Bonjour à tous,
ROCHAMBEAU
Rencontre avec un sous-marin le 30 Avril 1917
Le 11 Mai 1917, le préfet de la Gironde envoie la lettre suivante au Ministre de la Marine.
« J’ai l’honneur de vous faire connaître que le service de police du port de Bordeaux a recueilli à bord du ROCHAMBEAU les renseignements suivants :
Le ROCHAMBEAU se trouvait le 30 Avril 1917 à 15h15 à 15 milles au SW de La Coubre, à l’embouchure de la Gironde, lorsque les canonniers du bord s’aperçurent qu’une torpille venait d’être lancée à une distance de 700 à 800 m contre le navire. Presque aussitôt, ils tirèrent plusieurs coups de canon sur le point d’où paraissait être parti l’engin.
Le paquebot de 17000 tonnes marchait à 19 nœuds.
Le commandant s’étant immédiatement rendu compte du danger que courait son navire put, par une manœuvre habile, éviter la torpille qui passa à 8 mètres sur l’arrière. De leur côté, les canonniers continuèrent à tirer afin de protéger le navire dont la marche ne fut interrompue par aucun autre incident.
Personne ne vit de sous-marin. A un certain moment, certains crurent cependant voir son sillage, mais il s’agissait en réalité du sillage du ROCHAMBEAU qui faisait de nombreuses embardées à droite et à gauche.
Tous les membres de l’équipage conservèrent leur sang-froid. Il n’y eut pas de panique chez les passagers qui restèrent sur le pont pour suivre de l’œil la torpille qui continua sa route pendant plus de 1000 m.
Le poste de TSF du bord ayant lancé des appels de détresse, un premier destroyer arriva sur les lieux une demi-heure après la tentative de torpillage, et trois autres peu après. »
Cette attaque manquée vaudra les récompenses suivantes à l’équipage :
JUHAM Dominique Commandant. Lieutenant de vaisseau auxiliaire immatriculé à Saint Tropez n° 117
Citation à l’Ordre de la Division pour l’esprit de décision et de sang-froid dont il a fait preuve lors de l’attaque de son navire par un sous-marin.
DANIELOU Emile QM canonnier inscrit à Morlaix n° 22679
Citation à l’Ordre du Régiment « Etant chef de pièce, a fait preuve d’activité et d’énergie lors de l’attaque de son navire par un sous-marin. »
On trouve, jointe au dossier, une lettre du Grand Chancelier de la Légion d’Honneur.
« J’ai l’honneur de vous adresser, pour être soumis à l’examen du Conseil de l’Ordre, un décret en double expédition conférant la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à Monsieur JUHAM Dominique Pierre, Capitaine au Long Cours, commandant le paquebot ROCHAMBEAU.
Une décision du Gouvernement, prise au début des hostilités, ayant ajourné, en principe, toute admission à titre civil dans notre ordre national, j’ai saisi le conseil des Ministres du cas de Monsieur JUHAM.
Il a été décidé que ses titres justifiaient à tous égards une dérogation à la décision de principe susvisée et qu’ils justifiaient une récompense immédiate ».
Voici les états de service du commandant du ROCHAMBEAU
Il serait intéressant de savoir quel est le sous-marin qui a manqué ce paquebot.
Voici enfin quelques photos de ce magnifique navire sur lequel mon GP fut brièvement embarqué comme officier mécanicien début 1914, avant de rejoindre le paquebot PEROU pour un embarquement de …60 mois !
Enfin, une petite fille (la future mère de l'auteur de ces lignes)photographiée sur le pont du ROCHAMBEAU, près du treuil du petit canot arrière, en 1914...
Cdlt