U 35
On trouve aux archives une étude fort intéressante de l’Etat-Major de la Marine qui tente de reconstituer, fin 1916, les patrouilles de plusieurs sous-marins qui ont pu être identifiés.
Il s’agit des U 38, U 34, U 35 et U 72.
Nous allons commencer par l’étude concernant l’U 35, sous-marin commandé par le KL Lothar von Arnauld de la Périère.
Voici la note :
« Nous attribuons au grand sous-marin aperçu le 15 Septembre 1916 dans le canal d’Otrante par le GAY-LUSSAC une croisière en Méditerranée occidentale jalonnée par les points suivants :
15/09 15h10 GAY-LUSSAC
17/09 10h00 LORD TREDEGAR (navire coulé par l’UB 43)
17/09 17h00 DEWA (navire coulé par l’UB 43)
17/09 18h30 CAUCASE
10/09 08h40 MARTABAN
18/09 13h20 SHELDRAKE (sera coulé le le 08/11/16 par l’U 34)
19/09 07h10 DORIDE
19/09 18h30 THERESA C.
20/09 12h45 PERSIC (sera coulé le 07/09/18 par l’UB 87)
22/09 13h20 GARIBALDI
22/09 16h45 GIOVANNI ZAMBELLI
23/09 11h00 CHARTER HOUSE
24/09 06h00 STRATHNESS
24/09 10h00 NICOLO
24/09 11h00 BUFJORD
24/09 13h40 BRONWEN
24/09 16h20 EUGENE PEREIRE
25/09 13h30 BENPARK
26/09 07h00 SENTINELLE
26/09 12h00 STATHE
26/09 12h20 NEWBY
26/09 17h10 RODDAM
26/09 19h00 DUNROBBIN (sera coulé le 24/11/17 par l’U 53)
27/09 11h00 RALLUS (appelé RALLAS sur uboat.net)
27/09 14h00 SECONDO
27/09 17h30 VINDEGGEN
28/09 09h15 ALSACE
28/09 14h00 GIULIO CESARE
29/09 11h00 VENUS
29/09 12h00 NELLORE
30/09 Après-midi Patrouilleurs
U 35 aurait donc coulé 15 vapeurs et trois voiliers, soit 18 navires représentant un tonnage net de 31000 tx pour les vapeurs et 2500 tx pour les voiliers pendant cette deuxième quinzaine de Septembre.
Ce sous-marin s’identifie aisément comme étant l’U 35 par tout ce que nous savons de sa silhouette reconnaissable notamment au damier noir et blanc de sa passerelle. Il s’identifie aussi par le signalement connu de son commandant. De plus, on retrouve la manière à la fois énergique et prudente de ce redoutable adversaire.
Plusieurs navires ( NICOLO, VINDEGGEN, VENUS) ont en outre signalé la présence d’un singe à son bord. Ce renseignement pourrait s’avérer intéressant si par la suite ce sous-marin venait à modifier sa silhouette. »
En étudiant de près cette note, on constate qu’en 1916 le service du renseignement de la Marine connaissait bien l’U 35 et était capable de retracer presque toute sa patrouille. Il relève la totalité (en rouge) des navires coulés par l’U 35 pendant la 2e quinzaine de Septembre. Il ne commet que deux erreurs (en bleu) lui attribuant le LORD TREDEGAR et le DEWA, en fait coulés par l’UB 43.
Sans doute les deux sous-marins opéraient-ils dans les mêmes parages ?
U 35 a donc coulé 16 navires seulement, ce qui est tout de même un chiffre énorme.
D’autres navires, qui n’ont pas été coulés, l’ont aperçu et signalé, peut-être même identifié.
Je pense que le sous-marin était connu depuis son escale à Carthagène, le 21 Juin 1916, où il avait été photographié. Notons d’ailleurs que le 1er Octobre 1916 (lendemain de cette étude) il reviendra devant Carthagène et évacuera au nez et à la barbe des alliés trois officiers allemands internés par les Espagnols : Wilhelm Canaris, l’EV Sievers et l’aspirant Badewitz.
Voici l’U 35 à Carthagène en Juin 1916. On voit parfaitement le damier noir et blanc (en fait rouge et blanc selon Yves) sur le haut du kiosque.
Enfin, sans citer son nom, il est évident que dès 1916 l’Etat-Major a repéré ce commandant sous-marinier et qu’on le redoute tout particulièrement. Connaissait-on son nom à cette époque ?
Et y avait-il vraiment un singe comme mascotte à bord du bâtiment ?
Peut-être Yves pourra-t-il nous répondre…
Voici en complément quatre photos (arrêt sur image d'un film tourné sur l'U 35) montrant l'arraisonnement et la destruction d'un voilier par ce sous-marin. Le voilier transportait des tortues que les sous-mariniers ont embarquées à leur bord pour améliorer leur ordinaire...
Voir aussi les clichés postés au sujet "LA PROVENCE II"
Cdlt
. La crainte de tous était qu'à l'occasion d'une plongée d'urgence elle soit oubliée sur le pont mais la guenon (malin comme un singe, dit-on !) avait très rapidement associé le bruit d'échappement d'air des ballasts signe d'une prise de plongée à un danger et dès qu'elle entendait ce bruit, elle se précipitait sur le kiosque et se réfugiait aussitôt dans le sous-marin. Fips passa un an à bord jusqu'à ce qu'une mauvaise bronchite n'inquiéte ses nouveaux amis. Un homme de l'équipage qui partait en permission fut alors désigné pour la conduire au zoo de Berlin. Ainsi fut fait et Lothar rapporte qu'après la guerre il était allé au zoo où il l'avait retrouvée. Elle ne l'avait pas reconnu l'ingrate ! A sa décharge, disons que les années avaient passé et que la guenon devenue grand mère avait du finir par oublier sa glorieuse carrière dans la sous-marinade.
