L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

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Terraillon Marc
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

La fiche du navire est en ligne

http://www.navires-14-18.com/fichiers/A ... GTM_V3.pdf

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
olivier 12
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

ALSACE

Voici un complément sur l'attaque d'ALSACE et de VILLE DE MADRID par l'U 35 le 25 Juin 1916, complément qui éclaircit quelque peu la situation lorsqu'on le recoupe avec le KTB du sous-marin.

VILLE DE MADRID Capitaine GONFARD

Le rapport de l'officier enquêteur le concernant, et qui se trouve dans le dossier ALSACE, est très court mais très explicite :

25 Juin 1916

18h10
Navire attaqué par 40°54 N et 04°09 E

19h00
Chasse levée par 40°58 N et 05°00 E

Aperçu le sous-marin à 9000 m et essuyé aussitôt trois obus. Venu cap pour cap sur les Baléares et navigué en zigzags, encadrés par des obus dont quelques éclats tombent à bord.

Aperçu deux autres sous-marins (ou 3?) près d'un cargo.

Ouvert le feu à 4000 m avec la pièce de 47. Le sous-marin abandonne VILLE DE MADRID et se lance à la poursuite d'ALSACE (nota : qui naviguait de conserve avec VILLE DE MADRID, faisant route d'Alger sur Marseille)

La suite du rapport indique toutes les récompenses qui furent décernées au VILLE DE MADRID, dont la citation à l'Ordre de l'Armée, que l'on peut lire sur la fiche de ce navire.

ALSACE

Rapport du capitaine Cabrol


25 Juin 1916

Fait route de conserve avec VILLE DE MADRID, d'Alger sur Marseille avec un chargement de bétail pour l'intendance militaire. Cap NNE. Vitesse 12 nds.
45 hommes d'équipage dont 1 maître d'hôtel espagnol et 4 chauffeurs arabes sujets anglais.
4 passagers arabes, sujets français.

1 Canon de 47 mm modèle 1885 sur affut sans recul.
Armement
QM canonnier Siberchicot Bayonne
Fusilier Rebeyrol Bordeaux
Matelot sans spé. Richaud Marseille

18h30
Un sous-marin est aperçu à 11000 m sur un quart tribord, attaquant le VILLE DE MADRID. Position 41°07 N 05°12 E.

Monté à vitesse maximum et venu au SW, puis au NW. Aperçu deux autres sous-marins qui semblent de détacher d'un cargo à mâture blanche, dont les mâts de charge sont levés.

18h50
Le sous-marin ouvre le feu sur ALSACE, de 7200 m. 42 coups de canons sont tirés en deux séries distinctes : dix coups en dix minutes puis, plus tard, un tir lent au début, rapide à la fin, pendant 45 minutes.
ALSACE ne fut pas touché, mais c'est un miracle. Des obus sont tombés à 0,50 m du bord, provoquant de violentes vibrations dans toute la coque et dans la machine.

20h50
Le sous-marin s'étant approché avec prudence, ALSACE ouvre le feu de 3200 m et tire 25 coups en 5 minutes. Le premier coup provoque une gerbe d'eau qui couvre le sous-marin.
Celui-ci stoppe alors, vient en travers et cesse le feu.

21h00
Il disparaît dans la nuit qui tombe. On ne peut dire s'il a été touché.

L'abnégation et l'esprit de sacrifice de l'équipage reste au dessus de tout éloge. Je signale tout particulièrement le sang froid dont a fait preuve l'armement de la pièce de 47, dirigé de manière irréprochable par le lieutenant MESTRE et le QM canonnier Etienne SIBERCHICOT.
Tous à bord, du plus petit au plus grand, ont fait leur devoir avec une conscience admirable.

Voici le dessin du sous-marin exécuté par le lieutenant Mestre
.

Image

Conclusions de l'officier enquêteur

Le capitaine d'ALSACE a fait tout ce qui était en son pouvoir pour échapper au sous-marin, sans se laisser émouvoir par son tir, alors que les obus tombaient tout près du bord. Il a attendu que son adversaire soit assez proche pour se servir de sa pièce de 47. Sa conduite fut très intelligente et son attitude est digne d'éloges.

