PAVOT - Patrouilleur ex-chalutier japonais

gildelan
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Re: PAVOT - Patrouilleur ex-chalutier japonais

Message par gildelan »

Bonjour,
C'est bien le 5 novembre (à 14H45) que le PAVOT a sombré.
Ci-dessous le rapport de l'EV (R) BEROARD, commandant le PAVOT :

Rapport de l’Enseigne de Vaisseau de réserve BEROARD, commandant le PAVOT

J’ai l’honneur de vous adresser mon rapport sur la perte du chalutier dragueur PAVOT sauté sur une mine dans le golfe d’Alexandrette, le 5 novembre 1918 à 14h45.

Sous les ordres et la direction de Monsieur le Lieutenant de Vaisseau TILGER qui se trouvait à bord du PAVOT, nous avons appareillé d’Alexandrette le 5 novembre à 14h15, en compagnie du VULCAIN, avec mission de draguer une zone de 1 mille et demi nord et sud à l’est de la bouée n° 3 qui se trouvait à 7 encablures au N.85 W. du phare.

Arrivé à un demi mille au nord 45 W. de la bouée ayant mis cap au nord, nous nous disposions à mettre nos dragues à la mer, lorsque le VULCAIN qui devait nous précéder et était devant nous à environ 300 mètres, nous signale à bras : « Nous avons vu un objet suspect à basse immersion et avons mouillé un flotteur ».

Effectivement, l’on voyait à ce moment légèrement par tribord à nous et dans le sillage du VULCAIN à environ 150 mètres du bord, un morceau de bois à la surface.

Stoppé aussitôt la machine qui tournait à 60 tours. Au même instant, l’une des deux embarcations qui éclairait la route du VULCAIN, bâtiment de tête, à une centaine de mètres de son avant, se dirigea sur le flotteur pour repérer exactement l’objet aperçu.

Après quelques moments de recherches, voyant que l’embarcation ne trouvait rien, le Capitaine TILGER me dit : « Je vais appeler le youyou et aller moi-même me rendre compte ».

Au moment où il poussait du bord avec le youyou, je dis au Capitaine TILGER : « J’aurais l’intention de faire en arrière pour prendre du champ et me permettre de mettre ma drague à la mer afin de venir ensuite passer dans les environs du flotteur. S’il y a quelque chose de suspect, nous devons forcément le trouver ».

Ce à quoi le Capitaine TILGER me répondit : « Bien, parfaitement, vous avez raison, faites en arrière pour mouiller votre drague ». A ce moment, je n’avais à la mer absolument que mes flotteurs, ce qui me permettrait de manœuvrer librement.

Je commandai en arrière doucement. Il n’y avait tout au plus une minute que la machine était partie, lorsque le quartier-maître CANEVET, de vigie dans le nid de pie, me crie plusieurs fois répétées : « Commandant, en avant, en route, nous avons une mine derrière », en me faisant signe de la main. Par sa direction, j’ai pu constater qu’elle se trouvait légèrement par bâbord à nous. J’ai aussitôt commandé ; « En avant, en route, à gauche toute », de façon à dégager immédiatement l’arrière de la mine. La machine obéit instantanément et le quartier-maître mécanicien LE HUEDE de quart, a accusé la manœuvre en signalant : « La machine est en avant, en route ».

Pendant le peu de temps qu’a demandé cette manœuvre, l’homme de vigie n’a cessé de crier : « En avant, en route, en avant, nous sommes dessus, elle a passé sous le flotteur de bâbord ». A peine venait-il de terminer cette phrase, qu’une formidable explosion se produisit sous la hanche bâbord derrière, et la moitié du navire jusqu’à l’arrière de la cabine de T.S.F. volait en éclats, pendant que la partie avant s’engloutissait instantanément.

