5.jpg Son patronyme NAVAROLI figure sur le M.A.M. de Rogliano et dans le Bulletin paroissial 1918, Année 12, N°142, de ce village.

Le Capitaine au long cours NAVAROLI du S.S VULCANUS qui tira mon grand-père de sa misère était un bien brave homme autant qu'un homme brave qui perdit la vie pour avoir voulu tenter de sortir ses mécaniciens de la salle des machines de son cargo éventré en 1917. Après avoir attentivement écouté le récit de son mousse et celui de François Alexandre, il décida sans tarder de porter secours à cet orphelin en demandant à son oncle Joseph François RAVIS, d'accepter d'émanciper son neveu pour lui permettre de le recruter comme second mousse au sein de l' équipage du VULCANUS. La situation de cet adolescent pauvre mais non marginalisé se prêtait sans doute aux besoins de main-d'œuvre fiable du Capitaine pour son cargo, en totale similitude avec le début du film "Les Mutins du Yorick" de 1959 de Georg TRESSLER sorti en 1962 décrivant la précarité des soutiers clandestins des cargos contrebandiers d'Algérie. L'oncle Joseph François, aussi affairiste qu'il l'était devenu dès 1891, ne se souciant avant tout que de ses intérêts tel le père THENARDIER dans Les Misérables de Victor HUGO, fut trop heureux de pouvoir se débarrasser de ce neveu revêche à ses sévices qui lui rapportait, selon lui, moins qu'il lui coûtait à le nourrir et vêtir, aussi accepta t-il bien vite, se frottant les mains, l'offre inespérée du Capitaine Cap-Corsin du cargo au cabotage en escale à Alger.

Ainsi sauvé de sa maltraitance et émancipé par la bonté de son Capitaine comme Cosette par Jean VALJEAN dans le fameux roman, François Alexandre devint en six mois pupille de la Marine Marchande de l’État à Alger et un futur marin en début de formation sur le tas, et comme promis, se vit engagé comme mousse au sein de l’équipage du cargo S.S VULCANUS de la Cie. SCHIAFFINO & JOUVET sur lequel il embarqua sans baluchon en juillet 1913. Il put alors quitter son dur foyer adoptif négligeant et maltraitant du 2 rue de Séville (place Lelièvre) avec peu de regret mais beaucoup d'amertume car l'oncle qui l'avait déscolarisé habitait juste en face de son école publique Lelièvre où il avait vu durant trois ans ses anciens camarades d'enfance étudier pendant que lui fut forcé de bouchonner et cureter le crottin des mules de son oncle dans son écurie du 13 rue des Moulins. François Alexandre s'embarqua le 17 juillet 1913 https://www.geneanet.org/media/public/a ... d-22274977, dès que l'administration le lui permit, posant son sac sur le gros cargo VULCANUS qui repartit vers Bône pour y prendre un chargement de phosphate et de liège, emmenant à son bord François Alexandre https://www.geneanet.org/media/public/e ... e-12053032. A bord, il eut à laver les ponts, les soutes, les coursives et faire les corvées parmi les matelots mais il dormait au propre. Ce n'était pas la panacée, mais il était respecté et "nourri-logé-blanchi" au soin de la Marine et ne subissait plus le mépris de son oncle. Il travaillait dans la bienveillance des matelots d'un équipage qui devint désormais sa famille et qui le fit plus tard gagner Marseille où il fut adopté par une autre famille de marins corses, celle de son beau-père, au sein de laquelle il créa la sienne. L'assistance portée par le Capitaine NAVAROLI à la révolte de mon grand-père qui n'acceptait plus sa famille maltraitante fut déterminante en permettant à cet orphelin de se construire un avenir loin du foyer où il avait été méprisé et exploité. Du fait de son jeune âge lors de son embarquement sur le VULCANUS en 1913, il fut certainement en 1985 l'un des derniers survivant des anciens membres d'équipage de ce cargo.

En juillet 1913, c'était la première fois de sa vie qu'il naviguait et allait quitter Alger et le quartier de son d'enfance, la Basetta des pieds-noirs espagnols de la Cité BUGEAUD à Bab-el-Oued. Il se senti et se sut certainement déraciné mais il venait de retrouver une vraie famille parmi les adolescents émancipés qu'étaient les mousses des équipages d'Alger, des garçons qui se devaient d'être plus vifs, dégourdis, résistants, et endurcis que les durs enfants miséreux des rues affamés, moins chanceux qu'eux-mêmes, auxquels ils se retrouvaient confrontés sur les quais de leurs escales.

