TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

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Yves D
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Yves D »

En complément à ce que signale Klaus.
Dans le SR de 1908
BARTLETT CA 1T
328 Montreal Transportation Co., Ltd., Montreal 124.9 x 25.1
t Grangemouth & Greenock Dkyd. Co., Ltd., Grangemouth (4) #306 124268
17 - TENAX Chemins de Fer de l'État Français (Soc. Maritime Nationale), Le Havre FR
Wrecked 3 Dec 1921, 2 miles west of Barfleur, voy. Antwerp - Cherbourg

Il y aurait fort à parier qu'il s'agit là de notre remorqueur
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Rutilius
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Rutilius »


Bonjour Klaus et Yves,
Bonjour à tous,

Not sure whether the name is correct, don't have found any " Tonax ". But according to Lloyd's Register 1920 there was a tug " Tenax " of 278 GRT, built in 1908, ex " Bartlett ".

Je pense que Klaus a raison et que ce remorqueur s'appelait Tenax plutôt que Tonax.

Je me range à votre commune opinion éclairée et corrige en conséquence l'intitulé du présent sujet.

Bien amicalement à vous,
Daniel.

P.S. : Yves, si vous le souhaitez, je puis vous adresser par message privé une transcription du rapport rédigé par le Lieutenant de vaisseau Jean GUEGEN à propos du torpillage du norvégien Aalesund ; cette pièce figure dans la correspondance du commandant de l'Escopette.


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Yves D
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Yves D »

Bonsoir Daniel,
Bien entendu cela m'intéresse. En fait tout m'intéresse :)
D'avance merci.
Cdlt
Yves
PS Aperçu également que le titre du fil a été renommé. C'est parfait à présent.
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Rutilius
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TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Rutilius »

.
Bonsoir à tous,

La fin commune du remorqueur Tenax et du chaland Mortagne, le 3 décembre 1921

L’Ouest-Éclair – éd. de Caen – , n° 7.308, Dimanche 4 décembre 1921, p. 2.

« Deux navires sombrent au cap Lévi.

CHERBOURG, 3 décembre. —
(De notre correspondant particulier) — Par suite de la tempête d’Est qui sévit depuis quelques jours, deux navires ont été jetés à la côte et se sont échoués par le travers du cap Lévi. Ce sont le chaland Mortagne, remorqué par le vapeur Tenax, venant de Rotterdam avec un chargement de charbon pour Cherbourg. Des voies d’eau très sérieuses se sont déclarées et il a été impossible aux remorqueurs de la Direction du port, envoyés au secours des deux navires, d’opérer le renflouement.
Dans le courant de la journée de samedi, ils ont achevé de couler. Les équipages ont été sauvés.
»
Dernière modification par Rutilius le sam. mars 10, 2018 7:20 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Yves D
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Yves D »

Merci Daniel,
La boucle est à présent bouclée et Tenax, l'obscur, le sans grade, retrouve les lettres de noblesse de sa modeste carrière guerrière.
Cdlt
Yves
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Ar Brav
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Ar Brav »

Re,re Daniel

Dans le Starke reg. de 1898 :
PEARL BR 1T (10½*)
677 J. H. Wetherall, Goole 185.0 x 29.2
C Wood, Skinner & Co., Ltd., Newcastle (9) #76 104220
04 - UNION Lloyd Bahia Blanca Soc. Anon. de Nav. a Vap., Bahia Blanca AR
09 - Marina Mercante Argentina, Bahia Blanca
17 - Delegrange, G. E. Bates & Cie., Rouen FR
Torp. and sunk by U 90, 26 Jan 1918, 7 miles north of Sept Iles, voy. Cardiff - Rouen, coal

L'Union de l'Armement Bordes est un 4-mâts carré de 3300 tpl, 2233 tx, lancé en 1882 qui fut sabordé le 28.10.1914 vers le point 34S 52W. Par contre je ne retrouve rien sur les circonstances de son sabordage (un raider allemand ?)

