SIDI FERRUCH - SGTM

capu rossu
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Re: SIDI FERRUCH - SGTM

Message par capu rossu »

Bonsoir,

La dernière carte postale montrant le Sidi Ferruch par 3/4 Bd avant ne concerne pas le Sidi Ferruch coulé par l'U 38.
Elle montre le Sidi Ferruch deuxième de nom (1925 - 1934).
Il s'agit probablement d'une carte postale Grimaud : n'ayant pas de plaque du Sidi Ferruch, elle a fait des tirages de celle de l'Anatoly Moltchanoff ex Czar Michael Theodorovitch de la ROPIT qui est effectivement devenu le Sidi Ferruch lors de la liquidation de la Flotte Wrangel.
Le navire arbore la cheminée noire avec deux bandes blanches d'abord apanage des navires allemands ou autrichiens naviguant pour la Flotte Interalliée avant le partage de ces navires saisis dans les ports neutres ou ex ennemis à la fin de la guerre.
Ces mêmes couleurs de cheminées ont été aussi portée entre 1919 et 1925 par les navires russes de la Ropit qu'on avait mis en ligne entre Marseille et l'AFN en attendant que les constructions neuves destinées à remplacer les navires perdus entrent en service.
Cet emploi avait aussi l’avantage de permettre l'emploi des équipages russes enfuis de Russie du Sud et de leur permettre de nourrir leurs familles.

Quant à la première carte, celle postée par Marc Terraillon, elle me laisse perplexe. En effet, le Sidi Ferruch ex Rubi était le sister-ship du Souirah ex Zafiro de la Cie Paquet. Et ce dernier est très différent de ce Sidi Ferruch là.
Les Rubi et Zafiro sont arrivés à Marseille le 5 août 1915 et le Sidi Ferruch a été coulé trois mois plus tard. As-t-on eu le temps de le photographier ?
Ou sommes nous dans le cas d'une carte "manipulée" comme savait si bien le faire la maison Grimaud. Il faut savoir que les cartes bistres cartonnées étaient imprimées en deux temps. L'éditeur imprimait un lot de CP du navire depuis la plaque photographique puis il imprimait ensuite la légende et sa raison sociale. En temps normal, pas de problèmes. Mais quand il avait une commande en urgence, cas d'un paquebot ou d'un mixte en partance et dont le commissaire venait de apercevoir que le stock de cartes mises en vente à bord était épuisé, l'éditeur, s'il n'avait des tirages d'avance du navire d'où provenait la commande, prenait un lot d'un autre navire et imprimait en urgence la légende et la raison sociale.
Etant l'auteur du livre sur la SGTM, je suis bien placé pour en avoir fait l’expérience en ayant un joyeux mélange de carte faussement légendée avec les deux paires Pampa - Formosa et Plata - Parana. Et un jour, à Lyon en 1990, j'ai vu une CP du Valdivia légendée Sidi Bel Abbes, les deux navires n'ayant qu'un point commun : ils avaient deux cheminées. Mais comme la carte était vendue 100 F, je l'ai laissée.

@+
Alain
olivier 12
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Re: SIDI FERRUCH - SGTM

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Selon le site Miramar Ship Index 3 navires seulement ont porté le nom de SIDI FERRUCH .

- SIDI FERRUCH 1er du nom, de la SGTM, ex RUBI de 1901 devenu SIDI FERRUCH en 1915 et coulé le 5 Novembre 1915. C’est celui qui nous concerne.

- SIDI FERRUCH 2e du nom, de la SGTM, ex TSAR MICHAIL THEODOROVICH de 1914, ex ANATOLIY MOLTCHANOV de 1920, devenu SIDI FERRUCH en 1925 et démoli en 1934.

- 1 sous-marin en 1939.

- Il faut y ajouter un SIDI-FERRUCH 4e du nom, mais avec un trait d’union, de la SGTM, construit à Nantes en 1950, devenu MEDOC en 1963 et démoli en Polynésie en 1972, dont voici 3 photos.

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N’ayant trouvé aucune photo du navire russe, SIDI FERRUCH 2e du nom, je ne peux dire quels navires représentent les deux cartes postales précédentes mises sur le forum.

Je pense toutefois que l’on ne possède aucune photo du SIDI FERRUCH 1er du nom, qui l'a porté trop peu de temps et n’ai de plus trouvé aucune photo du RUBI entre 1901 et 1915.

Toutefois, s’il était un sister-ship du SOUIRAH comme le souligne Alain, qui est un connaisseur, aucune de ces cartes ne le représente. Voici 3 images du SOUIRAH, de la Compagnie Paquet, qui était effectivement très différent, y compris de celui présenté comme le 2e du nom.

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Il est parfaitement vrai que les éditeurs de cartes postales ne se gênaient guère pour trafiquer leurs images et se souciaient fort peu de leur exactitude.

