U 38 Sous-marin

olivier 12
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U 38 Sous-marin

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

U 38
Sous-marin


Voici une note des services de renseignements de la Marine reconstituant la croisière du sous-marin U 38, qu’ils avaient pu identifier, au cours de la 2e quinzaine de Septembre 1916.

« Nous avons déjà suivi la croisière en Méditerranée occidentale du sous-marin U 38 jusqu’au 31 Août. A cette époque, il avait déjà coulé 12 vapeurs et 8 voiliers.

U 38 Mois de Septembre

01/09 11h15 SWIFT WINGS
01/09 13h00 SAN FRANCISCO DI PAOLA

01/09 16h00 ANTINOÜS (sera endommagé par un sous-marin en 1918)
02/09 09h55 URANIE (voilier français)
02/09 11h45 STRATHALLAN

02/09 13h00 Vapeur non identifié
03/09 12h00 FAMIGLIA (sera coulé le 09/02/1917 par U 43)
03/09 14h00 VILLADORO
04/09 13h45 LARISTAN

04/09 22h00 ANGELINA S.
05/09 11h00 HUNSTANTON (sera coulé le 04/04/1917 par UC 30)
05/09 12h20 SAINT MARC (vapeur français)
07/09 07h00 Le sous-marin est aperçu au sud de Cattaro.

Cela porte le nombre de navires coulés par l’U 38 à 16 vapeurs et 13 voiliers représentant 26800tx net pour les vapeurs et 3700 tx net pour les voiliers.

En ce qui concerne le SAINT MARC, le commandant du sous-marin a reproché au capitaine de lui avoir résisté, mais l’a laissé libre. Il lui a remis des lettres écrites par trois capitaines anglais retenus à son bord. »

Commentaires

On constate que le service du renseignement a parfaitement identifier les 7 navires (en rouge) coulés en Septembre par l’U 38. Il semble même l’avoir pisté jusqu’à son retour à Cattaro.

Il commet toutefois une erreur en y ajoutant deux navires : un non identifié le 2 Septembre, qui ne figure pas sur le KTB du sous-marin, et un certain ANGELINA S. sans doute un voilier, qui ne figure d’ailleurs pas sur la liste des navires coulés pendant cette guerre.

Aucun commentaire n’est fait sur le commandant de l’U 38 qui était alors Max Valentiner.

Cdlt
Dernière modification par olivier 12 le dim. mai 06, 2018 9:06 am, modifié 2 fois.
olivier
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Re: U 38 Sous-marin

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

U 38 - Opérations de Novembre et Décembre 1916

Attaque du vapeur norvégien SOLVANG le 29 Novembre 1916.

Archives anglaises datées du 4 Décembre 1916

Le vapeur norvégien SOLVANG a été stoppé par un sous-marin le 29 Novembre à 09h00 par 36°24 N et 07°26 W. les papiers ont été confisqués et le capitaine gardé à bord du sous-marin. Le lieutenant a reçu l’ordre de prendre en remorque le sous-marin et de le conduire à Porto Santo, île de Madère.
A 13h15 le 29 le vapeur américain VIRGINIAN a été aperçu. Le sous-marin a largué la remorque et a plongé.

Voici le VIRGINIAN

Image

Image

La remorque a été reprise à 14h00 puis larguée à 16h30. Remorque reprise à nouveau le 30 Novembre à 09h00. La position à midi était 35°20 N 09°31 W.

Le lieutenant est allé à bord du sous-marin avec des vêtements pour le capitaine et a reçu des instructions de sa part pour qu’il tente de s’échapper.
Position à midi le 1er Décembre 34°34 N 11°47 W

Le 1er Décembre à 23h15, la remorque a été larguée et SOLVANG est parvenu à s’échapper. Le commandant du sous-marin avait donné l’ordre au lieutenant de rester un jour ou deux au large de Madère, puis de reprendre le sous-marin en remorque pour l’accompagner ensuite par le détroit de Gibraltar jusqu’à Bojana. Ils auraient navigué en suivant de près la côte africaine, et sans aucun feu.
Un officier du sous-marin lui a dit qu’ils avaient déjà emmené 3 navire jusqu’à Bojana (au Montenegro)
Il avait promis que le SOLVANG ne serait pas coulé, même s’il était découvert en Méditerranée.
Le sous-marin mesure environ 150 pieds. Canon de 3 pouces sur l’avant du kiosque. Périscope de 20 pouces. Installation TSF. Peinture gris paraissant neuve.
Commandant allemand et 1 officier autrichien. Vu 4 ou 5 officiers et environ 26 hommes d’équipage.