Je me suis trouvé projeté à la mer et, au moment où je suis remonté à la surface, j’ai peu voir l’étrave du navire qui disparaissait dans le remous. J’ai été recueilli un quart d’heure ou vingt minutes après par le youyou du VULCAIN dans lequel se trouvait le Capitaine TILGER qui avait quitté le bord quelques minutes auparavant pour repérer la mine qui nous avait été signalée sur l’avant. Environ une demi-heure après l’explosion, tous les survivants avaient été recueillis par nos deux embarcations et celles du VULCAIN.

Les rescapés ont été dirigés aussitôt sur l’ARBELETTE tandis que le Capitaine TILGER et moi restions jusqu’à la nuit sur les lieux de l’accident pour faire des recherches. Aidés dans nos recherches par la baleinière et un youyou de l’ARBALETTE arrivée sur les lieux quelques instants après la disparition du navire.

Le navire a dû couler à 1 mille 2 dans le N.67 W. du phare d’Alexandrette par trente mètres de fond.

Tous les documents secrets et la caisse du bord (500 frs environ) sont restés enfermés dans le coffre-fort qui se trouvait fixé sur le bureau de ma cabine. Seul, l’Allied signal Manuel était sur la passerelle pour le service.

Etant donné que le fort tirant d’eau de mes deux dragueurs (4,60 m et 4,80 m) ne leur permettait pas de passer sur des mines d’immersion normale sans risques pour eux, j’avais pris le maximum de précautions pour la garantie de mes chalutiers et leurs équipages.

Le Capitaine TILGER et moi avions décidés de faire marcher à 60 mètres environ sur l’avant du dragueur de tête VULCAIN et dans son axe, deux embarcations armées de 4 et 6 hommes pour veiller les mines et éclairer sa route. Ces deux embarcations étaient fournies l’une par le VULCAIN, l’autre par le PAVOT.

Le PAVOT devant gouverner un peu à droite du « cochon » bâbord du VULCAIN était garanti par sa drague.

Pendant tout le temps de nos dragages, la veille était assurée de façon sérieuse et soutenue par :
- 1 homme de vigie dans le nid de pie,
- 1 quartier-maître élève chef de quart et un homme sur le gaillard à l’étrave,
- 1 sous-officier chef de quart et moi sur la passerelle,
- 1 homme de veille pour la drague sur la ferme arrière.

Ma grande embarcation, que j’avais à bâbord sur le pont, dont la mise à la mer était très laborieuse, était à l’eau depuis le commencement de nos dragages.

Pour cela, j’avais fait installer par des moyens de fortune, un petit tangon à bâbord sur le gaillard pour ne pas gêner par ce canot la mise à la mer de mon flotteur avant.

Tous les objets susceptibles de flotter : radeaux, planches, dalles, drome, etc. étaient libres sur le pont.

A part un ou deux hommes, tous étaient munis de leur ceinture de sauvetage. A ce propos, comme certains d’entre eux paraissaient négliger cette mesure, quatre ou cinq jours auparavant, je les avais tous réunis pour rappeler leur attention et leur passer la consigne formelle sur l’intérêt et la nécessité qu’il y avait plus que jamais à ne pas se démunir de leur ceinture, étant donné la mission délicate que nous devions remplir.

Si une grande partie de l’équipage qui se trouvait à l’arrière à la manœuvre de la drague a pu être sauvée, c’est grâce à l’alerte donnée par l’homme de vigie, qui a permis à ces hommes de gagner l’avant, sans quoi, tous seraient restés sous le choc de l’explosion. C’est enfin grâce à toutes les mesures de précaution énumérées plus haut que nous avons pu sauver vingt-six hommes sur trente.

En mettant à part d’une façon toute particulière pour l’obtention d’une récompense les 4 hommes qui ont payé de leur vie leur dévouement et dont les noms suivent :
- le quartier-maître CANEVET Yves, en vigie dans le nid de pie qui, par une veille très attentive, a sauvé une partie de l’équipage en signalant la mine derrière,
- le quartier-maître mécanicien LE HUEDE Henri et le matelot chauffeur NOGES Pierre qui, même en percevant les cris d’alarme de leurs camarades, sont restés fermement à leur poste,
tous trois disparus victimes de leur devoir,
- puis le matelot mécanicien ZUNINO Paul, alité par suite d’une forte fièvre, tué par l’explosion.

