LA NIEVRE - Compagnie Générale Transatlantique

capu rossu
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Re: LA NIEVRE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par capu rossu »

Bonjour Olivier,

Comme l'écrit Alain (Niala), la dernière CP représente l'un des quatre pétroliers de la Marine Nationale (programme 1919 ou 1920).

La cargo moutonnier de la Transat est la carte postale plein travers bâbord et c'est lui qui a échappé aux attaques des sous-marins. A noter que l’éditeur de la CP, très probablement Grimaud, ne s'est pas embarré outre mesure lors de l'impression du nom puisqu'il a omis l'article qui faisait partie intégrale du nom comme bien souvent à la Transat.
La CP 3/4 bâbord arrière est un navire de la flotte interalliée, CP intéressante car si on connait bien les marques de cheminées, on voit rarement le pavillon de poupe.
Là aussi, on est en présence d'une CP Grimaud. Or cet éditeur avait une façon particulière de travailler : il imprimait d'abord la photo du navire sur son fond cartonné bistre ou gris puis imprimait ensuite le nom du navire et les renseignements complémentaires. Jusque là rien à redire. Le problème vient quand il recevait une commande lui demandant un navire donné. S'il en avait la CP en stock et "complète", il livrait. S'il en avait en stock mais sans l'identification, il complétait et livrait. Le problème, c(est quand le stock n'existait pas et que la commande urgeait. Il prenait alors un stock avec un navire plus ou moins ressemblant et imprimait alors l'identité du navire demandé. Et le tour était joué !
C'est ainsi que pour les paires Formosa - Pampa et Plata - Parana de la SGTM, je me suis retrouvé avec un joyeux mélange ! Il y a une trentaine d'année, j'avais vu chez un marchand de CP de Lyon un Valdivia rebaptisé Mendoza ou l'inverse mais comme la CP était à plus de 100 F, j'avais laissé tombé.
Pour en revenir à ce paquebot 3/4 arrière, la Transat n'a eu aucun autre La Nièvre que le moutonnier (ni même u Nièvre "tout court". De plus les navires interalliés naviguaient sous leurs noms allemands ou autrichiens d'origine. Les changements de nom n'ont eu lieu qu'après attribution définitive en 1922 et seulement après que l'état ayant reçu les navires les ait vendus.

@+
Alain
olivier 12
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Re: LA NIEVRE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Merci pour ces éclaircissements. Le mystère est donc levé.
Cela montre encore une fois qu'il faut se méfier des cartes postales, le premier souci des éditeurs n'étant pas la rigueur...

Ajoutons à propos du parc à munitions de LA NIEVRE, que la commission d'enquête sur le torpillage du NIVERNAIS avait reproché au commandant Paoli et à son second capitaine d'avoir déplacé ce parc à munitions pour laisser de la place aux moutons. Cela leur avait valu le refus d'une Citation à l'Ordre du Régiment.
En l'occurrence, cette commission d'enquête avait manqué de rigueur car c'était en réalité sur LA NIEVRE, et non sur NIVERNAIS, que le dit parc avait été déplacé. Cela explique sans doute pourquoi le dossier NIVERNAIS, d'où j'ai extrait le récit ci-dessus, porte tracée en grand et à la main sur la première page, la mention : "Voir dossier LA NIEVRE"

Cdlt
olivier
Rutilius
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LA NIÈVRE — Cargo mixte — Compagnie générale transatlantique (1915~1929).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

La Nièvre, ex-Stamboul — Cargo mixte — Compagnie générale transatlantique (1915~1929).

Cargo mixte construit en 1881 sous le nom de Stamboul par le chantier Hawthorn, de Dumbarton (Écosse, Royaume-Uni), pour le compte de la Compagnie marseillaise de navigation à vapeur Fraissinet & Cie, de Marseille. Cédé en Novembre 1915 à la Compagnie générale transatlantique et renommé La Nièvre ; affecté aux lignes de la Méditerranée. Vendu à la démolition en 1929.

Caractéristiques générales. — Jauge : 2.237 tx jb. Port en lourd : 2.560 t. Dimensions : 91,30 x 10,96 x ... m. Propulsion : Machine à triple expansion comportant deux cylindres et développant 1.600 cv ; une hélice. Vitesse : 9,5 nd.