Du 18 juillet au 05 août 1913 puis du 06 août au 09 septembre 1913, sur la ligne Alger-Bône-Alger, François-Alexandre fut annoté "mousse débutant", du cargo S.S.VULCANUS naviguant au cabotage (n° d’armement 336). Il commença de successifs cabotages estivaux entre les ports d'Algérie et de Tunisie, après quoi, la marine marchande, via la Cie. Générale Transatlantique, lui offrit l'opportunité d'une meilleure place qui permit à François Alexandre de quitter, pour un temps, le cargo de son Capitaine Cap-Corsin bienfaiteur, mais il le retrouva à nouveau avant 1917, et Antoine Marie NAVAROLI le repris encore une fois à son bord. Il n'avait pas eu à se plaindre de ce garçon qu'il avait manifestement prit en grande sympathie. Celles ou ceux qui ont connu la bonté et totale probité de François-Alexandre ne s'en étonneront pas. (Sources : Livrets maritimes de François Alexandre RAVIS + son récit oral dont 2 enregistrements audio en 1971 et 1975.)



On retrouve la description du cargo S.S VULCANUS en 1912 dans un entrefilet d'un quotidien d'Alger: "Le Vulcanus a 75 mètres de long et sa portée est de 2.500 tonnes. Il est arrivé d'Espagne avec 2.100 tonnes de pyrite qu'il vient d'achever de débarquer. Après son passage au bassin pour la visite de sa coque, il sera affecté plus particulièrement au transport des phosphates entre Tunis, Bône, Alger et Oran. C'est le plus fort des 12 navires que compte la Compagnie de navigation côtière algérienne". Source : Le Sémaphore algérien du 14 mai 1912. En 1915, le vieux cargo transportait en effet 2500 tonnes de phosphates entre les ports d'Algérie et Tunis (Source : publicité retrouvée, parue dans "Le Sémaphore algérien" du 1er janvier 1915). L'image de cette publicité figure à la page 1 de ce sujet.

Il y eut aussi, semble-t-il, un second S.S VULCANUS de la même Cie. SCHIAFFINO & JOUVET, affrété juste un peu plus tard à la veille de la guerre, et qui succéda au premier, avec un tonnage plus faible de 1500 tonnes mais ce n'est pas celui de cette page ni celui qui recueillit François Alexandre.

Bien que d'un plus gros tonnage, le cargo VULCANUS de 1912 de 2500 tonnes ressemblait certainement au cargos SCHIAFFINO de la CNM donc il devrait ressembler à l'image de composition reconstituée ci-dessous à partir du cargo BORÉE qui ressemble à l'image la plus fiable l'identifiant https://www.geneanet.org/media/public/l ... o-19601824 donnée par Yves DUFEIL sur la page racontant le torpillage du VULCANUS https://www.histomar.net/GSM/htm/vulcan.htm et qui ressemble aussi à celle de la couverture de son livre poignant et déchirant en ligne décrivant le terrible naufrage de ce cargo au lien donné par Marc https://www.calameo.com/read/000802552266d5215b6f2

Le Cargo VULCANUS Cie SCHIAFFINO & JOUVET Bougie-Bône-Alger en 1912.jpg
Le Cargo VULCANUS Cie SCHIAFFINO & JOUVET Bougie-Bône-Alger en 1912.jpg (484.18 Kio) Consulté 416 fois

