MEUSE - Compagnie d'Orbigny

tiftif
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par tiftif »

J'attends avec patience vos commentaire ! non, impatience !
Cordialement,
Tiphaine
olivier 12
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

De retour sur la terre ferme, je reprends contact avec le forum, un peu délaissé depuis deux mois.

Tout d'abord, un grand merci à Tiphaine pour les informations concernant le capitaine Boivin et les photos sans doute à venir.

Et quelques commentaires sur les notes ci-dessus :

Les récits mis sur le forum sont effectivement issus des archives, donc extrêmement précis et rigoureux. Il ne s'agit pas de supputations ou de récits enjolivés de journalistes, mais de faits rapportés par les témoins aux enquêteurs.
Concernant le capitaine Boivin et le lieutenant Boucard, on constate que l'officier enquêteur n'est pas toujours tendre avec eux. Mais il faut savoir que d'autres capitaines, pourtant décédés et ayant fait tout leur devoir, ont été encore bien plus critiqués pour les décisions qu'ils avaient prises et "en ont pris pour leur grade".(voir par exemple l'affaire du BLANCHE avec le capitaine Bailleux)

Je ne sais si le capitaine Boivin a dit "Sauve qui peut" au lieu de "Aux postes d'abandon", mais je crois que l'important n'est pas là. L'important est surtout de ne pas chercher, par des raccourcis faciles, à opposer officiers et marins. Sur un navire, tout l'équipage, officiers comme marins, est parfaitement solidaire et uni. Pendant la Grande Guerre, tous étaient embarqués sur les mêmes " galères" ; tous, officiers comme marins, ont payé un lourd tribut; et tous se sont toujours entraidés pour survivre; il n'est jamais venu à l'idée d'un officier d'abandonner ses hommes, ou à un marin de laisser mourir son chef de quart ou son commandant; les galons n'ont strictement rien à voir dans l'histoire. Vouloir les opposer serait une erreur absolue, malheureusement parfois entretenue par l'ignorance de ce que sont les marins. Penser un instant que, sur un navire, on aurait pu chercher à ne sauver que les officiers est une formidable absurdité, un outrage à ce qu'ils sont.

J'ai moi-même longtemps commandé et je m'enorgueillis d'avoir eu un équipage, depuis le second capitaine jusqu'au novice, d'une classe exceptionnelle, d'une fidélité à toute épreuve, d'un professionnalisme total, avec lequel je pouvais aller au bout du monde. Il faut de longues années pour le former, et il faut une hiérarchie, n'en déplaise à certains. Mais l'estime qui règne entre chaque homme et la certitude d'une complète solidarité entre eux constituent la seule clé du succès.

En ce qui concerne l'affirmation selon laquelle le capitaine Boivin avait décidé de mourir avec son navire, seul lui aurait pu le dire. Quitter son navire le dernier, certainement car c'était à l'évidence un homme d'honneur et, de plus, c'est la règle absolue en cas de naufrage. Mourir avec ? Peut-être... Mais en l'occurrence rien dans le rapport d'enquête ne le confirme. Seule semble-t-il, la famille l'affirme, mais cela ne semble pas figurer en toutes lettres dans les textes qu'il a laissés. De plus, si cela fait bien dans les romans, ce n'est pas la solution idéale lorsqu'on est aux prises avec un drame comme les torpillages.
Il faut comprendre que mourir avec leurs navires n'était absolument pas ce que l'on demandait alors aux capitaines. Ils étaient bien plus utiles dans les embarcations afin de maintenir le moral des hommes, d'effectuer une bonne navigation (ce que n'a pas fait aussi bien le lieutenant Boucard), en un mot de tout faire pour les sauver et les ramener à bon port. Certains capitaines ont effectué des navigations hallucinantes et ont sauvé leurs hommes (voir le capitaine Dagorne sur le FREDEN)

Il est donc plus probable que la rapidité de l'engloutissement n'a malheureusement pas permis au capitaine Boivin de s'en sortir. Je pense qu'en capitaine responsable, il aurait sans doute préféré être avec ses marins pour les tirer d'affaire.

