TORPILLEUR 130

capu rossu
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Re: TORPILLEUR 130

Message par capu rossu »

Bonsoir,

J'étais moi aussi persuadé que cet espar était, comme sur les sous-marins, une protection pour le tube d'étrave, protection qui ne pouvait être efficace que pour un choc à basse vitesse, c'est à dire lors d'une manœuvre d'accostage.
Je viens de jeter un coup d’œil à plusieurs devis d'armement de torpilleurs numérotés, de torpilleurs de haute mer et de torpilleurs d'escadre de 300 tonnes. Aucun ne mentionne ce type d'appareils ni la présence à bord de torpilles portées, ce qui est assez étonnant.
Quant à l'utilité tactique d'un tel dispositif à la fin du XIXe ou au début du XXe, elle est illusoire devant la multiplication de canons de 37, 47, 57 et 65 mm (ou équivalents dans les autres marines).

@+
Alain
Memgam
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Re: TORPILLEUR 130

Message par Memgam »

Bonjour,

"Torpilles portées

Il y a plusieurs sortes de torpilles.
Lorsque cet engin de guerre fit son apparition, pendant la guerre de Sécession, ce fut d'abord sous la forme la plus simple : la torpille fixe ou torpille de fond, reposant sur le fond de la mer à l'entrée des ports ou des rivières que l'on fait détoner au moyen d'un courant électrique. C'est un engin défensif.
L'idée vint ensuite de le rendre offensif et d'aller à la rencontre de l'ennemi, le porter subrepticement dans ses flancs ; ce furent les Russes qui imaginèrent ce nouvel emploi en faisant sauter sur le Danube plusieurs bâtiments turcs.
Des précautions défensives furent alors imaginées pour faire échouer de pareilles attaques. La petite artillerie se perfectionna et rendit bientôt fort aléatoire l'usage de la torpille portée.
Rappelons cependant qu'à Fou-Tchéou, en plein jour, sous le feu de l'ennemi et à Shei-Po, avec l'aide des ténébres de la nuit, des torpilleurs et des canots à vapeur français ont pu faire sauter, au moyen de la torpille portée, de puissants navires chinois.
A cette époque, l'Anglais Whitehead venait d'inventer sa torpille automobile ou torpille poisson qui peut être lancée à 400 mètres et plus, du but.
Fixe, portée, automobile, telles sont les trois phases principales de la torpille, auxquelles se rattachent ses divers succédanés.
Lorsque l'on commença à construire des bateaux-torpilleurs, la torpille automobile ne donnait pas encore toute garantie, et beaucoup d'officiers préféraient la torpille portée dont l'emploi obligeait, il est vrai, à venir jusqu'au contact de l'ennemi, mais dont le maniement présentait l'avantage d'être simple et sûr.
Aujourd'hui, la torpille portée n'a plus guère de raison d'être, sauf à bord des bâtiments de type ancien ou de petites dimensions qui en possèdent pour armer leurs canots à vapeur. Quelques torpilleurs cependant, dont les tubes lance-torpilles sont placées à l'arrière, sont encore munis, à l'avant, de hampes pour torpilles portées.
Ces hampes sont de longues perches en acier que l'on pousse au dehors au moment même de l'attaque. Elles basculent alors, de manière que la torpille, agrafée sur la fourche qui est à leur extrémité, se trouve immergée à 2,50 mètres au-dessous de la surface de l'eau.
Les personnes auxquelles les effets des explosifs brisants ne sont pas familiers, se demandent, en général, comment l'explosion de la torpille peut être fatale à l'ennemi et ne pas présenter de danger pour celui qui la porte. Cest que, dans la résistance des milieux, la masse a beaucoup plus d'importance que la solidité. Au moment où la torpille vint heurter la paroi du navire, le courant électrique ayant fait détoner l'amorce, le fulmi-coton se trouve instantanément transformé en un gaz qui demande à se détendre de plusieurs milliers de fois son volume. Pour s'échapper, ce gaz rencontre d'un côté, la muraille du navire, assez solide naturellement, mais derrière laquelle il y a un vide ; et de tous les autres côtés, il rencontre des masses d'eau énormes. Le gaz se fraie donc un passage vers le vide en brisant la muraille, faite pour résister à des pressions de plusieurs dizaines de kilogrammes par centimètre carré et non à des pressions de milliers de kilogrammes par centimètre carré.
Mais le gaz se fraie aussi un passage vers la surface dans la direction où la masse d'eau est la moins épaisse, c'est à dire suivant la verticale : c'est ce qui produit la gerbe d'eau projetée verticalement à un hauteur d'autant plus grande que l'immersion de la torpille au-dessous de la surface de l'eau est moins considérable. Le travail représenté par la production de cette gerbe est un travail perdu au détriment de la puissance destructive. C'est pourquoi il faut que la torpille soit placée aussi bas que possible, aussi bas que le permet la longueur de la hampe. C'est ce que l'on appelle donner du "bourrage" à la torpille.A une certaine profondeur, en rapport avec la quantité d'explosif employée, il ne se produit plus de gerbe, et toute la force vive est utilisée pour faire brèche.
Quant au torpilleur, étant séparé de la charge explosive par une masse d'eau trois plus étendue que celle qui "bourre" verticalement la torpille, aucune parcelle de gaz ne cherche à s'échapper dans sa direction.
L'équipage ressent seulement une première secousse, anodine d'ailleurs, transmise directement par l'eau, puis une seconde secousse transmise par la réflexion de l'onde sur le fond de la mer ; puis enfin le déluge de la gerbe d'eau qui retombe dru sur les têtes.
Après cela, si l'ennemi est seulement imaginaire, les braves torpilleurs s'empressent de récolter les poissons, gros et petits, qui ont été foudroyés par l'explosion et qui flottent en abondance, morts, ou simplement étourdis, à plus de 200 mètres à la ronde."

Armée et Marine, n° 20, 20 mai 1900.pages 359 et 360.

Cordialement.
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Memgam
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