Plus tard, le 13 septembre 1913, mon grand-père embarqua au port d’Alger comme mousse de carré à bord du S.S VILLE DE TUNIS, premier du nom, (n°d’armement 745, port d’attache : Marseille) https://www.geneanet.org/media/public/c ... s-23487050. En 1914 et 1915, trop jeune, il n'était pas encore mobilisable, mais il tenait à naviguer et n'avait d'ailleurs pas d'autre choix pour continuer à être gardé au sein de la marine marchande. Il se porta donc engagé volontaire dès le début du conflit, en 1914. Il ne fut ni soldat d'infanterie dans les tranchées ni appelé dans la marine de guerre, mais voulut se retrouver sur le front et "participer", alors il fut successivement embarqué comme novice de passerelle, soutier, puis chauffeur et participa à divers transport de troupes, d'armes et de ravitaillement sur le front des Dardanelles, depuis Sète (dénommé alors encore "Cette") puis au Havre, à Rouen, et enfin à Marseille. Il s'embarqua sur les lignes d'avitaillement-ravitaillement de guerre qu’assurèrent de 1915 à 1918 ces cargos réquisitionnés des ports du Nord ou de la Méditerranée qui en convois escortés de croiseurs, transportèrent des troupes, armes, munitions, et soins infirmiers sur le front de guerre des Balkans dans la Campagne de Serbie en Macédoine via le détroit des Dardanelles, passage maritime qui donna son nom à ce front de guerre. De 1915 à fin 1917 voire jusqu'à l'armistice de 1918 il travailla aux rues de chauffe des machines et apprit son métier dans le stress des tirs d'obus ou de torpilles des sous-marins U-Boot de l'ennemi allemand. Il subit deux violents assauts fatals à ses derniers cargos mais en sortit indemne.

Il aurait dû être une adolescent dans sa famille à Alger avant ses 18 ans, mais comme orphelin qui n'en avait plus, il ne pu que naviguer sans cesse en apprentissage pour se former et être gardé à bord. La Marine Marchande était devenue sa famille d'adoption. Il ne fit donc jamais ses "classes" militaires et ne fut pas plus appelé plus tard à les faire du fait de sa participation volontaire au ravitaillement de la Grande Guerre. Son dossier militaire algérois de 1913 https://www.geneanet.org/media/public/f ... es-9719604 est ainsi resté vierge de tout émargement d'affectation, non parce qu'il était déjà domicilié à Marseille en 1914, ni parce que son dossier était resté à Alger, mais simplement parce qu'avant 1916 il n'avait pas atteint l'âge pour être mobilisé et être appelé à combattre sur le front, un dossier resté vierge qui malgré sa blessure reçue en 1917 rendit certainement sa légitime demande d'obtention de la pension et Croix du Combattant engagé volontaire très longue à obtenir lors de sa retraite.

Embarquements de François-Alexandre RAVIS entre 1914 et 1918 :


Image

On voit que le 24 janvier 1915 il embarqua à Cette (Sète) comme novice de passerelle sur le chalutier S.S. EUGÉNIE qui fut plus tard, le 18 mars 1916, réquisitionné comme patrouilleur auxiliaire viewtopic.php?p=567139 et dont on ne retrouve, hélas, aucune photographie. Le 20 février 1915 il fut engagé au port du Havre comme novice à la chauffe sur la HAVRAISE viewtopic.php?p=534856, le 17 novembre 1915 il fut promu chauffeur et embarqua à Rouen, semble t-il, sur le S.S. JACQUES FRAISSINET viewtopic.php?p=351219, puis le 18 mai 1916 il arriva à Marseille au bassin de la Joliette où il fut pris "clandestinement" comme soutier sur le S.S LANGUEDOC de la S.G.T.M. viewtopic.php?t=44556 en dépit de son jeune âge, peut-être pour faire face à un désistement de dernière minute (deux jours avant que le ce malheureux cargo ne soit poursuivi-touché par des obus-arraisonné-et finalement dynamité). Une semaine après en avoir réchappé, il fut engagé comme soutier le 29 mai 1916, à Marseille-Joliette sur le cargo S.S MOSSOUL des Messageries Maritimes https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?p=573105 avant d'y être blessé au crâne d'un éclat de la torpille qui coula le cargo et fut recueilli-ramené à Marseille. Par chance il sortit de la Grande Guerre rescapé après ces deux derniers funestes embarquement.

Ci-dessous, deux rares images de 1892 retrouvées du quai d'attache de la Cie SCHIAFFINO et JOUVET (écrit JOBEZ ???) à l'Est du port d'Alger ou le cargo VULCANUS débuta ses cabotages fin 1912. C'est sur l'un de ces deux quais que François-Alexandre rencontra le mousse du VULCANUS et s'embarqua en juillet 1913. A cette date, ces pontons devaient encore avoir peu changé :