Marthe BARBANCE : « Histoire de la Compagnie générale transatlantique. Un siècle d’exploitation mari-time », préface de Roger Vercel, Art et métiers graphiques, 1955. Annexe : « Flotte de la Com-pagnie générale transatlantique depuis son origine ».

En 1883, effectue un voyage en Chine. En 1888, est affrété pour un voyage expérimental sur la ligne de La Plata (Argentine). En 1895, assure le transport de troupes lors de l’expédition de Madagascar.

Paul BOIS : « Armements marseillais. Compagnies de navigation et navires à vapeur (1831~1988) », Chambre de commerce et d’industrie Marseille ~ Provence, 3e éd. revue et corrigée, Avril 2003, p. 30.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: LA NIEVRE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Deux CP du STAMBOUL (futur LA NIEVRE) qui auraient dû lever tout doute chez moi à propos des cartes ci-dessus...

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olivier
Rutilius
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LA NIÈVRE — Cargo mixte — Compagnie générale transatlantique (1915~1929).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Capitaines du cargo mixte La Nièvre


■ En 1917

— MARIÉ Adrien Lucien, né le 1er mai 1879 à Agde (Hérault), décédé le 25 avril 1962 à Marseille (Bou-ches-du-Rhône). Capitaine au long-cours inscrit à Agde [Initialement inscrit comme matelot de 3e classe le 5 septembre 1898, f° et n° 671, n° 226], puis inscrit au quartier de Marseille, n° 15.619 ; classe 1899, n° 1.317 au recrutement de Béziers.

• Fils de Jean-Pierre MARIÉ, né le 11 décembre 1848 à Agde, marchand tailleur, et de Caroline Fran-çoise MALLET, née le 13 mai 1851 à Agde, sans profession ; époux ayant contracté mariage à Agde, le 29 septembre 1876 (Registre des actes de mariage de la commune d’Agde, Année 1876, acte n° 57 – 114. ~ Registre des actes de naissance de la commune d’Agde, Année 1879, f° 13, acte n° 72.).

• Petit-fils de :

— André MARIÉ, né le 22 décembre 1813 à Agde, « capitaine marin », et d’Eugénie Agathe BRUN, née le 3 juillet 1813 à Agde et y décédée, le 21 mars 1861 ; époux ayant contracté mariage à Agde, le 12 janvier 1838 (Registre des actes de mariage de la commune d’Agde, Année 1838, acte n° 6.).

— Jean MALLET, marin, et d’Irène CAUSSY, décédée le 1er janvier 1860 à Agde, son épouse.

Distinctions honorifiques

□ Félicité par le Sous-secrétaire d’État chargé de la Marine marchande pour la bonne tenue des postes d’équipage et le bon entretien des machines du cargo Émile, de la Compagnie générale transat-lantique, dont il exerçait alors le commandement (Déc. 20 juill. 1915 : J.O. 25 juill. 1915, p. 5.124 et 5.125).

□ Par décision du Ministre de la Marine en date du 24 juin 1917 ( J.O. 11 juill. 1917, p. 5.320), lui fut décernée la médaille de sauvetage en bronze « pour le concours dévoué qu’il avait apporté au sauve-tage du Medjerda, dans des circonstances très délicates », le 11 mai 1917.

□ Félicité par le Sous-secrétaire d’État chargé des Ports, de la Marine marchande et des Pêches pour la bonne tenue des postes d’équipage et le bon entretien des machines du paquebot Ville-de-Tunis, de la Compagnie générale transatlantique, dont il exerçait le commandement au quatrième trimestre 1920 (Déc. 8 févr. 1921 : J.O. 12 févr. 1921, p. 1.893 et 1.894).

□ Par décret du ... 1933 (J.O. 14 août 1933, p. 8.809), nommé au grade d’officier dans l’Ordre du Mérite maritime.

■ En 1918

— BRONDI Joseph, né le 9 octobre 1874 à Propriano (Corse — aujourd’hui Corse-du-Sud), décédé le ... 1943 à La Seyne-sur-Mer (Var). Capitaine au long-cours, inscrit au quartier d'Ajaccio, n° 6, puis n° 1.247 H.S. ; classe 1894, n° 2.369 au recrutement d’Ajaccio.

