ALBATROS II - Patrouilleur

Memgam
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

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Bonjour,

La photo de l'Albatros II présentée ci-dessus par Rutilius a inspiré P. Roy pour la couverture du livre consacré à Mathurin Le Guilloux.

Source : André Cormerais, Sur les flots, Une vie de Marin au service de la France, Imprimerie Godefroy Vatar, Rennes, 1928.

Cordialement.

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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

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Bonjour,

"Pendant ce temps, s'acheminait vers Bizerte un autre convoi, parti de Naples sous la protection d'une escorte dirigée par le Partenope, petit croiseur italien commandé par le signore Ernesto Urso. Toute la traversée jusque là s'était bien passée, malgré le gros temps ; on approchait de la terre africaine avec le bon espoir d'y toucher sans accident, lorsque, à 6 heures 40, par 37°50 de latitude nord et 9°55 de longitude est, le vapeur anglais Shadwell, faisant partie du convoi, était torpillé (UB 50). Immédiatement, le Partenope lança le signal S.O.S.
L'Albatros se trouvait alors à quatorze milles dans le sud 45 ouest ; il reçut l'appel de la télégraphie sans fil ; comme sa présence n'était pas indispensable à l'escorte des bâtiments qui venaient de Gibraltar et qui étaient presque rendus au port, au lieu de continuer sa marche vers eux, il vira de bord pour courir au secours du navire en détresse. A ce moment même il aperçut la fumée du convoi de Naples ; les bâtiments indemnes continuaient à toute vitesse leur route vers Bizerte pour échapper au sous-marin. Le premier-maître Le Guilloux pendant quelque temps protégea leur marche, tout en prenant rapidement les dernières dispositions pour le combat ; puis, lorsque les navires marchands furent dans un zone plus sûre, il laissa au reste de l'escorte le soin de les défendre si c'était nécessaire, et il revint à toute allure sur les lieux du torpillage.
A 8 heures 5 il y arrivait. Le Shadwell était abandonné par son équipage et le Partenope patrouillait tout autour. Les hommes du vapeur anglais avaient trouvé refuge sur le croiseur italien, et dès son arrivée, l'Albatros rencontrait deux de leurs embarcations qui s'en allaient à la dérive, abandonnées au bon plaisir des flots. Sans stopper, on réussit à les accrocher, pensant qu'elles pouvaient être d'une grande utilité, puis le premier-maître Le Guilloux fit descendre dans l'une d'elle deux hommes et dans l'autre trois hommes avec un second-maître ; pendant que les premiers restaient amarrés à l'Albatros, les derniers allèrent sur le Shadwell prendre les dispositions nécessaires au remorquage. L'opération se fit avec une très grande rapidité, si bien qu'à 8 heures 35, le chalutier commençait à remorquer le navire torpillé, tandis que le Partenope évoluait autour d'eux.
Voyant que son bâtiment avait des chances d'être sauvé, le capitaine du Shadwell, qui était sur le croiseur, voulut regagner son bord avec quelques-uns de ses hommes afin d'y apporter son concours. Pour leur permettre de descendre dans un canot le Partenope stoppa. C'était un malheur, car l'ennemi resté sur les lieux, en immersion, guettait sans être vu, le moment d'agir. Ignorant la cause de cet arrêt, Le Guilloux faisait signe aux gens du croiseur de continuer à le protéger, lorsque, avec plusieurs de ses hommes, il aperçoit, venant vers lui, un sillage, puis une torpille peinte en rouge et noir, qui à cause de la houle faisait des bonds hors de l'eau ; on eut juste le temps de manoeuvrer pour l'éviter ; coupant les remorques du Shadwell puis celle de l'embarcation où les deux hommes attendaient, prêts à tout évènement, l'Albatros fonça à toute vitesse dans la direction d'où venait l'engin, pour y trouver si possible quelque trace du sous-marin qui l'avait lancé."

Source : Sur les flots, A suivre.

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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