Le quai SCHIAFFINO & JOBEZ des lignes côtières (et non JOUVET), les docks du VULCANUS de 1913 (photo de 1892).jpg
Le quai SCHIAFFINO & JOBEZ des lignes côtières (et non JOUVET), les docks du VULCANUS de 1913 (photo de 1892).jpg (97.85 Kio) Consulté 416 fois
Le quai SCHIAFFINO & JOBEZ des lignes côtières (et non JOUVET) du VULCANUS de 1913 (photo de 1892).jpg
Le quai SCHIAFFINO & JOBEZ des lignes côtières (et non JOUVET) du VULCANUS de 1913 (photo de 1892).jpg (88.14 Kio) Consulté 416 fois
Dernière modification par francois-alexandre le mer. mars 01, 2023 5:59 am, modifié 18 fois.
Intégrale de la vie de François Alexandre https://gw.geneanet.org/bartle13?lang=f ... ravis&oc=0 Amitié aux marins et leurs proches rappelant la vie de ceux qui trimèrent/laissèrent la peau dans les guerres impérialistes
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francois-alexandre
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par francois-alexandre »

Photo du regretté Capitaine au long cours du VULCANUS Antoine Marie NAVAROLI Merci à Marc d'avoir corrigé cette grossière erreur :oops: , le KLT Heinrich METZGER arborant un visage d'ange presque aussi franc que celui de Jean MOULIN, j'avais cru avec empressement que c'était le Capitane NAVAROLLI mais "l'habit ne fait pas le moine"... car c'était la photo de l'homme qui lui a ôté la vie.

Ici la photo du KLT Heinrich METZGER commandant l'U-boot U47 qui torpilla le VULCANUS.

Le KLT Heinrich METZGER commandant l'U-boot U47 qui torpilla le VULCANUS le 2 juin 1917.jpeg
Le KLT Heinrich METZGER commandant l'U-boot U47 qui torpilla le VULCANUS le 2 juin 1917.jpeg (91.24 Kio) Consulté 351 fois

Antoine Marie NAVAROLI était originaire de Rogliano, le village voisin de celui de Morsiglia où François-Alexandre vécut sa vie de retraité de la marine marchande avec sa femme Cap-Corsine Catherine GIORDANI, fille de son chef d'équipe Toussaint, le premier chauffeur du cargo MOSSOUL entre 1915 et 1917 et j'espère que je trouverai un jour portrait de cet homme formidable né en 1868. Il m'est émouvant de savoir que le jeune adolescent que le Capitaine NAVAROLLI avait extrait de sa maltraitance a fini ses jours au pays où son bienfaiteur n'a hélas, lui, jamais pu revenir.

A défaut de ne pouvoir déposer ici une photographie du Capitaine Cap-Corsin Antoine Marie NAVAROLI disparu au large du Cap Spartivento Calabro, en 1917 sur son cargo, et dans l'attente de trouver un portrait de ce très brave homme, s'il existe en Corse, à Rogliano ,ou dans les archives maritimes de Toulon, ce qui pourrait être possible vu son grade, je joins là la photographie fournie par Yves DUFEIL de son matelot corse-algérois rescapé de 29 ans Joseph Pierre SANGUINETTI qui aurait pu être lui aussi de Rogliano (nom d'un A. SANGUINETTI sur le M.A.M. de Rogliano) avec son acte de décès. Il étais de Ténès (Orléansville) et décéda le 21 août 1930 à Mustapha (donc probablement à l'hospice des vieillards) comme nous le confirme l'arbre généalogique de Michelle SANGUINETTI à la page https://gw.geneanet.org/msanguinetti?n= ... eph+pierre bien qu'il ait eu plusieurs homonymes marins au Cap-Corse notamment à Brando où Erbalunga d'où étaient aussi originaires son père ainsi que ses grand-père et arrière-grand-père paternels, ce dernier né à Erbalunga en 1777 de parents génois venus s'y installer depuis Chiavari avec leur famille et cousins, et tous ces hommes étaient marins de père en fils, bien sûr, beaucoup dans la Royale. On trouve même des Capitaines au long cours et des Maîtres d'équipage parmi les nombreux SANGUINETTI Cap-Corsins dont certains morts dans la Grande Guerre. Notre matelot du VULCANUS eut même un homonyme bastiais de sa génération dont le fils, Antoine SANGUINETTI https://gw.geneanet.org/mtritschler?lan ... anguinetti, https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en ... &p=antoine, né seulement trois semaines avant le jour où coula le VULCANUS : le farouche résistant des FFL devenu le célèbre Vice-Amiral d'escadre et pacifiste-antifasciste engagé dit "Tony Carabine".