Yves
Bonsoir Yves,
Bonsoir à tous,

L'Union de l'Armement Bordes est un 4-mâts carré de 3300 tpl, 2233 tx, lancé en 1882 qui fut sabordé le 28.10.1914 vers le point 34S 52W. Par contre je ne retrouve rien sur les circonstances de son sabordage (un raider allemand ?)

Le 28 Octobre, par 34° S et 52° W, à hauteur de Montevideo, l'Union, Capitaine Grégoire de Bordeaux, est arraisonné par le croiseur auxiliaire allemand KRONPRINZ WILHELM, la relation de l'affaire est ici :

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _892_1.htm

Amts,
Franck
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Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Yves D
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Yves D »

Bien vu Franck !
Mea culpa...
Amts
Yves
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marpie
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par marpie »

Bonsoir à tous

Extrait du JO du 14 avril 1918 :


Image


Bien amicalement
Marpie
Rutilius
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TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par Rutilius »

.
Bonsoir à tous,

■ Le commandant du remorqueur Tenax.

— DUCHATEL Émile Jules, capitaine au cabotage, inscrit à Dunkerque, n° 324.

En Juin 1913, commandait le remorqueur Europe et en Décembre 1915, le remorqueur Haleur n° 4.

Le 5 mars 1917, lors de la perte de ce bâtiment en rade d’Hartlepool (Sunderland, Royaume-Uni), commandait le remorqueur Robur, de la Société navale maritime.

Cité à l’ordre de l’armée dans les termes suivants (J.O. 14 avr. 1918, p. 3.217) :

Image

Par décision du Ministre de la Marine en date du 20 juin 1919 (J.O. 25 janv. 1919, p. 996), inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

Image

Disparu le 6 novembre 1921 lors du naufrage du cargo charbonnier Député-Gaston-Dumesnil, bâtiment du Transit maritime dont il exerçait alors le commandement.

uim.marine —> http://uim.marine.free.fr/hisnav/archiv ... mesnil.htm

The Wreck Site —> http://www.wrecksite.eu/wreck.aspx?77521
Dernière modification par Rutilius le sam. mars 10, 2018 7:25 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: TENAX ― Remorqueur ― Compagnie des chemins de fer de l’État.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

TENAX – MORTAGNE

Attaque par un sous-marin le 25 Janvier 1918.

Rapport du capitaine

Image

Je soussigné, capitaine du remorqueur TENAX du Havre, appartenant à la Société Maritime Nationale, armé par 22 hommes d’équipage dont 3 canonniers et 1 TSF, déclare être parti de Fowey le 24 Janvier 1918 à 15h00 à destination de Cherbourg, ayant en remorque le chaland de mer MORTAGNE avec un chargement de 1700 tonnes de charbon.
Jolie brise de SSW. Mer très houleuse.

Le 25 à 07h20, par 49°49 N et 02°03 W j’aperçois à 2 milles dans le NE de ma position un grand sous-marin en surface, armé de deux canons et non escorté, se dirigeant vers moi. J’ai constaté que ce sous-marin devait être un ennemi. Je fais aussitôt envoyer les signaux d’attaque par le TSF pour signaler sa présence. Le voyant se rapprocher rapidement, je prends la décision de couper la remorque pour être libre de ma manœuvre et mets mon équipage aux postes de combat. Pour protéger le chaland, je fonce à 12 nœuds dans la direction du sous-marin.

A 1500 m le sous-marin ouvre le feu sur moi. Je réponds immédiatement avec la pièce de 90 mm placée sur l’avant. Son premier obus tombe à 50 m de l’étrave et le 2e à 10 m sur bâbord arrière.
Mon premier obus tombe à droite long, le 2e en direction court, le 3e le frappe près de son canon AR. Le sous-marin paraît alors s’enfoncer et ne tire plus. Je continue ma route dans sa direction et à 400 m envoie un 4e obus qui l’atteint dans le kiosque. Il disparaît quelques secondes après. J’ai la certitude de l’avoir atteint et détruit.

Tous mes hommes ont tenu leur sang froid et exécuté tous les ordres donnés.

