LA BRUYÈRE — Trois-mâts barque — Armement René Guillon & René Fleury, Nantes.

Rutilius
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LA BRUYÈRE — Trois-mâts barque — Armement René Guillon & René Fleury, Nantes.

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Bonjour à tous,


Témoignages officiels de satisfaction décernés à des officiers de l’aviso-sloop Aldébaran pour le remorquage du trois-mâts La Bruyère, les 9 et 10 avril 1918


Journal officiel du 25 mars 1920, p. 4.796.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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LA BRUYÈRE — Trois-mâts barque — Armement René Guillon & René Fleury, Nantes.

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Bonjour à tous,

Le capitaine du trois-mâts barque La Bruyère en 1918


— SAGET Victor, né le 21 octobre 1885 à Camaret (Finistère) et décédé le 8 mars 1960 à Brest (– d° –) (Registre des actes de décès de la ville de Brest, Année 1960, Vol. I., f° 53, acte n° 205). Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Brest, n° 76, puis n° 769 H.S. Directeur de la Compagnie des vapeurs brestois (10 févr. 1933).

• Fils de Paul Marie SAGET, né vers 1853, marin, et de Marie Marguerite KERDOMAREC, née vers 1862, « ménagère », son épouse.

• Époux de Marie Françoise RIOUALLON, née le 3 décembre 1893 à Binic (Côtes-du-Nord — aujourd'hui Côtes-d'Armor) (Registre des actes de naissance de la commune de Binic, Année 1993, f° 27, acte n° 51), avec laquelle il avait contracté mariage à Brest, le 11 juillet 1916 (Registre des actes de mariage de la ville de Brest, Année 1916, Vol. I., f° 96, acte n° 190).

Fille de Hyacinthe François Marie RIOUALLON, gendarme maritime, et de Marie Francine GODEC, sans profession, son épouse (Ibid.).

Distinctions honorifiques

□ Témoignage officiel de satisfaction (Déc. min. 22 déc. 1922, J.O. 25 déc. 1922, p. 12.294 et 12.295).

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□ Médaille de sauvetage en bronze (7 mai 1923).

□ Chevalier (D. 9 janv. 1934, J.O. 10 janv. 1934, p. 240), puis officier (29 déc. 1937) du Mérite maritime.

□ Médaille d’honneur des marins du commerce (Déc. min. des 25 sept. 1936 et 7 janv. 1937, J.O. 10 janv. 1937, p. 452 et 454).

□ Chevalier de la Légion d’honneur (5 févr. 1949).
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: LA BRUYÈRE – Trois-mâts barque – R. Guillon & R. Fleury, Nantes.

Message par Memgam »

Bonjour,

Sur le Capitaine au long cours Victor Saget, voir aussi le sujet Cornil Bart, trois -mâts barque qu'il a commandé en 1919.

Cordialement.
Memgam
olivier 12
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Re: LA BRUYÈRE – Trois-mâts barque – R. Guillon & R. Fleury, Nantes.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur l’attaque du LA BRUYERE

Navire armé de 2 canons de 90 mm modèle 1877 Guerre sur affûts 1916. Tiré 3 coups par tribord et 15 coups par bâbord.

Note du représentant de l’Inscription Maritime de Rufisque, Mr. HENRY, à l’Inscription Maritime de Dakar. 9 Avril 1918

Douze hommes d’équipage du voilier LA BRUYERE sont arrivés ici ce soir après avoir été recueillis à hauteur du Cap Rouge par le TEIDE, qui arrivait de M’Bour. Ils auraient abandonné leur navire à la suite d’attaque par un sous-marin, comme le montre la déclaration du Second.
Ces hommes sont hébergés à l’Hôtel Moderne. Ils seront acheminés par le régulier de demain matin sur Dakar, par mes soins et sur réquisition. Dois-je solder la facture d’hôtel directement ou faut-il vous l’adresser ?