Cdlt
olivier
capu rossu
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Re: SIDI FERRUCH - SGTM

Message par capu rossu »

Bonsoir Olivier,

Ayant des photos du Sidi Ferruch, deuxième du nom, je confirme que la vue 3/4 Bb avant est bien celui-ci même si l'éditeur a "ressorti" une plaque datant de son époque russe "blanche".

Pour le dernier Sidi Ferruch qu'il faut bien écrire Sidi-Ferruch avec un trait d'union entre les deux parties du nom, il faisiant partie d'une série de six unités, trois construits chez J.S. White and Company à East Cowes, les Sidi Mabrouk, Sidi Okba de la SGTM et Djebel Dira de la Cie de Navigation Mixte et trois construits par les ACB à Nantes Sidi-Ferruch, Azemmour et Azrou, ces deux derniers pour la Cie Paquet.
A la SGTM, les deux anglais étaient considérés comme mieux réussis que le nantais car ils avaient une meilleure tenue à la mer (témoignages de mon père, bosco à la compagnie, et d'un ancien administrateur).
Petite correction : le Médoc n'a pas été démoli en Polynésie mais coulé le 27 octobre 1972 lors d'une école à feu exécutée par l'aviso Doudart de Lagrée au large de Moorea.
Après avoir navigué lui aussi sur les lignes d'Algérie, le Sidi Mabrouk a continué à côtoyer son sister-ship puisqu'il est devenu le Morvan acheté par la Marine pour les besoins du CEP. Il a été vendu à la démolition en 1973 alors qu'il été désarmé à Toulon.

@+
Alain
Rutilius
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SIDI-FERRUCH — Paquebot mixte — Société générale de transports maritimes à vapeur (S.G.T.M.).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

L’Anatoly Moltchanoff, ex-Tsar Michail Theodorovich et futur Sidi-Ferruch [II], était la propriété de la Compagnie russe de navigation à vapeur et de commerce, dite « Ropit » [Русское общество пароходства и торговли (РОПиТ)], de Petrograd.

Par un jugement en date du 8 juin 1920, puis par plusieurs jugements subséquents, rendus à la requête de treize capitaines, commandant treize navires appartenant à la flotte de la Ropit, le Tribunal de commerce de Marseille désigna Me Pelen, avocat, administrateur provisoire chargé de veiller aux intérêts de la compagnie quant à l’exploitation de ses navires, avec le concours de leurs capitaines respectifs. Il avait notamment pour mandat de recevoir les comptes des capitaines, ainsi que de tous les consignataires ou autres détenteurs de fonds provenant de ladite exploitation, mandat qui devait s'achever le jour où la compagnie serait en mesure de reprendre son fonctionnement normal et où les capitaines auraient la possibilité d’entrer de nouveau en relation avec elle.

Outre l’Anatoly Moltchanoff, étaient concernés les bâtiments suivants : Aphon — puis Affon — ; Euphrate ; Imperator Alexandre III ; Imperator Nicolas ; Jerusalem ; Jupiter ; Mouravieff-Apostol ; Odessa ; Possadnick ; Sadko ; St-Nicolas ; Tigre.

[• Tribunal de commerce de Marseille, 3 décembre 1920, Shramchenko et autres c/. Tcheloff et autres — jugement confirmant les précédents, lui-même confirmé par un arrêt de la Cour d’appel d’Aix (1re chambre) du 20 juin 1921 : Journal du droit international 1924, p. 145.]
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: SIDI FERRUCH - SGTM

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, bonjour Alain,

Et merci pour le complément d’informations.

Je note que la vue ¾ Bd est bien le SIDI FERRUCH 2e du nom, ex-russe.

Je note aussi que le MEDOC a terminé sa carrière comme cible pour les artilleurs de l’aviso escorteur DOUDART DE LAGREE au large de MOOREA.

L’aviso avait à la même période envoyé par le fond un autre navire, le HANAP bâtiment auxiliaire ravitailleur en eau douce. Il faudra d’ailleurs 127 obus de 100 mm, dont 31 au but, et un certain nombre d’obus de 45 mm tirés au niveau de la flottaison pour faire disparaître ce petit navire.
On remarque que contrairement à la période de la Grande Guerre, couler un navire moderne seulement par canonnage est devenu particulièrement difficile. Les règles de sécurité à la construction, qui imposent un compartimentage bien étudié et efficace avec nombreuses portes et cloisons étanches, en sont la principale cause. Les conventions de l’OMCI, mises à jour en 1948, 1960 et 1974 stipulent qu’un navire doit pouvoir flotter droit avec deux compartiments étanches envahis. Le navire doit en effet pouvoir regagner un port et y débarquer équipage et passagers car il constitue le meilleur moyen de sauvetage. Mieux vaut éviter un abandon en mer.

Signalons que DOUDART DE LAGREE finira pareillement comme cible de tir pour les artilleurs de la frégate LATOUCHE-TREVILLE au large de Brest le 29 Novembre 1999.

Remerciements aussi à Memgam pour son message privé.

Cdlt
olivier
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