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Bonjour,

Suite…

"Mais un fait bien plus grave attira tout de suite l'attention. Après être passée près du chalutier à bâbord, la torpille continuait sa marche rapide vers le croiseur. Dès qu'on l'avait vue pourtant, les Français qui étaient sur l'Albatros et sur le Shadwell l'avaient signalée par de grands cris. Le Partrnope à ce moment commençait à faire doucement en avant ; il n'avait stoppé que durant un peu plus de deux minutes ; c'était trop car il avait perdu sa vitesse. En entendant les cris il se déplaça aussitôt à toute vapeur ; quelques secondes encore, il sera sauvé. Mais non ! A 8 heures 45 précises il recevait la torpille en face de sa soute à munitions, par tribord arrière (UC 67).
L'explosion fut formidable. Sur l'Albatros, à trois cents mètres de là, on se crut même atteint par une seconde torpille : les vitres de la passerelle étaient réduites en morceaux ainsi que leurs boiseries ; le premier-maître Le Guilloux, blessé par ces éclats avait la tête couverte de sang ; et en même temps tombaient sur le pont et dans la mer des débris de toutes sortes, des morceaux de bois et de fer et jusqu'à des parties déchiquetées de membres humains. Et ceux qui étaient sur le chalutier avaient aperçu sur le Partenope des hommes lancés en l'air comme des projectiles et qui retombaient sur le croiseur ou dans les flots. C'était affreux ; au point que quatre matelots de l'Albatros, jusque là toujours parfaitement notés, absolument frappés d'horreur, restèrent, pendant une vingtaine de minutes, dans un état de stupeur où toute sensation du monde réel semblait annihilée : ils ne pouvaient comprendre les ordres donnés, et ils paraissaient comme étrangers à tout ce qui se passait autour d'eux. Si pareille chose était arrivée au commandant du patrouilleur, c'en était fait de son bâtiment, et combien de vies humaines eussent péri ! Heureusement il avait le coeur bardé de ce triple airain que le poète estime nécessaire au vrai marin. On fit l'appel S.O.S. en demandant un secours immédiat et l'on se rendit compte que, seul, le croiseur italien était touché ; mais il l'était évidemment trop gravement pour qu'on put espérer le sauver. Bientôt son arrière était immergé ; presque tout le personnel du Shadwell et du Partenope se trouvait de ce fait à la mer qui était toujours très houleuse ; l'avant seulement était hors de l'eau, mais pour combien de temps encore ?… Néanmoins, sans se soucier de sauver leurs vies, les canonniers italiens restaient à leur pièce d'avant, prêts à tirer sur l'ennemis'il se montrait, prêts à venger sur l'Allemand la perte de leur bâtiment et à rendre avec usure coup pour coup.
Quelques minutes après l'explosion, on aperçut de l'Albatros, à trente degrés par bâbord, et à une distance d'environ quatre cents mètres, le périscope, puis la partie supérieure du kiosque du sous-marin ; immédiatement, sur l'ordre de son commandant, le canonnier Tudo, de la pièce de 75 placée à l'avant du chalutier, commence un tir précis qui encadre le submersible, sur lequel d'ailleurs, on fonce à toute vitesse. Du Partenope aussi on canonne l'ennemi qui sans tarder s'immerge. L'Albatros avait eu le temps de lancer quatre coups de 75 et trois coups de 47. A 8 heures 55, arrivant sur la fin du sillage du sous-marin, on jette à la mer une grenade qui ne semble produire aucun effet. La trace de l'Allemand est perdue, mais pas pour longtemps. Le premier-maître Le Guilloux pensait que l'ennemi devait se diriger vers le Shadwell pour le retorpiller ; alors il vire de bord pour aller protéger le bâtiment menacé. Heureusement, car à 9 heures 5 un second-maître et les hommes de la pièce avant crient : "le sous-marin par bâbord ! " Et le commandant de l'Albatros aperçoit le périscope du submersible qui venait sans doute vers le Shadwell pour frapper à nouveau à tribord. Le tir reprend immédiatement avec précision et le périscope disparaît. A 9 heures 10, rendu à l'extrémité du sillage de l'ennemi, l'Albatros lance à la mer une grenade : l'explosion est très violente.
Pendant cette lutte sur l'avant du Shadwell, vers l'arrière du vapeur, on apercevait du partenope le périscope d'un deuxième sous-marin ; du moins le commandant Urso et plusieurs hommes de son équipage l'ont-ils déclaré d'une façon très affirmative. N'était-ce pas plutôt une simple épave ? De l'Albatros on ne pouvait voir ce qui se passait à cet endroit. Ce qui est sûr, c'est que rapidement tout disparut.