Télégramme de douane Joal à chef de l’Inscription Maritime de Dakar. 9 Avril 1918. 10h30

Honneur informer 13 hommes de la goélette LA BRUYERE coulée près de Casamance par sous-marin ont débarqué d’un canot à Joal.
Signé ROCCASERRA

Télégramme de Saint Louis à Marine Dakar. 9 Avril 1918

Extrême urgence. Administrateur Thiès télégraphie ce jour à 10h00 qu’à, l’instant arrivent à Joal Fadiouth capitaine et 12 hommes du voilier LA BRUYERE torpillé à 30 milles des côtes du LIBERIA.

Lettre du CLC VINCENT, commandant du TEIDE à Rufisque, à l’Inscription Maritime de Dakar. 10 Avril 1918

J’ai quitté Rufisque le 8 Avril à 05h40 pour conduire à M’Bour sur le remorqueur TEIDE Monsieur le Gouverneur du Sénégal. A 07h15, j’ai rencontré, stoppé dans la brume, un patrouilleur de Dakar qui m’a demandé sa route. Je lui ai donné des indications qui lui ont sans doute permis de continuer. Le patron du patrouilleur a eu un entretien particulier avec le Gouverneur.

Au retour de M’Bour, le 9 Avril à 16h00, par le travers du Cap Rouge, j’ai rencontré un canot de sauvetage du voilier LA BRUYERE contenant 12 hommes d’équipage dont le second capitaine qui m’a déclaré que leur navire, étant à la remorque d’un patrouilleur, avait été torpillé puis, deux heures plus tard, canonné par un sous-marin. Leur navire étant criblé par la mitraille, ils l’avaient abandonné et cherchaient à regagner Dakar. Au début du combat, le patrouilleur, qui semble être celui que nous avions croisé, avait disparu. Le reste de l’équipage, dont le capitaine, était dans une autre embarcation.
J’ai donc remorqué le canot et conduit ces hommes à Rufisque. Je les ai remis au Capitaine de Port, représentant de l’Inscription Maritime.

Lettre du CLC ANCELIN, représentant la Société Générale d’Armement, au CV Commandant Marine Dakar. 10 Avril 1918

Selon information du chef du service des patrouilles, qui m’a été communiquée par le chef de l’Inscription Maritime, le voilier LA BRUYERE aurait été trouvé hier complètement abandonné par son équipage, en mer, et aurait été remorqué sur rade de Dakar.
En attendant que les causes de l’abandon aient été définies, j’ai l’honneur par la présente de réserver tous droits de la société que je représente tant sur le corps que sur la cargaison.

Rapport du capitaine daté du 11 Avril 1918

Quitté Melbourne le 29 Novembre 1917 à destination de Dakar avec un chargement de blé pour le Gouvernement français.
Remonté l’Atlantique en me conformant aux instructions données par l’Amirauté britannique.
Le 7 Avril, par 13°40 N et 19°58 W, aperçu le patrouilleur GIRAFE et les vents étant contraires, lui ai demandé de me prendre en remorque. A midi, remorque installée entre les deux bâtiments. Serré les voiles carrées. Conservé les voiles latines pour aider le patrouilleur.
A 14h00, étant sur le gaillard, aperçu le sillage d’une torpille par tribord, torpille destinée au patrouilleur, trajectoire perpendiculaire à la route Nord suivie. Courant vers l’arrière pour faire armer les pièces, aperçu le sillage d’une autre torpille destinée au LA BRUYERE qui passe à quelques mètres sur l’avant.. Ouvert le feu sur le sous-marin dont nous venions d’apercevoir le périscope et le kiosque. Tiré deux ou trois coups et nous crûmes l’avoir atteint. Mais il émerge à nouveau avant de plonger définitivement.

GIRAFE siffle pour nous faire larguer la remorque et tire aussi deux ou trois coups en direction du sous-marin. Nous ne pouvions larguer la remorque car elle était maillée sur la chaîne de bossoir. Elle fut larguée du remorqueur au moyen du croc à échappement. Donné l’ordre d’établir toute la voilure, le patrouilleur naviguant en zigzags devant nous. Tout à coup, il émet une quantité de vapeur et se dirige vers la terre, du bord opposé à celui du sous-marin. Il signale « Laissez porter » mais ne termine pas son signal. Je laisse porter sur la terre et vais vers le compas avant pour donner la route au timonier, tandis que l’on continue à établir la voilure.
Le sous-marin commence alors à nous canonner, une vingtaine de coups à raison de 2 coups par minute ; le patrouilleur étant à 2 milles de nous. Voici la position des navires.