Le détail de son avis de décès joint ci-dessous et le nom de son fils recoupé avec la page généalogique https://gw.geneanet.org/gdvidal?n=sangu ... =&p=joseph nous apprennent que le matelot Joseph Pierre SANGUINETTI du VULCANUS c'était marié peu avant le torpillage de son cargo, le 5 avril 1917 avec Vincente PONS, une espagnole originaire de Minorque née au à Rovigo (actuelle ville de Bougara) près d'Alger avec qui il avait déjà deux enfants : Toussaint et Lydia, et que sa famille et lui habitaient place Général DESAIX au faubourg Bab-el-Oued d'Alger, à 100 mètres de là où était né et avait vécu mon grand-père au 1 rue Phalsbourg/13 rue des Moulins, en face de la grande minoterie. Cela révèle que Joseph Antoine SANGUINETTI avait trois points communs avec ce mousse François-Alexandre de 1913 du VULCANUS : ils furent marins sur le même navire, vécurent tous deux à la Basetta de Bab-el-Oued dans la même communauté des premiers pieds-noirs espagnols d'Alger (Vicente, la femme espagnole de Joseph Pierre SANGUINETTI avait même le même patronyme PONS que la grand-mère maternelle de François Alexandre) et Joseph Pierre est sans doute mort à Mustapha à l'hospice des vieillards frappés de sénilité où décéda aussi 36 ans avant lui, en 1894, Joseph François RAVIS grand-père Valaisan de François Alexandre (le charretier du 13 rue des Moulins à la Basetta de la Cité BUGEAUD spolié par son fils-aîné en 1891, petit-fils de l'assassin guillotiné le 19 mai 1853 place Bab-el-Oued).


Joseph SANGUINETTI, alerte matelot corse rescapé in-extremis le 2 juin 1917 du VULCANUS torpillé et son faire-part de décès en 1930.png
Joseph SANGUINETTI, alerte matelot corse rescapé in-extremis le 2 juin 1917 du VULCANUS torpillé et son faire-part de décès en 1930.png (1.08 Mio) Consulté 284 fois


Les marins Cap-Corsins étaient souvent voisins à Marseille, à Alger, ou au Cap-Corse, et coéquipiers dans leur travail à bord. La plupart d'entre-eux se connaissaient, s'entraidaient, et leurs familles se mariaient souvent entres-elles. L'aide et l'adoption du jeune orphelin en 1913 par le capitaine du VULCANUS, puis en 1925 par sa famille Cap-Corsine et la proximité géographique de cette famille avec celle des Cap-Corsins du cargo n'est donc pas exceptionnelle, elle était dans l'ordre des choses. En 1914, voir déjà un siècle avant, les liens socio-professionnels et amicaux d'un marin Cap-Corsin dépassaient la sphère de sa seule compagnie de navigation et de son port d'attache. Ainsi, un marin marseillais ou algérois pouvait avoir des proches marins Cap-Corsins, amis, voisins, ou parents, embarqués sur des cargos d'autres compagnies (M.M, SGTM, Transat, CNM,...) réquisitionnés eux-aussi dans la Grande Guerre et navigant entre Marseille et Alger, Sète, Port-Vendres, ou Tunis, voire au-delà en Orient.

Merci à Yves DUFEIL pour ces deux photographies issus de sa page d'histoire du torpillage du VULCANUS https://www.histomar.net/GSM/htm/vulcan.htm.

Merci aussi à Marc pour m'avoir indiqué le livre d'Yves DUFEIL sur la fin du VULCANUS consultable à l'adresse https://www.calameo.com/read/000802552266d5215b6f2 qui m'affecte profondément en y lisant avec une grande tristesse le terrifiant récit du naufrage et les conditions dans lesquelles disparut violement le Capitaine NAVAROLI de Rogliano en tentant héroïquement de sauver ses chauffeurs et mécaniciens, lui qui avait su tendre la main à mon grand-père révolté pour qu'il réchappe de sa misère affective en 1913.

