Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Memgam
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par Memgam »

Bonjour,

Comme indiqué dans le premier message d'Olivier 12 relatif au Niagara, celui-ci a fait l'objet d'une avarie de machine qui l'a conduit à Horta aux Açores, en remorque du Kentucky. Son retour en Europe s'est fait à la remorque de l'Iroise (1271 cv), capitaine Louis-Marie Malbert de l'Union Française Maritime, en janvier 1927.

L'Iroise est l'ancien Tchernomore de la marine Impériale russe dont l'histoire a été relatée sur le forum.
Louis-Marie Malbert a passé la guerre de 1914-1918 en commandant des grands voiiers : La Rochefoucauld (du 3 octobre 1914 au 16 mai 1916), qui sera capturé par le Seeadler ; Champigny (du 23 mai 1916 au 22 février 1919) dont il débarquera à San Francisco, victime de la grippe espagnole.

Le remorqueur quitte Brest le 4 janvier 1927 à 7 heures du matin à destination de La Horta où il arrive le 9 janvier à 11 heures (5 jours de mer).
La préparation du remorquage et un complément de charbon sont rondement menés puisque ll repart dès le 10 janvier à 20 heures, remorquant le Niagara. La vitesse de remorquage est de 5,2 noeuds par mer belle. Pourtant, l'hélice babord en place et le gouvernail bloqué sur babord du Niagara sont un facteur de résistance et de difficulté à tenir la route. Le mauvais temps arrive le 13 janvier et plusieurs mesures sont prises, filage, par le Niagara de la chaîne à laquelle est maillée la remorque de l'Iroise, pour qu'une plus grande longueur amortisse les mouvements et limite les risques de rupture ; établissement d'une voilure de fortune par le paquebot pour mieux gouverner, mais le navire tombe quand même en travers. La vitesse diminue à 3,2 noeuds le 14. Le temps empire et la remorque casse entre deux arceaux, à bord du remorqueur Iroise, le 18 janvier à 7 heures du matin. Le Niagara, qui a toute la remorque pendante à l'avant, chaîne, spring en manille, remorque en acier, pantoire en acier, parvient à la remonter. A 11 heures, la nouvelle remorque est passée et le paquebot file quatre maillons de chaîne (120 mètres). Le mauvais temps continue jusqu'au 22 janvier, entraînant des avaries diverses sur le remorqueur : carreaux de la claire-voie brisés, batayoles avant faussées, hublots brisés, piton de hauban arrière tribord cassé. Les avaries sont réparées au fur et à mesure, nécessitant parfois de prendre la cape. L'embellie permet de faire remonter la vitesse à 5 noeuds le 22. Le 23 janvier, le remorqueur Auroch (1000 cv), le remplaçant pendant l'été de l'Iroise à Brest, passe une remorque à l'avant, à 13 heures et à 85 milles d'Ouessant. La vitesse atteint 6,2 noeuds. L'arrivée au Havre se fait à 9 heures du matin le 25 janvier (15 jours de mer). Après avoir charbonné, l'Iroise quitte Le Havre le 27 pour Brest où il arrive en fin de journée.

Niagara, 1908, Ateliers et Chantiers de la Loire, Saint-Nazaire, 8590 tjb, 147,88 x 17,09 x 10,29 m, 6500 cv, 16,3 noeuds
Iroise, 1911, Chantiers Bellino Fendrich, Odessa, 663 tjb, 54,82 x 9,34 x 4,81 m, 1271 cv, 12,6 noeuds
Auroch, 1921, Forges et chantiers de la Méditerranée, Le Havre, 356 tjb, 40,37 x 8,67 4,24 m, 1000cv, 11,6 noeuds

Sources : Rapport de mer du navire Iroise, déposé au tribunal de commerce de Brest le 31 janvier 1927.
Registre 1930 du Bureau Veritas;
Photographie d'Henri Chalois : Dans le goulet de Brest, l'Iroise et l'Auroch remorquent le Senatore d'Ali, le 13 décembre 1926.