Je tiens à faire remarquer la belle conduite de tout l’équipage qui, en toutes circonstances, chaque jour sans compter, a fait son devoir et a fait preuve d’une parfaite discipline.

Signé : BEROARD

Source : Livre d'or de la Marine - guerre 14/18

Salutations à tous
Gilbert
Excès de peur enhardit.
Rutilius
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Message par Rutilius »

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Rutilius
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Creese
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Re: PAVOT - Patrouilleur ex-chalutier japonais

Message par Creese »

Bonsoir à tous,
The PAVOT might be ex Japanese KICHIYO MARU built 1911 at Osaka.
Bien amicalement, Kris.
Memgam
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Re: PAVOT - Patrouilleur ex-chalutier japonais

Message par Memgam »

Bonjour,

Pavot, patrouilleur ex chalutier japonais (1916-1918)
Chantier : Osaka Iron Works, Osaka, Japon, mis à flot en 1911
189 tx, 200 t, 34,24 x 6,5 x 3,38 m,
ex Kychyo Maru

Source : Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française, de Colbert à nos jours, volume II, Rezotel Maury, 2005.
Jean Labayle-Couhat, French waships of world war II, Ian Allan, 1974.

Cordialement.
Memgam
olivier 12
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Re: PAVOT - Patrouilleur ex-chalutier japonais

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

La perte de PAVOT. 5 Novembre 1918

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2 Novembre 1918. Note de service au commandant d’ARBALETE

Vous appareillerez le 2 Novembre à 16h00 pour vous rendre dans le golfe d’Alexandrette. Un major de la Marine anglaise et le lieutenant de vaisseau, officier en second de CARABINIER, prendront passage à bord de votre bâtiment. Vous vous rendrez en parlementaire avec le major anglais auprès des autorités militaires d’Alexandrette et vous leur demanderez, conformément à la clause de l’armistice, leur assistance pour le dragage des mines. Vous les informerez en outre que, conformément à la clause 10 de l’armistice, des troupes seront débarquées aussitôt que le port aura été dragué.

Vous devez vous trouver le 4 Novembre au jour à 6 milles dans l’Ouest de Raz El Khansir, pour y attendre les dragueurs de mines français et anglais qui auront quitté Beyrouth le 3 Novembre à 05h30. Vous les conduirez à Alexandrette et vous enverrez le lieutenant de vaisseau TILGER à bord de PAVOT pour qu’il y suive l’exécution du plan de dragage qu’il aura établi d’après les indications qui lui auront été fournies sur les emplacements des champs de mines.
Le LV Tilger devra vous rendre compte chaque jour de la situation des dragages et vous devrez me la télégraphier immédiatement.

Signé CA HAMON, Commandant la Division de Syrie.

2 Novembre 1918. Note de service au CF commandant CARABINIER


Le LV TILGER, officier en second de CARABINIER prendra passage le 2 Novembre à 16h00 sur ARBALETE pour se rendre à Alexandrette. Il sera placé en subsistance sur PAVOT dès l’arrivée de ce bâtiment dans le golfe d’Alexandrette et sera chargé de suivre l’exécution du plan de dragage qu’il devra établir d’après les indications qui lui seront fournies sur l’emplacement connu des champs de mines, et d’après les renseignements qui seront fournis par les autorités maritimes d’Alexandrette. Il disposera de 2 dragueurs français et de 3 dragueurs anglais. Il fournira tous les jours la situation des dragages au Commandant Supérieur à Alexandrette et celui-ci le télégraphiera à ARIANE. Signé HAMON.

1ère Armée Navale. 5e Escadrille de torpilleurs. Compte rendu de mission du 2 au 8 Novembre 1918 par CF MILLOT.