Il serait désirable que les navires ravitailleurs, qui permettent aux sous-marins de tenir longtemps la mer, soient capturés. La présence simultanée de plusieurs sous-marins, signalée pour la première fois autour d'un cargo par tous les témoins, y compris sur VILLE DE MADRID, fortifie l'idée que ce cargo était un ravitailleur.

D'autre part, il faudrait donner l'ordre aux consuls de nous signaler rapidement et de manière très précise les points où sont vus des sous-marins et où ont lieu des attaques. Dans les cas du HERAULT et du FOURNEL, leurs indications incomplètes n'ont pas permis de renseigner le HUSSARD en temps utile.

Récompenses

Citations à l'Ordre de la Division

MESTRE Charles Lieutenant
BALANSARD Achille Chef mécanicien

Citations à l'Ordre de la Brigade


MOISE Jules Sd mécanicien
RIVOALLAND Joseph Officier mécanicien
DOMENICI Toussaint Maître d'équipage
SIBERCHICOT Etienne Quartier maître canonnier
REBEYROL Ferdinand Fusilier auxiliaire
RICHAUD Gustave Matelot sans spé.

Commentaires


Le 25 Juin 1916, c'est donc VILLE DE MADRID qui a été attaqué en premier, puis ALSACE en second.
A noter que contrairement à VILLE DE MADRID, ALSACE ne possédait pas de TSF. C'est d'ailleurs la raison que donne le capitaine Cabrol pour sa navigation de conserve avec le paquebot de la Transat.

On note enfin que la position qu'il donne est celle qui colle le mieux avec celle du KTB de l'U 35.

Cdlt
olivier
Rutilius
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par Rutilius »

.
Bonjour à tous,


■ Traversées.


— 9 ~12 août 1914 : Dans un convoi composé de sept bâtiments, escortés par les cuirassés Suffren, Gaulois et Saint-Louis, transporte d’Alger à Sète l’état-major, la compagnie hors-rang, l’état-major du 4e bataillon – qui était en garnison à Tunis –, les 13e et 16e sections, la moitié de la 15e section et la section de mitrailleuses du 4e Régiment de marche de zouaves.

Le reste du régiment, c’est-à-dire la 14e compagnie et l'autre moitié de la 15e section, prit passage sur le paquebot Félix-Touache, qui faisait partie du même convoi.


Journal des marches et opérations du 4e Régiment de marche de zouaves, n° 1 – 1er août ~ 26 octobre 1914 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 839/1, p. num. 5.

« 9 août [1914]. — L’État-major de la Brigade, l’État-major du régiment et le 4e Bataillon.
L’embarquement a lieu dans les conditions suivantes : les gros bagages, les chevaux, les mulets et la Section de mitrailleuses s’embarquent à 9 h du matin. Le 4e Bataillon se rassemble à 17 h 40 sur la place du Gouvernement et rend les honneurs au drapeau. Il rompt ensuite pour se porter au quai d’embarquement. Le paquebot Alsace emporte l’État-major du Régiment, la Compagnie hors-rang, l’État-major du 4e Bataillon, les 13e, 16e, ½ de la 15e
[sections] et Section de mitrailleuses.
Le paquebot Félix-Touache emporte la 14e Compagnie et ½ de la 15e
[section]. L’embarquement est terminé à 18 h 20.

10 août. — Les paquebots, au nombre de sept, quittent Alger le 10 août, constituant un convoi escorté par une escadre.
A 14 heures, les paquebots sortent du port pour se grouper en rade en vue du départ qui a lieu à 17 heures. Les paquebots, au nombre de sept, suivent en file escortés par les trois cuirassés : Suffren, Gaulois et Saint-Louis.

11 août. — Trajet en mer. On marche tous feux éteints (État-major et 4e Bataillon).

