FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Rutilius
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


L’Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 7.139, 19 février 1919, p. 2, en rubrique « Nouvelles maritimes ».

« LE CINQ-MATS FRANCE. — Une dépêche de Londres informe que le grand voilier mixte France, de Rouen, vient d'être porté sur la liste de réassurance du Lloyd's. Ce voilier, qui a cinq mâts, a quitté Dakar le 2 janvier dernier pour Bordeaux, où il était attendu vers le 20 janvier. Son retard est dû sans doute aux alizés qui l'ont contraint de mettre à la cape.

Le cinq-mâts France, qui appartient à la
Compagnie Française de Marine et de Commerce, a été construit en 1912 à Bordeaux ; il jauge brut 5.633 tonneaux. »

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Bien amicalement à tous,
Daniel.
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Ar Brav
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Je remonte ce sujet pour mise à jour,

Cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Terraillon Marc
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

Une image du voilier en attendant les prochains échanges

Image

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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Ar Brav
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par Ar Brav »

Re,

Waouhh ! Quel splendeur ! :love: :love:

Amicalement,
Franck
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Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
olivier 12
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques renseignements sur ce navire, plus grand cinq-mâts à voiles carrées jamais construit.
Lancé par les chantiers de la Gironde à Bordeaux en Novembre 1911 pour l'armement Prentout et Leblond de Rouen.
Longueur 126 m Largeur 16,90 m Creux 10,54 m
6255 tx JB 8000 tpl 1106 m3 de water ballasts
Hauteur des mâts 64 m Poids de la mâture 258 t Poids du gréement 198 t
Surface de voilure principale 6350 m2 + 12 voiles d'étai
871 poulies pour 48 km de gréement courant
2 moteurs de 900 cv (malheureusement démontés en 1919)
Peint en gris pendant la guerre ( voir tableau de Marc)
Affecté à la ligne de Nouvelle Calédonie par Bonne Espérance, Tristan da Cunha et Tasmanie avec charbon anglais, puis retour par le Horn avec du nickel. Fit occasionnellement la ligne de Nouvelle Zélande et Australie avec laine et suif.
Perdu le 11 Juillet 1922 sur les récifs de Nouvelle Calédonie, non loin de Nouméa, chargé de nickel. Encalminé, fut drossé à la côte par une houle énorme. Echoué, fut désarmé, mais ne put être renfloué. L'épave fut vendue 300 000 f.

Voici deux photos de ce magnifique voilier

Image

Image

Et ce rare document pris à La Pallice en 1913 montre encore FRANCE 2e du nom, de Prentout, avec au premier plan UNION de chez Bordes (voir fiche de ce dernier navire) (Source "Cap Horniers français" de Le Coat)

Image

Nota :Il ne faut pas confondre ce cinq mâts avec le FRANCE 1er du nom, également cinq mâts, lancé en 1883 à Glasgow et qui appartenait à l'armement Bordes. Il fut perdu le 13 Mai 1901 ayant chaviré dans un coup de pampero. Tout l'équipage avait été sauvé par l'HEBE. Il se distingue de celui de Prentout par le liston noir situé sous les faux sabords. Le voici photographié vers 1900

Image

Cdlt

Olivier
olivier
olivier 12
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques renseignements sur la navigation du cinq mâts FRANCE II pendant la guerre 14-18.

Construit en 23 mois aux chantiers de la Gironde, ce navire fit ses essais en Août 1913 à La Pallice (photo ci-dessus) et fut livré à son armateur en Octobre.
L’équipage ne comportait que 45 hommes, ce qui est remarquable pour un aussi grand clipper. Ses qualités nautiques étaient exceptionnelles. Il se manoeuvrait facilement et virait de bord aisément dès que la vitesse était suffisante. Les treuils à brasser, fort bien conçus, permettaient de brasser un phare carré tout entier avec quatre hommes seulement sur chaque manivelle, tandis que des winchs spéciaux permettaient à un homme seul de peser les cargues points des huniers et perroquets fixes (voiles lourdes) tandis que le reste de l’équipage pesait les cargues des boulines et des fonds.
Seule précaution concernant les treuils : il fallait serrer les freins au moment opportun si l’appareil venait à s’emballer…