• Fils de Baptiste BRONDI, « natif d’un pays italien inconnu », décédé le 3 novembre 1877 à Propriano (Registre des actes de décès de la commune de Propiano, Année 1877, acte n° 21.), charretier, et de Toussainte ROBAGLIA, son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Propiano, Année 1874, f° 9, acte n° 16.).

• Époux de Rosa Joséphine Henriette Joséphine ARNAUD, avec laquelle il avait contracté mariage à La Seyne-sur-Mer, le ... .

Distinctions honorifiques

□ Par décret du 30 décembre 1925 ( J.O. 3 janv. 1926, p. 173 et 174), nommé au grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur dans les termes suivants : « Brondi (Joseph), capitaine au long cours, Marseille [sic] n° 6. A donné au cours de la guerre un bel exemple de courage et d’énergie ; 28 ans 4 mois de services, dont 4 ans en guerre. 1 témoignage officiel de satisfaction. »

□ Félicité par le Sous-secrétaire d’État chargé des Ports, de la Marine marchande et des Pêches pour la bonne tenue des postes d’équipage et le bon entretien des machines du paquebot Lamoricière, de la Compagnie générale transatlantique, dont il exerçait le commandement au second semestre 1925 (Déc. 7 avr. 1926 : J.O. 7 avr. 1926, p. 4.287 et 4.294).

□ Félicité par le Ministre des Travaux publics pour la bonne tenue des postes d’équipage et le bon entretien des machines du même bâtiment, dont il exerçait le commandement au premier semestre 1926 (Déc. 9 oct. 1926 : J.O. 15 oct. 1926, p. 11.280 et 11.286).

□ Par décret du 11 août 1930 (J.O. 15 août 1930, p. 9.482 et 9.483), nommé au grade de chevalier dans l’Ordre du Mérite maritime.

□ Par décision du Ministre de la Marine marchande en date du 31 janvier 1931 (J.O. 6 févr. 1931, p. 1.609 et 1.612), lui fut décernée la Médaille d’honneur des marins du commerce, créée par la loi du 14 décembre 1901 instituant des médailles d’honneur à décerner, par le Ministre de la Marine aux marins français après 300 mois de navigation (J.O. 16 déc. 1901, p. 7.777).
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: LA NIEVRE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur la rencontre du 10 Juin 1918 avec l'UB 48

Rapport du LV VALLEE, commandant GRACIEUSE

Le NIVERNAIS a été torpillé et coulé le 10 Juin 1918 par 38°18 N et 04°08 E, dans les circonstances suivantes :
Ce bâtiment faisait partie du convoi NIEVRE – NIVERNAIS, escorté par GRACIEUSE et FIER et allait d’Alger à Marseille. Il était chargé de 8000 moutons. D’après les ordres reçus au départ d’Alger, la formation du convoi devait être la ligne de front avec NIVERNAIS en guide de navigation à droite, GRACIEUSE à droite et FIER à gauche.

