Re: SAINT PIERRE Société Navale de l'Ouest
Publié : dim. juin 14, 2009 12:03 am
Bonjour à tous,
SAINT PIERRE
Lancé le 25 Août 1908 aux chantiers de Dunkerque pour la Société Navale de l’Ouest.
Fait partie d’une série de 8 navires (voir fiche SAINT ANDRE et SAINT JEAN.)
Longueur 88 m
Largeur 11,90 m
Machine à vapeur à triple expansion. 1 seule hélice.
Ce navire fut réquisitionné pendant la Grande Guerre.
Il eût comme second capitaine, du 17 Juin 1914 au 11 Juillet 1915, puis du 5 Octobre 1915 au 4 Mai 1916, le capitaine au long cours Georges BICHON.
Nous avons déjà rencontré cet officier à propos des grands trois-mâts GRANDE DUCHESSE OLGA, BABIN CHEVAYE et SAINT ROGATIEN, du cuirassé BRENNUS, et des vapeurs LA LOIRE, SAINT JEAN et SAINT SIMON sur lequel il fut torpillé le 3 AVRIL 1917 (voir site histomar.net)
Le SAINT PIERRE était donc l’un des sister-ship du SAINT JEAN dont il venait de débarquer, et c’est à son bord que Georges Bichon vécut la première partie de cette terrible guerre qui allait ravager l’Europe.
Le premier embarquement s’effectuera au Havre et le débarquement près de treize mois plus tard à Brest.
Le deuxième embarquement à Marseille avec débarquement à nouveau à Brest sept mois plus tard.
A Brest il sera remplacé par le second capitaine Désiré MARY, né le 20/09/1887 à Saint Lunaire et inscrit à St Malo, tandis que le nouveau commandant embarquant était Camille EON né en 1881 à Cholet. (Je ne possède pas le nom du commandant précédent).
Le navire, toujours réquisitionné, repartira donc sans Georges Bichon, pour plusieurs voyages sur Arkhangelsk, Port Romanof (le port de Kola) et Trondheim.
Très peu de cartes postales subsistent, dans mes archives familiales, de cette période de la guerre. On peut d’ailleurs penser que les difficultés de communication, ainsi que la censure militaire qui interdisait de dire où se trouvaient les navires et vers quels ports ils se dirigeaient y sont pour beaucoup.
En ce qui concerne le SAINT PIERRE, il ne reste que quatre cartes.
La première fut postée le 6 Juillet 1914 au Havre, donc juste avant le déclenchement des hostilités. Elle représente le paquebot EUROPE, des Chargeurs Réunis.
Le texte figurant au dos de la carte est très laconique et fait seulement part d’une courte escale au Havre.
La seconde est envoyée le 25 Décembre 1914. La voici.
La guerre, encore appelée guerre européenne de 1914, est en cours depuis cinq mois. Nos alliés anglais sont arrivés en renfort.
Le SAINT PIERRE se trouve probablement sur rade de la Carosse, au large du Havre, en attente du pilote pour Rouen. Il n’y a donc plus de risque à dire que l’on vient de Nantes et que l’on va remonter à Rouen.
Les deux dernières sont fort intéressantes car postées à Salonique le 26 Mai 1915 (cachet de la poste de Thessalonique faisant foi) Mais le texte est daté « 5 Juin 1915 » avec la mention « Marseille » en fin de texte.
En fait, Georges Bichon a bien écrit de Salonique fin Mai, mais a voulu faire comprendre aux destinataires qu’il allait rentrer sur Marseille où l’arrivée était prévue début Juin. La carte a ainsi passé la censure sans encombre.
Voici ces deux cartes
Celle-ci est envoyée à des voisins de son frère, au Havre. Celui-ci était alors embarqué sur le paquebot PEROU de la Compagnie Générale Transatlantique. Le télégramme auquel il fait allusion lui a annoncé la naissance d’un neveu. Le SAINT PIERRE était équipé de la TSF.
Ainsi le SAINT PIERRE était à Rouen en Décembre 14 , à Salonique le 24 Mai 1915, à Marseille le 5 Juin et à Brest le 11 Juillet, port où débarqua Georges Bichon pour embarquer sur le SAINT SIMON. Il partira ensuite vers l’extrême nord de l’Europe.