R.I.P. Antoine Marie NAVAROLI

De retour dans son "paese" nous lui aurions dit "a ringraziatti !" mais cela est impossible car il n'est plus de ce monde et n'y reviendra plus. Cela peut sembler ridicule, mais il est bien difficile de se défaire d'une dette familiale bien réelle envers un homme que l'on ne peux plus remercier d'avoir aidé son grand-père, et dont tous les parents ou descendants ont tous, eux aussi, disparus depuis un demi siècle, surtout quand la vie nous a montré combien les êtres témoignant ce comportement sont rare. Il y a des instants comme ça où l'on voudrait pouvoir croire qu'il existe bien un Paradis ou une machine à remonter le temps qui permettrait de pouvoir aller saluer et remercier quelqu'un de valeureux qui a su aider sinon presque sauver un être qu'on chérissait et dont on se dit "s'il ne l'avait pas fait toute ma famille n'existerait certainement pas" ... mais l'on peut aussi se dire que c'est ridicule et que François-Alexandre révolté-déterminé s'en serait sorti par lui même et serait même, peut-être, devenu aussi marin, mais est-ce vraiment si sûr ?

Ci-dessous deux plaques des M.A.M. de Rogliano qui immortalisent le Capitaine NAVAROLLI.


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Source iconographiques : PELLEGRINETTI Jean-Paul, RAVIS-GIORDANI Georges, KIEHN Beate, Du deuil à la mémoire, Les monuments aux morts de la Corse (Guerre 1914-1918) Ed. ALBIANA, ISBN 9782846983815



Avec un réseau très vivant d'alliances familiales inter-portuaires, il n'est pas étonnant que les Cap-Corsins aient pu interagir dans des entraides mutuelles pendant des siècles en tenant les postes clés administratifs de la marine de commerce, autant au chargement et cabotage en Méditerranée qu'au long cours vers l'Orient. Ils étaient toujours sur la brèche des opportunités commerciales et informés très tôt de toutes les décisions de la politique économique ministérielle. En nommant leurs frères, fils, neveux, ou parents aux postes d'autorité des navires (officiers de passerelle ou de salle des machines, capitaines, seconds lieutenants, bosco, quartiers-maîtres, chefs d'équipes...) ils avaient une vue, un retour, et une gestion directe de tous les choix d'importation-exportation des comptoirs coloniaux. Le fort pourcentage des Cap-Corsins à la direction des équipages leur créa un véritable fief, mais c'est probablement leur antique réseau de remontée et partage de l'information dans leurs alliances communautaires et familiales d'immigrants insulaires durant trois siècles qui leur conféra une longueur d'avance, car les corsaires ou flibustiers mercenaires corses du XVII ème siècle, jugés rudes autocrates sans concessions et incorruptibles furent longtemps recrutés-placés par les Gouverneurs territoriaux de l'Empire à des postes exécutoires d'encadrement ou de défense du transport maritime marchand, ce qui, pour ces hommes affamés issus de la péninsule pauvre d'une île qui ne produisait guère que des vins liquoreux, des cédrats, et un peu d'huile, étaient une manne pour leur féroce et revancharde soif de réussite. La Corse fut longtemps pillée, assujettie par les Romains, les Sarrasins d'Alger, l'Empire, l'Italie, Gènes, et même l'EspagneL Les Cap-Corsins s'y trouvaient exposés, pauvres, vulnérables, alors leurs postes de pouvoir à bord, en aventuriers, devaient leur permettre de réussir et changer la donne, quitte à se rendre au bout du monde, et cela advint pour quelques uns d'entre-eux, et au-delà de leurs attentes, aux Amériques, au Vénézuela, à Porto-Rico, aux Antilles, entre 1600 et 1900. Il s'y fixèrent, montèrent des affaires d'exportation très lucratives dans le cacao, la vanille, la canne à sucre, le vin, le caoutchouc ou d'autres matières premières transformées, usant pour cela sans vergogne de l'esclavagisme négrier, et passèrent ainsi en quelques années de simple marin, d'intendant colonial, ou de mercenaire marchand, à l'état de milliardaire parvenu richissime et respecté. Nommés "l'Americanu" lors de leur retour dans leurs villages, la plupart d'entre-eux s'y firent construire à prix d'or des demeures dits "Palazzi" et des tombeaux somptueux et souvent urbanisèrent en routes carrossables les chemins muletiers de leur Commune ou du Cap-Corse.