Voici la signature du capitaine Duchâtel

Image

Déposition du matelot Jacques BOSSER à la barre au moment de l’attaque

Voyant le sous-marin approcher, le commandant a donné l’ordre de couper la remorque, puis m’a dit de venir sur tribord. Nous avons fait le tour du MORTAGNE pour le prévenir d’armer son canon. Nous avons ensuite mis le cap sur le sous-marin. Quand le sous-marin nous a vu mettre le cap sur lui, il a tiré sur nous. Aussitôt nous avons répondu et le capitaine m’a dit de faire route directement sur lui. J’ai vu le 3e coup le toucher dans sa partie arrière. Un peu de fumée est sorti du point où il était touché, puis son arrière s’est enfoncé. Le 4e coup est tombé juste au milieu du sous-marin. Une grosse fumée tout à fait noire s’est élevée, presque aussi grande que le sous-marin qui commençait à couler par suite du coup précédent. Il a disparu très vite après ce coup là.

Déposition du QM canonnier pointeur Henri ACKERMANN

A vu le 3e coup toucher le sous-marin sur l’arrière de sa pièce AR. L’arrière s’est alors soulagé. Le 4e coup a touché dans le kiosque d’où est sortie une grosse fumée noire. Le sous-marin a piqué du nez et disparu en quelques secondes.

Déposition du canonnier Pierre LE PENSEC

Etait de veille au moment de l’alerte. N’a vu que le 4e coup, étant occupé au service de la pièce. Ce coup a touché le sous-marin dans le milieu. J’ai entendu faiblement le bruit d’une explosion et j’ai vu une grosse fumée noire. Le sous-marin a disparu aussitôt.

Déposition du chauffeur René BAUDIN

Etait couché et est allé aussitôt à son poste de combat (pourvoyeur). A vu tous les coups du TENAX :
1er sur l’arrière
2e court
3e touche le sous-marin sur l’arrière, pas de fumée d’explosion et pas de gerbe d’eau
4e a explosé au milieu du kiosque. Grande gerbe de fumée noire. Le sous-marin se soulage de l’arrière et pique du nez. Il disparaît en 5 secondes.

Déposition du MORTAGNE

MORTAGNE, en remorque de TENAX, a aperçu le sous-marin en arrivant à hauteur de La Hague. Alerté, il a ouvert le feu avec sa pièce de 47 mm pendant le combat du TENAX et du sous-marin. Il a pu tirer 8 coups, gêné un moment car le sous-marin était tombé dans un gisement où mât et haubans empêchaient le tir.
MORTAGNE a assisté à la disparition du sous-marin consécutive à une apparition de fumée noire, mais ne peut préciser les conditions à cause de son éloignement.
Conduite de l’équipage très satisfaisante.

Rapport du LV GUEGUEN, commandant le torpilleur d’escadre ESCOPETTE

Dans la matinée du 25 Janvier, je revenais de Weymouth et me trouvais à 15 milles au Nord de la Hague, route sur Cherbourg à 10 nœuds. A 07h40, nous avons entendu dans le S25 W le bruit d’une canonnade et reçu le SOS d’un bâtiment attaqué à 6 milles au SW de La Hague. J’ai pensé qu’il s’agissait d’un faux et qu’il fallait lire NW. J’ai fait route à 22 nœuds sur le point rectifié et lancé le signal « Secours à 10 milles au NE ».

Peu après, TENAX rectifiait sa position comme je m’y attendais et à 08h05 signalait « Sous-marin coulé ».

A 08h15 j’ai communiqué à la voix avec TENAX, pus avec MORTAGNE qu’il remorquait de Fowey à Cherbourg et j’ai appris ce qui suit :

Le groupe aperçut un sous-marin en surface et attendit pour ouvrir le feu qu’il fasse acte d’hostilité. Le sous-marin ayant tiré un coup sur TENAX, celui-ci coupa sa remorque et fonça sur le sous-marin. MORTAGNE ouvrit le feu à 2500 m et encadra le but. Il croit que son 5e coup fut au but. Le sous-marin plongea et MORTAGNE cessa le feu au 10e coup.
TENAX n’aurait ouvert le feu qu’à 500 m et tira 4 coups dont le 4e atteignit le sous-marin. Il aurait alors disparu en piquant du nez. TENAX avait à ce moment-là une avarie de drosse.

