MARTHE Quatre-mâts barque

olivier 12
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MARTHE Quatre-mâts barque

Lancé au chantier de Rouen le 25 Août 1900 pour la compagnie Bordes. Navire identique au VALENTINE capturé le 3 Novembre 1914 par le PRINZ EITEL FRIEDRICH (voir fiche de ce navire).
Il prit le nom de MARTHE (2e du nom) qui était le prénom de l’épouse de Mr Adolphe Bordes.
Il succédait au MARTHE (1) , quatre-mâts barque construit en 1892 à Dundee et acheté en 1894 par la maison Bordes. Ce navire s’était échoué le 11 Mai 1898 sur le banc de Ruytingen alors qu’il tentait d’entrer par un épais brouillard, et en remorque, dans le port de Dunkerque. Il revenait de Pisagua avec 3400 tonnes de nitrate et devint perte totale.

Caractéristiques du MARTHE (2)

Quatre-mâts barque en acier type 4ba
3910 tpl 3120 tx JB 2756 tx JN
Longueur 97,87 m Largeur 13,52 m Creux 8,28 m
Longueur du gaillard 27 m Longueur de la dunette 21 m
4306 m2 de voilure

Sa meilleure traversée fut Newcastle d’Australie – Valparaiso en 32 jours. Mais ce n’était pas un marcheur exceptionnel.

Voici deux vues du MARTHE
à quai à Dunkerque (coll. Michel Nguyen)

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et sous voiles

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La perte du MARTHE

En Juillet 1917, le capitaine du MARTHE est Yves LEFF. Né le 18 Juin 1877 à Kérity dans les côtes d’Armor, cet officier est fusilier breveté. Capitaine au long cours en 1910, il embarque comme second sur CHILI, puis pour deux campagnes sur MARTHE, sous les ordres du capitaine Yves BERNARD. Il va commander à partir de 1912, tout d’abord le trois-mâts QUILLOTA, puis le quatre-mâts EUROPE sur lequel il va s’illustrer en 1915. En effet, alors qu’il quitte Iquique avec un plein chargement de salpêtre, un matelot pseudo-anglais engagé à Iquique, mais en réalité espion allemand, met le feu à la cargaison.
L’espion est démasqué et maitrisé, mais il faudra des efforts surhumains de la part de l’équipage, dans une tempête effroyable, pour parvenir à rallier Caldera, puis Callao où le navire sera réparé. Quatre marins périront dans cette aventure. Yves Leff recevra les félicitations du Ministère de la Marine pour le sang-froid et l’énergie dont il a fait preuve en cette occasion.

Voici le capitaine Yves Leff . La plupart des clichés illustrant ce sujet ont été publiés dans l'ouvrage de Brigitte et Yvonnick Le Coat "Cap-Horniers français" et ont été pris par le capitaine Yves Bernard (Collection Michel Bernard)

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Le second capitaine est Jules DESCHAMPS, de Saint Brieuc, que nous avons déjà rencontré second du CHANARAL lorsque celui-ci fut torpillé en Avril 1916 (voir fiche de ce navire)

Le MARTHE quitte donc Le Verdon le 6 Juillet 1917, en convoi avec ALEXANDRE, MADELEINE et quelques autres.