12 août. — L’État-major, la Compagnie hors-rang et le 4e Bataillon arrivent à Cette à 6 h du matin.
Débarquement immédiat. Cantonnement dans les écoles.
Embarqué en chemin de fer à 18 h 41 à la gare du Midi.
»
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,
« [...] attaque de l'Alsace et de la Ville-de-Madrid par l'U-35, le 25 Juin 1916 [...]

Alsace. Rapport du capitaine Cabrol [...].

L'abnégation et l'esprit de sacrifice de l'équipage reste au dessus de tout éloge. Je signale tout particulièrement le sang froid dont a fait preuve l'armement de la pièce de 47, dirigé de manière irréprochable par le lieutenant MESTRE et le QM canonnier Étienne SIBERCHICOT.
»
— SIBERCHICOT Étienne, né le 23 juin 1885 à Port-de-Lanne (Landes) et domicilié à Bayonne (Pyrénées-Atlntiques), décédé le 11 avril 1919 à Bayonne des suites d’une tuberculose contractée en service, Quartier-maître canonnier, « démobilisé le 15 février 1919 par le centre A.M.B.C. de Marseille », Matricule n° 4.957 – Bayonne (Acte établi à Bayonne, le 11 avr. 1919). Fils de Jean SIBERCHICOT, batelier, et de Catherine LAHITÈTE.

Centre culturel du pays d’Orthe : « Marins et bateliers du Pays d’Orthe au XIXe siècle. » —> http://www.centrecultureldupaysdorthe.c ... bateliers/

________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Yves D
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par Yves D »

Bonsoir à tous
Je suis contacté par Mme Rosanoff qui désirait faire figurer l'information qui suit sur le site Navires 14-18. Faute de pouvoir le faire, je la fais apparaître en son nom sur le fil de discussion du forum.

J]e viens de lire votre article sur la vie du paquebot mixte "l'Alsace"; j'aimerais apporter une précision
que j'ai relevée dans le "journal de marches et d'opérations du 4em régiment des zouaves. Mon grand-père, Georges, Eugène GAILHAN en faisait partie, il est dcd le 12/12/1914 à Ypres.
Partis de Tunis et Bizerte ils rejoignent par le train Alger et embarquent le 10/08/1914 sur "l'Alsace" et le "Félix Touache".
Au départ il y a 7 paquebots escortés par les cuirassés "Suffren", "Gaulois" et " St Louis"; trajet le 11 et arrivée le 12 à Cette à 6 h du matin.

Cordialement
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 16 Février 1917

ALSACE Vapeur de la SGTM 1982 tx JB
Capitaine ARGENTO Thomas CLC Bastia n° 206

Quitte Alger le Vendredi 16 Février 1917 à 04h00 pour Marseille.

Le 16 Février 15h15, ALSACE se trouve par 38°43 N et 04°04 E (nota : à environ 60 milles dans ESE de l’ilot de Cabrera, au sud de Majorque) faisant route au N25E à 11,5 nœuds.
Beau temps. Petite brise d’WSW. Mer belle. Horizon clair.

A 600 m sur le travers tribord est aperçu un objet flottant émergeant d’un mètre, ayant la forme d’un périscope de couleur gris fer, avec un bourrelet nettement visible à l’extrémité supérieure. Venu à gauche toute jusqu’au N15W. Machine en avant toute au maximum. Appelé aux postes de combat.
Deux patrouilleurs se trouvent à 7 milles dans le nord et le nord-est. Signalé la rencontre à celui du nord qui s’avère être le FURET. Envoyé signal donnant la position. Réponse immédiate du capo Sperone.

Avis de l’officier enquêteur

Il est possible, mais peu probable, que l’ALSACE se soit trouvé réellement en présence d’un périscope de sous-marin. Mais le capitaine a parfaitement bien fait de manœuvrer. Mieux vaut cent fois une fausse alerte qu’une veille inattentive. Manœuvre correcte de l’ALSACE à tous égards.

Commentaire


Il semble bien qu’il n’y ait eu aucun sous-marin allemand sur cette zone ce jour-là. Le plus proche était l’U 35, mais il se trouvait alors devant Alicante.


