ERNEST REYER - Trois-mâts carré

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

J'étais pourtant persuadé d'un sujet existant sur ce voilier, mais je suis incapable de retrouver le fil

ERNEST REYER Trois-mâts carré (1902-1916)

Chantier :

Société anonyme des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire (Penhoët), Chantiers de Normandie.
Commencé : 08.11.1901
Mis à flot : 24.02.1902
Terminé : 18.06.1902
En service : 06.1902 (MM)
Retiré : 17.04.1916 (MM)
Caractéristiques : 4 725 t ; 2 733 tjb ; 3 250 tpl ; 86,00 (ht) 79,45 (pp) x 13,35 x 7,29 m ; TE 6,32 m ; 2 500 m² de voilure ; trois-mâts carré ; coque acier.
Armement : N. C.

Observations :

Voilier trois-mâts carré vraquier lancé en 1902 pour le compte de l’armement Norbert et Claude Guillon, de Nantes, il fait partie d’une série de huit navires : LEON BLUM, AMIRAL CECILLE, ERNEST REYER, RANCAGUA, QUILLOTA, BERENGERE, MADELEINE, ANDRE THEODORE. De construction en acier riveté, toute la série LEON BLUM (proche du type D de Penhoët, à baignoire), représente des voiliers très larges et assez peu rapides. Les marins disaient d'eux "grosses joues, larges fesses". Ils se caractérisent par une longue dunette et très long roof.
Le Capitaine Dieulangard, futur Commandant du QUEVILLY, prend le commandement du ERNEST REYER pour son premier voyage en 1902. Le navire porte le nom du compositeur, très célèbre à l'époque (1823-1909). Le voilier est torpillé dans l'Atlantique après quatorze années de service, en avril 1916 par le sous-marin U-69.

Sources :
La fin des Cap-Horniers, par Henri Picard
http://www.culture.gouv.fr/culture/inve ... chanthnor/
Remerciements :
M. Christian Labellie, qui a la gentillesse de me transmettre ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf

Cordialement,
Franck

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

ERNEST REYER 3-mâts carré en acier, 2.708 t.j.b., 2.278 t.j.n.
Lancé le 24 février 1902 par les Chantiers de Saint-Nazaire, à Rouen, pour MM. N. et C. Guillon, de Nantes.
A son premier voyage, commandé par le capitaine Dieulangard, il alla sur lest, de l'entrée de la Manche à Hobart, en 69 jours seulement. Une très belle traversée.
M. Dieulangard — un souqueur de toile réputé —fit encore trois campagnes consécutives à bord et passa son commandement au capitaine Jules Rioual en 1907.
Le navire fut acheté en 1912 par la Société Nouvelle d'Armement et M. Rioual conserva son poste ; il devait d'ailleurs l'occuper jusqu'à sa mort.
L'ERNEST REYER arriva au Cap au mois de janvier 1916, venant de Seattle en 99 jours, et chargea 3.490 tonnes de maïs en sacs pour l'Europe. Pendant son séjour au Cap, le capitaine Rioual était obsédé par un pressentiment : il pensait qu'il n'arriverait jamais à destination et ne reverrait pas la France. Avant d'appareiller, il s'en ouvrit à l'un de ses amis, le colonel H. L. Jones, et lui confia une lettre à envoyer à sa femme lorsque sa mort serait connue.
Le pressentiment de M. Rioual ne l'avait pas trompé : l'ERNEST REYER, qui avait quitté Capetown pour Falmouth à ordres le 22 février, ne reparut jamais.
Outre le capitaine Jules Rioual, l'état-major comprenait MM. J. L. Pulce, second capitaine, Gilles Le Bars et Yves Camard, lieutenants. L'équipage était composé de 23 matelots, dont 5 étrangers, et de 2 novices.
Le 13 mai, à 13 milles dans le NNW d'Ouessant, une embarcation de l'ERNEST REYER fut découverte et, le 19, une de ses bouées de sauvetage était recueillie à 8 milles dans le NNW d'Ouessant. On attribua la disparition du trois-mâts à la guerre sous-marine.
Le 26 juillet 1916, le Lloyd's annonçait sa perte corps et biens.