Rapport du capitaine Leff

« Le 2 Août à midi, par 33°38 N et 23°30 W, courant au S20W par faible brise d’Est, aperçu fumée d’un vapeur stoppé puis, vers 16h00, un grand vapeur gris avec cheminée jaune clair qui passa sur notre avant, route au NW, puis ralentit. Deux heures plus tard, un point noir se montra par le travers au vent et deux obus tombèrent près du navire. C’était un grand sous-marin approchant rapidement. Je manoeuvrai pour présenter l’arrière du bâtiment et fit commencer le feu. L’Allemand, tirant avec ses deux pièces encadrait le voilier et ses obus, tombant par paires, causaient de graves avaries au quatre-mâts qui n’était plus qu’à 600 m. La canonnade continua, furieuse, pendant quinze minutes à raison de six projectiles par minutes. Tout à coup, l’ennemi cessa le feu et nous vîmes une épaisse fumée noire envahissant sa partie avant. Il était touché. Mais cette lueur d’espoir fut éphémère. Nous étions criblés et les voiles pendaient, en lambeaux, le pont était percé en plusieurs endroits, le roof arraché, les embarcations de l’avant en miettes. Un homme avait été tué et plusieurs blessés, dont notre meilleur pointeur mis hors de combat au début de l’action.
La nuit tombait et le sous-marin reprit son tir, distinguant parfaitement la silhouette du quatre-mâts tandis que nous ne pouvions régler notre tir que sur les lueurs de départ de ses obus.
Toute manœuvre étant inutile et impossible, tout en continuant à tirer, je fis armer les embarcations de l’arrière sur le côté tribord afin d’être protégé. Les blessés y prirent place en premier, puis les hommes ne servant pas les pièces. L’adversaire, gagnant sur notre travers ne s’approcha guère. Mais l’avantage était trop grand pour lui. Je crois qu’il possédait quatre canons de fort calibre. A chaque instant, nous étions renversés sur la dunette par le déplacement d’air produit par les obus passant à nous toucher.
Je crus de mon devoir de ne pas exposer l’équipage à un massacre inutile. Je fis accoster la baleinière de tribord et dès que les canonniers y eurent pris place, j’y descendis moi-même, emportant les papiers du bord.
Le matelot Alexis URPHEANT a été tué par un obus qui lui a fracassé le crâne et emporté tout le côté gauche.
Le mousse Yves BLOUIN est affreusement blessé. Les os de ses jambes sont à nu et sa hanche droite, de la ceinture jusqu’au genou est percée de crevasses où des morceaux de liège provenant de sa ceinture de sauvetage se sont incrustés, se mêlant aux chairs déchiquetées. Il a sur tout le corps d’autres blessures plus ou moins graves. Nous l’avons ligoté tant bien que mal pour arrêter le sang qui coule de ses plaies. Il réclame sa mère…
Le matelot Prudent RAUX est grièvement blessé au bras droit.
Le quartier-maître fusilier Alexis NONANT est blessé gravement à la cuisse gauche.
Le canonnier Joseph LAPEBIE a une plaie à la main droite.
Le canonnier Anthime FONTAINE a une blessure assez grave à la jambe gauche faite par un éclat d’obus. »

Le voilier fut semble-t-il coulé par une charge explosive. Un cliché en fut pris depuis le sous-marin.
Voici cette photo montrée dans l’ouvrage « Mémoires de marins des voiliers de l’armement Bordes » . Mais j’ai quand même un doute, ne comprenant pas comment elle a pu être prise de nuit ? Peut-être le KTB du sous-marin donne-t-il plus de renseignements sur l’heure exacte du naufrage, qui pourraient l’authentifier avec plus de certitude.

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Le sauvetage

Un long calvaire va commencer, tant pour les blessés que pour les autres marins en raison de la chaleur torride qui règne le jour et du manque d’eau.
Une embarcation est sous le commandement du capitaine Leff et l’autre sous le commandement du second capitaine Deschamps.
Le capitaine a gardé le mousse dans son canot.

Le calme plat oblige à ramer pendant quatre jours et quatre nuits, sur près de 150 milles. L’état des blessés empire. Le Samedi 5 Août au matin, les deux baleinières se perdirent de vue. Le Dimanche 6 Août au matin, le sous-marin anglais E 38 rencontrait celle du capitaine Leff et recueillait les naufragés. Il se mettait à la recherche du second canot qu’il retrouvait dans l’après midi. Ne pouvant conserver 36 hommes en plus de son équipage à son bord, le sous-marin les transféra le 7 Août sur sa conserve le vapeur anglais MARSFIELD qui les déposa le lendemain 8 Août à La Horta, dans l’île de Fayal.
Le mousse vivait toujours mais, atteint du tétanos, il ne put résister ; le malheureux s’éteignit le 14 Août.

Voici une partie du récit fait par un rescapé se trouvant dans le canot du second capitaine, le matelot PARCOU, qui fut plus tard pilote à Bordeaux.