A cause du chargement spécial des bâtiments du convoi, il avait été convenu avec les commandants, en présence du délégué des routes à Alger, que le commandant de NIVERNAIS signalerait début et fin des zigzags à sa volonté, en s’efforçant de zigzaguer chaque fois que ce serait possible.
Le convoi était sorti du chenal de sécurité d’Alger à 12h05 le 10Juin et avait fait route au N29E, d’abord à 10 nœuds jusqu’à 19h00, puis à 9 nœuds. Légère brise de NNW. Mer calme.
A 18h55, NIVERNAIS signale à bras « Pouvons-nous cesser les zigzags à 21h00. Je lu signale aussitôt : « Si possible, recommencez zigzags dès le jour ». NIEVRE s’étant un peu écarté, je signale au convoi : « Restez en ordre rapproché ».
A 19h55, NIEVRE avait un feu très visible qui s’allumait par instant à tribord avant. Je lui signalai en scott : « Feu visible sur tribord avant ». Ce bâtiment mit très longtemps à apercevoir mon signal. J’ai entendu dire par un homme de NIVERNAIS qu’un feu se ralluma dans les mêmes conditions vers 21h00 sur NIEVRE. NIVERNAIS avait eu lui aussi un petit feu peu visible sur sa passerelle et par deux fois j’allais le sui signaler lorsqu’il s’éteignit de lui-même.
A 22h40 ; NIEVRE était légèrement en arrière de son poste. La nuit était une nuit noire et sans lune. Depuis une demi-heure le temps s’était couvert et les étoiles visibles auparavant sur la moitié du ciel avaient disparu. Le maître de manœuvre DELANOE, officier de quart sur GRACIEUSE distinguait à l’œil nu passerelle et cheminée de NIEVRE, sans en voir les mâts. Sans la jumelle, il n’aurait pu reconnaître son cap. FIER n’était pas visible à l’oiel nu, seulement à la jumelle. La mer rendait les sillages phosphorescents. La masse d’un gros bâtiment pouvait donc se voir à une distance maximum de 1 mille.
A 22h40, l’officier de quart entend une détonation suivie d’une gerbe d’eau à l’extrême avant du NIVERNAIS, à bâbord. Il perçoit en même temps 4 coups de sifflet et une minute après des éclats de scott. Réveillé au cri d’alerte de l’officier de quart, je saute du coussin de passerelle où je me reposais et vois NIVERNAIS qui vient toute à droite, l’avant commençant à s’enfoncer. Des cris semblent venir de l’arrière de NIVERNAIS. Je viens moi-même à droite pour éviter la collision, et suis NIVERNAIS dans sa giration. Trois minutes après l’explosion, NIVERNAIS coule en piquant par l’avant. Je mets aussitôt à gauche toute et reviens sur les épaves reconnues auparavant d’un coup de projecteur. J’entends un cri : « Stoppez. Vous avez trop d’erre. » Je stoppe et m’étale par quelques tours en arrière. Me rendant compte que je suis au milieu d’un groupe de naufragés, je reste stoppé.
Dès l’alerte, l’équipage s’est porté au branle-bas de combat. Je défens qu’aucun homme saute à l’eau et que personne de l’armement ne quitte la pièce avant. Je donne l’ordre d’amener les embarcations. Je confie à l’EV DESPRES, officier en second, le soin de rechercher les naufragés avec elles.
GRACIEUSE recueille une dizaine d’hommes le long du bord. J’utilise très peu mes projecteurs pour ne pas révéler ma présence au sous-marin. Pendant ce temps, NIEVRE avait continué. FIER apparaît près de nous et patrouille autour de GRACIEUSE. Un des premiers sauvé est le 2e capitaine de NIVERNAIS et je lui dis que j’ai entendu des cris sur l’arrière de NIVERNAIS au moment de l’explosion. Il m’affirme que personne n’a quitté le bord avant le dernier moment et fixe à 54 le nombre d’équipage et de passagers. Je songe à rallier NIEVRE le plus rapidement possible et je passe des ordres à la voix au FIER. J’ai sauvé 32 hommes dont 4 officiers. Je dis au FIER de patrouiller sur les lieux, puis de rentrer à Alger. FIER a alors sauvé 1 homme.
La baleinière est hissée à 23h20 et le youyou à 23h40 ; J’ai alors 34 rescapés dont 4 blessés. Beaucoup d’autres ont des contusions légères. J’ai tout lieu de croire que tout le personnel en état de crier a été sauvé.
A minuit, je fais route sur NIEVRE et monte à 105 tours malgré un choc assez fort aux articulations, soit 13 nœuds. Je retrouve NIEVRE à 03h00. Il n’a marché qu’à 9 nœuds sur la même route depuis l’attaque de NIVERNAIS. Je la déroute au N45E jusqu’à 09h00 puis reviens au Nord.
Continuant mon enquête sur les cris entendus sur l’arrière de NIVERNAIS, je découvre que 3 hommes les ont aussi entendus. Je télégraphie au FIER pour lui dire de patrouiller auSW des épaves au cas où des naufragés se seraient jetés à l’eau dès le torpillage. A 11h30,je reçois une réponse du FIER qui me dit avoir recueilli un homme projeté à la mer par l’explosion à 300 m des autres naufragés.