Le consul de Norvège va envoyer un télégramme au Board of Trade Norvégien et demander la délivrance de nouveaux papiers pour le navire. Il va signaler que le capitaine a été gardé prisonnier.

Rapport du 1er officier du SOLVANG, Heliner EVENSEN. Gibraltar le 4 Décembre 1916

Je suis allé porter les papiers du SOLVANG sur le sous-marin et le commandant m’a ordonné de retourner à mon bord et d’envoyer le capitaine à ma place. J’ai ensuite reçu l’ordre de remorquer le sous-marin. Nous remorquions avec une aussière longue de 200 brasses.
(Suivent alors les diverses manœuvres effectuées et la rencontre avec le VIRGINIAN rapportée plus haut)
J’avais pensé pouvoir endommager le sous-marin en mettant soudainement « Avant toute ». Mais le seul résultat fut la rupture de la remorque. J’ai alors demandé la permission d’aller porter des vêtements au capitaine. Celui-ci n’a pu me donner aucune information intéressante sur un éventuel arrangement international entre Norvège et Allemagne. Il m’a toutefois confirmé qu’il tenterait de s’échapper s’il avait la moindre chance. Les officiers du sous-marin étaient plutôt aimables et nous ont offert des cigarettes. Ils m’ont aussi autorisé à comparer l’heure de ma montre avec celle de leur chronomètre, car notre propre chronomètre était hors d’usage.
Le sous-marin m’a ordonné de rester en stand by jusqu’au lever du jour en hissant deux feux rouges (Incapacité de manœuvre)
Après avoir consulté les autres officiers du SOLVANG, j’ai décidé une tentative d’échappement. Profitant d’un léger crachin, j’ai mis en avant lente jusqu’à une certaine distance du sous-marin, puis en avant toute au NW vers un banc de brume, tous feux éteints et en faisant des zigzags.
Le sous-marin a fait des signaux, mais n’a pas ouvert le feu. Nous l’avons perdu de vue dans la pluie. Venu alors au NE et fait route sur le cap Saint Vincent. Atteint ce cap le 3 Décembre sans avoir revu le sous-marin. Arrivé à Gibraltar le 4 Décembre à 07h00.

Rapport d’enquête du Lieutenant Commander FREWEN. Gibraltar 8 Décembre 1916

Vapeur SOLVANG 2940 t
(Ex HERMAN WEDEL JARLSBERG lancé en 1890 au chantier Gray de West Hartlepool. Rebaptisé en 1915)
Armateur B. HANSEN
Affréteur Furness Withy & Co de Newcastle
Traversée Newcastle – Livourne avec du charbon. Quitté Newcastle le 17 Novembre.
Capitaine Fred GOTAAS
Equipage 24 hommes, tous Scandinaves

Le 29 Novembre, tempête de NE, mer forte, bonne visibilité. Le sous-marin est vu à 6 milles à 09h40. Mis avant toute, puis stoppé après un coup de canon de semonce.
Le second du sous-marin parlait très bien anglais. Le sous-marin doit être l’U 38, numéro vu sur plusieurs papiers.
Vu 4 officiers pont, tous jeunes, bien rasés, 3 officiers mécaniciens et 31 hommes d’équipage.
Le commandant s’appellerait VALENTINER. Il aurait coulé le LUSITANIA ET 150 autres navires.

Je vous envoie ci-joint le rapport du 1er officier du SOLVANG, Heliner Evensen. On doit féliciter Monsieur Evensen pour la façon dont il a agi pour sauver son navire. Il a fait preuve de beaucoup d’esprit de décision et d’intelligence.