A suivre...
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Bonjour,

Suite

L'Albatros allait lancer deux autres grenades sur le sous-marin, lorsque, en évoluant, on se trouva au milieu d'une quarantaine d'hommes qui nageaient sans embarcation, ni radeau, en poussant des cris désespérés. Un grand nombre des naufragés sont sur le point de couler. Il y a bien là la baleinière du Shadwell, montée par les deux hommes de l'Albatros ; dès l'explosion du Partenope, le premier-maître Le Guilloux leur avait ordonné d'aller au secours des malheureux en commençant par les blessés ; mais l'embarcation était déjà remplie.
A ce moment on remarque que la grenade qui a explosé si fortement a fait monter à la surface des débris de bois, et voici que peu à peu se répand sur l'eau une tâche noirâtre et huileuse qui bientôt s'élargit jusqu'à sept ou huit cent mètres ; on en conclut tout de suite avec joie que le sous-marin est sérieusement atteint, peut-être coulé. L'Albatros alors recueille les hommes de la baleinière. Il faisait en avant à toute vitesse ; puis pour rester immobile le moins longtemps possible, il stoppait brusquement et rapidement, tout juste le temps d'accrocher les naufragés qui nageaient à gauche et à droite et de prendre ceux que l'embarcation avait sauvés ici et là. Il en disparut un certain nombre sous les yeux attristés des sauveteurs qui ne pouvaient parvenir à les saisir tous à la fois. Et il en avait toujours de nouveaux : Anglais et Italiens, valides et blessés, se trouvaient bientôt cent quinze à bord du chalutier ; parmi eux vingt-et-un étaient gravement atteints, bras et jambes cassés, ou même déchiquetés par l'explosion du Partenope.
Tous les matelots disponibles de l'Albatros sont occupés sur le pont, d'abord à recevoir les blessés puis à les installer le moins mal possible ; des matelas sont apportés pour eux, puis on leur donne toutes les couvertures et tous les vêtements secs que l'on peut trouver. Deux hommes désignés d'avance remplissent les fonctions d'infirmiers avec zèle et activité ; malgré leurs soins un naufragé atteint grièvement meurt entre leurs bras, une demi-heure après avoir été retiré de l'eau.
Le temps passe ; aucun secours n'arrive ; il faut se borner à protéger les deux bâtiments torpillés contre tout retour offensif de l'ennemi. Qu'est devenu le second sous-marin signalé par le Partenope ? Est-il encore sur les lieux, ou bien était-ce même réellement un sous-marin ? Quant à celui que l'Albatros a grenadé, sans doute il n'est plus à craindre maintenant.
Cependant le croiseur italien s'enfonce de plus en plus ; l'eau a gagné la passerelle et en arrache le commandant, tandis que les hommes de la pièce avant, restés à leur poste, se cramponnent à leur canon. Il est 10 heures 20 ; le Partenope va sombrer. Alors le chalutier s'approche à une vingtaine de mètres. Sur les conseils du premier-maître Le Guilloux, un des officiers italiens ordonne à tous ceux qui sont sur le croiseur, de sauter à la mer, car maintenant, pour sauver leurs vies ils n'ont plus que cet espoir ; l'Albatros envoie à leur secours deux embarcations qui les recueillent à la hâte, et à 10 heures 30, le sauvetage terminé, on s'écarte du Partenope qui est sur le point de disparaître.
Tout ruisselant d'eau, le commandant Urso saute au cou du commandant du patrouilleur, et pour le remercier, il l'embrasse. Moment émouvant pour tous les assistants ! L'avant du Partenope se relève hors de l'eau qui commençait à le couvrir, tandis qu'au contraire l'arrière s'enfonce un peu plus. On sent que c'est la fin. Les larmes coulant sur ses joues, le commandant italien qui ne quitte pas des yeux son bâtiment, trace dans l'air un grand signe de croix, et comme s'il n'attendait que ce suprême adieu, le croiseur, maintenant dressé verticalement, coule par l'arrière, emportant avec lui les corps de quelques-uns de ceux qu'avait tués l'explosion. Ainsi sombra à 10 heures 33, le Partenope.
Le Shadwell, par bonheur, ne s'enfonçait pas sensiblement ; on continua donc de veiller sur lui et de patrouiller tout autour pour le protéger, en attendant les secours qui maintenant ne pouvaient plus se faire attendre longtemps. Enfin, pendant qu'un dirigeable venu de Bizerte survolait les lieux, arriva à l'aide le chalutier Saint-Jean ; celui-ci, sur l'ordre du premier-maître Le Guilloux, prit aussitôt les dispositions pour remorquer le vapeur anglais vers le port. Avant même que tout fût prêt pour partir survint le torpilleur 325, envoyé lui aussi de Bizerte. La mer étant mauvaise, on ne pouvait songer à transborder sur le nouveau venu les blessés dont quelques-uns étaient moribonds. Force fut à l'Albatros de prendre les devants et de gagner le port au plus vite pour faire donner à tous ces malheureux les soins médicaux que leur état réclamait d'urgence. Laissant donc le dirigeable éclairer et le torpilleur protéger le remorquage du Shadwell par le Saint-Jean, on rallia Bizerte à toute vapeur. Il était 11 heures 30 lorsqu'on quitta l'endroit du combat.
A 12 heures 35, le premier-maître Le Guilloux, rencontrant les deux chalutiers Friedland et Suze-Marie, leur enjoignit de se rendre près du bâtiment torpillé, pour prêter main-forte au Saint Jean. Puis, un peu plus loin on aperçoit le remorqueur Cyclope que l'on avait appelé par télégraphie sans fil ; il se dirige lui aussi vers le point où doit se trouver le Shadwell. Un peu plus tard, à 16 heures 30, c'est le chalutier Surmulet qui prend la même direction sur les indications que lui fournit l'Albatros.
Enfin à 17 heures 10 on arrive à Bizerte ; le service sanitaire prend immédiatement les blessés ; le commandant délégué du Service des Routes est présent sur le quai ; il reçoit les hommes valides des deux bâtiments torpillés. Tous compte fait on a sauvé en tout, blessés et valides, cent trente neuf personnes qui se répartissent ainsi : du Partenope quatre vingt treize hommes dont le commandant et trois officiers du Shadwell, quarante-six dont le capitaine et trois officiers. Il manque du croiseur italien, onze hommes dont le médecin, un officier et deux sous-officiers, du vapeur anglais, quatorze hommes dont quatre officiers. Presque tous ces disparus avaient été tués par l'explosion de la soute à munitions du Partenope ; plusieurs autres avaient coulés par la suite…
..A 23 heures 15, le Shadwell et ceux qui l'escortaient arrivent à l'entrée du port de Bizerte ; un second remorqueur, le Taillebourg vient aider le Cyclope et le navire anglais franchit les jetées..
…Le premier-maître Le Guilloux cite à l'attention de ses chefs :
Le second-maître Le Baut, qui s'était fait remarquer par son courage et son sang-froid, dans le combat aussi bien que dans le sauvetage des naufragés.
Le chauffeur Le Bars, qui, malgré l'imminence du danger, s'éloigna le dernier du Partenope pour arracher à la mer les hommes qui étaient restés jusqu'au bout sur le croiseur torpillé.
Le canonnier Tudo, dont, par deux fois, le tir rapide et précis avait obligé le sous-marin à s'immerger.
Le second-maître mécanicien Ferdinand Le Franc, le quartier-maître mécanicien Fernand Gory, l'ouvrier mécanicien Michel Camilleri et le chauffeur Pierre Nora, qui, croyant l'Albatros torpillé, lors de l'explosion du Partenope, n'en continuèrent pas moins à servir à la machine, avec un calme, une abnégation et une ponctualité parfaite, concourant ainsi grandement au succès du lancement des grenades et des manoeuvres de sauvetage.
Le second-maître Aristide Perrotin, les quartiers-maîtres Charles Ruault, Maurice Baillon et Joseph Duros, le gabier Gustave Besrest, les matelots sans spécialité Marcel Delanoue, Vincent Hervé et Célestin Lagadec, qui, pendant le combat et pendant le sauvetage des équipages italien et anglais, avaient montré un courage, un sang-froid et un dévouement particulièrement digne d'éloges et de récompenses".