Cordialement

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Memgam
Rutilius
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NIAGARA ― Paquebot — Compagnie générale transatlantique.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Commandants du paquebot Niagara durant la Grande guerre

— JUHAM Dominique Joseph. Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Saint-Tropez, n° 117 (Brevet obtenu à Saint-Tropez en 1891 : cf. Déc. Min. Marine 28 mai 1891, J.O. 30 mai 1891, p. 2.397) ; lieutenant de vaisseau auxiliaire : nommé à ce commandement par un décret du 13 août 1914 (J.O. 15 août 1914, p. 7.444).

□ Médaille d’honneur des marins du commerce (Déc. du Sous-secrétaire d’État chargé des Ports, de la Marine marchande et des Pêches, 31 déc. 1920 : J.O. 21 janv. 1921, p. 1.142 et 1.147).

□ Promu au grade d'officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur au titre du Ministère de la Marine marchande par un décret du 11 août 1930 (J.O. 15 août 1930, p. 9.482).


— BLANCART Joseph Émile Marie. Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Saint-Nazaire, n° 256 ; lieutenant de vaisseau auxiliaire. Exerçait ce commandement en Avril 1916. Avait alors pour chef méca-nicien Jean-Marie PLETON, inscrit au quartier de Paimpol, n° 4.371.

□ Cité en ces termes à l’ordre de l’armée (J.O. 13 sept. 1917 p. 7.233) après l'attaque subie par le paquebot Niagara le 7 juin 1917 :

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□ Inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier par un arrêté du Ministre de la Marine en date du 7 mai 1918 (J.O. 8 mai 1918, p. 4.011) « pour s’être particulièrement distingué au cours d’attaques subies par [son] bâtiment et pour [ses] longs et bons services ».

□ Promu au grade d'officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur au titre du Ministère des Travaux publics par un décret du 29 juillet 1928 (J.O., 29 juill. 1928, p. 8.907).

□ Élevé à la dignité de commandeur dans l’Ordre de la Légion d’honneur au titre du Ministère de la Marine marchande par un décret du 11 août 1930 (J.O. 15 août 1930, p. 9.482). Commandait alors le paquebot Île-de-France.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


■ Historique (compléments).

— Début août 1914 : Avec les paquebots La Touraine, de la Compagnie générale transatlantique, et Malte, de la Compagnie des chargeurs réunis, inscrit sur la Liste des bâtiments de la flotte en qualité d'éclaireur auxiliaire (J.O. 6 août 1914, p. 7.220 ; J.O. 11 août 1914, p. 7.335).

— 1er janvier 1915 : Radié de la Liste des bâtiments de la flotte (J.O. 1er janv. 1915, p. 18).

— 10 février 1917 : A environ 9 milles au large des passes de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), sauve par mer très dure 12 membres de l’équipage de la barque Va-Donc.

Journal officiel du 21 juillet 1917, p. 5.654.

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[...]

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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NIAGARA ― Paquebot — Compagnie générale transatlantique.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

■ Traversées.

— 1er octobre 1914 : Au départ de Calais, évacue vers un port de l’Atlantique des réfugiés des régions envahies.

— 29 octobre 1914 : Au départ de Calais, évacue vers un port de l’Atlantique des réfugiés des régions envahies du Nord.

— 1er décembre 1914 : Au départ de Calais, évacue vers La Palice des réfugiés des régions envahies du Nord.

Bulletin des réfugiés du Nord, n° 112, Mercredi 8 décembre 1915, p. 3.

« CHRONIQUE DU NORD. — Dans le Nord il y a un an. — [...] 1er décembre. — Le paquebot Niagara, de 8590 tx. de jauge, appartenant à la Compagnie Générale Transatlantique, vient pour la seconde fois prendre à Calais de nombreux évacués, arrivés des régions envahies et surtout du département du Nord, pour les transporter à la Pallice. C’est un spectacle lamentable que présente l’embarquement de ces malheureux qui ont laissé derrière eux tout ce qu’ils possédaient et n’emportent qu’un peu de linge enfermé dans un baluchon. Le temps très mauvais annonce une triste traversée pour ces infortunés. »


— 7 décembre 1914 : Au départ de Calais, évacue vers un port de l’Atlantique des réfugiés des régions envahies du Nord.


— 12 décembre 1914 : Au départ de Calais, évacue vers La Palice 1.500 réfugiés de la ville d’Armentières.