ARBALETE arrive le 3 Novembre à 10h00 à Alexandrette avec pavillon parlementaire. Aussitôt mouillé, une embarcation vient à bord avec le commandant de la place, Major Talaat Bey et le capitaine du port Hakki Effendi. Ces deux officiers savent qu’un armistice est signé avec la Turquie, mais déclarent ignorer les clauses de l’armistice. Je leur remets la lettre les informant de l’objet de notre mission. Ils vont immédiatement demander des ordres à leur gouvernement.

Le 4 Novembre à 05h30, aucune réponse ne m’étant parvenue, j’appareille pour aller à la rencontre des dragueurs. L’Amiral, que j’ai informé par télégramme, me déclare qu’il approuve le commencement des dragages, même sans l’assentiment des autorités.
Après instructions aux dragueurs, je reviens rapidement à Alexandrette où le capitaine du port vient nous dire que les autorités donneront assistance pour l’exécution de la clause 2, mais que la clause 10 ne s’applique pas à Alexandrette.

Je donne donc ordre aux dragueurs d’entrer en longeant la ligne des bouées que j’avais mouillées près de terre sur la ligne des fonds de 10 m de façon à assurer un chenal d’accès au mouillage. Les dragueurs anglais draguent une mine qui explose par balles de fusil. J’avais averti le commandant de la place de ne pas être surpris par les coups de fusil ou de canon nécessaires pour couler les mines.

Le 5 Novembre, mise en place de bouées de repère, puis dragage du mouillage sans incident le matin.
Dans l’après midi, PAVOT saute sur une mine. 4 hommes disparus. Deux autres mines sont coulées par VULCAIN et SAINT MALO, un dragueur anglais.
Le matin, ARBALETE était allé au devant de 3 chalutiers anglais porteurs de filets de barrage et les avait pilotés jusqu’au mouillage.

Le 6 Novembre, recherches des mines par embarcations, mais les circonstances sont défavorables à cause de l’eau peu transparente. Une est cependant repérée dans le voisinage de l’épave du PAVOT. L’officier turc chargé du service des mines est toujours attendu.

Le 7 Novembre, cet officier vient à bord avec le plan des mines mouillées sur la côte depuis Alexandrette jusqu’à Mersin. Les positions des lignes des mines sont très imprécises et si l’on ne veut pas avoir à enregistrer de nombreuses pertes de dragueurs, des avions ou ballons caquots sont indispensables.
COUTELAS arrive dans la matinée pour relever ARBALETE. Le raqquié (vent de NE) souffle avec violence et l’état de la mer empêche d’envoyer nos embarcations pour repérer les mines. COUTELAS prend des dispositions pour continuer à la première accalmie et avec le concours de l’officier turc spécialisé.

ARBALETE arrive à Beyrouth le 8 Novembre au matin.

Rapport du commandant (EV BEROARD)

Ce rapport est celui mis sur le forum en Juin 2008 par Gildelan. Nous ne le reprendrons donc pas.
Son rapport sera rédigé en grande partie le 7 Novembre à bord du CASSARD.
En fin de rapport il précise qu’il a laissé 3 hommes sérieusement blessés à l’hôpital de Beyrouth (Floury, Morvan et Gloanec) et qu’il a rallié Milo à bord de MASSUE avec 5 hommes. Le reste de l’équipage est resté sur le JAUREGUIBERRY.

Il fait aussi remarquer la belle conduite du LV TILGER qui à ses côtés a partagé les dangers de la mission et a toujours montré la plus grande prudence dans les dragages, reconnaissant lui-même le mouillage des mines et ne ménageant nullement sa peine en toutes circonstances.

Voici les schémas qu’il fait de la formation de dragage

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Et sa signature

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On note bien sûr qu’il ne s’agit pas, en l’occurrence, de mines mouillées par un sous-marin allemand, mais bien par les Turcs afin de protéger de toute incursion alliée le port d’Alexandrette.
On note aussi que les malheureux disparus du PAVOT seront les premières victimes tombées après l’armistice signé avec la Turquie, ceci à moins d’une semaine de la fin de la guerre.