Ce ne fut qu'après la guerre que l'on connut exactement le sort du malheureux voilier. Dans le rapport d'opérations du lieutenant de vaisseau E. Wilhelms, commandant le sous-marin allemand U-69, dont c'était la première croisière, on put lire que l'ERNEST REYER avait été coulé le 17 avril 1916 devant l'entrée de la Manche, par 49° 12' N et 008°10'W, à 128 milles environ d'Ouessant. Il comptait alors 55 jours de mer depuis son départ d'Afrique du Sud.

En 1921, trois capitaines de grands voiliers très connus, MM. Gourio, Ybert et Malbert, achetèrent l'ancienne corvette BAYONNAIS, réformée par la Marine Nationale l'année précédente. Ils firent gréer ce navire de 34 ans en trois-mâts goélette et lui donnèrent le nom de leur malchanceux camarade : CAPITAINE JULES RIOUAL.

Sources :
La fin des Cap-Horniers, par Henri Picard
http://www.culture.gouv.fr/culture [...] chanthnor/
Remerciements :
M. Christian Labellie, qui a la gentillesse de me transmettre ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf

Cordialement,
Franck

[Yves D]

Bonjour Franck, bonjour à tous,
Il se trouve que j'ai le KTB de l'U 69 ce jour là. Je vais l'extraire du microfilm et vous livrer ce qu'il révèle. D'ores et déjà, je peux vous dire que la mer était grosse, notée force 9 et le vent 9-10. Je vais y revenir d'ici ce soir.
Cdlt
Yves

En attendant, j'ai mis à jour la fiche Ernest Reyer sur uboat.net
http://uboat.net/wwi/ships_hit/2006.html

[Ar Brav]

Bonjour Yves,
Bonjour à tous,

Super ! On va en savoir plus

Amts,
Franck

[Yves D]

KTB U 69 17.4.1916
16h48 (heure allemande)
Vent W force 9 à 10 Mer force 9
Rafales force de l'ouragan, pluie, visi médiocre.
En vue un trois-mâts carré. Invité à mettre en panne par signaux. Le signal est aussitôt compris et le bateau met en panne. Puis, il repart sous le vent sous toutes ses voiles, cherchant manifestement à s'échapper. Le contraignons avec le canon à mettre en panne. L'usage du canon est presque impossible en raison de l'état de la mer qui balaye constamment le pont. Le chef de pièce resté seul au canon doit le servir attaché avec grande difficulté. Le voilier met en panne. Il s'agit du voilier français (en acier) Ernest Reyer de Nantes de 2708 tjb, lourdement chargé de salpètre. Il est accordé à l'équipage une heure pour évacuer le navire.
Après débordement des canots, essayons de couler le navire au canon mais ce n'est pas possible en raison de l'état de la mer. Coulé le navire avec une torpille au point 49.07N 07.49W.
Vu l'état de la mer, 4 heures étaient nécessaires pour couler le navire.
...........
20h30
Wilhelms note qu'en raison des conditions de manoeuvre du sous-marin dans le gros temps, il fait plonger à l'immersion de 30 mètres. A cette profondeur, le bateau subit encore un roulis de 15° bord sur bord.

Derrière ce bref compte rendu dans le KTB, on devine les circonstances de la destruction de l'Ernest Reyer. C'est une grosse tempête qui souffle sur zone et tout porte à croire que si malgré le tir sporadique et sans doute très imprécis de U 69, le Capitaine Rioual avait persisté à "torcher de la toile", il aurait sans doute échappé à l'arraisonnement et partant, son équipage aurait également échappé à la noyade.
On notera également une différence de position entre celle donnée dans les archives F et celle de l'U 69. Etant donné que personne à bord de l'Ernest Reyer n'a survécu pour rapporter un point relativement précis du lieu de l'attaque, laquelle n'a pas eu de témoins, je considère pour ma part les coordonnées inscrites dans le journal de bord du sous-marin comme étant les coordonnées officielles.