Pourtant lors de la Grande Guerre le réseau communautaire des officiers marins Cap-Corsins, même soutenu par les héritiers et descendants milliardaires des "Americani" dont certains devinrent Directeurs/Administrateurs de la Banque de France (Americani Fantauzzi), ne lui permit pas d'éviter que les flottes alliées marchandes de ses compagnies de navigation ne soit décimée par les attaques des U-boots allemands qui expédièrent à foison par le fond les Cap-Corsins à la barre ou à la rue de chauffe de leurs navires marchands. Cet évènement se reproduisit à nouveau lors de la seconde guerre mondiale auquel s'ajouta la domination aérienne de la Luftwaffe et le bombardement américain en 1943-1944 des ports français encore détenus par la Wehrmacht, bombardement massif appuyé par une suite de sabordages volontaires dans ces ports et d'un refus de certains officiers et marins d'obéir aux ordres collaborationnistes avant de rejoindre Alger ou Dakar pour aller renforcer, préparer, et prendre part au débarquement tant attendu des alliés en Corse, puis en Provence.

Ces deux successives hécatombes des flottes marchandes suffirent à couler les centaines de milliers de vapeurs charbonniers du lucratif pillage colonial 1850-1950 sortis durant un siècle de tous les chantiers navals européens de la révolution industrielle, et au final, on n'en compta plus que quelques centaines restant encore navigables après la fin des deux guerres mondiales. Il n'aura fallu que huit années de conflits mondiaux pour anéantir le travail de création de toutes les flottes occidentales des courriers marchands aussi prestement que coula le VULCANUS. Un immense gâchis de navires forgés, rivetés, et accastillés de cuivre par les extraordinaires ouvriers manuels d'ateliers fortement prolétarisés au long de cent années de "trimer ou crever de faim" dans les chantiers navals d'assemblages. Il n'aura aussi fallu que quatre ans de guerre pour décimer et endeuiller la communauté corse dont les appelés méprisés et traités en chair à canon dès 1914 offrirent le plus lourd pourcentage national de déchiquetés dans les tranchées française durant la Grande Guerre qui fit alors de la Corse une île saignée à blanc et ruinée de deux générations d'hommes valides. Encore aujourd'hui les corses remettent en causes et se battent sur les estimations controversées du nombre de compatriotes qui leur ont été enlevés, preuve que le pays en est resté marqué.

Le seul point positif de la dernière guerre mondiale pour la marine marchande, s'il en est un, restera d'avoir mis un point d'arrêt définitif au rôle inique qu'elle jouait dans le pillage colonial impérialiste des matières premières des états colonisés dans ses comptoirs d'ou elle les ramenaient en occident, pillage qui après les vingt années suivantes de luttes respectives de ces états pour arracher leurs indépendances prit la forme plus sournoise d'un nouveau joug capitaliste en usant iniquement de leur mise sous endettement économique face à leur besoin orchestré de modernisation où se recréa trop souvent des oligarchies autochtones autocrates corrompues ruinant les espoirs de leurs populations.

Si l'on ne peut regretter la décolonisation, on peut toutefois garder une nostalgie de l'activité sociale et de la beauté des ports d'avant-guerres noirs de mats des grands courriers d'Orient et des vapeurs charbonniers de poste à étraves verticales dont les élégantes lignes et qualités de facture restaient encore semi-artisanales et au summum de ces métiers d'Art métallurgiques avant 1925, une finesse de savoir-faire qui ne revint plus jamais.
Dernière modification par francois-alexandre le ven. mars 31, 2023 5:27 am, modifié 53 fois.
Intégrale de la vie de François Alexandre https://gw.geneanet.org/bartle13?lang=f ... ravis&oc=0 Amitié aux marins et leurs proches rappelant la vie de ceux qui trimèrent/laissèrent la peau dans les guerres impérialistes
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Re: VULCANUS — Cargo — S.N.C. Ch. Schiaffino, A. Jouvet & Cie, Bougie.

Message par markab »

francois-alexandre a écrit : sam. févr. 25, 2023 2:42 am Photo du regretté Capitaine au long cours du VULCANUS Antoine Marie NAVAROLI, originaire de Rogliano, village voisin de celui de Morsiglia où François-Alexandre vécut sa vie de retraité de la marine marchande avec sa femme Cap-Corsine Catherine GIORDANI, fille de son chef d'équipe Toussaint, premier chauffeur du cargo MOSSOUL entre 1915 et 1917.


le valeureux Capitane cap-corsin du VULCANUS Antoine Marie NAVAROLI (source collection Yves DUFEIL).png
Bonjour,

La photo représente le commandant du sous-marin Heinrich Metzger (U47).

https://www.calameo.com/read/000802552266d5215b6f2

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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