Single Ship Report for "5604398"
IDNo: 5604398 Year: 1918
Name: LIEUTENANT GRANIER Launch Date:
Type: Cargo ship Date of completion: 8.18
Flag: FRA Keel:
--------------------------------------------------------------------------------
Tons: 2038 Link:
DWT: Yard No:
Length overall: Ship Design:
LPP: 79.1 Country of build: USA
Beam: 13.9 Builder: Foundation Co
Material of build: w Location of yard: Portland, Ore.
Number of
screws/Mchy/
Speed(kn): 2T-
--------------------------------------------------------------------------------
Owner as Completed: Govt of France, Bordeaux
Naval or paramilitary marking :
A: *
End: 1925
L'histoire de la vente du LIEUTENANT GRANIER à l'armateur Nicouleau, que nous signale Klaus dans le récapitulatif des 5-mâts goélettes, vaut son pesant de cacahuètes... Elle est racontée par Louis Lacroix dans "Les Ecraseurs de Crabes".
Mr. Nicouleau, originaire d'Eymet en Dordogne, était capitaine au cabotage et pilote de Loire à Nantes. Il était aussi conseiller municipal de cette ville et très versé dans la politique. Beau parleur, il persuada quelques amis qu'acheter le LIEUTENANT GRANIER aux conditions de la liquidation de la flotte d'Etat était une affaire superbe.
D'autant plus qu'il venait d'avoir un gros pépin en Loire, ayant échoué le vapeur anglais GLEN TURET qui était devenu perte totale. S'absenter quelque temps du service du pilotage semblait donc assez indiqué et cette occasion de naviguer au large tombait à pic pour lui.
Ne possédant qu'un brevet de maître au cabotage, il engagea quand même un capitaine porteur CLC, ainsi qu'une vingtaine d'hommes d'équipage.
Le schooner fut affrété pour transporter un chargement de sable de Rouen à Terre-Neuve. Mais avant d'appareiller, Nicouleau fit faire quelques gros travaux par une maison de Chantenay, pour rendre plus luxueux les emménagements du navire. Montant des travaux, des avances à l'équipage et de l'armement dépassait de beaucoup celui de l'affrètement.
Le 5 Juin 1922, quittant Saint Nazaire, le schooner débarqua son pilote au large de La Banche et fit route sur Rouen qu'il atteignit en...14 jours. Il lui fallut 20 jours pour charger son sable, et il quitta la rade du Havre le 11 Juillet pour Terre-Neuve. La traversée fut "assez longue" nous dit Lacroix, puisqu'il entra à St Jean de Terre Neuve 45 jours plus tard. Mais il repartit dès le lendemain car il s'avéra qu'il y avait erreur sur la destination : le sable devait être déchargé à Montréal.
Opérations terminées il se rendit à Québec pour prendre un chargement de bois pour Londres. Après un mois passé à Québec, il prit le chemin du retour fin Octobre 1922. Avaries successives et, sans doute, météo peu favorable en cette saison sur l'Atlantique nord, firent qu'il mit 80 jours pour atteindre Belfast, où il arriva en Janvier 1923. Bien sûr, le taux de fret du bois ne permettait pas de régler les dépenses d'exploitation et il fut saisi et mis en vente.
Malgré ses protestations, l'équipage fut rapatrié au Havre sans recevoir de solde.
Mais Nicouleau trouva alors le moyen d'acheter une vieille goélette en fer de 70 tx, mise en vente en raison de sa vétusté, qui fut baptisée DENISE M.
Il présenta, là encore à ses amis nantais, cet achat comme une bonne opération. Il acheta 40 tx de pommes de terre d'Irlande qui devaient lui servir de lest et être revendus avec profit à l'arrivée à Saint Nazaire.