Cordialement

Olivier
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tiftif
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par tiftif »

Votre message m'apporte la plus grande joie. Car, comme je le disais précédemment, ma grand-mère, sa fille, ne s'est jamais remise de sa disparition. Cependant, il restait des hommes sur le bateau, marins, officiers, peut importe, et le devoir du capitaine est de rester sur le bateau tant qu'il reste des hommes. Et malheureusement, il en est resté. Donc, il ne pouvait quitter son bateau. Cela guérit les plaies de se dire, qu'il est restait seul sur son bateau. Non, il est resté avec les autres hommes qui avaient besoin de lui. Et cela me guérie aussi de cette plaie, dont ma grand-mère ne sait jamais remise : à croire qu'il est resté seul sombrer sur son bateau.
Merci
Tiphaine
tiftif
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par tiftif »

ps : merci d'excuser mes fautes d'orthographes, je suis dyslexique. Je sais que cela vous oblige à me relire, mais j''ai beau retraduire, j'oublie toujours des fautes;
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Yves D
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par Yves D »

Merci Olivier, ton message confirme totalement ce que j'avais écrit à Tiphaine en MP. Il était en effet bien plus utile à la Nation que le Capitaine si possible reste en vie car on avait en ces temps de guerre grand besoin des hommes surtout à ce niveau de hiérarchie tant ile st vrai qu'il faut plus de temps pour faire un Capitaine que pour construire un bateau. Cependant, l'homme n'avait pas toujours le temps d'assurer la survie de son équipage et une fois cette mission remplie, d'assurer la sienne propre.
Amts
Yves
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olivier 12
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un commentaire complémentaire à propos du post de Tiphaine dans lequel elle parle du TITANIC.

On ne peut en effet laisser passer sur le forum des récits résultant d’articles de journalistes en mal de sensationnel. Le naufrage fut assez dramatique pour que l’on n’en rajoute pas.

Il n’existe aucun témoignage de rescapé, équipage ou passager, indiquant que l’on a coupé les mains de naufragés qui tentaient de monter dans les embarcations (ni avec couteau, ni avec hache… il eût d’ailleurs été plus simple de les assommer à coups d’aviron!) Mais soyons sérieux, il s’agit là de purs fantasmes.

Ceci n’a pas eu lieu pour deux raisons essentielles :

- premièrement, beaucoup de canots étaient à moitié vides, donc aucun risque de surcharge. D’une capacité de 64 personnes, ils ont été amenés comme suit : canot 7 avec 28 passagers, canot 6 avec 28, canot 5 avec 41, canot 3 avec 32, canot 8 avec 39, canot 1 d’une capacité de 40 avec seulement 12 et ainsi de suite... En fait, beaucoup pensaient le navire insubmersible et ne voulaient pas confier leur vie à ces frêles embarcations.
- Deuxièmement, quand le TITANIC s’est englouti, précipitant à la mer les 1500 personnes restant à son bord, celles-ci n’ont pas survécu longtemps. Dans l’eau à 0°c, le temps moyen de survie est inférieur à 30 minutes. Les canots s’étaient éloignés et un seul, le n° 14 du lieutenant Harold Lowe, est revenu sur le lieu de la disparition ; il a navigué au milieu de corps inertes, soutenus par leurs ceintures de sauvetage, et n’a récupéré que trois naufragés dont un mourant. Personne ne s’est accroché au plat-bord.

Il faut aussi signaler dans le film de Cameron, d’ailleurs fort bien réalisé par ailleurs, une scène malheureusement totalement inventée : celle où l’on voit le 1er officier William Murdoch accepter une somme d’argent d’un passager pour le laisser monter dans un canot. Aucun témoin n’a jamais rapporté une telle scène. Il s’agit d’une fiction inventée pour le besoin de l’histoire. Murdoch était un officier écossais de grande valeur, mort au cours du naufrage, et sa famille a été profondément choquée par la façon dont il a été montré dans le film.

Je crois qu’il faut toujours s’en tenir aux rapports des témoins et aux documents d’archives, plutôt qu’aux romans et aux fictions, car ils sont vraiment les plus proches de la vérité.