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Le sous-marin fait feu des deux pièces et son tir est très précis. Les obus éclatent des deux côtés sur l’avant et l’arrière, à quelques mètres du navire qui est frappé par les éclats. D’immenses colonnes d’eau mouillent le pont. Riposté avec la pièce bâbord, celle de tribord n’étant pas dans le champ de tir et le navire ayant du mal à évoluer avec un temps presque calme. Après avoir tiré une douzaine de coups trop courts, le canonnier Dupas me dit qu’il ne peut plus se servir de sa pièce, l’obturateur ne fonctionnant plus.
Jugeant que le voilier allait être infailliblement détruit par le sous-marin, aucune vitesse ne permettant de dérégler son tir, et avant que les embarcations ne soient démolies, ne recevant aucun secours du patrouilleur, je me suis résigné à évacuer le navire. Mis pavillon en berne et embarqué dans les embarcations. Les obus tombaient à quelques mètres de nous, puis le tir cessa. Décidé de rester non loin du navire pendant le jour et donné l’ordre à mon second, qui était dans l’autre baleinière de me quitter. Je n’ai pas osé revenir à bord de peur que le sous-marin ne nous aperçoive et cette fois ne nous épargne pas. Le patrouilleur était toujours en vue. La nuit venant, perdu de vue le patrouilleur et l’autre baleinière. Venu près du voilier avec l’intention de rembarquer, mais avons aperçu quelque chose le long du bord qui semblait être le sous-marin. Craignant que dans cette nuit sombre un patrouilleur accourant sur les lieux ne nous prit pour celui-ci, je me suis écarté. Vers 04h00 du matin essayé de revenir vers le navire, mais n’ai plus rien aperçu. Jugeant que si le voilier n’avait pas été détruit il serait trouvé par des remorqueurs ou des patrouilleurs de Dakar prévenus par GIRAFE, j’ai fait route sur la terre. Nous avons été recueillis par un cotre qui nous a conduits à Joal Fadiouth d’où j’ai télégraphié au commandant de Marine Dakar.
Les documents confidentiels ont été détruits et les papiers du bord sauvés. Nous n’avons pas utilisé la TSF car GIRAFE transmettait et nous aurions pu brouiller ses communications.

Note du Chef de l’Inscription Maritime BUCHALET au CV Commandant Marine Dakar. 16 Avril 1918

En réponse à votre note relative à la réclamation formulée par le Chef de la Division Navale du Maroc au sujet du LA BRUYERE, j’ai l’honneur de vous rendre compte qu’au point de vue légal cette réclamation n’est pas fondée.
Le décret du 28 Février 1918 ne modifie rien à la législation relative aux naufrages et aux épaves. Il autorise seulement les Administrateurs de l’Inscription Maritime à hâter les opérations concernant les indemnités à allouer aux inventeurs des épaves. C’est l’ordonnance du mois d’Août 1681 qui reste en vigueur.
On ne peut considérer comme épave un objet trouvé sur lequel une embarcation est envoyée depuis la terre.

Le cas qui nous occupe est entouré de circonstances exceptionnelles :

- Le navire remorqueur est un navire de guerre opérant en service commandé.
- Le navire remorqué est un affrété de l’Etat garanti par une assurance d’Etat contre les risques spéciaux résultant de l’état de guerre.
- La cargaison appartient à l’Etat

Je vais demander des ordres au Commissaire aux Transports maritimes et à la Marine Marchande et me hâterai de vous faire connaître la décision du Ministre quand elle me parviendra.

Décret du 28 Février 1918 : les bâtiments et objets sauvés sont remis à leurs propriétaires s’ils en font la réclamation dans un délai de 3 mois à compter du sauvetage, après paiement des droits de douane ou d’une somme suffisante pour représenter la contribution des intéressés aux dépenses du sauvetage. Passé ce délai il peut être procédé à la vente des objets saisis. S’il s’agit de denrées périssables, la vente peut avoir lieu avant l’expiration du délai ci-dessus.