Le premier voyage sur la Nouvelle Calédonie eût lieu début 14. Il fallut huit mois seulement, dont 194 jours de mer pour faire un tour du monde complet Glasgow – Thio - Glasgow. Le seul incident survint de nuit aux atterrages de l’île des Pins. Par temps bouché à grains, à 22h00, la vigie à poste dans les barres de perroquets signala tout à coup : « Brisants droit devant ».
Le capitaine Lagnel réussit une manœuvre éblouissante, loffant pour masquer ses voiles carrées, puis culant, il vira de bord en quelques minutes et passa à cinq encablures du récif de Nokanhui…

Le 2e voyage débuta le 29 Octobre 1914 et FRANCE II arriva à Thio le 23 Février 1915. Il avait échappé au croiseur allemand KARLSRUHE du capitaine de vaisseau Köhler, qui écumait les mer entre le Brésil et l’Afrique. Il était de retour à La Pallice le 28 Juillet 1915. Il y débarqua une partie de son équipage, atteint du béri-béri avant de continuer sur Glasgow.

Le capitaine Victor Lagnel débarqua alors pour aller en permission. EV1 auxiliaire, il trouva la mort le 18 Mars 1918, commandant du patrouilleur UTRECHT, canonné au large de la Sardaigne par le sous-marin UB 49 de l’OL Hans von Mellethin. Son corps fut retrouvé le 4 Avril suivant sur la côte italienne.

Le 3e voyage se fit sous les ordres du capitaine Gaudé avec 2e capitaine Caplain et 1er lieutenant Dagorne. Départ de Glasgow 4 Février 1916, escale à Thio du 16 Mai au 9 Juillet, passage du Horn le 11 Août et retour à Glasgow le 5 Octobre après plus de sept mois de campagne.

Mr Prentout étant décédé, le cinq mâts fut repris fin 1916 par la Compagnie Française de Marine et de Commerce .
Deux canons de 90 mm furent installés sur la dunette et le navire repartit avec le capitaine Gaudé, le second Caplain et un nouveau chef mécanicien, Mr Mathurin Calvès, de Brest. Cette fois, il quitta Glasgow le 21 Février 1917 avec du charbon pour Montevideo.
Le 28 Février à 17h00, il est attaqué au canon par un sous-marin (non identifié) à 150 milles dans l’WNW du cap Finisterre. Forçant la toile et mettant ses moteurs en marche, il parvient à s’échapper.
Le 6 Mars, par mer énorme et grain violent, la potence de suspension de la vergue du grand hunier fixe arrière casse. Celle-ci, apiquée sous le vent, reste suspendue par ses cargues, menaçant de défoncer la coque sous les coups de roulis. Il faudra des heures de travail périlleux pour écarter tout danger. Il mouille le 15 Avril à Montevideo.
Après escales à Rosario, Buenos Aires et Santos, il entre à New York le 5 Août 1917. Quittant New York le 2 Octobre, il atteint Adélaïde en 86 jours, avec un dangereux chargement de munitions et d’essence en fûts. Il touche ensuite Melbourne et Brisbane, puis fait route sur lest vers Sydney lorsqu’il est surpris par un cyclone. Son lest ayant ripé, il reste engagé avec 35° de gite pendant 48 heures. Un travail acharné de l’équipage, en plein ouragan, permet de le redresser. Il charge alors 3000 t de farine à Sydney pour Thio, puis du nickel à Thio et revient sur Dakar. On a en effet pris la décision de décharger les grands voiliers au Sénégal pour leur éviter de devenir la proie des corsaires allemands dans l’Atlantique nord. France II ne mettra que 55 jours entre Thio et Dakar, mais devra rester trois mois au Sénégal, son équipage étant décimé par la grippe espagnole. Il appareillera finalement de Gorée le 2 Janvier 1919 avec des billes d’acajou et des arachides et arrivera sous voiles sur rade du Verdon le 17 Février, par un coup de vent de NW qui fit sensation. Ce 4e voyage avait duré deux ans, et le second capitaine Caplain, qui était embarqué sans discontinuer depuis 6 ans en prit le commandement pour le conduire jusqu’au Havre où il fut momentanément désarmé. Caplain put alors prendre des congés…mérités.