Bulletin des réfugiés du Nord, n° 115, Samedi 18 décembre 1915, p. 3.

« CHRONIQUE DU NORD. — Dans le Nord il y a un an. — 12 décembre. Une partie de la population d’Armentières est évacuée. Quinze cents habitants de la malheureuse cité
bombardée sans répit par les Allemands sont embarqués à Calais sur le grand paquebot Niagara, de la Compagnie générale Transatlantique, un des plus grands paquebots connus (8.590 tonneaux), qui est déjà venu charger des Réfugiés du Nord à Calais les 29 octobre et 7 décembre. Ces 1.500 réfugiés d’Armentières sont conduits à La Pallice.
»
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

NIAGARA

Attaque par sous-marin du 20 Juillet 1917.

Rapport d’enquête

NIAGARA 9400 t Cie Générale Transatlantique. Traversée Pointe à Pitre – Bordeaux
Commandant BLANCART inscrit à St Nazaire n° 256
Armé de 2 pièces de 90 mm modèle guerre sur pivot central
Officiers de tir :
- Mr. MARION 1er lieutenant à la pièce arrière
- Mr. KEREVEUR 2e lieutenant à la pièce avant

Le 20 Juillet 1917 à 15h15, le navire se trouve par 44°57 N et 08°01 W Greenwich (nota : à environ 60 milles au Nord d’El Ferrol) route au S60E à 13,2 nœuds. Route en zigzags depuis le petit jour avec amplitude de 60° de chaque bord.
Bonne visibilité, temps calme, mer plate.

Aperçu un sous-marin à 4 ou 5 quarts sur bâbord à grande distance, dans le prolongement de la route précédent le dernier zigzag. Venu toute à droite pour mettre le sous-marin sur l’arrière, puis à gauche pour venir au S20E. Envoyé signal TSF reçu par le poste du Bouscat.

Le sous-marin a tiré 60 coups de canon, tous très serrés, provenant sans doute de 3 pièces, mais trop courts d’environ 3000 m. Impossible de distinguer autre chose qu’une fumée provenant du tir du sous-marin et des gerbes d’eau provenant de la chute des projectiles.
Le 3e lieutenant Mr. BRIGAULT assiste le commandant à la passerelle. Le calme le plus parfait a régné pendant toute l’attaque.
Très bonne attitude du personnel militaire avec mention spéciale pour le canonnier Gargadenne qui a le premier signalé le sous-marin.
Le personnel mécanicien non de quart s’est porté volontaire et est aussitôt descendu pour remettre en état une chaudière dont on avait du mettre bas les feux dans la matinée pour une réparation.

Il y avait à bord le code n° 2, les documents secrets et confidentiels et des valises diplomatiques. Tout a été conservé.

Rapport de la commission d’enquête

Cette commission se compose de

- GARNIER, Capitaine de Frégate, Président
- BORIE, Administrateur Principal de l’Inscription Maritime
- ARTIGUE, Capitaine au Long Cours.

Le sous-marin a tiré environ 60 coups de canon qui furent tous trop courts. Etant donné la grande distance du sous-marin (13000 m) et le calibre de la pièce arrière du NIAGARA, il était inutile de tirer sur un but aussi lointain et presque invisible.
A aucun moment le capitaine ne s’est considéré comme sérieusement menacé par cette attaque. La manœuvre exécutée était très judicieuse et tous les préparatifs ont été pris pour répondre à l’attaque si elle s’était précisée.

Récompenses

Témoignages Officiels de Satisfaction du Ministre

1. Au paquebot NIAGARA pour l’attitude énergique et le sang froid dont tout l’équipage a fait preuve lors d’une attaque de sous-marin le 7 Juin 1917

2. Au paquebot NIAGARA pour l’attitude disciplinée et énergique de son équipage lors d’une rencontre avec un sous-marin le 20 Juillet 1917

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié.

Cdlt
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olivier
olivier 12
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Attaque par un sous-marin. 3 Juin 1917.

Vapeur NIAGARA. Compagnie Générale Transatlantique. Départ du Havre le 31 Mai 1917 à 18h00 pour Colon (Panama) avec escales à Cherbourg, Brest, Bordeaux.
Capitaine Joseph BLANCART CLC Saint Nazaire n° 256
134 hommes d’équipage
Navire armé de 2 pièces de 90 mm, une à l’avant et une à l’arrière.
Le 3 Juin 17 à 04h15 locale, le navire se trouve à six milles au S60W de Chassiron.