Extraits du rapport du LV TILGER

PAVOT et VULCAIN devaient effectuer le dragage de la zone W du phare d’Alexandrette. On devait mettre les dragues à la mer par des fonds supérieurs à 20 m.
14h30 : VULCAIN à 150 m sur tribord attaque à bras et essaye de passer un message qu’on n’arrive pas à interpréter. On me transmet « Objet à base, Ombre sur ma drague… » Je vois les deux embarcations d’éclairage rallier sur l’arrière du VULCAIN autour d’un objet flottant et les armements faire des gestes, je décide d’aller sur place. Je fais signe au canot de VULCAIN d’accoster et j’embarque dedans. PAVOT avait stoppé. Je pousse du bord et me dirige vers l’endroit suspect où est le 2e canot. Je suis à 50 m du PAVOT quand j’entends crier par la vigie « Mine sur l’arrière » et par le commandant « Avant toute ». A ce moment, l’arrière du PAVOT saute en l’air, le bâtiment se dresse sur l’avant à 45° et s’enfonce instantanément. Il était 14h45.

Mon canot est couvert de débris de toutes sortes. Le lieu de l’explosion est envahi par une épaisse fumée noire. Nous recueillons les hommes qui sont à l’eau. Le 2e canot nous rallie pour le sauvetage. En quelques minutes 26 hommes sur 30 sont recueillis, dont le commandant. Il y a 4 manquants et 3 blessés.

Un canot du PAVOT flotte grâce à la précaution du commandant de le mettre à un tangon pendant le dragage. Il permet se sauver quelques hommes. Je fais route sur ARBALETE où nous arrivons à 17h15 avec les naufragés répartis dans les 3 canots.

Je fais dire au dragueur anglais SAINT MALO, capitaine Stevens, de ne pas venir sur les lieux car c’est un champ de mines.

Le fait que 26 hommes sur 30 soient sauvés est dû aux excellentes précautions prises à bord pendant les opérations de dragage. Tous les hommes avaient leurs ceintures de sauvetage et j’en ai entendu plusieurs qui dans l’eau me criaient « Capitaine, je ne sais pas nager. » Ils ont été sauvés grâce à leur brassière B 16.

Je signale la belle conduite des armements des deux embarcations d’éclairage qui se sont rendues sur les lieux de l’explosion et ont ramassé en moins de dix minutes l’équipage de PAVOT. Voici les noms de ces hommes que je signale à votre bienveillante attention

- BOSSUET QM de timonerie
- CHAUMARCEL QM canonnier
- LABOUS Matelot canonnier
- SIMSDWITZ Matelot fusilier
- LE DROFF Matelot fusilier
- SIMPERE Matelot sans spé.

Je signale aussi la belle conduite du LV STEVENS, commandant le dragueur SAINT MALO qui, n’écoutant que son courage, s’est rendu immédiatement sur les lieux de l’explosion, franchissant à toute vitesse une région minée non explorée.

Rapport de la commission d’enquête

L’audition détaillée des différents témoins confirme dans les moindres détails les rapports écrits.
La commission conclut :

1) Causes de la perte

Le CF Millot n’avait pu recueillir que des indications très imprécises sur la position des champs de mines du golfe d’Alexandrette, indications qu’il tenait de ses reconnaissances personnelles et des renseignements donnés par le capitaine du port.
Les dragueurs PAVOT et VULCAIN employés aux opérations calaient 4,8 et 4,6 m ce qui, étant donné la faible immersion des mines dans un golfe sans marée, les exposait à un accident.
La cause de la perte du dragueur PAVOT doit être attribuée à l’imprécision des renseignements et à l’insuffisance des moyens dont disposait le Commandant Supérieur.