Je n’ai qu’à me louer, au cours de cette opération de sauvetage dans une nuit très noire, du dévouement et de l’entrain ordonné de tout mon équipage. Livrés presque tous à leur initiative dans cette obscurité, ils ont fait simplement et dans le calme la besogne dont ils étaient chargés.
Je signale tout particulièrement l’Enseigne de Vaisseau de 1ère classe DESPRES, Officier en second, qui sait communiquer aux hommes l’esprit d’allant et de devoir dont il est animé. Je tiendrais également à faire attribuer des points exceptionnels au matelot infirmier VASSE qui s’est dépensé sans compter pendant toute la nuit et les journées suivantes à soigner les blessés.
Des renseignements recueillis auprès du 2e capitaine et des hommes de veille sur NIVERNAIS, il résulte que le sous-marin a été aperçu alors qu’en demi-plongée il était par le travers de NIVERNAIS, un peu sur l’avant de NIEVRE. Le 2e capitaine pense qu’il faisait route à contre bord. Dès le sous-marin aperçu, la seule manœuvre était A droite toute et avant toute. Quelques degrés de giration de plus et le bâtiment aurait été sauvé. Mais NIVERNAIS évolue fort mal paraît-il. Le sous-marin a lancé peut-être 30 secondes après avoir été vu et la torpille venant de l’arrière a frappé entre les cales 1 et 2. Le sous-marin a plongé aussitôt.
Le plus grand ordre a régné à bord de NIVERNAIS. Ce bâtiment, que j’avais déjà escorté, me semblait bien commandé et une sérieuse discipline régnait à bord. Le 2e capitaine a fait les signaux pour prévenir ses voisins de la présence du sous-marin. Les hommes de NIVERNAIS sont arrivés à bord très calmes, parlant avec émotion et respect de leur commandant disparu.
Je ne pense pas que le sous-marin, nous ayant aperçus avant le coucher du soleil, nous ait suivis et doublés pendant la nuit. La nuit était trop noire pour permettre une pareille manœuvre. Nous marchions d’ailleurs à 9 nœuds avant la nuit. Je ne crois pas que s’il avait eu le temps de préparer son attaque, il fut venu comme il l’a fait se placer sur l’avant de NIEVRE qui aurait pu lui foncer dessus. Il a plutôt été surpris par la présence du convoi, à moins que les sous-marins allemands ne possèdent maintenant des écouteurs microphoniques leur permettant de se diriger de loin pour l’attaque des convois.

Cdlt
olivier
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Re: LA NIEVRE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 1er Octobre 1918

Rapport du capitaine au Long Cours Joseph BRONDI, Ajaccio n° 6, commandant LA NIEVRE

Ce rapport est dans sa première partie quasiment identique à celui du capitaine de SAINT SERVAN.

Navire réquisitionné et chargé de 1815 tonnes de céréales.
Equipé de la TSF et de 2 canons de 90 mm

LA NIEVRE s’est aussitôt dirigé vers l’ennemi. Le capitaine a donné l’ordre à son chef de pièce de régler la hausse à7500 m à la pièce avant. Il a ouvert le feu à 12h50. 1er coup court. Porté la hausse à 8000 m, puis progressé par bond de 300 à 400 m.
Après notre 3e coup, SAINT SERVAN et PAULOWNIA ouvrent le feu. Le sous-marin est tantôt sur l’avant, tantôt sur l’arrière de l’Espagnol. Il offre un but superbe.

Le sous-marin avait cessé son feu sur l’Espagnol, mais je ne saurais affirmer qu’il a riposté au notre. Mais certains hommes de mon équipage ont vu des points de chute d’obus à 600 m sur l’avant du PAULOWNIA, sans doute tirés par lui. Puis le sous-marin a plongé, ne montrant plus que son roof qui semblait très haut ce qui fait supposer qu’il avait une voile rectangulaire pour se donner l’apparence d’un voilier. Quelque temps après, il émergea complètement sur l’avant du vapeur, se montrant dans diverses positions.
Notre tir devenant de plus en plus précis motiva la disparition du sous-marin et on cessa le feu à 13h10. Nous avions tiré 18 coups en 20 minutes. La pièce arrière n’étant pas dans le champ de tir n’a pas été employée.

SAINT SERVAN étant le plus proche du vapeur a récupéré les naufragés. Nous sommes passés près de ce vapeur et avons distingué les lettres NEOLI BARCELONA. Il portait le signal du code international « Mes machines sont stoppées ». Sur la coque, à tribord, il y avait une dizaine de trous d’obus très apparents, de l’avant à l’arrière, au dessus de la flottaison.

Dans la soirée, le mauvais temps nous a obligés à prendre la cape toute la nuit. Reste du voyage sans incident.

