Re: VICTORINE Trois-mâts barque
Publié : ven. juil. 25, 2008 10:09 pm
Bonjour à tous,
VICTORINE Trois-mâts barque
Construit au chantier Alexander Stephens & Sons de Dundee pour l’armateur Alexandre Bordes en 1879 et lancé le 20 Juillet. Il fut baptisé VICTORINE (2e du nom) prénom de l’épouse d’Alexandre Bordes. Il succédait au VICTORINE (1) , énorme trois-mâts carré de 2800 tpl qui avait été construit en 1858 au chantier Arman de Bordeaux.
Ce VICTORINE (1) avait été perdu par suite d’une voie d’eau, le 24 Janvier 1876, par 39°07 S et 35°45 W, soit à peu près par le travers du Rio de La Plata. Il revenait du Chili et avait déjà eu plusieurs voies d’eau, à tel point que l’équipage, mutiné, avait refusé d’appareiller de Rio au mois d’Octobre précédent.
Tout cet équipage avait alors été condamné par un tribunal maritime commercial réuni sur l’aviso FORBIN et remplacé par un nouvel équipage de 38 hommes. Tous furent sauvés à l’exception du second capitaine Yves Janin, de Lannion, tombé à la mer.
Finalement, l’ancien équipage ne pouvait guère être accusé de mutinerie alors que son sens marin lui avait inspiré un légitime réflexe de survie. Mais les autorités maritimes militaires ne voyaient pas les choses de la même façon !
Caractéristiques du VICTORINE (2)
Trois-mâts barque en fer
2020 tpl 1241 tJB 1197 tx JN
Voici une maquette de la coque du VICTORINE
Premier voyage sur Bombay et la Birmanie. Second sur Shanghaï, Hong Kong et Manille. Tous les autres voyages auront lieu sur le Chili pour le transport de nitrate.
Le 22 Juin 1911, il est sur rade d’Iquique lorsque survient le terrible ouragan qui causera l’abordage de MADELEINE (1) et UNION et la perte totale du premier. Son équipage viendra en aide à celui de l’UNION pour aveugler une voie d’eau.
Le 19 Septembre 1916, allant de Bordeaux à Taltal, VICTORINE est abordé à 180 milles au sud de Diego Ramirez par le trois-mâts carré ANDRE THEODORE. La position est 58°10 S et 73°52 W.
Une partie des vergues tombent et VICTORINE ne dispose plus que des grands huniers, de la grand voile d’étai et du petit foc. Mais il n’y a pas de voies d’eau. Ne pouvant plus tirer des bords pour franchir le Horn, il revient faire escale à Montevideo pour réparer.
A son retour à Bordeaux, il reçoit deux canons de 90 et une installation TSF. Douze marins de l’état, dont un télégraphiste et des canonniers, viennent renforcer l’équipage.
La perte du VICTORINE
Le capitaine est Arsène MATTHIEU, une vieille connaissance.
Né à Plouguenast le 31 Mai 1881, Arsène Mathieu embarque dès l’âge de 15 ans comme mousse sur le COQUIMBO. Il est ensuite matelot sur A.D. BORDES, CAPITAINE LOUVET, et sur les Nantais JULES VERNES et TOURAINE de l’armement Guillon et Fleury.
Après des cours à l’hydro de Paimpol, il est lieutenant sur A.D. BORDES, DUNKERQUE, ANTONIN et le vapeur MAGELLAN. Capitaine au long cours en 1908, il est second du MAGELLAN, puis du trois-mâts VALPARAISO.
En Avril 1914, il prend le commandement du CAMBRONNE. C’est son premier commandement.
Il est alors arraisonné, le 21 Mars 1917, par le SEE ADLER du capitaine von Luckner. Revenu à Rio, il répare son navire et se trouve coulé au canon le 8 Juillet par l’UC 72 . (Voir fiche de ce navire).
Deux mois plus tard, il repart de Bordeaux à bord du VICTORINE.
Le second capitaine est Eugène LISSILLOUR, de Lannion. Il a lui aussi connu le baptême du feu, car il était lieutenant sur le CHANARAL lorsque celui-ci fut torpillé le 22 Avril 1916 par l’U 67.
VICTORINE appareille du Verdon le 2 Octobre 1917, en convoi, avec 9 autres voiliers dont ANTOINETTE et NORD.