2) Responsabilités engagées

Les dispositions générales prises en liaison avec les dragueurs anglais pour le dragage méthodique des abords d’Alexandrette paraissaient suffisants pour pallier aux dangers d’une telle opération.
Le point initial fixé pour la mise à l’eau des dragues et où est allé se placer le LV Tilger avec la section VULCAIN-PAVOT semblait largement en dehors du champ de mines probable. Les conditions de sécurité (temps, état de la mer, éclairage de la route des dragueurs par ds embarcations) paraissaient les meilleurs.
Les dispositions prises par le commandant du PAVOT en vue de la veille et de la protection de son équipage en cas d’accident étaient excellentes et minutieusement ordonnées. L’homme d vigie a signalé la mine sur l’arrière, permettant à l’équipage, alors réunis derrière au poste de drague, de rallier l’avant. La grande embarcation du PAVOT, mise à l’eau d’avance depuis le tangon de fortune Bd, le port des ceintures de sauvetage et la disposition de tout le matériel flottant a permis le sauvetage très rapide de tout le personnel, y compris ds blessés, sauf de 4 hommes de service, tués par l’explosion et victimes de leur devoir.

La manœuvre faite par le commandant du PAVOT après le signal du VULCAIN pour prendre du champ en arrière et passer en draguant sur le point suspect était logique. L’ordre qu’il a donné ensuite de mettre en avant en route, barre à gauche toute, dès qu’une autre mine lui fut signalée derrière, était le seul susceptible de sauver son bâtiment s’il en était encore temps, ordre qui fut ponctuellement et rapidement exécuté.

En résumé, la perte du dragueur PAVOT doit être rangée parmi les accidents toujours possibles dans des opérations de guerre d’une nature aussi délicate et aussi dangereuse avec des bâtiments de ce type.

La commission dégage entièrement la responsabilité du commandant du PAVOT. Elle se plaît au contraire à reconnaître les judicieuses dispositions prises grâce auxquelles le commandant a réussi à sauver 26 hommes sur 30 malgré la violence de l’explosion et la disparition presque instantanée de son navire. Il a tout tenté dans ses manœuvres pour éviter la catastrophe.
La commission rend hommage à l’attitude courageuse et disciplinée de l’équipage du PAVOT qui, n’ignorant pas les risques encourus, a su conserver son sang froid tant à bord du dragueur que pendant les opérations de sauvetage.
La commission a retenu particulièrement la conduite du QM chef de quart Canevet qui, par sa veille attentive dans la vigie a contribué à sauver la plupart de ses camarades et qui est mort héroïquement à son poste. Celle du QM Le Huédé et du matelot chauffeur Nogès, morts à leur poste de quart, victimes de leur devoir. Celle du matelot mécanicien Zunino qui, quoique malade avait tenu à rester à son bord au départ de Beyrouth et a disparu, victime de son dévouement. Celle du second maître Floury, grièvement blessé dans l’accident qui, au lieu de se diriger vers l’avant est allé vers l’arrière malgré l’imminence du danger pour se rendre compte et renseigner le commandant sur la position de la mine, ainsi que du QM Gloanec et du matelot Morvan, également blessés par l’explosion, pour être restés à leur poste de manœuvre sur l’arrière du navire.

Cdlt
Dernière modification par olivier 12 le sam. mai 26, 2018 11:23 am, modifié 1 fois.
olivier
Rutilius
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PAVOT — Patrouilleur, ex-chalutier japonais Kychyo-Maru.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Pavot ― Patrouilleur, ex-chalutier japonais Kychyo-Maru(1916~1918) ― Escadrille de patrouilles de la mer Egée.

Le patrouilleur Pavot ― ex-chalutier japonais Kychyo-Maru ― fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 13 octobre 1916 au 6 novembre 1918, lendemain de sa perte.

[Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 759.].