Bien entendu, TENAX est convaincu d’avoir coulé le sous-marin. Mais je ne partage pas cet optimisme et pense que l’ennemi, voyant que chaland et remorqueur étaient armés, aura plongé rapidement et disparu comme d’habitude.

TENAX m’a dit que c’était un sous-marin de 1500 tx, ayant deux canons, et il me paraît inadmissible qu’un seul obus puisse faire couler comme une pierre un pareil adversaire.

Le groupe TENAX-MORTAGNE a fait route selon ses ordres sur Cherbourg, sous ma protection, puis sous celle du torpilleur 238 et du chasseur IX.

Rapport de mer du patrouilleur MILAN. Capitaine GUILLEMOT.


25 Janvier. Continué la patrouille dans les mêmes parages et à 06h30 aperçu un vapeur venant du SW. Fait route dans cette direction.
A 07h30, entendu des coups de canon dans le Nord. Mis aussitôt la machine à toute puissance et fait route en direction du bruit. Mis aux postes de combat en disposant les grenades et les munitions.
Aperçu un chaland remorqué qui vient d’être attaqué par un sous-marin d’un coup de canon. Le chaland a tiré dix coups sur le sous-marin. ESCOPETTE et torpilleur 238 sont sur les lieux.

Note du CF MARGUERITE commandant la 2e escadrille au CV chef de division des Patrouilles de Normandie


J’ai l’honneur de vous transmettre le rapport du commandant du torpilleur d’escadre ESCOPETTE au sujet de l’attaque du groupe TENAX – MORTAGNE par un sous-marin ennemi qui aurait été coulé par un obus du MORTAGNE et 2 obus du TENAX tirés à 500 m et ayant atteint le but.

Le patrouilleur MILAN qui protégeait deux vapeurs venant de Guernesey a entendu des coups de canon à 07h30 dans le Nord et a marché à toute vitesse dans leur direction, pensant que les deux bâtiments ralliaient Cherbourg en rasant la côte. La rapidité avec laquelle les bâtiments en patrouille sont arrivés sur les lieux démontre une fois de plus l’utilité absolue d’une surveillance permanente de la zone côtière, malheureusement difficile à assurer avec le petit nombre de bâtiments que l’on peut y consacrer, impropres du reste au service d’escorte.

Les patrouilles permanentes constituent une protection indirecte des convois très efficace, qui s’ajoute à la protection directe par les bâtiments d’escorte. Elles assurent aussi la protection des bâtiments naviguant isolément.

Rapport de l’officier AMBC

Utilisation de l’armement

L’utilisation de son canon par TENAX a été excellente puisque le 3e coup a atteint le sous-marin sur l’arrière de la pièce arrière et que le 4e l’a atteint à hauteur du kiosque et, selon toutes probabilités assez gravement pour le détruire.

Conduite du tir

Conduit par Mr. Gens, second du bord, qui était de quart au moment de l’alerte. Alerte donnée par le servant de culasse Le Pensec, de veille à la pièce.
L’officier de tir a aussitôt donné la dérive et la hausse initiale à 2000 m. 1er coup long et à droite, ce qui peut être admis vu la faible distance du tir. 2e coup avec hausse à 400 m, apprécié court mais en direction. 3e coup, même hausse, a été observé au but et 4e coup a porté dans le kiosque de l’ennemi comme en témoigne la bouffée de fumée noire sortant brusquement du sous-marin.

Chrono-télémétrie

L’officier de tir n’a pas fait jouer la chrono-télémétrie car au début de l’alerte, l’adjudant de tir (Maître d’équipage Hillion) s’était précipité à l’arrière pour couper la remorque ? Ce n’est qu’arrivé à la pièce au moment où partait le 2e coup que l’officier de tir a jugé, voyant la faible distance du sous-marin, qu’il n’était pas nécessaire de faire jouer la chrono-télémétrie. C’est là une faute contre la méthode de tir qui impose dans tous les cas son déclenchement.