Rapport du capitaine Mathieu
« Au nord du cap Finisterre, le 6 Octobre, me trouvant près du timonier, j’entends soudain un coup de canon, suivi immédiatement d’un deuxième. En peu de temps, chacun est à son poste de combat. En quelques minutes, le combat s’engage, intense des deux côtés. Les signaux de détresse sont lancés en spécifiant « canonnés ». A 13h00, je distingue le sous-marin à l’horizon, à environ 12000m.
A 14h35, le combat dure depuis deux heures ; les obus du sous-marin tombent à quelques mètres du bord, tandis que les nôtres, malgré la hausse positive de la pièce, sont trop courts de 1200 à 1500m. Le combat devient trop inégal. Rassemblement des principaux de l’équipage, du chef de section et des chefs de pièces. Nous convenons qu’il est impossible d’atteindre le sous-marin qui reste hors de portée. J’admire le sang-froid des hommes : chacun se tient à son poste.
Je prends une décision rapide, car la position n’est plus tenable. En continuant, je risque le sacrifice d’une grande partie de l’équipage sans atteindre l’adversaire.
L’exécution(de l’abandon) de fait rapidement et dans le calme. Nous étions à peine débordés que les obus tombaient sur le voilier. »
A la nuit tombante, les marins aperçoivent encore leur navire qui donne une forte bande. Au service de la compagnie Bordes depuis 38 ans, le VICTORINE disparut donc à son quarantième voyage du Chili.
La baleinière du capitaine est prise en remorque par la barque de pêche DOLORES qui la conduit à Cedeira le 7 Octobre. La baleinière du second arrivera seule à El Ferrol le 8 Octobre.
Le second capitaine Lissillour sera proposé pour la Croix de Guerre, de même que deux marins :
le quartier maitre canonnier Jean Le Brun qui était un rescapé du BOUTEFEU coulé par une mine le 15 Mai 1917 en sortant du chenal de Brindisi, et le matelot Albert Le Dizez, inscrit à Dinan, rescapé du s/s BORDEAUX torpillé le 8 Septembre 1915 à 12 milles de La Coubre.
Le sous-marin attaquant
C’était le sous-marin U 89 du Kapitänleutnant August MILDENBERGER.
Cdlt
Olivier
VICTORINE Trois-mâts barque
Construit au chantier Alexander Stephens & Sons de Dundee pour l’armateur Alexandre Bordes en 1879 et lancé le 20 Juillet. Il fut baptisé VICTORINE (2e du nom) prénom de l’épouse d’Alexandre Bordes. Il succédait au VICTORINE (1) , énorme trois-mâts carré de 2800 tpl qui avait été construit en 1858 au chantier Arman de Bordeaux.
Ce VICTORINE (1) avait été perdu par suite d’une voie d’eau, le 24 Janvier 1876, par 39°07 S et 35°45 W, soit à peu près par le travers du Rio de La Plata. Il revenait du Chili et avait déjà eu plusieurs voies d’eau, à tel point que l’équipage, mutiné, avait refusé d’appareiller de Rio au mois d’Octobre précédent.
Tout cet équipage avait alors été condamné par un tribunal maritime commercial réuni sur l’aviso FORBIN et remplacé par un nouvel équipage de 38 hommes. Tous furent sauvés à l’exception du second capitaine Yves Janin, de Lannion, tombé à la mer.
Finalement, l’ancien équipage ne pouvait guère être accusé de mutinerie alors que son sens marin lui avait inspiré un légitime réflexe de survie. Mais les autorités maritimes militaires ne voyaient pas les choses de la même façon !
Caractéristiques du VICTORINE (2)
Trois-mâts barque en fer
2020 tpl 1241 tJB 1197 tx JN
Voici une maquette de la coque du VICTORINE
Premier voyage sur Bombay et la Birmanie. Second sur Shanghaï, Hong Kong et Manille. Tous les autres voyages auront lieu sur le Chili pour le transport de nitrate.
Le 22 Juin 1911, il est sur rade d’Iquique lorsque survient le terrible ouragan qui causera l’abordage de MADELEINE (1) et UNION et la perte totale du premier. Son équipage viendra en aide à celui de l’UNION pour aveugler une voie d’eau.
Le 19 Septembre 1916, allant de Bordeaux à Taltal, VICTORINE est abordé à 180 milles au sud de Diego Ramirez par le trois-mâts carré ANDRE THEODORE. La position est 58°10 S et 73°52 W.