Bâtiment cité à l’ordre de l’armée dans les termes suivants (J.O. 16 janv. 1919, p. 628) :

« Chalutier Pavot. A sombré par l’explosion d’une mine au cours des opérations de dragage d’un champ de mine. »
Dernière modification par Rutilius le ven. mai 22, 2020 8:15 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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PAVOT — Patrouilleur, ex-chalutier japonais Kychyo-Maru (1916~1918).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


Marins disparus le 5 novembre 1918 dans le golfe d’Alexandrette
avec le patrouilleur Pavot


[Jug. Trib. civ. 1re inst. Toulon, 12 janv. 1920]


— CANÉVET Yvon François Alain, né le 9 avril 1882 à Névez (Finistère). Quartier-maître de ma-nœuvre, inscrit au quartier maritime de Concarneau, n° 4.310 ; classe 1902, n° 3.497 au recrutement de Quimper.

• Fils d’Yves Corentin Joseph CANÉVET, né vers 1846, et de Catherine LE CORRE, née le 5 avril 1855 à Névez, « ménagère » [Cultivatrice en 1874] ; époux ayant contracté mariage à Névez, le 21 avril 1874 (Registre des actes de mariage de la commune de Névez, Année 1874, f° 6, acte n° 6 – Registre des actes de naissance de la commune de Névez, Année 1882, f° 6, acte n° 25).

• Époux de Marie Josèphe GENTALIN, avec laquelle il avait contracté mariage à Riec-sur-Belon (Finis-tère), le 22 septembre 1908.


— LE HUÉDÉ Henri Marie, né le 29 mai 1894 à Damgan (Morbihan), village de Penerf. Quartier-maître mécanicien, matricule n° 27.735 – 3 (Jug. transcrit le 8 juin 1920 à Damgan).

• Fils de Pierre Marie LE HUÉDÉ, né vers 1865, commerçant, et de Marie Françoise DERIEN, née vers 1864, « ménagère », son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Damgan, Année 1889, f° 5, acte n° 15).

[Engagé volontaire le 8 janvier 1912 à la mairie de Lorient au titre du 3e Dépôt des équipages de la flotte ; arrivé au corps le 23, matricule n° 27.735 – 3.]


— NOGÈZE Pierre Mathias, né le 24 février 1898 à Baye (Finistère). Matelot de 2e classe chauffeur, matricule n° 111.365 – 2.

• Fils d’Alain NOGÈZE et de Marie Louise JÉGOU, son épouse.

[Engagé volontaire pour 3 ans le 25 décembre 1916 à la mairie de Brest au titre du 2e Dépôt des équipages de la flotte ; arrivé au corps et apprenti-marin ledit jour, matricule n° 111.365 – 2. Nommé matelot de 2e classe le 21 décembre 1917.]


— ZUNINO Paul Bernard Jean, né le 20 mai 1886 à Mioglia (Région de Ligurie, province de Savone, Italie). Matelot de 3e classe sans spécialité, inscrit le 18 janvier 1915 au quartier maritime de La Cio-tat, f° et n° 1.486 ; classe 1908, n° 1.344 au recrutement de Marseille~Toulon.

• Fils de Jean-Baptiste ZUNINO et d’Angèle SOLA, son épouse.

[Naturalisé français par un décret du 11 mai 1908. Incorporé le 8 octobre 1909 au 27e Bataillon de chasseurs à pied ; chasseur de 2e classe le même jour, matricule n° 955. Envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 24 septembre 1911. Certificat de bonne conduite accordé. Rappelé à l’activité par l’effet du décret du 1er août 1914 prescrivant la mobilisation des armées de terre et de mer (J.O. 2 août 1914, p. 7.054). Placé mo-mentanément en situation de sursis, étant embarqué sur le paquebot Lotus, de la Compagnie des Messageries maritimes. ... / ...]
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 15, 2023 11:10 pm, modifié 5 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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PAVOT — Patrouilleur, ex-chalutier japonais Kychyo-Maru (1916~1918).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Le dernier commandant du patrouilleur Pavot


— BEROARD Gustave Louis Alfred, né le 21 mars 1878 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), décédé le 21 mars 1961 à ... (...). En 1922, domicilié à La Ciotat, « Villa Loulou ».