« Aux dernières minutes de ce combat inégal, où le sous-marin, hors de portée de nos pièces nous couvrait de projectiles, j’entendis un cri déchirant. Le mousse Blouin, un enfant de Plouha, grièvement blessé par un éclat d’obus, se trainait dans son sang, appelant sa mère.
On distinguait le cargo ravitailleur du sous-marin, immobile à 4 ou 5 milles de distance. MARTHE, criblé d’obus, s’enfonçait doucement. Le mousse fut descendu avec précaution dans un drap, dans la baleinière la plus proche. Un homme manquait à l’appel. Le capitaine avait gardé le mousse avec lui et l’avait installé du mieux possible à l’arrière où il souffrait silencieusement.
Nous naviguâmes de conserve pour essayer de gagner les Açores à 150 milles dans le NW. Le jour, un soleil implacable épuisait les hommes affaiblis par les épreuves de la veille et la nuit d’insomnie et de nage. Il fallut rationner l’eau à moins d’un quart de litre par jour. La deuxième nuit, les hommes nageaient inconsciemment. Le Samedi matin, la baleinière du capitaine avait disparu. Le soleil dardait ses rayons brûlants sur les 19 hommes entassés dans la baleinière. Une fumée de vapeur fut aperçue, mais trop loin pour pouvoir attirer son attention. Le Dimanche matin, les hommes exténués ne tiraient plus sur les avirons que par intermittence. L’eau étant presque épuisée, ils appliquaient des compresses d’eau de mer sur leurs lèvres pour calmer leur soif.La houle était tombée et la baleinière restait immobile sur une mer d’huile dont pas un souffle de vent ne ridait la surface.
Vers 16h00, nous vîmes avec stupeur et désespoir la silhouette d’un sous-marin. Sans aucun doute, c’était lui qui avait envoyé le MARTHE par le fond. Il stoppa à 100 m et nous fit signe d’approcher le long du bord. Des hommes nous faisaient des signes. Soudain, un des occupants de la baleinière s’écria « Nom de Dieu, c’est notre capitaine Leff qui nous appelle ! » Nous retrouvâmes nos camarades blottis au fond du sous-marin, où le mousse vivait encore. Mais à La Horta, il ne put survivre. Il fut conduit à sa dernière demeure par un cortège ému jusqu’aux larmes par l’adieu touchant que le capitaine et un matelot prononcèrent sur sa tombe ».

Après un court séjour à La Horta, les survivants furent rapatriés via Lisbonne par le petit vapeur portugais PEDRO NUNES.

Les mousses du MARTHE.

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Ce magnifique cliché a été pris sur le MARTHE vers 1911 par le capitaine Yves Bernard. Aucun des deux garçons n’est donc le mousse Blouin. Mais il donne une idée de l'extrême jeunesse de ces gamins, encore trop petits pour tenir la barre, embarqués dès 14 ans voire, parfois, 12 ou 13. Ils effectuaient surtout le service des officiers au carré et le service de la cuisine ainsi que des travaux divers de matelotage ou de lavage. Exempts de quart de nuit, on ne les envoyait dans la mâture que par beau temps pour serrer un cacatois ou affaler une cargue. L’apprentissage était parfois dur ; en cas de faute sérieuse, une punition pouvait être le « peloton » pendant leur temps de repos. Cela consistait à rester debout un certain temps avec une barre de cabestan entre les bras. Mais c’était rare ; en général, il faisaient rapidement partie intégrante de cette famille que constitue un équipage après quelques jours de mer et les capitaines veillaient à ce qu’ils ne soient pas brimés.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 155 du KL Karl MEUSEL.
En quatre jours, il avait envoyé par le fond trois grands voiliers français : MADELEINE, ALEXANDRE et MARTHE.

Voici pour terminer deux autres clichés du MARTHE
de retour du Chili (coll. Michel Nguyen "Cap-Horniers français" de Brigitte et Yvonnick Le Coat)

Image

et une photo du roof (cliché Yves Bernard)

Image

Cdlt

Olivier
olivier
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GENEAMAR
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par GENEAMAR »

Bonjour Olivier, bonjour à tous...