Une partie des vergues tombent et VICTORINE ne dispose plus que des grands huniers, de la grand voile d’étai et du petit foc. Mais il n’y a pas de voies d’eau. Ne pouvant plus tirer des bords pour franchir le Horn, il revient faire escale à Montevideo pour réparer.
A son retour à Bordeaux, il reçoit deux canons de 90 et une installation TSF. Douze marins de l’état, dont un télégraphiste et des canonniers, viennent renforcer l’équipage.
La perte du VICTORINE
Le capitaine est Arsène MATTHIEU, une vieille connaissance.
Né à Plouguenast le 31 Mai 1881, Arsène Mathieu embarque dès l’âge de 15 ans comme mousse sur le COQUIMBO. Il est ensuite matelot sur A.D. BORDES, CAPITAINE LOUVET, et sur les Nantais JULES VERNES et TOURAINE de l’armement Guillon et Fleury.
Après des cours à l’hydro de Paimpol, il est lieutenant sur A.D. BORDES, DUNKERQUE, ANTONIN et le vapeur MAGELLAN. Capitaine au long cours en 1908, il est second du MAGELLAN, puis du trois-mâts VALPARAISO.
En Avril 1914, il prend le commandement du CAMBRONNE. C’est son premier commandement.
Il est alors arraisonné, le 21 Mars 1917, par le SEE ADLER du capitaine von Luckner. Revenu à Rio, il répare son navire et se trouve coulé au canon le 8 Juillet par l’UC 72 . (Voir fiche de ce navire).
Deux mois plus tard, il repart de Bordeaux à bord du VICTORINE.
Le second capitaine est Eugène LISSILLOUR, de Lannion. Il a lui aussi connu le baptême du feu, car il était lieutenant sur le CHANARAL lorsque celui-ci fut torpillé le 22 Avril 1916 par l’U 67.
VICTORINE appareille du Verdon le 2 Octobre 1917, en convoi, avec 9 autres voiliers dont ANTOINETTE et NORD.
Rapport du capitaine Mathieu
« Au nord du cap Finisterre, le 6 Octobre, me trouvant près du timonier, j’entends soudain un coup de canon, suivi immédiatement d’un deuxième. En peu de temps, chacun est à son poste de combat. En quelques minutes, le combat s’engage, intense des deux côtés. Les signaux de détresse sont lancés en spécifiant « canonnés ». A 13h00, je distingue le sous-marin à l’horizon, à environ 12000m.
A 14h35, le combat dure depuis deux heures ; les obus du sous-marin tombent à quelques mètres du bord, tandis que les nôtres, malgré la hausse positive de la pièce, sont trop courts de 1200 à 1500m. Le combat devient trop inégal. Rassemblement des principaux de l’équipage, du chef de section et des chefs de pièces. Nous convenons qu’il est impossible d’atteindre le sous-marin qui reste hors de portée. J’admire le sang-froid des hommes : chacun se tient à son poste.
Je prends une décision rapide, car la position n’est plus tenable. En continuant, je risque le sacrifice d’une grande partie de l’équipage sans atteindre l’adversaire.
L’exécution(de l’abandon) de fait rapidement et dans le calme. Nous étions à peine débordés que les obus tombaient sur le voilier. »
A la nuit tombante, les marins aperçoivent encore leur navire qui donne une forte bande. Au service de la compagnie Bordes depuis 38 ans, le VICTORINE disparut donc à son quarantième voyage du Chili.
La baleinière du capitaine est prise en remorque par la barque de pêche DOLORES qui la conduit à Cedeira le 7 Octobre. La baleinière du second arrivera seule à El Ferrol le 8 Octobre.
Le second capitaine Lissillour sera proposé pour la Croix de Guerre, de même que deux marins :
le quartier maitre canonnier Jean Le Brun qui était un rescapé du BOUTEFEU coulé par une mine le 15 Mai 1917 en sortant du chenal de Brindisi, et le matelot Albert Le Dizez, inscrit à Dinan, rescapé du s/s BORDEAUX torpillé le 8 Septembre 1915 à 12 milles de La Coubre.
Le sous-marin attaquant
C’était le sous-marin U 89 du Kapitänleutnant August MILDENBERGER.
Cdlt
Olivier