Cdlt
olivier
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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 9 Mai 1917.

Rapport du capitaine

L’EV1 auxiliaire ARGENTO commandant le vapeur ALSACE de la Société Générale de Transports Maritime au Vice Amiral commandant la Marine à Marseille :

LE 9 Mai 1917 à 11h30, le paquebot ALSACE, se rendant d’Oran à Marseille avec 276 passagers et 51 hommes d’équipage a été attaqué au canon par un sous-marin par 42°12N et 03°49E.
Prévenu à 11h30 d’un remous suspect se déplaçant à 4,5 milles sur notre bâbord arrière, j’ai reconnu à 11h35 que ce remous était provoqué par un sous-marin. Appelé aux postes de combat et donné l’ordre au chef mécanicien de marcher à pleine puissance. La mer étant calme, notre vitesse est passée de 13 nœuds à 14,5 nœuds.

L’ennemi a ouvert le feu sur nous à 11H40 à une distance d’environ 7500 m. Riposté immédiatement avec notre pièce arrière de 90 mm. Le combat a duré de 11h40 à 12h32. Pendant ce laps de temps, l’ennemi qui se maintenait toujours à 7500 m a tiré exactement 38 coups de canon, tous à obus percutants. De notre côté, nous avons tiré 30 coups. Les obus ennemis tombaient à droite ou à gauche de l’ALSACE, mais rarement en direction. L’ennemi devait sans cesse modifier son tir en raison des routes en lacets que je faisais suivre à l’ALSACE, d’après les points de chute des obus ennemis.
Je suis persuadé que ces routes en lacets nous ont permis d’éviter les coups de l’ennemi et que c’est grâce à la précision de notre tir qu’il a été contraint d’abandonner le combat après notre trentième coup de canon visiblement tombé très près du sous-marin. Celui-ci a du être ébranlé, sinon atteint. Le sous-marin s’est mis en travers et a cessé le feu. Vers 12h45, je l’ai perdu de vue et j’ai continué ma route sur Marseille.
Les signaux réglementaires avaient été lancés par TSF en temps opportun. Un croiseur espagnol nous a répondu : « Je sors du port de Barcelone. Avez-vous besoin de mes services ? » J’ai répondu : « Non. Remerciements ». Ce croiseur a retransmis notre SOS aux postes de terre.
J’ai été très satisfait de la conduite de mon équipage qui par son sang froid et son calme a fait que l’ordre a régné à bord pendant tout le combat d’une façon parfaite. Je me permets de signaler tout spécialement l’officier de tir, le lieutenant Mestre Charles, le QM chef de pièce Siberchicot et les servants qui ont conduit leur tir et servi leur pièce avec un calme et une habileté remarquable, l’homme de barre, le timonier Bard Pierre qui veillait avec attention à faire évoluer le navire suivant les indications que je lui donnais. Chacun d’ailleurs s’est conduit à mon entière satisfaction à quelque service qu’il appartint, pont, machine ou restaurant.

De légers éclats d’obus sont en petit nombre parvenus jusqu’à bord sans causer le moindre mal.
Vers 13h45, par 42°25 N et 04°14 E j’ai croisé un navire en flammes qui achevait de sombrer. Je n’ai aperçu dans les parages de ce sinistre aucune embarcation et n’ai pu recueillir aucune indication quant à la nature du navire sinistré.
Je suis entré dans le port de Marseille ce même jour à 20h20 sans autre incident.

Ci-joint Amiral, veuillez trouver copie du rapport que le commandant d’armes à bord a envoyé à ses chefs.

Voici la signature du capitaine ARGENTO

Image

Description du sous-marin

Mal vu étant donné la distance. Mais blockhaus rectangulaire au tiers à partir de l’avant. Arrière plat. Une seule pièce assez longue.
Paraissait gris foncé
Le point où il nous a attaqués est exactement sur la route San Sébastien – Marseille. Il paraissait venir du cap Creux. Il s’est dirigé sur nous à toute vitesse dès qu’il nous a aperçus.