Le Kapitänleutnant Karl MEUSEL, est né le 4 août 1881 à KATSCHER, Landkreis de LEOBSCHÜTZ (Haute-Silésie), PRUSSE - Il est décédé le 7 Décembre 1941 À WESERMÜNDE, provinde de HANOVRE, PRUSSE.
En 1914-1918, il commande : U 155 du 19/2/1817 au 5/9/1917
U 73 du 16 janvier 1918 au 15 juin 1918
UB 142 du 31 août 1918 au 11 novembre 1918.

(19 navires coulés pour un totale de 52 387 T et 1 bateau endommagé pour un total de 1 338 T).

:hello:
Cordialement. Malou
olivier 12
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques questions que je me pose sur le cliché pris depuis le sous-marin :

- les Allemands pouvaient-ils prendre des photos au travers du périscope ? Ou bien s'agit-il d'un simple montage photographique?

- Le voilier est effectivement un quatre-mâts barque, mais le sous-marin est venu sur son côté tribord pour le photographier. (Pendant tout le combat, il était sur bâbord)
Au premier plan, on semble voir un canot de sauvetage. Cela correspondrait bien au rapport du capitaine Leff qui a fait mettre les baleinières à l'eau à tribord pour qu'elles soient protégées, puis s'éloigne rapidement en nageant (ramant)

- Le matelot Parcou a déclaré avoir entendu une forte explosion avant que le MARTHE ne coule. Y a-t-il eu pose de charges explosives pour faire couler le voilier?
D'autres témoignages disent que le navire s'enfonçait doucement...

- Quelle heure était-il? Y avait-il une lumière résiduelle suffisante pour prendre un tel cliché?

Je pense que seul le KTB du sous-marin pourrait nous éclairer un peu... sans jeu de mots!
Avis aux spécialistes!

Cdlt

Olivier
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Ar Brav
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

LA SOUSCRIPTION NATIONALE DU " JOURNAL " : 601 900 francs ont été répartis entre les héros de la mer.

Le comité de répartition des fonds de la souscription nationale ouverte pour encourager les équipages des navires marchands français à se défendre contre les sous-marins ennemis et récompenser ceux d' entre eux qui se distinguent dans cette lutte vient de se réunir, au Journal, sous la présidence de M. le vice-amiral Fournier.
Il a voté, tout d'abord, un supplément de primes de 1 600 francs, à attribuer au vapeur Amiral-Ponty, de la Société des Chargeurs Réunis, dont l'effectif de l'équipage est supérieur à celui qui avait été originairement indiqué et d'après lequel les primes avaient été calculées. Le comité, ensuite, a pris connaissance des rapports établis d'après les enquêtes faites par l'état-major général de la Marine, sur les rencontres de navires marchands et de sous-marins ennemis, et il a voté des primes en faveur d'officier et hommes d'équipage embarqués sur les navires suivants :

Vapeur Flandre : 1 500 francs
Vapeur Guéthary : 1 900 francs
Vapeur Suzanne-et-Marie : 400 francs
Pétrolier Radioléine : 11 100 francs
Chalutier Saint Mathieu : 4 600 francs
Vapeur Thérèse-et-Marie : 200 francs
Vapeur Dives : 3 400 francs
Vapeur Sahara : 500 francs
Trois-mâts-goélette Kléber : 23 000 francs
Vapeur Léopold-Dor : 400 francs
Vapeur Circé : 1 800 francs
Quatre-mâts Marthe : 13 600 francs
Trois-mâts Madeleine II : 32 000 francs

Sous-total : 96 400 francs

Vapeur Amiral Ponty (supplém.) : 1 600 francs

Total : 98 000 francs.