Rapport du capitaine Fred GOTAAS du SOLVANG fait à Ardrossan (Ecosse) le 15 Décembre 1916

Ce rapport est particulièrement passionnant car il nous fait vivre de l’intérieur du sous-marin les évènements importants des jours qui ont suivi l’arraisonnement du SOLVANG

SOLVANG allait de Newcastle à Livourne avec un chargement de coke. Il a été intercepté par un sous-marin le 29 Novembre vers 09h00 et a stoppé au premier coup de semonce. Le sous-marin est venu le long du bord et m’a informé qu’il allait emmener le navire à Madère, puis si possible en Allemagne. J’ai été gardé dans le sous-marin et le SOLVANG l’a pris en remorque et a fait route sur Madère en utilisant une aussière et une manille.
A 13h15, apercevant le vapeur américain VIRGINIAN, le sous-marin a largué la remorque et a plongé, naviguant en immersion périscopique. Après plusieurs remorquages suivis de largages, le sous-marin est resté en surface près du SOLVANG en dérive, afin d’attendre une amélioration de la météo. Le lieutenant est venu m’apporter des vêtements et je lui ai dit d’essayer de s’échapper dès que possible.

A 23h15 le 1er Décembre, des hommes du sous-marin sont venus dire au commandant que tous les feux du SOLVANG avaient été éteints. Le sous-marin est resté une heure et demie à attendre le SOLVANG, mais le temps était trop mauvais pour qu’il puisse faire route en surface. A 04h00 le 2 Décembre, il a plongé et a continué sa croisière.

Au lever du jour, il revint en surface et le temps était meilleur. Il continua son voyage en surface, ne plongeant que deux fois pendant un temps bref à la vue de vapeurs. Il continua en surface toute la nuit et atteignit Madère le 3 Décembre à 04h00. A 8 milles de Funchal, il plongea et le commandant examina au périscope la situation dans le port. Toujours en immersion, au lever du jour il torpilla trois navires : la canonnière française SURPRISE, le transport de sous-marins KANGUROO et l’Anglais DACIA, tous au mouillage dans le port.
(Voir fiches de ces navires)
viewtopic.php?t=43406
viewtopic.php?t=43594

L’un des officiers du sous-marin m’a confirmé que le sous-marin avait manœuvré seulement au périscope entre la canonnière et le porte-submersibles et torpillé la première avec le tube arrière et le second avec le tube avant. Passant ensuite auprès d’un voilier américain, ELEANOR A. PERCY, il torpilla le DACIA avec le tube d’étrave. Puis il sortit du port en immersion et revint en surface vers 11h00 seulement. Il avait utilisé 4 torpilles pour couler 3 navires.

Revenu en surface, il commença à bombarder Funchal. Les officiers m’ont dit qu’il tirait sur les forts et que 3 forts avaient répliqué. Le sous-marin se tenait assez près de terre et il cessa son feu à 12h30 après avoir tiré 60 coups de canon. A ce moment-là, je n’étais pas au courant que les forts tiraient sur lui. Il hissa alors le pavillon de guerre allemand, resta en surface et se dirigea vers le Cap Saint Vincent.
Pendant son voyage vers le cap Saint Vincent, il resta en surface le jour et en plongée la nuit.

Le 7 Décembre au lever du jour, le sous-marin vint en surface et l’on vit la terre. Il croisa en surface entre le cap Roca et le cap Saint Vincent, mais ne vit aucun vapeur. Il plongea seulement 2 ou 3 fois à l’approche de patrouilleurs portugais. Il dut faire des zigzags pour échapper à l’un d’eux qui le poursuivait.

Le 8 Décembre vers 09h00, il aperçut deux vapeurs, les Norvégiens BRASK (Capitaine Johan WALLE) et ELI LINDOE à 30 milles au W3/4S du cap Sines. Il plongea et approcha des deux navires, puis vint en surface et tira un coup de semonce sur chacun des deux. Ils stoppèrent aussitôt. Ayant examiné leurs papiers, le commandant du sous-marin décida de couler le BRASK et de laisser libre ELI LINDOE. L’équipage de BRASK fut transféré sur ce dernier, de même que le capitaine du SOLVANG. Le BRASK fut coulé par bombes. Je vis pour la dernière fois le sous-marin à côté du BRASK en train de couler. ELI LINDOE fit alors route sur Ardrossan où j’ai débarqué le 15 Décembre, avec l’équipage du BRASK.