Cdlt
olivier
Rutilius
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Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

■ « ...un certain Lord Robert Cecil (peut-être un ambassadeur ? »

Il s’agit d’Edgar Algernon Robert Gascoyne-Cecil, 1er Vicomte Cecil of Chelwood (14 sept. 1864 ~ 24 nov. 1958), connu comme Lord Robert Cecil de 1868 à 1923, puis comme Vicomte Cecil of Chelwood, date à laquelle lui fut conféré ce titre. Il était le troisième fils de Robert Gascoyne-Cecil, 3e Marquis de Salibury, qui fut Ministre des Affaires étrangères sous Disraeli, puis trois fois Premier Ministre ― 1885 ; 1886~1892 ; 1895~1902 ― (Nobelprize.org). Avocat, homme politique (conservateur) et diplomate britannique, il fut, l’un des initiateurs et l’ardent défenseur de la Société des Nations, ce qui lui vaudra, en 1937, le Prix Nobel de la Paix (ibid.)

Après être brièvement entré au service de la Croix-Rouge à la déclaration de guerre, il devint Sous-secrétaire d’État parlementaire aux Affaires étrangères (30 mai 1915), mais également Ministre chargé du Blocus dans le Gouvernement de coalition formé par H. H. Asquith (25 mai 1915 ~ 5 déc. 1916), porte-feuille qu’il conservera jusqu’au 18 juillet 1918.
Dernière modification par Rutilius le ven. juin 05, 2020 7:49 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
tiftif
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par tiftif »

Milles excuses, comme je vous le disais, je ne suis pas historienne. grande rêveuse, certes ! et ayant relue le passage plus haut des vivres sur les canot du Meuse qu'il a fallut rationner au maximum, effectivement, je m'en suis référée à ce film.... Donc, à priori, pur romancé, pardonnez mon ignorance, et ma naïveté !

Bien à vous,
Tiphaine
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Yves D
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par Yves D »

Il serait intéressant de rechercher aujourd’hui quel était ce vapeur puissamment armé aux signaux aussi étranges.
Bonjour Tiphaine, bonjour Olivier, bonjour à tous

J'ai réouvert ce dossier et en replaçant le torpillage de Meuse dans le contexte de la patrouille de l'U 48 dans son entier, je trouve dans Spindler une information qui me parait essentielle dans cette étrange histoire d'un vapeur puissamment armé.

Quelques heures avant l'attaque de Meuse, U 48 a engagé au canon un Q-ship anglais, le Carrigan Head et a rompu le combat faute de pouvoir s'en approcher. A mon avis, ce vapeur "étrange" signalé par les rescapés de Meuse est très probablement ce Q-Ship. Je n'ai malheureusement pas la page du KTB relatant cet engagement, je n'ai que celle du torpillage de Meuse.
Rien ne permet non plus de valider la présence d'un second U-Boot sur zone. Edeling ne mentionne rien à ce sujet mais c'est bien lui qui lance les deux torpilles qui envoient Meuse par le fond. Il écrit dans son KTB que cette décision est prise en constatant que le cargo touché à l'avant ne coule pas et qu'il craint que sa machine étant intacte, il parvienne à s'échapper.

Dans Starke de 1901 :
CARRIGAN HEAD BR 1T (12½)
4,201 Ulster Steamship Co., Ltd. (G. Heyn & Sons), Belfast 370.5 x 46.0
C Workman, Clark & Co., Ltd., Belfast (4) #176 113508
(6/16 - 2/19 Admiralty requisition - commissioned as a "Q" ship, operating as Q.4 and SUFFOLK COAST, used as an ocean escort vessel from Aug 1917)
Broken up at Rosyth 1934 by Metal Industries, Ltd., arr. 9.6.34, work began 4.7.34

Je pense que c'est dans cette direction qu'il faut creuser à présent.
Amts
Yves
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Yves D
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Re: MEUSE - Compagnie d'Orbigny

Message par Yves D »

Bonsoir à tous,
Avec l'assentiment de Tiphaine, voici la photo du Capitaine Charles Boivin. Par contre le lieu et la date de prise de vue sont inconnus et il est un peu difficile de dire si le cliché a été pris à bord de Marguerite Molinos ou de Meuse.
Peut-être quelqu'un ici aura une piste...
Cdlt
Yves

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CLC Charles BOIVIN
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