Vitesse du tir

Tir lent au début ; 50 secondes entre 1er et 2e coup. Accélération progressive : 15 secondes entre 3e et 4e coup. Cela fait une vitesse moyenne de tir de 2 coups à la minute.

Organisation de la veille

Bien organisée avec Officier et 1 matelot à la passerelle et 1 matelot canonnier à la pièce.

Armement militaire

Conduite parfaite comme celle de tout l’équipage

Remarques

Je note la mollesse du sous-marin ennemi dans l’utilisation de son artillerie. Sa pièce avant qui semble être la plus puissante n’est pas intervenue et sa pièce arrière n’a tiré que 2 coups. Le sous-marin, voyant probablement TENAX foncer sur lui a commencé un mouvement pour se dérober au risque du canon adverse et attaquer à la torpille.
On peut objecter que le capitaine de TENAX n’a pas suivi les Instructions Générales qui prescrivent aux bâtiments de prendre chasse pour tenter avant tout de sauver leur cargaison. Mais étant donné les circonstances spéciales où se trouvait TENAX qui remorquait un chaland, le capitaine de ce bâtiment a pris le parti d’attaquer et ce parti paraît être le bon en pareil cas. Mais ayant pris ce parti, il aurait dû ouvrir le feu aussitôt, sans attendre le 1er coup de l’ennemi.

Il serait utile que les Instructions Générales précisent la conduite à tenir par remorqueur et remorqué en cas d’attaque et spécifient qu’ils ne doivent pas tirer ensemble :

1) Attaque à petite distance : le remorqueur coupe la remorque et attaque le sous-marin
2) Attaque à grande distance : le remorqueur prend chasse laissant au remorqué le soin de combattre l’ennemi au canon pendant que lui fait les routes en zigzags qu’il juge utiles.

Rapport de la commission d’enquête présidée par le CC DESVEAUX

Elle reprend tous les éléments du rapport du capitaine et des interrogatoires et conclut :

La commission remarque la faible utilisation de l’artillerie du sous-marin dont la meilleure pièce n’est pas entrée en action. Elle pense que l’ennemi, impressionné par la manœuvre agressive du TENAX a refusé le combat et fait rentrer l’armement de sa pièce AR et a voulu plonger. Les deux atteintes du TENAX ont devancé l’exécution de sa manœuvre. L’obus qui a atteint le kiosque a explosé à 1 m du trou d’homme de base et a certainement désorganisé celui-ci pour créer une voie d’eau irrémédiable. Le sous-marin a disparu dans les minutes suivantes et est allé au fond.
La pointe qu’il a prise indique une voie d’eau grave, faisant penser que le coup a porté plus bas que le kiosque. L’hypothèse d’une atteinte haute n’a pas seule joué.

La commission a été vivement frappée par la discipline et l’esprit militaire qui régnaient parmi l’équipage du TENAX. Elle en fait remonter en grande partie le mérite à ses deux officiers.
Aux plus solides qualités professionnelles de sang froid et de décision, Mr ; le capitaine DUCHATEL joint un ardent esprit de guerre, et le second capitaine Mr. GENS, toute l’application et la compétence désirable dans ses doubles fonctions de second et d’officier de tir. Elle a remarqué aussi la sobre simplicité de leurs dépositions et de leur attitude.
Bien que l’appréciation de la conduite des canonniers sorte de ses compétences, elle signale cependant leur parfaite tenue, en particulier celle du QM pointeur ACKERMANN qui s’est montré à la hauteur de son devoir.
La commission propose alors toute une série de récompenses pour « destruction d’un sous-marin ennemi ».