Procès verbal de visite du LA BRUYERE, remis le 16 Avril 1918 à ses armateurs, avec son chargement

Visite effectuée par :
- BUCHALET Chef du Service de l’Inscription Maritime
- BONNESOEUR Gendarme syndic des gens de mer
- POULAIN Lieutenant de Vaisseau, Délégué du ravitaillement
- BUNGE Lieutenant de Vaisseau, Commandant AMBC
- ANCELIN CLC représentant l’armateur
- SANTENAC Mécanicien principal du DESAIX, expert

Constat

1) Coque, gréement, mâture du navire sont en parfait état sauf 5 m de rambarde arrière bâbord et ridoirs de basse carène d’artimon, quelques manœuvres courantes coupées, quelques dégâts dans la voilure, le tout provenant évidemment de l’éclatement de projectiles de l’ennemi. Manque une embarcation qui se trouve encore à Joal. La seconde est en sureté à bord du VINCENNES.
2) Rien à signaler dans les rechanges et provisions de bord.
3) Armement militaire intact.
4) TSF très facilement réparable
5) Le chargement, bien que charançonné, est en état normal. Arrimage bien fait à la partie supérieure. Un certain nombre de sacs de blé avaient été disposés par le capitaine dans la soute à obus comme protection des munitions. De même il y avait quelques sacs autour des canons.

Dans ces conditions, étant donnée l’impérieuse nécessité de n’apporter aucun obstacle à la remise du navire aux propriétaires et de la cargaison au service destinataire, nous offrons à Monsieur le LV POULAIN de prendre livraison de la cargaison de blé destinée au ravitaillement, et à Monsieur ANCELIN de reprendre possession du navire au nom de son propriétaire et armateur.

Messieurs Poulain et Ancelin ayant accepté cette proposition, nous leur transférons, au premier le chargement du navire, et au second le navire lui-même.

Complément au rapport de la commission d’enquête

Cette commission, réunie le 12 Avril sur le DUPLEIX était composée de
- PETIT Loïc, Capitaine de Frégate Commandant du DESAIX
- BUCHALET, Chef de l’Inscription Maritime
- LE MERLE, Capitaine au Long Cours commandant le 3-mâts DUGUAY TROUIN

Elle a interrogé
- SAGET, CLC commandant le LA BRUYERE
- LE ROY, CC 2e capitaine
- Une partie de l’équipage
- LE GROUMELLEC, Maître de manœuvre commandant GIRAFE
- LORTHIOIR, EV2 sur ALDEBARAN
- GUYOMARCH, Maître canonnier de l’AMBC Dakar.

L’officier enquêteur conclut :

Le personnel canonnier, provenant de l’AMBC de Bordeaux le 9 Juillet 1917, a été au dessous de sa tâche. Il a manqué totalement de sang froid ce qui a provoqué de la part du capitaine l’ordre prématuré d’évacuer le navire. L’équipage a rallié la côte de Joal dans deux baleinières.

La commission conclut :

Le capitaine du LA BRUYERE a manqué totalement de sang froid, faisant évacuer son navire sur une simple affirmation non vérifiée d’un subordonné. Le personnel canonnier est loin d’avoir été à la hauteur de son devoir et ne possédait pas les connaissances techniques suffisantes. D’après le rapport du commandant de l’AMBC, le canonnier Dupas était tout à fait incapable de remplir la mission qui lui avait été confiée.

Carte montrant le trajet des embarcations

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Requête du charpentier Yves ALLAINMAT pour l’obtention de la carte de combattant en 1919. Réponse du Ministre

Après avoir repris tout le déroulement de l’affaire, le Ministre conclut :

Le Capitaine Saget, du LA BRUYERE, a été puni de 6 mois de suspension de la faculté de commander pour abandon de navire et aucune récompense n’a été accordée ou proposée pour un membre d’équipage.

On peut donc penser que la carte de combattant n’a pas été accordée à ce marin…



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markab
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Re: LA BRUYÈRE — Trois-mâts barque — Armement René Guillon & René Fleury, Nantes.

Message par markab »

Bonjour

Une représentation du navire par le peintre Gilbert Pajot :

LA BRUYERE
LA BRUYERE
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A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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