Source : André Cormerais, Sur les flots, opus cité.

Le premier-maître Le Guilloux était un inscrit maritime, Vannes n° 741.

Partenope était un contre-torpilleur de 900 t, construit en 1889 en Italie, transformé en mouilleur de mines (60 mines) entre 1906 et 1908

Source : Charles Hocking, Dictionary of disasters at sea during the age of steam 1824-1962, Lloyd's Register of Shipping, 1969.

Cordialement.
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

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Bonjour,

Les récompenses.

Les Anglais prirent les devants. A la date du 25 mars 1918, le commander A.T. Stewart, commandant des patrouilles anglaises à Bizerte, écrivait au vice-amiral Guépratte, commandant en chef, préfet maritime de l'arrondissement algéro-tunisien et gouverneur de Bizerte, la lettre suivante :

Amiral,

Au sujet du torpillage du Shadwell, le 23 mars, je tiens à vous exprimer mon admiration et mes remerciements sincères pour les efforts du commandant et de l'équipage du chalutier Albatros, et aussi mon admiration pour leur belle conduite. Je les remercie tous très vivement pour tout ce qu'ils ont fait, pour le secours apporté, pour leur attaque du sous-marin ennemi et pour les soins qu'ils ont donné aux blessés.
Egalement, je vous exprime mes remerciements et ma satisfaction pour l'aide précieuse du remorqueur Cyclope, et la réussite qui a couronné ses efforts pour sauver le Shadwell. Je crois qu'il y avait également le torpilleur 325 et je l'inclus dans mes remerciements, avec les Saint Jean, Suze-Marie et Surmulet qui étaient également sur les lieux.
C'est mon intention, Amiral, d'écrire au commandant en chef britannique et de signaler les services de ces officiers et marins de la Marine française, en lui demandant que l'Amirauté britannique marque sa satisfaction par une distinction honorifique pour les services qu'ils ont rendus avec entrain et d'une façon si habile au point de vue marin.
Je vous prie, Amiral, de bien vouloir me désigner les noms de toute personne que vous considéreriez comme spécialement digne d'être citée.
Dans tous ces faits je trouve encore une fois les preuves des bonnes relations, de la sympathie et de la concorde qui existent, et qui relient si étroitement nos marines dans cette longue guerre.
Veuillez recevoir, Amiral, l'expression de mes hommages les plus respectueux.