Lettre du Ministre de la Marine au VA Commandant en Chef, Préfet Maritime de Cherbourg. 11 Février 1918

Des diverses dépositions recueillies par la commission d’enquête de Cherbourg au sujet de l’attaque du TENAX et du MORTAGNE par un sous-marin ennemi, il résulte que :
1) Après le 4e coup une fumée a été vue sur le kiosque du sous-marin par les deux équipages
2) Le sous-marin a piqué du nez et disparu au bout d’un temps évalué à quelques secondes par l’équipage du TENAX, à 2 minutes par celui du MORTAGNE
La commission d’enquête en conclut que le sous-marin a certainement été coulé et établit des propositions de récompenses fondées sur la destruction du sous-marin ennemi.

Or les phénomènes observés sont tout à fait analogues à ceux constatés maintes fois dans des rencontres où les sous-marins n’ont nullement été coulés, et ne peuvent en aucun cas être considérés comme une preuve de destruction. La commission d’enquête aurait dû s’abstenir de donner comme certain un fait douteux.

Déjà, dans l’enquête relative au FIGARO, cette commission avait fait preuve d’une très grande légèreté. La moindre perspicacité aurait dû attirer son attention sur certains points particuliers de l’incident. L’interrogatoire de tous les membres d’équipage aurait permis d’établir ses conclusions sur un fondement plus sérieux.

En somme, la commission d’enquête présidée par Mr. Le Capitaine de Corvette DESVEAUX ne possède manifestement pas la compétence et le sérieux nécessaires à l’accomplissement d’une tâche à laquelle j’attache la plus grande importance. Je vous prie de prendre au plus tôt les mesures prescrites par ma circulaire du 6 Décembre 1917 qui a suivi la perte du vapeur AMIRAL DE KERSAINT. Je vous invite à donner dans votre arrondissement maritime les instructions nécessaires pour que les commissions d’enquête présentent toutes les qualités voulues pour remplir ces fonctions importantes et délicates.

Réponse du Vice Amiral JAURES, Préfet Maritime

Vu la réception de la présente dépêche, Mr. Le Capitaine de Corvette DESVEAUX sera remplacé par Mr. Le Capitaine de Frégate ROCA D’HUYTEZA dans la présidence de la Commission d’enquête prévue par la circulaire du 13 Avril 1917.

Commentaire
:

Il est rarissime qu’une commission d’enquête et son président soit ainsi désavoués d’une manière aussi cinglante par les Autorités. On peut penser, sans que ce soit une certitude, que le haut Etat-Major a su très rapidement que le sous-marin n’avait pas été coulé, peut-être d’ailleurs par les écoutes radio télégraphiques. On note en effet que le TSF du sous-marin U 90 écrit dans sa relation de l’incident : « Hardiment, il n’oubliait pas non plus de nous signaler par radiotélégraphie et d’appeler à l’aide. Mais chez nous tout marchait aussi impeccablement. »

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’U 90 du Kptlt Walter REMY. Il n’avait donc pas été coulé, mais avait sans doute eu une certaine chance comme en témoigne le récit fait par son opérateur TSF, Arnold Fischdick, dans le post ci-dessus d’Yves.

Le rapport du LV Gueguen, de l’ESCOPETTE, est particulièrement lucide et sensé.

Voici la silhouette de l’U 90 dessinée par les officiers de TENAX.

Image

Récompenses

Citation à l’Ordre de l’Armée

DUCHATEL Emile Capitaine au Cabotage Dunkerque 324

Excellent capitaine. A dirigé une brillante riposte contre un sous-marin qu’il a contraint à plonger.

Citation à l’Ordre de la Division

GENS Edmond Capitaine au Cabotage 2e capitaine Gravelines 190

Pour la courageuse énergie et les qualités militaires dont il a fait preuve comme officier de tir en forçant un sous-marin à plonger.

Témoignage Officiel de satisfaction

Remorqueur TENAX Compagnie des Chemins de Fer de l’Etat / Société Maritime Nationale

Pour la discipline dont a toujours fait preuve son équipage, le sang froid et l’énergie qu’il a déployés au cours d’un combat contre un sous-marin le 25 Janvier 1918.

Cdlt
olivier
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