Il faut se rendre compte qu’à ces dates de telles traversées étaient extrêmement risquées. Partout en Méditerranée et le long des côtes Atlantique rôdaient les sous-marins du Kaiser. Depuis le 22 Février, l’Allemagne avait annoncé une guerre sous-marine totale dans les zones de conflit.
Le 8 Mai, le paquebot LUSITANIA est torpillé.
Le 12 Mai arrivent aux Dardanelles les paquebots réquisitionnés PROVENCE et LORRAINE avec le 2e régiment de marche d’Afrique et des bataillons des 1er, 2e et 4e Zouaves.
Le 22 mai, le sous-marin U 21 du Kl Otto Hersing, descendu d’Allemagne, arrive à son tour aux Dardanelles où 70 000 hommes ont été débarqués le 25 Avril.
Le 25 Mai, il torpille le cuirassé anglais TRIUMPH, le 27 Mai le cuirassé MAJESTIC et le 4 Juillet le paquebot CARTHAGE.
Après ces disparitions retentissantes, on imagine l’appréhension des marins lors des appareillages. Car dans ce tourbillon meurtrier, ceux de la marine marchande paieront un lourd tribut. Lorsqu’elles recevaient ces rares cartes postales, les familles de ces hommes ignoraient s’ils étaient encore en vie. C’est la raison pour laquelle elles conservaient précieusement ces quelques cartes tant attendues.
Après son torpillage sur le SAINT SIMON, Georges Bichon rembarquera à Brest, fin Juin 17 sur le SAINT MARC. Et pour se rendre de Nantes à Brest, il embarquera, comme passager cette fois, sur le SAINT PIERRE alors en escale à Saint Nazaire. Cette petite traversée se situe les 29 et 30 Juin 1917.
Le SAINT PIERRE survivra à la guerre de 14-18. Il sera vendu en 1937 et renommé STANDALE. Mais le 3 Avril 1937, il fera naufrage au large de Porto par 41°45’ N et 009° 30’ W.
Cdlt
SAINT PIERRE
Lancé le 25 Août 1908 aux chantiers de Dunkerque pour la Société Navale de l’Ouest.
Fait partie d’une série de 8 navires (voir fiche SAINT ANDRE et SAINT JEAN.)
Longueur 88 m
Largeur 11,90 m
Machine à vapeur à triple expansion. 1 seule hélice.
Ce navire fut réquisitionné pendant la Grande Guerre.
Il eût comme second capitaine, du 17 Juin 1914 au 11 Juillet 1915, puis du 5 Octobre 1915 au 4 Mai 1916, le capitaine au long cours Georges BICHON.
Nous avons déjà rencontré cet officier à propos des grands trois-mâts GRANDE DUCHESSE OLGA, BABIN CHEVAYE et SAINT ROGATIEN, du cuirassé BRENNUS, et des vapeurs LA LOIRE, SAINT JEAN et SAINT SIMON sur lequel il fut torpillé le 3 AVRIL 1917 (voir site histomar.net)
Le SAINT PIERRE était donc l’un des sister-ship du SAINT JEAN dont il venait de débarquer, et c’est à son bord que Georges Bichon vécut la première partie de cette terrible guerre qui allait ravager l’Europe.
Le premier embarquement s’effectuera au Havre et le débarquement près de treize mois plus tard à Brest.
Le deuxième embarquement à Marseille avec débarquement à nouveau à Brest sept mois plus tard.
A Brest il sera remplacé par le second capitaine Désiré MARY, né le 20/09/1887 à Saint Lunaire et inscrit à St Malo, tandis que le nouveau commandant embarquant était Camille EON né en 1881 à Cholet. (Je ne possède pas le nom du commandant précédent).
Le navire, toujours réquisitionné, repartira donc sans Georges Bichon, pour plusieurs voyages sur Arkhangelsk, Port Romanof (le port de Kola) et Trondheim.