Stewart, commander, R.N.

Le 28 mars, le vice-amiral Guépratte, envoya au premier-maître Le Guilloux une copie de cette lettre en y ajoutant de sa propre plume :

L'amiral témoigne de sa pleine et entière satisfaction au capitaine de l'Albatros, et désire recevoir les noms demandés.

Le vice-amiral commandant en chef, Préfet maritime de l'arrondissement algéro-tunisien

E. Guépratte, 28-III-18.

Les noms réclamés furent envoyés ; ce sont ceux que déjà Le Guilloux avait énuméré en son rapport au capitaine de frégate de Courtois, chef de la deuxième escadrille. Ces noms furent communiqués sans doute à l'Amirauté Britannique et quelques mois après une décoration anglaise fut envoyée en double exemplaire au commandant du remorqueur Cyclope, le maître principal Julou. Par suite probablement d'une erreur administrative, celles qui étaient destinées au commandant et aux hommes de l'Albatros ne sont jamais parvenues à destination ; ils ne les ont d'ailleurs jamais réclamées bien qu'elles fussent amplement méritées.
Le 1er avril 1918, Le Guilloux était promu au grade de maître principal à compter du 1er janvier précédent ; c'était la récompense des services qu'il avait rendus antérieurement à la journée du Partenope et du Shadwell. En cette dernière affaire il avait montré de telles qualités qu'on allait bientôt faire de lui un officier.
En effet, les rapports suivaient la voie hiérarchique. Le 6 avril, le vice-amiral Guépratte transmettait au Ministère de la Marine ses propositions de récompenses "au sujet de la brillante action du patrouilleur Albatros II, le 23 mars 1918". En conséquence intervenait une décision signée de M. Leygues, du 16 mai suivant, qui fut insérée au journal officiel du 19 dans ces termes :

Bâtiment auquel la fourragère aux couleurs de la croix de guerre (rouge et vert) a été conférée, avec l'énoncé des citations à l'ordre de l'Armée obtenues par ce bâtiment :

Albatros II

Les chalutiers… et Albatros II ont réussi, malgré la présence d'un sous-marin ennemi et dans des circonstances particulièrement difficiles, à conduire au port un navire torpillé, très gravement atteint, qui n'a été sauvé que par la ténacité, l'énergie et l'habileté manoeuvrière des commandants et des équipages (Ordre du vice-amiral commandant en chef la 1ère Armée navale du 13 octobre 1917)
Il s'agissait du sauvetage du Myrmidon.
Le chalutier Albatros II, sous le commandement du maître principal timonier Le Guilloux (Mathurin), Vannes 741, a donné un bel exemple de discipline et d'entrain au cours d'une action contre un sous-marin qui pourchassé, grenadé, a été mis en fuite et probablement avarié. Ce sous-marin venait de torpiller deux bâtiments alliés dont l'un a pu être remorqué et ramené en lieu sûr.

Citation à l'ordre de l'Armée.

Le chalutier Albatros II (déjà cité à l'ordre de l'Armée en 1917) sous le commandement du maître principal Le Guilloux (Mathurin), Vannes 741, (déjà cité à l'ordre de l'Armée en 1917) a donné un bel exemple…(la suite comme ci-dessus).

Mise au tableau d'avancement

Par décision ministérielle du 16 mai 1918 est inscrit d'office au tableau d'avancement pour le grade d'officier de 2ème classe des équipages de la flotte, par application des dispositions du paragraphe 1er de l'article 309 du décret du 17 juillet 1908, refondu le 15 juillet 1914 : le maître principal Le Guilloux (Mathurin) inscrit à vannes n° 741 : services exceptionnels rendus comme commandant de patrouilleur.