Voici sa silhouette

Image

Armement de l’ALSACE

1 canon de 90 mm modèle 1877 sur galets à pivot central
1 canon de 47 mm modèle 1885 système guerre

SIBERCHICOT Etienne QM canonnier Bayonne 4957
LEDORLOT Laurent Fusilier auxiliaire Auray 4647
JANNE Louis Canonnier breveté 107359.2
BLANCHET Joseph Fusilier auxiliaire Belle Ile 2334
ORSONI François Matelot sans spé. Ajaccio 1442

Télégramme de Marine Paris à Cdt Marine Marseille du 12 Mai 1917

Remplacez le matériel 90 mm du vapeur ALSACE par un matériel de 90 sur affût modèle 1916

Hommes d’équipage déjà titulaires de la Croix de Guerre

MESTRE Charles Lieutenant
BALANSARD Achille Chef mécanicien
MOÏSE Jules Second mécanicien
DOMENICI Toussaint Maître d’équipage
BLANC Louis Restaurateur

Rapport de la commission d’enquête

Cette commission reprend tout d’abord presque mot pour mot le rapport du capitaine. Elle ajoute :

La commission a eu à s’occuper d’abord de la route suivie par le bâtiment puisque d’après la position signalée ALSACE se trouvait notoirement en dehors de l’itinéraire fixé par la note du 24 Avril 1917.
Il résulte de la déposition du capitaine qu’il n’a pas été informé de cette nouvelle route et que les ordres reçus au départ étaient de faire route directe de San Sébastien sur Marseille et non de remonter jusqu’à 8 milles à l’Est du cap Béar. La commission a estimé qu’il y avait lieu d’avoir confirmation de ces ordres et une dépêche a été envoyée le 10 mai au commandant de Marine Oran pour lui demander quelles instructions avaient été données au commandant d’ALSACE. La réponse reçue le 12 a confirmé la déposition du capitaine.

En ce qui concerne l’artillerie, l’officier de tir et l’armement de la pièce ont déclaré que le tir était bien réglé en direction et qu’ils auraient pu atteindre le but avec un canon de plus grande portée.
L’Etat Major, l’équipage et les passagers ont fait preuve de calme et de sang froid pendant toute la poursuite. L’équipage du bâtiment n’était du reste pas à sa première alerte ayant déjà été attaqué lors d’un de ses voyages précédents.

Conclusions

La commission constate que le capitaine s’est conformé pour la navigation aux instructions qui lui avaient été données au départ. Il a réussi à sauver son bâtiment par sa manœuvre et l’emploi judicieux de son artillerie.
Le personnel pont, machine et les passagers ont fait preuve de beaucoup de calme et de sang froid. Grâce à l’ordre qui n’a cessé de régner, les ordres ont pu être bien exécutés et le bâtiment a pu être sauvé.

Elle estime que les ordres donnés aux capitaines quant aux routes à suivre leur soient remis sous pli secret et contre reçu. Ils en seraient personnellement responsables.

Récompenses


Citation à l’Ordre de la Brigade

ARGENTO Thomas Capitaine au Long Cours Commandant Bastia 206

A fait preuve de beaucoup de calme et de sang froid pendant l’attaque de son bâtiment par un sous-marin ennemi. A réussi à sauver son bâtiment grâce à sa manœuvre et à une utilisation judicieuse de son artillerie.

Témoignage Officiel de Satisfaction

Etat-major, équipage et passagers de l’ALSACE

Ont fait preuve de beaucoup de calme et de sang froid au moment de l’attaque du bâtiment par un sous-marin ennemi. Ont aidé le capitaine à sauver le bâtiment en exécutant ponctuellement les ordres qui leur étaient donnés.

Le sous-marin attaquant

N’est pas formellement identifié.