Très peu de cartes postales subsistent, dans mes archives familiales, de cette période de la guerre. On peut d’ailleurs penser que les difficultés de communication, ainsi que la censure militaire qui interdisait de dire où se trouvaient les navires et vers quels ports ils se dirigeaient y sont pour beaucoup.
En ce qui concerne le SAINT PIERRE, il ne reste que quatre cartes.
La première fut postée le 6 Juillet 1914 au Havre, donc juste avant le déclenchement des hostilités. Elle représente le paquebot EUROPE, des Chargeurs Réunis.
Le texte figurant au dos de la carte est très laconique et fait seulement part d’une courte escale au Havre.
La seconde est envoyée le 25 Décembre 1914. La voici.
La guerre, encore appelée guerre européenne de 1914, est en cours depuis cinq mois. Nos alliés anglais sont arrivés en renfort.
Le SAINT PIERRE se trouve probablement sur rade de la Carosse, au large du Havre, en attente du pilote pour Rouen. Il n’y a donc plus de risque à dire que l’on vient de Nantes et que l’on va remonter à Rouen.
Les deux dernières sont fort intéressantes car postées à Salonique le 26 Mai 1915 (cachet de la poste de Thessalonique faisant foi) Mais le texte est daté « 5 Juin 1915 » avec la mention « Marseille » en fin de texte.
En fait, Georges Bichon a bien écrit de Salonique fin Mai, mais a voulu faire comprendre aux destinataires qu’il allait rentrer sur Marseille où l’arrivée était prévue début Juin. La carte a ainsi passé la censure sans encombre.
Voici ces deux cartes
Celle-ci est envoyée à des voisins de son frère, au Havre. Celui-ci était alors embarqué sur le paquebot PEROU de la Compagnie Générale Transatlantique. Le télégramme auquel il fait allusion lui a annoncé la naissance d’un neveu. Le SAINT PIERRE était équipé de la TSF.
Ainsi le SAINT PIERRE était à Rouen en Décembre 14 , à Salonique le 24 Mai 1915, à Marseille le 5 Juin et à Brest le 11 Juillet, port où débarqua Georges Bichon pour embarquer sur le SAINT SIMON. Il partira ensuite vers l’extrême nord de l’Europe.
Il faut se rendre compte qu’à ces dates de telles traversées étaient extrêmement risquées. Partout en Méditerranée et le long des côtes Atlantique rôdaient les sous-marins du Kaiser. Depuis le 22 Février, l’Allemagne avait annoncé une guerre sous-marine totale dans les zones de conflit.
Le 8 Mai, le paquebot LUSITANIA est torpillé.
Le 12 Mai arrivent aux Dardanelles les paquebots réquisitionnés PROVENCE et LORRAINE avec le 2e régiment de marche d’Afrique et des bataillons des 1er, 2e et 4e Zouaves.
Le 22 mai, le sous-marin U 21 du Kl Otto Hersing, descendu d’Allemagne, arrive à son tour aux Dardanelles où 70 000 hommes ont été débarqués le 25 Avril.
Le 25 Mai, il torpille le cuirassé anglais TRIUMPH, le 27 Mai le cuirassé MAJESTIC et le 4 Juillet le paquebot CARTHAGE.
Après ces disparitions retentissantes, on imagine l’appréhension des marins lors des appareillages. Car dans ce tourbillon meurtrier, ceux de la marine marchande paieront un lourd tribut. Lorsqu’elles recevaient ces rares cartes postales, les familles de ces hommes ignoraient s’ils étaient encore en vie. C’est la raison pour laquelle elles conservaient précieusement ces quelques cartes tant attendues.
Après son torpillage sur le SAINT SIMON, Georges Bichon rembarquera à Brest, fin Juin 17 sur le SAINT MARC. Et pour se rendre de Nantes à Brest, il embarquera, comme passager cette fois, sur le SAINT PIERRE alors en escale à Saint Nazaire. Cette petite traversée se situe les 29 et 30 Juin 1917.
Le SAINT PIERRE survivra à la guerre de 14-18. Il sera vendu en 1937 et renommé STANDALE. Mais le 3 Avril 1937, il fera naufrage au large de Porto par 41°45’ N et 009° 30’ W.
Cdlt