A bord du sous-marin, je n’ai subi aucune contrainte et je pouvais me promener partout. J’ai vu de nombreux papiers, ainsi que les « Notice boards and regulations » tamponnées avec le sigle U 38. Le commandant se nommait Valentiner et avait pris le sous-marin dès qu’il avait été commissionné. Il aurait déjà coulé 150 navires depuis le début de la guerre et certains marins m’ont dit qu’il avait torpillé le LUSITANIA. Mais lui-même ne me l’a jamais confirmé. Tous à bord m’ont dit qu’il arrivait de la Mer Noire. Ils parlaient librement et ouvertement d’un retour sur l’Allemagne après l’incursion à Madère. Ils parlaient sans arrêt du retour en Allemagne et tous espéraient y être pour Noël. Ils disaient qu’ils iraient à Hambourg, et un lieutenant du bord m’a dit qu’ils passeraient par la Manche et par le détroit de Douvres.

La nourriture du bord aurait été impropre même pour des cochons…Il me semble qu’il n’y avait d’installations pour dormir que pour la moitié de l’équipage. C’était la bannette chaude, une moitié de l’équipage étant de service quand l’autre moitié dormait.

Le chef mécanicien m’a dit que le sous-marin avait besoin de réparations qui ne pouvaient être effectuées qu’en Allemagne. Le sous-marin avait été longtemps au travail et avait besoin d’une révision complète. J’ai pu voir, le dernier matin passé dans le sous-marin, un état de consommation établi par le chef mécanicien. Il y avait encore 6000 litres de fuel à bord.

L’équipage a dit qu’il n’avait pas de souci avec le travail, mais que c’était une vie très dure. Le lieutenant m’a dit qu’il n’aimait pas ce travail quand il torpillait les navires dans le port de Funchal…Il parlait d’ailleurs un excellent anglais alors que le commandant ne l’utilisait pratiquement jamais. Je ne parlais pas l’allemand. Le commandant parlait avec tous, mais semblait revêche et bourru.

L’équipage m’a dit qu’il faisait normalement des campagnes de 3 ou 4 semaines, suivies de 10 ou 12 jours au port avec 3 jours de permission.

Le sous-marin atteignait 14 nœuds en surface et 12 nœuds en plongée. Le lieutenant m’a dit que 7 sous-marins patrouillaient en Méditerranée.

Complément d’enquête. Intelligence Division. 17 Décembre 1916

Après l’arraisonnement du SOLVANG et son raid sur Madère, le sous-marin a intercepté le Suédois ROXEN et l’Anglais BRITANNIA le 8 Décembre, le Portugais BRIZELA LE 9 Décembre, l’Italien EZEMPLARE le 10 Décembre.
La description de l’U 38 est bonne. Le numéro U 38 est correct. Il est connu depuis longtemps que ce sous-marin est commandé par le Kapitan-Leutnant Max Valentiner, qui est le plus impitoyable commandant de sous-marins allemands, mais il est peu probable qu’il ait torpillé le LUSITANIA.

Voici les routes respectives du SOLVANG et de l’U 38.

Image

On constate que l’allemand cherchait à économiser un maximum de combustible en se faisant remorquer sur de grandes distances. Il voulait aller jusqu’à Madère et prévoyait même un retour jusqu’en Adriatique à la remorque du SOLVANG !

Extrait du journal de bord du SOLVANG. 28 Décembre 1918. Livourne

Cet extrait du journal, rédigé par Evensen, a été signé par :

- Heliner EVENSEN 1er officier
- Christopher LARSEN 2e officier
- Sigurd WARO Chef mécanicien
- Nils KINDEN Charpentier
- Sigmund TRUMPY Consul de Norvège à Livourne

(Il est extrêmement long et je ne vais reproduire que les passages les plus intéressants)

Le voyage depuis Newcastle s’est déroulé avec un temps variable et très tempétueux, ce qui a provoqué beaucoup de dommages sur le pont.
Le 29 Novembre, le navire est stoppé par un coup de semonce d’un sous-marin allemand sans numéro. Appelé à son bord, son commandant m’a informé que SOLVANG était saisi comme prise de guerre, mais ne serait pas coulé. Le capitaine Gotaas dut se rendre à bord où il fut gardé. On me dit de passer une remorque au sous-marin et de faire route sur Madère. On nous y débarquerait et nous serions mis sur un vapeur retournant en Europe, avec tous nos effets. Si tout se passait bien, nous serions indemnisés par le gouvernement austro-hongrois. Mais si nous tentions de nous échapper, nous recevrions une torpille.
A 13h15, nous aperçûmes un steamer et le sous-marin hissa le signal de le suivre cap au SW et se mit en immersion périscopique, tout proche de nous. A 14h30, il revint le long du bord et reprit la remorque. Temps nuageux et brise fraîche.