Promotion

Par décret en date du 19 mai 1918, a été nommé dans le corps des officiers des équipages de le flotte (application des dispositions de l'article 40, paragraphe 3, de la loi du 10 juin 1896) :
Au grade d'officier de 2ème classe des équipages de la flotte :
Le maître principal timonier Le Guilloux (Mathurin) inscrit à Vannes, n° 741 : excellent commandant de chalutier. A protégé pendant plus de deux heures avec un seul bâtiment deux bâtiments alliés torpillés et flottants, contre les attaques d'un sous-marin ennemi particulièrement mordant, qu'il a canonné, grenadé et probablement atteint. Son énergique réaction a finalement permis le remorquage et l'échouage en lieu sûr de l'un des bâtiments. (Déjà cité à l'ordre de l'Armée).

Ces décisions furent communiquées le 27 mai par le chef du service du Personnel militaire de la Flotte au vice-amiral Préfet maritime et gouverneur de Bizerte qui s'empressa d'en faire part au commandant de la deuxième escadrille de patrouilleurs. Celui-ci en donna connaissance aussitôt (30 mai) au nouveau promu en y ajoutant "ses plus cordiales félicitations au commandant et à l'équipage de l'Albatros II" et en réglementant le port de la fourragère concédée par le ministre. D'ailleurs, le capitaine de frégate de Courtois n'avait pas attendu si longtemps pour manifester sa satisfaction ; il se trouvait à Bône lorsqu'il apprit les premières nouvelles du combat ; ne pouvant exprimer ses félicitations de vive voix il envoya au commandant de l'Albatros un télégramme qui était une preuve de sa haute estime.
Le chef de la division des patrouilles, capitaine de vaisseau Vindry, et son adjudant, capitaine de corvette Cambon, avaient félicité eux aussi les braves de l'Albatros et particulièrement Le Guilloux. Un beau jour de fin de mai, étant de passage à Bizerte, le chef de la division vint les voir pour leur remettre les distinctions, décorations et citations qu'ils avaient si bien méritées. Après avoir épinglé les croix de guerre aux hommes cités il ajouta une seconde palme à celle du commandant et ce fut un moment émouvant que celui où, devant l'équipage assemblé, il serra la main du nouvel officier ; puis il prononça quelques mots qui firent vibrer les cordes patriotiques aux coeurs des assistants.

Le gouvernement italien n'oublia pas non plus le sauvetage du personnel de son petit croiseur, si malheureusement sombré. Le rapport du commandant du Partenope fut très élogieux pour le commandant et pour l'équipage de l'Albatros. Le résultat se fit attendre quelques mois, mais contrairement à ce qui s'était passé pour les distinctions anglaises, les distinctions italiennes parvinrent à destination. Le 17 août le capitaine de frégate Carlo Rosseti écrivait au vice-amiral Guépratte :

Amiral,

J'ai l'honneur et le grand plaisir de vous informer que Sa Majesté le Roi, mon auguste Souverain, sur la proposition du ministre de la Marine, et en reconnaissance des services rendus lors du torpillage du Partenope, a bien voulu accorder les décorations militaires suivantes :
Médaille d'argent "A la valeur militaire"
Premier-maître de timonerie Le Guilloux, commandant le chalutier Albatros
Médaille de bronze "A la valeur militaire"
Second-maître Le Baut, du chalutier Albatros
Chauffeur Le Bars, du chalutier Albatros.
Je m'empresserai de vous remettre les médailles et diplômes, ainsi que le texte des citations dès que je les aurai reçues.
Veuillez agréer, Amiral, les assurances de mon profond dévouement

Rosetti.

Copie de cette lettre fut communiquée, le 24 août 1918, par l'adjudant de division au commandant de l'escadrille qui la fit parvenir le 2 septembre à l'officier des équipages Le Guilloux. Décorations et diplômes arrivèrent à la fin de l'année.

Source : opus cité.

Cordialement.
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

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Bonjour,

La carrière maritime de Le Guilloux, Mathurin, né le 17 septembre 1869 à Saint Gildas de Rhuys (Morbihan), inscrit à Vannes n° 741.

cinquième enfant d'une famille de neuf, parents cultivateurs.