J’ai le plaisir de constater que pendant le combat il n’y a eu aucune panique. Les officiers pont et machine et le personnel en entier ont exécuté les ordres donnés avec dévouement et sang froid.

Il est de mon devoir de vous faire remarquer le nommé CADRO Alphonse, canonnier breveté chargé de la pièce avant qui, aidé par ses servants, a été remarquable par le calme avec lequel il manœuvrait sa pièce et par la justesse de son tir.

Armement de la pièce avant

- CADRO Alphonse Canonnier breveté Le Croisic 2985
- BOURDELLE Jean Canonnier Fécamp 26706
- COLETTE Aimé Canonnier 71925.5
- BONIFACIO Sylvestre Matelot Bastia 4033

Le sous-marin attaquant

C'était l'UB 49 de l'Oblt z/s Adolf EHRENSBERGER

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A noter qu’en Janvier 1937 l’Union Nationale des Combattants, section de Marseille, demandera au Service Historique de la Marine de Paris si les équipages des vapeurs
- LA NIEVRE (affaire du 1er Octobre 1918)
- MECANICIEN DONZEL (affaire du 13 Juin 1918)
peuvent bénéficier de présomption favorable pour l’attribution de la carte de combattant.

La réponse concernant LA NIEVRE est l’envoi d’une copie d’une lettre de Juin 1918 du sous-secrétaire d’Etat à la Marine Marchande au Directeur de la Cie Générale Transatlantique indiquant :

« Suite à l’attaque à la torpille sur un navire du même convoi que LA NIEVRE le 10 Juin dernier, j’ai dû adresser des observations au capitaine et au second de ce vapeur qui n’ont pas fait masquer suffisamment les feux à bord et avaient déplacé sans autorisation le parc à munitions de l’avant. Cela aurait pu avoir des conséquences regrettables lors de l’attaque du 10 Juin. »

Bref, le Service Historique ne s‘engage pas, ne dit rien sur l’attitude de l’équipage le 1er Octobre suivant et se garde bien de répondre à la question posée. Manifestement, les malheureux marins de LA NIEVRE n’auront pas même droit à la carte d’ancien combattant…

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olivier
Rutilius
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Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


Matelot canonnier présent à bord du cargo mixte La Nièvre,
le 1er octobre 1918.


— CADRO Alphonse Marie, né le 5 septembre 1883 à La Turballe (Loire-Inférieure — aujourd’hui Loire-Atlantique) et y décédé, le 2 janvier 1957. Matelot de 2e classe canonnier breveté, Front de mer de Marseille (1er août 1916~23 novembre 1918).

• Fils de Julien CADRO, né le 11 mars 1842 à La Turballe, au lieu-dit « Le Grand Chemin », marin, et de Marie Catherine LETIEC, née le 7 janvier 1847 à La Turballe, au lieu-dit « Fourbihan », sans profession ; époux ayant contracté mariage dans ladite commune, le 28 septembre 1872 (Registre des actes de mariage de la commune de La Turballe, Année 1872, f° 8, acte n° 13 ~ Registre des actes de naissance de la commune de La Turballe, Année 1883, acte n° 54).

• Époux de Clarisse Jeanne Marie FRIMAUD, avec laquelle il avait contracté mariage à La Turballe, le 30 mai 1920.

**********

Inscrit définitif le 5 septembre 1901 au quartier du Croisic, n° 2.585 ; inscrit « Hors de service » le 31 juillet 1933 au même quartier, n° 1.796. Carte professionnelle d’armateur n° 1.153 délivrée le 5 février 1943. Classe 1903, n° 3.056 au recrutement de Nantes.

(Archives départementales de Loire-Atlantique, Quartier du Croisic, Matricules de 1883, Cotes 7 R 3/542 et 7 R 3/548 – Inscrits définitifs — Quartier de Nantes, Matricules de 1883 – « Hors de service », Cote 7 R 3/613).

□ Par une décision du Ministre de la Marine en date du 9 mars 1938 (J.O. 14 mars 1938, p. 3.054 et 3.057), lui fut décernée la Médaille d’honneur des marins du commerce créée par la loi du 14 décembre 1901 instituant des médailles d’honneur à décerner par le Ministre de la Marine aux marins français après 300 mois de navigation (J.O. 16 déc. 1901, p. 7.777) .
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Bonsoir à tous,


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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