Rapport de l’homme de vigie Quillien Jean Lorient n° 1167

Le 3 Juin 1917 à 04h00, je suis monté en vigie. Dix minutes après j’ai entendu un bruit sourd sur tribord, comme si quelque chose raclait le long du navire. Je me suis retourné aussitôt et j’ai pu voir un déplacement d’eau par le travers du grand mât à 15 ou 20 m du bord. J’ai compris tout de suite qu’il s’agissait d’une torpille. Je m’apprêtai à crier à la passerelle, mais le pilote ( nota : Estivert Louis de Brest), le matelot de quart (nota : Lahaye Auguste Saint Nazaire 3955) et le commandant l’avaient déjà vue et appelaient eux-mêmes aux postes de combat. Tout le monde a immédiatement rallié son poste. Je suis resté à mon poste et j’ai constaté que la torpille nous manquait en passant derrière nous.

Rapport de la Commission d’enquête

Il ressort des dépositions recueillies qu’en dehors des hommes ci-dessus tous les hommes de l’équipage n’ont appris l’attaque qu’après l’appel aux postes de combat. Aucun périscope n’a été aperçu par qui que ce soit. Il est vrai qu’il faisait encore nuit noire. Le bruit de la torpille naviguant en surface a été perçu par le commandant, le 1er maître pilote, l’homme de veille sur tribord et la vigie. C’était un bruit de clapotis accompagné d’un son musical. Ils virent venir perpendiculairement au navire, à hauteur du grand mât à 50 ou 60 m du bord une torpille qui par trois fois sortit de l’eau. Le capitaine Blancart eut l’impression que le navire allait être touché et, se rendant précipitamment du pont arrière où il veillait à la passerelle de commandement, il s’attendait à chaque seconde à entendre l’explosion de l’engin. C’est tout étonné de n’avoir pas été encore touché qu’il atteignit la passerelle où l’officier de quart, à peine averti lui-même par le veilleur tribord, n’avait encore rien vu.
Il fit forcer la vitesse qui était alors de 13 nœuds, et vint aussitôt sur bâbord, manœuvre utile et judicieuse, qui d’après l’homme de veille n’a fait que suivre le moment où la torpille, manquant le NIAGARA, est passée à 10 m de son arrière.

Ce torpillage manqué de très peu eut fatalement réussi malgré la veille soutenue à bord du NIAGARA si l’ennemi, par une fausse appréciation de la vitesse ou de la dimension du paquebot ou encore de la distance, n’avait commis une légère erreur dont a profité NIAGARA.

Après l’attaque, le capitaine a fait toutes les manœuvres utiles et judicieuses pour parer une seconde attaque en forçant de vitesse, changeant de route et en lançant le radio réglementaire. Il ne pouvait agir autrement. Il n’a pas eu à utiliser son artillerie ou ses appareils fumigènes, le sous-marin n’ayant été aperçu à aucun moment.

La commission estime que le capitaine Blancart a suivi toutes les prescriptions réglementaires. L’attaque a été si soudaine qu’aucune riposte n’a pu être utilement déclenchée. Etant donné le sang froid et la décision avec lesquels toutes dispositions ont été prises, la commission propose que le capitaine Joseph Blancard, Saint Nazaire 256, reçoive un témoignage officiel de satisfaction du Ministre.

Récompense


Témoignage Officiel de Satisfaction


BLANCART Joseph Emile Marie Lieutenant de Vaisseau auxiliaire

Pour l’esprit de décision dont il a fait preuve en manœuvrant son bâtiment attaqué à la torpille, et avoir ainsi échappé à l’ennemi.

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié.

Toutefois, il pourrait bien s’agir de l’UC 72 de l’Oblt Ernst VOIGT qui semble avoir été le seul sous-marin en patrouille entre la Gironde et l’île d’Yeu à cette époque.

UC 72 disparaîtra le 25 Août suivant avec tout son équipage en sautant sur une mine dans le Pas de Calais alors qu’il rentrait à sa base. L’épave a été retrouvée et identifiée en 2013.