Quand je revins à bord du sous-marin, j’eus l’autorisation de parler avec le capitaine. Je lui dis qu’à son avis nous n’étions pas une prise de guerre puisque le sous-marin n’avait pas envoyé à bord un équipage de prise et que nous portions toujours notre pavillon norvégien. Il me dit que si du brouillard survenait, ou toute autre possibilité se présentait, il fallait s’enfuir avec le vapeur. Il faut remarquer qu’aucune menace n’avait été formulée à contre la personne du capitaine Gotaas, si nous tentions de prendre la fuite, mais seulement que deux torpilles nous seraient envoyées si nous tentions cela.
Je demandai au capitaine Gotaas s’il avait de quoi manger et il me répondit qu’il avait seulement du pain et serait très heureux si je pouvais lui apporter quelque chose. Je retournai à bord et lui rapportai un sac contenant du beurre, du pain frais et quantité de vêtements. Les Allemands m’ont traité avec amabilité et m’ont offert des cigarettes.


Le commandant du sous-marin aurait voulu crocher un maillon de notre chaine d’encre (nota 30 m de chaine) mais pour cette manœuvre il lui fallait envoyer des hommes sur le vapeur et il n’y tenait pas. Ce ne fut donc pas fait.
Il me dit qu’il me faudrait rester un ou deux jours près de la pointe Nord de l’île de Porto Santo, pour le remorquer ensuite jusqu’à Badua ( ?) en Autriche. (En réalité Bojada). Il ne pensait pas que nous serions interceptés par les alliés en Méditerranée.


Avec le 2e lieutenant et le chef mécanicien, nous décidâmes de quitter le sous-marin de nuit, alors que la tempête se levait et que la pluie tombait. Il fallait agir rapidement. Nous éteignîmes tous les feux, exception faite des deux feux rouges que le sous-marin nous avait ordonné de porter. Puis nous mîmes avant lente et enfin avant toute tout en modifiant fréquemment la route. Nous n’entendîmes plus parler du sous-marin et fîmes route sur le cap Saint Vincent.


Nous avons remorqué le sous-marin sur une distance totale de 185 milles. Il a gardé notre certificat de nationalité, notre certificat de jauge et la charte-partie d’affrètement. Pendant le remorquage, nous avons perdu 90 brasses d’aussière et une manille. Nous avons aussi laissé 45 brasses de touline à bord du sous-marin. Nous avons enfin perdu 80 tonnes de charbon pendant la tempête qui a fait rage les 18,19 et 20 Novembre. Ce charbon était chargé sur le pont à bâbord de la cale 3, jusqu’au pont passerelle. Il a été emporté par la mer.

Commentaire

Ces documents sont d’un grand intérêt. On y découvre que lors de l’attaque de Funchal, il y avait dans le sous-marin un capitaine norvégien prisonnier. Son témoignage apporte des précisions de premier ordre sur l’affaire déjà racontée du côté allié.
Enfin, le témoignage sur les conditions de vie des sous-mariniers vient compléter ceux, passionnants, du capitaine de l’EMMA LAURANS ou du capitaine du voilier norvégien THOR II.

viewtopic.php?t=44508
viewtopic.php?t=45238

On notera que SOLVANG n’eut guère de chance puisque 6 semaines plus tard, le 13 Janvier 1917, il fut coulé à 30 milles du cap Finisterre, lors d’une traversée Almeria – Barrow avec du minerai de fer, par l’U 59 du Kptlt Wilhelm Von FIRKS.