18 avril 1883, inscrit aux provisoires, quartier de Vannes, n° 741.
embarqué comme mousse pour la pêche au chalut sur le P.M n° 2 du Croisic, débarqué le 21 mai.
12 juin 1883, mousse sur le sardinier Henriette des Sables d'Olonne, patron Lorent. débarqué le 17 octobre 1883.
4 décembre 1883, mousse sur le brick Cité Céleste, capitaine Jarno, au cabotage international avec l"Angleterre, l'Espagne, le Portugal et la France.
novice à bord le 22 octobre 1884. en mars 1886, avec un chargement de kaolin de Charlestown (Cornouaille) à Bordeaux, la Cité Céleste est assailli par une forte tempête le 10 au large d'Ouessant. En fuite, le navire reçoit une forte vague de l'arrière qui provoque une voie d'eau. Le navire s'enfonce et il faut le soulager en jetant à la mer le kaolin en poudre. La femme du capitaine participe à la chaîne. La lutte durera une centaine d'heures avant de pouvoir escaler à Camaret pour deux mois de réparations avant de gagner Bordeaux où le navire sera bloqué par le litige sur la cargaison.
21 août 1886, novice sur le Bon Père, capitaine Jolin, au cabotage entre Bordeaux et la Rochelle avec du vin et retour avec des céréales. Débarque le 7 septembre 1886.
14 septembre 1886, novice sur le trois-mâts barque Marius, capitaine Luce pour un voyage à Saint-Pierre et Miquelon, au Canada et aux Antilles, débarqué le 25 avril 1887. Le Marius est perdu corps et biens au voyage suivant.
10 mai 1887, novice sur le brick Francis, capitaine Béchet, débarqué le 30 octobre.
6 avril 1888, matelot sur le paquebot Saint Germain de la CGT, capitaine Le Boeuf, ligne Bordeaux-Santander-La Havane-Vera-Cruz, débarqué le 10 juillet 1889.

Total des services au commerce et à la pêche : 67 mois et 20 jours., à l'âge de 20 ans et 8 jours.

25 septembre 1889, matelot de 3ème classe au 3ème Dépôt des équipages à Lorient.
18 janvier 1890, vaisseau-école Bretagne.
27 septembre 1890, apprenti-timonier sur le navire-école La Couronne, CV de la Bédollière.
12 mars 1891, timonier breveté de 1ère classe et matelot de 2ème classe. passe à Lorient.
28 mars 1891, embarque à Rochefort sur le croiseur Jean-Bart, CV Servan. Fait un détachement du 23 mai au 21 juin sur le Météore en essais, LV Jaime.
27 août 1891, embarque sur l'aviso transport Pourvoyeur, LV Rochas pour une campagne du Pacifique, départ en septembre, escale à Buenos Ayres, passage par le détroit de Magellan, rencontre avec des Patagons, escale à Valparaiso et missions dans les îles du Pacifique.
1er janvier 1892, nommé matelot de 1 ère classe puis quartier-maître de 2ème classe le 12 septembre 1893 avant de débarquer à Nouméa pour rentrer en France à bord d'un paquebot des Messageries, bouclant ainsi le tour du monde.
28 janvier 1894, mariage qui donnera quatre fils dont un mort pour la France à l'âge de vingt ans.
2 mars 1894, division navale de l'Atlantique, basée aux Antilles. Trois-mâts mixte Duquesne, CV Ferrand, pavillon du CA Fournier, commandant la division.
1er octobre 1894, nommé quartier-maître de 1ère classe. Débarque à Brest, le 31 mai 1895.
1er juillet 1895, à Cherbourg sur le croiseur Dubourdieu, CV Valat puis CV Bonnin de Fraysseix, pavillon du CA Pougin de la Maisonneuve qui prend la Division de l'Atlantique, débarque le 5 mai 1897. congé de trois mois puis séjour au 3ème Dépôt.
1 décembre 1897, frégate Clorinde, stationnaire à Lorient, CF de Beausacq, chargé d'enseigner les signaux à bras aux apprentis fusiliers-marins. Retour au Dépôt le 1er décembre 1898.
16 février 1899, aviso à roues Ardent, LV de Francq, campagne au Sénégal basé à Dakar mais naviguant sur les fleuves Sénégal et Casamance. Il est atteint de maladies infectieuses comme le reste de l'équipage et l'Ardent est envoyé aux îles Canaries pour se refaire une santé. Débarqué de retour à Dakar le 21 avril 1900, il rentre par le paquebot. Son commandant meurt de maladie quelques mois plus tard. Le Guilloux est en congé de convalescence.
1er juillet, promu second-maître de timonerie de 2ème classe.

A suivre...
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

Message par Memgam »