Voici la signature du commandant Blancard


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Cdlt
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Attaque par un sous-marin. 7 Juin 1917

Rapport du capitaine au Commandant de la Marine à Fort de France

Traversée Bordeaux-Antilles. Débarqué le pilote du Verdon le 6 Juin à 21h00. Escorte d’un torpilleur. Feux masqués. Vigies à leurs postes. Pris les routes indiquées par l’Autorité Maritime. Le bâtiment d’escorte nous quitte le 7 Juin à 02h45. Route en sinusoïde avec 40° d’amplitude.

A 07h20, par 45°29 N et 03°36 W, aperçu un sous-marin en surface à 4 quarts et demi sur bâbord avant à environ 5 milles. Il nous canonne de ses deux pièces. Venu à droite pour prendre l’ennemi de l’arrière. Augmenté la vitesse à 14 nœuds. L’équipage appelé aux postes de combat s’y rend très rapidement avec un ordre parfait. Les passagers, invités à mettre leurs ceintures de sauvetage, conservent le plus grand calme. Le lieutenant de Vaisseau LABONNE, passager, se met à ma disposition. Je lui fais prendre la direction de la pièce arrière. Le tir de l’ennemi est court de 800 m. Je place le sous-marin qui nous donne la chasse à deux quarts sur bâbord arrière ce qui permet de joindre l’action de la pièce avant à celle de l’arrière.
Je fais ouvrir le feu. Quand le maximum de hausse est atteint, je constate que nos coups sont beaucoup trop courts. L’ennemi ayant bien réglé son tir en direction, je fais brusquement une embardée à gauche et cette manœuvre provoque un moment d’arrêt dans l’attaque. Quand le réglage en direction du tir de l’ennemi est rétabli, je reviens au cap antérieur, faisant route au N5E.
L’ennemi semble un moment se rapprocher, mais son tir devient de plus en plus court et il est manifeste que nous le gagnons de vitesse. J’en profite pour venir à gauche et à 08h50 l’ennemi abandonne la poursuite.
A 09h15, je fais rompre le poste de combat.
Dès le début de l’action, émis les radios réglementaires qui ont été reçus par différents postes.

Le sous-marin semblait du type U 53, 70 m de longueur. Un mât sur l’avant avec des étais allant de l’avant à l’arrière. Il portait deux canons d’un calibre supérieur à 90 mm, un à l’avant et un à l’arrière. On voyait les éclairs des pièces à chaque coup tiré.

Rapport du 2e capitaine

Je soussigné, de Lanlay René, 2e capitaine, étant de quart le 7 Juin 1917, déclare avoir aperçu un sous-marin en surface à environ 5 milles sur bâbord avant. Il a aussitôt commencé à tirer sur le navire avec ses deux pièces.
Appelé aussitôt aux postes de combat et prévenu immédiatement le commandant qui a fait augmenter l’allure.
Répondu avec les deux pièces du bord et tiré 11 coups. Tous les coups du sous-marin étaient trop courts et le commandant a fait changer fréquemment la route pour gêner le réglage du tir du sous-marin.

Nota : le 1er lieutenant du NIAGARA était alors Joseph MARION qui fera lui aussi un rapport, quasiment identique à celui du 2e capitaine.

Rapport du Lieutenant de Vaisseau LABONNE

Le 7 Juin 1917 à 07h15 j’étais en train de déjeuner dans la salle à manger du NIAGARA quand retentit l’ordre « Aux postes de combat ». Je montai aussitôt sur la passerelle et me mis aux ordres du commandant. Il me dit que nous étions poursuivis par un sous-marin qui nous tirait des obus et me pria de surveiller le tir de la pièce arrière. Je trouvai la pièce déjà en action et un coup avait été tiré avec une hausse de 9000 m. Tir conduit en règle par un des officiers du bord et service de la pièce très correctement exécuté.
5 ou 6 coups ont été tirés. Le but était peu visible à l’œil nu et ne paraissait pas très distinctement.
Les coups du sous-marin ont toujours été trop courts de 500 à 1000 m et les gerbes paraissaient des gerbes de 105 mm. Distingué des détonations très rapprochées indiquant que le sous-marin avait 2 canons. Au bout de quelque temps le commandant a donné l’ordre de cesser le feu. Je n’ai pas observé le sous-marin à la jumelle dans des conditions favorables, mais il m’a paru petit, avec un mât et une sorte de cheminée, avec des flocons de fumée au dessus.
Il nous a poursuivis en continuant à tirer trop court, puis a disparu vers 09h00 à l’horizon.
Je rends hommage à la discipline dont fit preuve l’équipage de NIAGARA grâce aux bonnes dispositions prises par le commandant. Le passage aux postes de combat s’effectue avec ordre et rapidité et 4 ou 5 minutes après l’appel les pièces étaient en mesure de tirer.