• Fils de Louis Antoine BEROARD, né le 4 octobre 1839 à Saint-Pierre (Martinique), marin, et de Marie Victoire MANQUAT, née le 8 septembre 1845 à La Ciotat, sans profession ; époux ayant contracté ma-riage à La Ciotat, le 1er juin 1877 (Registre des actes de mariage de la commune de La Ciotat, Année 1877, f° 30, acte n° 45 — Registre des actes de naissance de la commune de La Ciotat, Année 1878, f° 18, acte n° 69).

• Petit-fils de :

— Pierre Benoît BEROARD, « capitaine marin », né vers 1786 à La Ciotat et y décédé, le 14 décembre 1865 (Registre des actes de décès de la commune de La Ciotat, Année 1865, f° 48, acte n° 283), et de Marianne Caroline SIBILET, née vers 1796 à La Ciotat et y décédée, le 29 mars 1870 (Registre des actes de décès de la commune de La Ciotat, Année 1870, f° 15, acte n° 85), son épouse.

— François MANQUAT, décédé le 27 mai 1858 à Constantinople (Empire ottoman), mécanicien, et de Marie Alix BONNIFAY, son épouse.

• Époux de Marie Jeanne CORLETTI, née vers 1885, décédée le 28 mars 1968 à Marseille (Bouches-du-Rhône), avec laquelle il avait contracté mariage dans cette ville, le 25 novembre 1906.

Carrière maritime

Capitaine au long-cours [Brevet conféré en 1904 (J.O. 29 sept. 1904, p. 5.871)], inscrit au quartier mari-time de La Ciotat, n° 83 [Initialement, f° et n° 782. En 1932, inscrit au quartier maritime de Marseille, n° 08.161]. Classe 1898, n° 1.492 au recrutement de Toulon.

Enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire au début de la guerre.

Nommé au grade d’enseigne de vaisseau de 1re classe dans la réserve de l’armée de mer par un décret du 6 octobre 1917 (J.O. 8 oct. 1917, p. 7.968).

Distinctions honorifiques

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 5 octobre 1918 (J.O. 7 oct. 1919, p. 11.043), inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants : « A fait preuve des plus grandes qualités d’initiative et de sang-froid lorsque le Pavot a sauté sur une mine, le 5 novembre 1918, devant Alexandrette. A tout fait pour éviter la perte de son bâtiment. Grâce aux ju-dicieuses dispositions ordonnées, a pu sauver presque tout son équipage, malgré la violence de l’ex-plosion et la disparition presque instantanée du navire. »

□ Par décret du 24 mai 1932 (J.O. 29 mai 1932, p. 5.588), nommé au grade d’officier dans l’Ordre du Mérite maritime.
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 15, 2023 11:22 pm, modifié 5 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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yvo35
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Re: PAVOT — Patrouilleur, ex-chalutier japonais.

Message par yvo35 »

Rutilius a écrit : ven. mai 25, 2018 11:20 pm Bonsoir à tous,

Le dernier commandant du patrouilleur Pavot


— BEROARD Gustave Louis Alfred, né le 21 mars 1878 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) et décédé le 21 mars 1961 à ... (...). En 1922, domicilié à La Ciotat, « Villa Loulou ».

Fils de Louis Antoine BEROARD, né le 4 octobre 1839 à Saint-Pierre (Martinique) et décédé le 14 décembre 1865 à La Ciotat, marin, et de Marie Victoire MANQUAT, née le 8 septembre 1845 à La Ciotat et y décédée, le 29 mars 1870, sans profession ; époux ayant contracté mariage à La Ciotat, le 1er juin 1877 (Registre des actes de mariage de la commune de La Ciotat, Année 1877, f° 30, acte n° 45 — Registre des actes de naissance de la commune de La Ciotat, Année 1878, f° 18, acte n° 69).
Bonjour,

Il y a un problème avec les dates de décès du père et de la mère.
Cordialement
Yvonnick
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