Quant à la météo, cette reconstitution de la carte de surface du 17.4.1916 est on ne peut plus explicite de l'état de la mer. Il suffit de voir le resserement des isobars et le gradient de pression entre la dépression du N de l'Ecosse et l'anticyclone des Açores. Les marins apprécieront !




Cdlt
Yves

[Ar Brav]

Bonsoir Yves,
Bonsoir à tous,

Bien vu pour l'extrait du KTB et la carte météo édifiante qui nous éclaire davantage sur les circonstances de la perte du voilier.

La position estimée de l'Ernest Reyer au moment du torpillage le 17 avril 1916 par le sous-marin U-69 :



Bien cordialement,
Franck

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

Parmi les victimes, trois membres de l'équipage de l'Ernest Reyer étaient de Pléneuf et sont inscrits sur le Monument Aux Morts de cette ville :

RIOUAL Jules Marie, capitaine au long cours, né le 03/03/1879 à Binic, capitaine de l'Ernest Reyer
CARFANTAN Adrien Pierre, novice quartier de St Brieuc, né le 27/07/1897 à Pléneuf
GUINARD Marie Ange François Mathurin, novice quartier de St Brieuc, né le 17/07/1899 à Pléneuf

Merci à Christian Labellie pour ces renseignements

Bien cordialement,
Franck

[Joe R]

Hello Everyone,

Earnest Reyer in an embarrassing moment but survived to sail again.

http://content.lib.washington.edu/cgi-b ... CISOCOLS=5

Regards.
Joe R

[Joe R]

Sorry , it's the wrong one and did Not survive.

Sorry again : pt1cable:

Joe R

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

□ Quelques compléments empruntés à l’ouvrage de Louis LACROIX : « Les derniers grands voiliers » (éd. J. Peyronnet & Cie, Paris, 1937, p. 365 et 366).

L’Ernest-Reyer fut commandé par MM. Norbert et Claude Guillon aux Chantiers du Grand-Quevilly, deve-nus succursale de Penhouet Saint-Nazaire, sitôt connue la perte d’un premier trois-mâts barque, égale-ment dénommé Ernest-Reyer. Lancé pour le compte des mêmes armateurs par les Chantiers de la Loire de Nantes, le 22 décembre 1900, ce premier voilier du nom, du type Jubilee Rig, fut jeté à la côte — en même temps que sept autres — par un coup de vent de Nord-Ouest, à l’entrée de la rivière Quinault, lors de son premier voyage à destination de Portland, en Orégon.

Gréé en trois-mâts carré et plus grand que le précédent, le second Ernest-Reyer fut conçu sur le modèle du trois-mâts havrais Alice et de l’André-Théodore, auquel il succéda sur la cale de construction.

Lorsque le capitaine Rioual en prit le commandement, fin 1907, le navire repartit pour la côte Ouest de l’Australie. Le 15 février 1908, venant de Port-Victoria avec un chargement de blé à destination de Lime-rick, en Irlande, il essuya de fortes rafales près des îles Arran, un peu au Nord de sa destination. Lacroix raconte : « Il ventait en tempête, pas de vue et mer grosse, le capitaine résolut d’entrer dans le golfe de Galway et de mouiller à l’abri des îles, malgré le peu de sûreté de cet abri. Là, il demeura en perdition du 26 février au 1er mars. Le remorqueur Victor envoyé pour l’assister ne put le tirer de cette position dangereuse et le croiseur anglais La Forte reçut de l’Amirauté anglaise l’ordre de se porter à son secours. Enfin, le 2 mars, le capitaine réussit à appareiller par ses propres moyens et à rentrer à Limerick. »
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