Un autre rapport sera fait par le capitaine au long cours Edmond OLIVEDA

Passager, envoyé à Fort de France pour prendre le commandement d’un paquebot annexe de la Compagnie Générale Transatlantique basé aux Antilles. Lui aussi se place aux ordres du commandant Blancart qui lui demande de prendre place dans la hune de misaine, pour surveiller le sous-marin. Il décrit un sous-marin de fort tonnage portant deux canons.

Récompenses

Citation à l’Ordre de l’Armée


BLANCART Joseph Emile Marie Lieutenant de Vaisseau auxiliaire

A fait preuve d’énergie et de qualités manœuvrières lors d’une attaque de sous-marin dont il a réussi à se faire abandonner.

Témoignage Officiel de Satisfaction


Paquebot NIAGARA Compagnie Générale Transatlantique

Pour l’attitude énergique et le sang froid dont tout l’équipage a fait preuve lors d’une attaque de sous-marin le 7 Juin 1917.

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié, mais on peut penser, d’après la description, qu’il s’agissait d’un sous-marin de type U.
Pourtant, les seuls sous-marins que l’on trouve proches de ces parages à cette date semblent être l’UC 72 de Ernst VOIGT, déjà soupçonné pour l’attaque du 3 Juin 1917, et UC 21 de Rheinhold SALTZWEDEL.

Cdlt
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olivier
Memgam
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par Memgam »

Bonjour,

Pendant ses essais, le paquebot Corse, futur Niagara, est venu faire une visite de coque et d'hélice au bassin n° 3 de Pontaniou.
Arrivé à Brest dans la nuit du dimanche au lundi, il est entré dans la forme le lundi 21 septembre 1908 et il en est sorti le jeudi 24 pour gagner la rade-abri le même jour.
Après des essais de recette en baie de Douarnenez, le vendredi, il a ramené à Brest la commission et a ensuite gagné Le Havre.

La carte postale 2951 - Brest (Finistère) - Le port militaire - Transatlantique rentrant au bassin, phototype Vasselier, Nantes ; montre Corse en fin de giration pour entrer dans la forme n° 3 de Pontaniou.
Le vaisseau à gauche est le trois-ponts Borda (1890-1913) ex Intrépide, avec, à couple, le remorqueur Laborieux.

La photo à droite montre le passage de La Corse au pont tournant, prise le 21 septembre 1908. Le Borda est à l'arrière-plan. Le vaisseau au premier plan est le Navarin (1854), dans sa dernière année d'existence, comme bâtiment central de la 1ère flottille de torpilleurs. Le Navarin a été vendu le 17 septembre 1908 à M. Cousin-Gance, négociant à Cherbourg pour 112 210 francs. Il quitte Brest le 25 mai à trois heures à la remorque du vapeur Atlas pour être démoli à Cherbourg.

Source : La Dépêche de Brest et de l'Ouest des 18, 22, 24, 25 et 26 septembre 1908.
J. Foucher, G.M. Thomas, La vie à Brest de 1848 à 1948, 2. la vie quotidienne, Editions de la cité, 1976, photo page 214.
Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, tome II, 1870-2006, Rezotel-Maury 2005.

Cordialement.

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Memgam
Memgam
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par Memgam »

Bonjour,

Accostage intermédiaire avant la mise en forme de radoub.

Cordialement.

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Memgam
Vincent Juillet
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Re: NIAGARA Cie Gle Transatlantique

Message par Vincent Juillet »

Bonjour,

Merci Memgam pour m'avoir aiguillé sur ce sujet.

Même photo plan large :

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Bien cordialement

Vincent
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