Voici les deux navires coulés le 8 Décembre par U 38

ROXEN

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BRITANNIA

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Et une photo de l’U 38 (sans doute du côté de la Turquie) Source photoship.co.uk

Image

Cdlt
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olivier
NIALA
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Re: U 38 Sous-marin

Message par NIALA »

Sur cette photo, l'U38 est armé de deux canons de 88 mm, un de chaque coté du kiosque alors que l'armement normal de cette classe de sous-marins ( U31 à U41) était de un canon de 88 mm; il semble que l'armement ait varié considérablement sur cette classe de sous-marins, le canon de 88 mm est parfois devant le kiosque, parfois derrière celui ci, ou comme sur cette photo des deux cotés à la fois.

Alain
Cordialement

Alain
olivier 12
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Re: U 38 Sous-marin

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, bonjour Niala,

Effectivement, j'avais un peu hésité en voyant les deux canons. Mais les sous-marins ont pu voir leur armement renforcé vers la fin de la guerre. U 38 appartenait à la flottille de Constantinople.

Voici une autre photo de lui (source Wikipedia) avec un seul canon.

Image

Livré à la France en Février 1919, il a été démoli à Brest.

Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: U 38 Sous-marin

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Correction au message précédent

Voici des silhouettes de l'U 38 dessinées par les équipages de divers navires qu'il a rencontrés.

SIDI BRAHIM 27 Août 1916

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VILLE DE BÔNE 29 Août 1916

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EGYPTIAN PRINCE 12 Mai 1917

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ATALANTE 15 Juillet 1917

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On s'aperçoit grâce à ces documents, qu'U 38 avait deux canons en 1916 (1 sur l'avant et 1 sur l'arrière du kiosque). En revanche, en 1917, il ne possédait plus qu'un seul canon. Cela permet de dater approximativement les photos précédentes. Sur le dessin très détaillé fait par les marins d'EGYPTIAN PRINCE, il semble avoir une mitrailleuse sur l'avant du kiosque en plus du canon.

En fait, l'armement de ces sous-marins a donc bien varié au cours du conflit, mais pas toujours dans le sens d'une augmentation de la puissance de feu.

Cdlt
olivier
NIALA
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Re: U 38 Sous-marin

Message par NIALA »

Merci à Olivier pour ces informations sur l'armement de ce sous-marin aux diverses périodes de son existence.

Cordialement

Alain
Cordialement

Alain
olivier 12
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Re: U 38 Sous-marin

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici la route exacte suivie par U 38 lors de l'épisode Madère et de son remorquage par SOLVANG (extraite de son KTB). Au retour, comme le rapporte d'ailleurs le capitaine norvégien Gotaas, il a atterri sur le cap Saint Vincent et a patrouillé le long de la côte portugaise avant de croiser la route des vapeurs BRASK et ELI LINDOE, puis de faire route sur la Méditerranée.

Image

Ajoutons que les renseignements donnés par les Allemands au Norvégien étaient parfois très exagérés. Ainsi, U 38 n'avait pas coulé 150 navires en 1916 et, bien sûr, Valentiner n'était pas l'auteur du torpillage du LUSITANIA. Pendant toute la durée de la guerre, sur U 38, puis U 157, il aura coulé 143 navires, en aura endommagé 7 et capturé 3, ce qui n'est quand même pas rien. On peut d'ailleurs lire sa biographie sur ce site

https://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Valentiner

A propos des périodes d'arrêt des sous-marins océaniques, elles étaient généralement d'un mois entre deux patrouilles.

U 38 n'est pas rentré en Allemagne comme l'espérait son équipage après le raid sur Funchal. Il est arrivé à Cattaro le 25 Décembre exactement.Il n'est revenu en Allemagne qu'à l'automne de 1917.

Anglais comme Français pistaient avec beaucoup d'acuité les mouvements des u-boote. En 1916, ils parvenaient à déchiffrer certains messages radio de ces derniers et par suite à connaître leur position.

Enfin, l'armement des sous-marins était plus ou moins modifié lors de leurs passages au chantier. Ainsi, l'U 35 d'Arnauld de la Perrière a eu successivement un 75 mm, puis un 88 mm, puis deux 88mm et enfin un 88mm et un 105 mm.

Tous mes remerciements à Yves D. pour les renseignements qu'il m'a communiqués

Cdlt
olivier
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