Re: AMIRAL TROUDE Trois-mâts Bordes
Publié : ven. août 08, 2008 3:24 pm
Bonjour à tous,
AMIRAL TROUDE Trois-mâts barque
Lancé aux chantiers Laporte de Grand Quevilly en 1897 pour l’armateur nantais Guillon. C’était le dernier d’une série de huit navires parmi lesquels on trouve le CAMBRONNE. Le premier de la série avait été le GENERAL MELLINET. Construit en même temps que le GENERAL NEUMAYER.
Il prit le nom d’AMIRAL TROUDE car Madame Jeanne Guillon née Neumayer, épouse de l’armateur, était alliée du côté maternel avec la famille de l’amiral.
Caractéristiques de l’AMIRAL TROUDE
Trois-mâts barque en acier
2580 tpl 1876 tx JB 1663 tx JN
Longueur 81,29 m Largeur 11,20 m Creux 6,60 m
Pris au neuvage par le capitaine Saint-Martin
Racheté en 1903 par l’armateur Bordes. Effectua 17 voyages entre 1897 et 1917, les premiers sur l’Australie, les suivants sur le Chili.
Incidents de navigation
En Février 1900, faisant route sur lest du Havre vers Newcastle d’Australie, est surpris par une forte tempête au sortir de la Manche. Au matin du 17, il est rafalé sur la côte du Morbihan, faisant péniblement route au sud, avec la dérive et fatiguant dangereusement. La chouque du grand mât (billot de chêne cerclé de fer permettant la fixation de la deuxième partie du mât) vient à s’ouvrir et la grande vergue coupe alors sa drosse en fer. L’avarie est grave et le navire doit relâcher quinze jours à Lorient pour réparation.
La perte de l’AMIRAL TROUDE
Capitaine Jean-Baptiste FORGEARD CLC né le 18 Juillet 1884 à Saint Briac inscrit à Saint Malo
Second Joseph BLOUIN de Plouha (nota : peut-être s’agissait-il d’un parent du mousse Blouin, tué sur le MARTHE, mais sans certitude)
Lieutenant Yves LE TARIN né le 13/09/1881 à Ploubazlanec inscrit à Paimpol
L’AMIRAL TROUDE rentre du Chili avec un chargement de nitrate.
Il a reçu deux canons de 47 mm car les canons de 90 devaient sans doute manquer au moment où ils ont été installés.
L’équipage se compose de 26 hommes en tout, dont quatre fusiliers.
Récit du capitaine Forgeard
Le 30 Septembre 1917 à 07h55, par 46°40N et 15°30W, aperçu un sous-marin que nous n’avons reconnu comme tel que trois ou quatre minutes plus tard quand il a tiré son premier coup de canon.
Il se trouvait à ce moment à au moins cinq milles dans le NNE et apparaissait comme une voile d’embarcation sur l’horizon. Le premier obus tomba à bâbord, à trente mètres du navire.
Je donnais l’ordre de disposer les embarcations de sauvetage. En raison de la distance à laquelle il se trouvait, toute riposte eût été inutile et eût entrainé la perte totale de l’équipage.
Le deuxième obus, qui coupa les galhaubans de perroquet et les étais d’artimon, fut suivi d’obus à mitraille. Voyant que nous ne pouvions plus manœuvrer et que nous n’avions que deux pièces situées sur l’arrière, le sous-marin vint se placer à 150 m hors de notre champ de tir. Personne n’apparut sur le pont et je compris qu’il allait nous torpiller.
Je donnai alors l’ordre d’évacuer. J’avais fait mettre vingt jours de vivres dans chaque embarcation.
Je restai à bord avec le second et les quatre canonniers au cas où le sous-marin viendrait à passer dans notre champ de tir.
Mais le sous-marin, encore en plongée, lança une torpille qui vint nous frapper à l’aplomb du panneau avant. Le mât de misaine, arraché de son emplanture tomba sur le grand mât. Le navire piqua par l’avant et coula en quarante secondes.
Les canonniers avaient embarqué dans les canots depuis quelques minutes. Avec le second, je me jetai à la mer pour ne pas être englouti dans les remous, et nous fûmes recueillis par les canots.
Le sous-marin fit surface et son commandant confisqua les papiers du bord.
Nous étions à 400 milles des côtes, dans le sud 80 ouest de Penmarch, et fîmes route vers ces côtes.
(Nota pour dbase Yves : la position met plutôt à 400 milles , comme indiqué par le capitaine Forgeard, qu’à 600 milles)
La nuit suivante, je perdis de vue l’embarcation du second.
Nous rencontrâmes sur notre route les deux baleinières du trois-mâts nantais NEUILLY (voir fiche de ce navire), capitaine Brignaudy, qui avait été coulé le 1er Octobre.
Mon canot, dans lequel se trouvait entre autres le lieutenant Le Tarin et les matelots fusiliers Joseph Royer et Hervé Loscq rencontra le croiseur anglais CAMELLIA (nota : sans doute le 5 Octobre). »
Celle du second avait rencontré dès le 1er Octobre le trois-mâts morutier RAYMOND de Fécamp, capitaine Caron, qui déposa les naufragés le 5 Octobre à Saint Vaast. Elle avait rencontré aussi le brick goélette de Nantes BASSUSSARY, qui rechercha, sans la trouver, la baleinière du commandant.
A noter que le capitaine Jean-Baptiste Forgeard n'aura guère de chance. Il disparaitra en mer avec tout son équipage le 8 Janvier 1924 au cours d'un terrible coup de tabac dans le golfe de Gascogne. Il commandait alors le vapeur PORT DE BREST dont c'était le premier voyage pour la compagnie Bordes.