Mais la traversée Belfast-Saint Nazaire avec ce navire en mauvais état fut longue. Il fallut relâcher à Queenstown, puis à nouveau à Camaret. A l'arrivée à Saint Nazaire, les pommes de terre avaient germé et étaient invendables. Il eût alors l'idée lumineuse d'acheter des petits cochons afin de les engraisser avec ces pommes de terre. Il installa l'élevage dans une cour d'immeuble en plein Saint Nazaire. Cela déplut aux voisins qui protestèrent avec véhémence, et il dut transporter ses gorets à Mindin, de l'autre côté de la Loire, et monter toute une installation pour confectionner jambons et charcutailles et écouler les cochons ayant survécu à ces tribulations. Bref, l'exploitation du DENISE M. s'avéra rapidement déficitaire et il dut vendre.
Avec le produit de la vente, il loua alors la petite île Dumet, située à environ 5 milles au large de Piriac, vers l'embouchure de la Vilaine. Il y monta un casino, loin des regards trop curieux. Il amenait les clients avec une petite vedette à moteur depuis Le Pouliguen (faubourg de La Baule) ce qui faisait une bonne douzaine de milles avec passage de la pointe du Croisic, zone souvent bien venteuse et houleuse. Les accros du jeu devaient certainement préférer les casinos de La Baule, tout proches, à une longue promenade en mer, vers une île déserte, surtout par mauvais temps...
Bref, Nicouleau fit à nouveau faillite, guère plus heureux dans le domaine des jeux que dans ceux de la charcuterie, de l'armement de navires ou du pilotage.
J'ai bien rigolé
Tout de même, notre homme avait de la ressource à défaut de la bosse du commerce, acheter des gorets pour becqueter la cargaison avariée, fallait y penser.
Bien cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
A propos du vapeur anglais échoué en Loire par le pilote Nicouleau, le nom donné par Lacroix comporte une erreur d'orthographe. Il s'agit en fait du GLENTURRET.
Ce vapeur de 4696 Tpl 121 m de longueur et 15 m de largeur avait été construit à Govan et lancé le 11 Août 1896.
L'accident de pilotage et l'échouage suivi de la perte du bâtiment eurent lieu devant Cordemais le 26 Juillet 1918.
Mais il y a parfois des coïncidences assez extraordinaires !
En relisant la fiche du MOUSQUET et en étudiant la carte postée par Yves sur le combat de Penang, je viens de découvrir que le GLENTURRET était à Penang le 28 Octobre 1914. A 07h00 du matin, il est indiqué sur la carte comme entrant dans le chenal de Penang. Son équipage assista donc à toute l'action de l'EMDEN et au combat avec le MOUSQUET.
Il aura eu alors la chance d'échapper au corsaire allemand.
Toutefois, le pilote Nicouleau fut plus redoutable que le commandant von Muller !
Voici une photo du vapeur anglais GLENTURRET qui se trouvait à Penang le 28 Octobre 1914 et finit malencontreusement sur les bancs de sables de la Loire en 1918...
Lieutenant-Granier — Schooner à cinq-mâts à vapeur — Transit maritime.
Immatriculé au quartier de Bordeaux, f° 1.569, n° 4.832. Jauge : 2.185 tx jb et 1.583 tx jn. Signal distinctif : J.W.O.N.
□ En 1919.
— Armé au long-cours à Bordeaux, n° 491 ; désarmé à Rochefort-sur-Mer, n° 88.
Capitaine Henri Eugène MAISONNEUVE, capitaine au long-cours inscrit au quartier de Saint-Nazaire, n° 241, ancien capitaine du quatre-mâts barque Hélène, de l’armement Ant.-Dom. Bordes & Fils, de Dunkerque, naufragé le 22 février 1919 au large de la Virginie. Embarqué à Rochefort-sur-Mer, le ... 1919 et y débarqué, le 14 septembre 1919.
— Armé au long-cours le 11 septembre 1919 à Rochefort-sur-Mer, n° 101 ; désarmé le 27 septembre 1920 au Havre, n° 306.
Capitaine Henri Eugène MAISONNEUVE, précité. Embarqué le 15 septembre 1919 à Rochefort-sur-Mer, débarqué le 15 novembre 1919 au Havre.
Dernière modification par Rutilius le jeu. déc. 22, 2022 6:54 pm, modifié 1 fois.
!