Mais on peut penser qu’il s’agissait de l’U 34 du Kptlt Johannes KLASING qui opérait sur cette zone. Il torpilla ce jour (juste avant ou juste après avoir croisé le paquebot) le vapeur anglais HARPAGUS, 5866 t, qui allait de New Orleans à Marseille et dont l’épave en train de sombrer fut aperçue à 13h45 par les homme d’ALSACE.
Voici l'HARPAGUS

Image

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Re: L'ALSACE - Société générale des transports maritimes à vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin (?) le 29 Août 1916

Rapport du capitaine BLANC, de l’ALSACE au CA commandant Marine Marseille

Parti d’Alger pour Marseille le 28 Août 1916 à 19h30, me conformant aux routes, heures, vitesses prescrites par l’Amirauté d’Alger, le 29 Août à 14h00, me trouvant à 12 milles dans le SW de Dragonera, la vigie signale un bâtiment à bâbord. A cause de la distance, n’ayant pu reconnaître l’espèce du navire signalé, continué ma route.
A 14h10, l’officier de quart, Monsieur MESTRE, et moi reconnûmes dans le NNW à environ 4 milles un sous-marin en surface de grandes dimensions (environ 90 m) faisant route au NNE. Viré de bord, machine prévenue et canonniers au poste de combat. Signalé au BISKRA qui était derrière nous à 3 milles : « Bâtiment suspect en vue dans le NNW ». Ce sous-marin était maquillé avec son blockhaus entouré de toiles.
A 14h15, le BISKRA met l’aperçu et change de route. Puis il manœuvre et signale : « Me suivre ».
A 14h21, perdu d vue le sous-marin.

Longé les côtes Sud et Est d l’île de Majorque. Doublé Peru le 29 à 21h10 et fait route directe sur Marseille, BISKRA devant nous. Arrivé à Marseille le 30 Août à 19h30.

Rapport d’enquête

Ce rapport reprend les éléments du rapport du capitaine et apporte les précisions suivantes :

- Capitaine BLANC Raymond CLC Inscrit à Marseille n° 664
- ALSACE transportait du bétail pour le compte de l’Intendance militaire.
- ALSACE ne possède pas la TSF
- ALSACE est équipé d’un canon de 90 mm modèle 1877 armé par :

. SIBERCHICOT QM canonnier Bayonne 4957
. REBEYROL Fusilier auxiliaire Bordeaux 9337
. LARCHER Matelot canonnier Auray
. RICHAD Matelot sans spé. Marseille 6992

ALSACE n’a pas tiré. Le sous-marin non plus.

Description du sous-marin

Ce sous-marin était maquillé avec son blockhaus entouré de toiles. Il avait deux canons jumelés sur l’avant, à une dizaine de mètres du blockhaus, protégés par des masques. Il avait deux mâts légers d’une vingtaine de mètres de hauteur. Le mât de misaine portait un nid de pie certainement factice constitué par un simple morceau de toile. Le grand mât, moins haut que la misaine, portait une petite corne. Peinture uniformément grise et très fraîche. Une grande toile blanche de 6 m de longueur et de 1 m de hauteur était tendue entre l’arrière du blockhaus et le grand mât.

Il n’y avait personne sur le pont. A l’arrière du sous-marin, il y avait deux bosses dont on n’a pu déterminer la nature.

Voici sa silhouette

Image

Image

Note manuscrite du CA commandant la flottille des patrouilles de Méditerranée au bas du rapport d’enquête

Cette silhouette ne laisse aucun doute sur la confusion faite par ALSACE qui, comme elle l’avait déjà faite auparavant, a pris pour un sous-marin l’une des canonnières BOUFFONNE ou FRIPONNE, toutes deux présentes dans les parages indiqués.

Télégramme d’ATMAH à Marine Marseille. 6 Septembre 1916

Prière de faire savoir au capitaine de l’ALSACE que le bâtiment qu’il a pris pour un sous-marin le 29 Août 1916 à 14h10 était l’une des deux canonnières à moteur, c’est-à-dire sans cheminée, BOUFFONNE ou FRIPONNE qui étaient exactement à l’heure signalée au point signalé.

Voici les photos de ces deux canonnières.

BOUFFONNE

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FRIPONNE

Image

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