Le sous-marin attaquant
C’était le sous-marin UB 51 Kapitänleutnant Ernst KRAFFT
Cdlt
Olivier
AMIRAL TROUDE Trois-mâts barque
Lancé aux chantiers Laporte de Grand Quevilly en 1897 pour l’armateur nantais Guillon. C’était le dernier d’une série de huit navires parmi lesquels on trouve le CAMBRONNE. Le premier de la série avait été le GENERAL MELLINET. Construit en même temps que le GENERAL NEUMAYER.
Il prit le nom d’AMIRAL TROUDE car Madame Jeanne Guillon née Neumayer, épouse de l’armateur, était alliée du côté maternel avec la famille de l’amiral.
Caractéristiques de l’AMIRAL TROUDE
Trois-mâts barque en acier
2580 tpl 1876 tx JB 1663 tx JN
Longueur 81,29 m Largeur 11,20 m Creux 6,60 m
Pris au neuvage par le capitaine Saint-Martin
Racheté en 1903 par l’armateur Bordes. Effectua 17 voyages entre 1897 et 1917, les premiers sur l’Australie, les suivants sur le Chili.
Incidents de navigation
En Février 1900, faisant route sur lest du Havre vers Newcastle d’Australie, est surpris par une forte tempête au sortir de la Manche. Au matin du 17, il est rafalé sur la côte du Morbihan, faisant péniblement route au sud, avec la dérive et fatiguant dangereusement. La chouque du grand mât (billot de chêne cerclé de fer permettant la fixation de la deuxième partie du mât) vient à s’ouvrir et la grande vergue coupe alors sa drosse en fer. L’avarie est grave et le navire doit relâcher quinze jours à Lorient pour réparation.
La perte de l’AMIRAL TROUDE
Capitaine Jean-Baptiste FORGEARD CLC né le 18 Juillet 1884 à Saint Briac inscrit à Saint Malo
Second Joseph BLOUIN de Plouha (nota : peut-être s’agissait-il d’un parent du mousse Blouin, tué sur le MARTHE, mais sans certitude)
Lieutenant Yves LE TARIN né le 13/09/1881 à Ploubazlanec inscrit à Paimpol
L’AMIRAL TROUDE rentre du Chili avec un chargement de nitrate.
Il a reçu deux canons de 47 mm car les canons de 90 devaient sans doute manquer au moment où ils ont été installés.
L’équipage se compose de 26 hommes en tout, dont quatre fusiliers.
Récit du capitaine Forgeard
Le 30 Septembre 1917 à 07h55, par 46°40N et 15°30W, aperçu un sous-marin que nous n’avons reconnu comme tel que trois ou quatre minutes plus tard quand il a tiré son premier coup de canon.
Il se trouvait à ce moment à au moins cinq milles dans le NNE et apparaissait comme une voile d’embarcation sur l’horizon. Le premier obus tomba à bâbord, à trente mètres du navire.
Je donnais l’ordre de disposer les embarcations de sauvetage. En raison de la distance à laquelle il se trouvait, toute riposte eût été inutile et eût entrainé la perte totale de l’équipage.
Le deuxième obus, qui coupa les galhaubans de perroquet et les étais d’artimon, fut suivi d’obus à mitraille. Voyant que nous ne pouvions plus manœuvrer et que nous n’avions que deux pièces situées sur l’arrière, le sous-marin vint se placer à 150 m hors de notre champ de tir. Personne n’apparut sur le pont et je compris qu’il allait nous torpiller.
Je donnai alors l’ordre d’évacuer. J’avais fait mettre vingt jours de vivres dans chaque embarcation.
Je restai à bord avec le second et les quatre canonniers au cas où le sous-marin viendrait à passer dans notre champ de tir.
Mais le sous-marin, encore en plongée, lança une torpille qui vint nous frapper à l’aplomb du panneau avant. Le mât de misaine, arraché de son emplanture tomba sur le grand mât. Le navire piqua par l’avant et coula en quarante secondes.
Les canonniers avaient embarqué dans les canots depuis quelques minutes. Avec le second, je me jetai à la mer pour ne pas être englouti dans les remous, et nous fûmes recueillis par les canots.
Le sous-marin fit surface et son commandant confisqua les papiers du bord.
Nous étions à 400 milles des côtes, dans le sud 80 ouest de Penmarch, et fîmes route vers ces côtes.
(Nota pour dbase Yves : la position met plutôt à 400 milles , comme indiqué par le capitaine Forgeard, qu’à 600 milles)
La nuit suivante, je perdis de vue l’embarcation du second.
Nous rencontrâmes sur notre route les deux baleinières du trois-mâts nantais NEUILLY (voir fiche de ce navire), capitaine Brignaudy, qui avait été coulé le 1er Octobre.
Mon canot, dans lequel se trouvait entre autres le lieutenant Le Tarin et les matelots fusiliers Joseph Royer et Hervé Loscq rencontra le croiseur anglais CAMELLIA (nota : sans doute le 5 Octobre). »
Celle du second avait rencontré dès le 1er Octobre le trois-mâts morutier RAYMOND de Fécamp, capitaine Caron, qui déposa les naufragés le 5 Octobre à Saint Vaast. Elle avait rencontré aussi le brick goélette de Nantes BASSUSSARY, qui rechercha, sans la trouver, la baleinière du commandant.
A noter que le capitaine Jean-Baptiste Forgeard n'aura guère de chance. Il disparaitra en mer avec tout son équipage le 8 Janvier 1924 au cours d'un terrible coup de tabac dans le golfe de Gascogne. Il commandait alors le vapeur PORT DE BREST dont c'était le premier voyage pour la compagnie Bordes.
Le sous-marin attaquant
C’était le sous-marin UB 51 Kapitänleutnant Ernst KRAFFT
Cdlt
Olivier