Voici une vue du pont du cinq mâts avec son impressionnant édifice de vergues et de gréements

Image

Sources diverses dont "Hommes et navires au cap Horn" de Randier et "Les derniers cap-horniers" de Lacroix.

Nota : les rencontres mentionnées avec les sous-marins sont à vérifier avec des documents côté allemand. Dans l'affaire UTRECHT-UB 49, Lacroix parle d'engagement au canon, alors que la fiche de Lagnel parle de torpillage...? Quant à la rencontre du 28/02/17 à 150 milles de Finisterre, peut-être y-a-t-il moyen d'identifier le sous-marin ? Avis aux spécialistes ;)

Cdlt

Olivier
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Rutilius
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


■ Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 7210, Vendredi 2 mai 1919, p. 4, en rubrique « Nouvelles maritimes – Marine de commerce » :

« La France et la Meuse victimes de la tempête

LE HAVRE, 29 avril. (De notre correspondant particulier). ― Le cinq-mâts français France, arrivé sur rade du Havre le 16 avril, a été abordé par le steamer américain Coronado qui, également au mouillage sur rade, avait cassé une chaîne d’ancre et chassé. Les avaries de la France sont légères ; celles du Coronado sont importantes et sa passerelle a été en partie arrachée. […] »


■ Ouest Éclair – éd. de Caen –, n° 7265, Dimanche 7 décembre 1919, p. 4, en rubrique « Nouvelles maritimes – Marine de commerce – Évènements de mer » :

« Un cinq-mâts en dérive

LONDRES, 5 décembre. ― Le remorqueur Joffre, de la Compagnie Lawson, un des plus puissants remorqueurs qui existent, avait quitté lundi dans la matinée la Tyne pour conduire à Baltimore un grand voilier français, le cinq-mâts barque France. Or, la station de Flamborought … a reçu avis du Joffre que celui-ci s’est trouvé – sans doute à la suite d’une rupture de remorque – séparé du France, qui est parti dans une direction inconnue. »



■ Ouest Éclair – éd. de Caen –, n° 7242, Vendredi 3 décembre 1920, p. 4, en rubrique « Nouvelles maritimes – Marine de commerce – Évènements de mer » :

« Le gros temps sur nos côtes

[…] « ST-NAZAIRE, 1er décembre. ― Par suite du gros temps et des vents contraires, le cinq-mâts France [a] dû relâcher à Quiberon. Ce grand voilier chargé de 7.000 tonnes de charbon pour le P.O., en provenance de Baltimore, déchargera à Saint-Nazaire d’où est sorti un remorqueur à sa rencontre. Le vent souffle O.S.O. avec grains. »
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,

LE NAUFRAGE DU CINQ-MÂTS FRANCE


■ Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 7559, Samedi 15 juillet 1922, p. 5, en rubrique « Nouvelles maritimes – Marine de commerce – Évènements de mer » :

« Le trois-mâts [sic] France est en danger

SYDNEY, 13 juillet. ― Un message sans fil annonce que le trois-mâts [sic] France s’est échoué sur les récifs de la côte de la Nouvelle-Calédonie. On croit qu’il est complètement perdu. Un steamer canadien est parti à son secours. »


■ Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 7560, Dimanche 16 juillet 1922, p. 7, en rubrique « Nouvelles maritimes – Marine de commerce – Évènements de mer » :

« La perte du voilier France
L’équipage est sauvé


PARIS, 14 juillet. ― L’Agence Havas a reçu ce matin même de Sydney (Australie), le télégramme suivant :
" Tout l’équipage du voilier français France a été sauvé et débarqué. Le navire est perdu. L’équipage, après une nuit terrible, a mis les embarcations de sauvetage à la mer et a abandonné le navire." »


■ Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 7561, Lundi 17 juillet 1922, p. 5, en rubrique « Nouvelles maritimes – Marine de commerce » :

« LE NAUFRAGE DE LA FRANCE

Nous avons relaté le naufrage du cinq-mâts France. Un sans-fil annonçait en effet le 13 juillet que ce voilier avait sombré sur les récifs des côtes calédoniennes, mais que l’équipage avait pu fort heureusement être sauvé. Voici à ce sujet les détails que nous avons pu recueillir :

SYDNEY, 14 juillet. ― Le vapeur canadien Le Canadian-Transporter se trouvait à 350 kilomètres du lieu du naufrage du voilier France, lorsqu’il reçut du navire français un message de T.S.F. signalant qu’il venait de s’échouer sur des récifs et demandait des secours. Le capitaine du vapeur fit mettre le cap sur l’endroit indiqué et une émouvante conversation s’engagea par téléphonie sans fil entre les deux vaisseaux. Le capitaine du Canadian-Transporter répondit :
" Nous sommes à 350 kilomètres de vous mais prenez courage, nous arrivons à toute vitesse ".
Bientôt après, la France envoyait un second message indiquant que sa position devenait de plus en plus critique et que la vie des membres de l’équipage était en danger. " Nous venons à votre secours, répondit le Canadian-Transporter. Nos chauffeurs font tout ce qu’ils peuvent. Depuis votre dernier message, nous avons parcouru 125 kilomètres et nous serons sur les lieux du naufrage jeudi avant midi."
A 2 h 50 du matin, le voilier France lançait un nouvel appel : " Nous prions pour que l’aube paraisse, disait-il. La mer est très mauvaise, des vagues énormes viennent se briser sur les récifs et causent des dégâts considérables au navire. Nous avons passé une nuit infernale. Les mâts et les vergues, en tombant, risquaient de tuer les membres de l’équipage qui travaillaient sur le pont. Deux mâts ont été entraînés dans la mer."
Cependant, le Canadian-Transporter redoublait de vitesse et il n’était plus qu’à 180 kilomètres du lieu du naufrage lorsqu’il reçut le message suivant :
" Nous apprécions beaucoup la promptitude avec laquelle vous venez à notre secours, mais nous craignons fort que vous n’arriviez trop tard."
Et, de fait, à 4 heures du matin, le capitaine du France signalait qu’il abandonnait le navire, qu’il avait fait mettre les canots à la mer. Il ajoutait que le temps était très clair, mais que la mer était toujours mauvaise.

Les caractéristiques du navire

PARIS, 14 juillet. ― Le cinq-mâts mixte France, à coque d’acier, était le plus grand voilier du monde. Construit à Bordeaux en 1912, il jaugeait 5.895 tonnes, mesurait 128 mètres de long et réalisait une vitesse commerciale de 12 nœuds. Son port d’armement était Rouen.
Il était parti de Londres le 10 février à destination de Nouméa.
D’autre part, voici la dépêche que nous avons reçue à ce sujet :


" PARIS, 16 juillet. ― On confirme d’une façon formelle que, dans le naufrage de la France, il n’y a eu aucune victime. Tout l’équipage a été sauvé. C’est le capitaine Leport, qui commandait à bord du Sydney."

(Ajoutons que, par téléphone, la Compagnie a confirmé la nouvelle). »
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
alain13
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par alain13 »

Bonsoir à tous,

D'autres photos du FRANCE...


Image

FRANCE II en construction aux chantiers Dylé et Baccalan à Bordeaux,



Image

FRANCE II au bassin de carénage à Bordeaux avec encore ses hélices,



Image

FRANCE II en rivière,



Image

Echoué sur les récifs de coraux de Nouvelle Clédonie.



On peut noter que le FRANCE peint à l'origine en gris clair, fut peint en noir de 1917 à 1919, pour redevenir gris à partir de 1919 ???

Bonne soirée,
Alain
olivier 12
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Re: FRANCE II — Cinq-mâts barque — Cie française de marine et de commerce.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Une autre CP du FRANCE (2e du nom) armement Prentout

Image

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