Bonjour,

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14 octobre 1900, affecté à la Défense Mobile de la Corse, embarque sur les torpilleurs 124 et 123, puis part le 24 octobre en congé de convalescence.
24 février 1902, départ de Bordeaux sur un paquebot des Messageries maritimes pour embarquer sur le croiseur Tage aux Antilles, pavillon du CA Servan, commandant la Division de l'Atlantique où le CV Pivet succède au CV Barry, mort tragiquement. Le Tage part de la Nouvelle Orléans le 9 mai 1902 pour une mission d'assistance à la suite de l'éruption de la Montagne Pelée à la Martinique. Evacue les blessés lors de l'éruption du 30 août au Morne Rouge.
1er octobre 1902, promu second-maître de timonerie de 1ère classe. Rédige un mémoire sur des simplifications du code des signaux qui lui vaudra un TOS (témoignage officiel de satisfaction du ministre).
20 octobre 1903, congé de convalescence de trois mois, puis mis en disponibilité
6 mai 1904, Défense Mobile de Lorient, essais du torpilleur 281 puis affectation à Brest sur le même bâtiment, transfert sur le 282, 129, 136, jusqu'au 19 octobre 1907.
30 décembre 1907, première flottille de torpilleurs de la Manche, à Cherbourg, torpilleur 227, puis affectation à Dunkerque sur le même bâtiment. Participe à la récupération de l'avion de Latham le 27 juillet 1909. Quitte la flottille le 1er avril 1910.
1er avril 1910, promu premier-maître de timonerie. puis congé de convalescence, sur le croiseur Dupleix du 7 août au 15 novembre.
29 décembre 1910, reçoit à Lorient la médaille militaire pour services exceptionnels.

A suivre...
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

Message par Memgam »

Bonjour,

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31 mai 1911, La Pallice, embarque le 4 juin sur le bâtiment-école d'application des Aspirants de marine, CV de la Croix de Castries. Effectue trois croisières à bord, puis est transféré, avec l'Ecole, sur le croiseur-cuirassé Jeanne d'Arc, CV Grasset. Le 29 octobre, 1912 dans l'Atlantique Sud, Le Guilloux participe activement à l'extinction d'un incendie dans le local de barre arrière. Il fut proposé extraordinairement pour la Légion d'honneur, sans que ce soit suivi d'effet.
5 octobre 1913, congé de convalescence de trois mois. Mathurin Le Guillous a alors 24 ans au service de l'Etat. Il n'a été à terre que 4 ans et deux mois. Il a passé 19 ans et 10 mois à la mer, dont 11 ans de colonies et ses notes sont très élogieuses : aptitude tout à fait supérieure, sous-officier d'élite autant pour la valeur technique que pour la valeur générale. Ce qui se traduit par une lettre de commandement.

République Française
Ministère de la marine
Equipages de la Flotte
Premier-maître Le Guilloux Mathurin

Tenant compte de vos services je vous ai nommé au commandement du Golo, garde-pêche à la frontière italienne.

Je vous l'annonce avec satisfaction.

Paris, le 6 janvier 1914
Le Ministre de la Marine.

Le 25 janvier 1914, à Villefranche, Le Guilloux prend le commandement du Golo. C'est à bord qu'il commencera la Grande guerre, son temps de commandement étant de deux ans.

Memgam
godnell
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

Message par godnell »

Bonjour à tous,


Commandant de COURTOIS de LANGLADE : « Une flottille française aux Dardanelles (1915). Les Patrouilles en Méditerranée centrale (1917 ~ 1918). », préface du commandant Auguste Thomazi, Impr. Girouard & Richou, Saumur, 1936, 227 p., avec cartes, croquis et planches. Photographie publiée p. 192.


mesimages/3512/ALBATROS-II..gif.gif

_______________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Bonjour à tous,

C'est avec plaisir que je suis en mesure de transmettre une photo de l' ALBATROS avec son équipage. La photo n'est pas très bonne malheureusement mais c'est la seule que je connaisse de ce chalutier. Avant son arrivée à Arcachon l'ALBATROS avait navigué à Boulogne de 1901 à 1902, immatriculé B 2710, puis à Dieppe de 1902 à 1912, immatriculé Di 407. Il est inscrit à Arcachon en 1912, ARC 807, par la Société Nouvelle des Pêcheries à Vapeur d'Arcachon. Il est réquisitionné donc en 1915 comme ALBATROS II. Après la guerre il revient à Arcachon puis il est vendu en Italie. On le retrouve à Gênes en 1930, puis à Gaeta, comme remorqueur, en 1936. Il sera démoli en 1939 sans avoir jamais changé de nom (ce qui est rare pour un chalutier avec une carrière aussi longue).
Il faut remercier Jean-claude Pelletier, de La Rochelle, pour m'avoir transmis cette photo avec l'autorisation de vous la communiquer.
Bien cordialement à tous
Noël GruetImageImage
dedomenico
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Re: ALBATROS II - Patrouilleur

Message par dedomenico »

ALBATROS was intended to be sent from Bizerte to Taranto in May 1915 for a minesweeping demonstration to the Regia Marina, but she was beset by engine defects at the time, so was replaced by DAUPHIN II, which successfully conducted the trials (with a Breton crew), therefore convincing the Regia Marina of the usefulness of leasing 10 chalutiers from France.
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