Le vapeur Flandre, de la Société Générale de Transports Maritimes à Vapeur, rencontrant, le 3 juillet 1917, un sous-marin qui le canonna à grande distance, riposta avec succès.
Le vapeur Guéthary, de la Société des Chargeurs Français, attaqué par un sous-marin, le 5 août, le contraignit à plonger et à abandonner la poursuite.
Le vapeur Suzanne-et-Marie, à MM. Worms et Cie, le 6 août, parvint, grâce à son artillerie, à empêcher un sous-marin d'émerger.
Le pétrolier Radioléine, de la Société Pétrole-Transports, fut, le 23 juillet, torpillé à la tombée de la nuit. L’inclinaison augmentant très vite, le capitaine fit procéder à l'évacuation et maintint ses embarcations autour de l'épave dérivante. Au jour, constatant que son navire flottait encore, il fit remonter son équipage à bord et parvint à rallier Queenstown.
Le chalutier Saint Mathieu, à MM. Caillé et Cie. Armé d'un seul canon de 47 mm, se rendant sur les lieux de pêche, le 12 juillet, entendit le bruit du canon et fit route dans sa direction. Il aperçut un grand cargo ayant le feu à l'arrière et que son équipage était en train d'abandonner. A ce moment, le chalutier vit apparaître le sous-marin, l’attaqua et le mit en fuite.
Le vapeur Thérèse-et-Marie, à MM. Worms et Cie., le 26 juillet, naviguant en tête d'un convoi, aperçut un sous-marin et le força à plonger. Le vapeur Dives, de la Compagnie Générale Transatlantique, attaqué à grande distance, le 1er août, par un sous-marin, riposta énergiquement et parvint à se faire abandonner.
Le vapeur Sahara, de la Société des Affréteurs Réunis, attaqué, le 17 juin 1917, par un sous-marin maquillé en chalutier, contraignit l'ennemi à s'immerger.
Le trois-mâts-goélette Kléber, à M. Chevalier, attaqué, le 7 septembre, par un sous-marin à 8 000 mètres, eut son capitaine et son second tués au début de l'action, mais celle-ci, conçue par le second, se déroula sous le commandement du maitre d'équipage. Quatre hommes simulent l'abandon du navire, de façon que l'ennemi s'en rapproche ; alors, le Kléber attaque hardiment. Le sous-marin plonge si rapidement qu'il abandonne un de ses canonniers avec les quatre hommes du Kléber qu'il avait embarqués sur son pont. Ceux-ci rallient leur embarcation et sauvent le marin allemand. Pendant ce temps, le voilier avait fait route avec ses héroïques défenseurs et gagné Groix. Lorsque le sous-marin émergea dans la nuit, il accosta l'embarcation, reprit son canonnier et s'éloigna.
Le vapeur Léopold-Dor, de la Société des Affréteurs Réunis, réussit, le 6 août, à se faire abandonner par un sous-marin qui le poursuivait.
Le vapeur Circé, à MM. Gaston Lamy et Cie., se défendit habilement contre un sous-marin, le 13 juillet.
Le quatre-mâts Marthe, à MM. Ant. Dom. Bordes et Fils, le 2 août, était attaqué par un sous-marin ; il riposta et le combat dura près d'une heure. Le voilier, atteint une trentaine de fois dans sa coque et son gréement, dut être évacué.
Le trois-mâts Madeleine II, à MM. Ant. Dom. Bordes et Fils, fut attaqué au canon, le 31 juillet, par un sous-marin. Le combat commença à 8 000 mètres et 200 obus furent tirés par le voilier, qui, pris par le calme étant sous voiles, offrait une cible facile à l'ennemi, qui tira plus de 300 obus, dont l'un, après une heure et demie de lutte, détermina explosion des armoires à munitions, tuant et blessant plusieurs hommes. L'évacuation se fit à l'aide d'un radeau et de la seconde baleinière.
Les primes sont payées aux ayants droit par MM. les administrateurs de l'Inscription Maritime, dans le port d'armement de chaque navire.
A ce jour, le montant des primes allouées aux héros de la mer s'élève à 601 900 francs.
Le total de la souscription, y compris les sommes reçues depuis la dernière publication, s’élève à 1 175 927 fr.75
Le montant des primes allouées étant de 601 900 fr 00
Il reste disponible à ce jour 574 027 fr 75.

Remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf, pour la rédaction et la mise à disposition de ses recherches.


Cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
olivier 12
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

En Novembre 1918, après l'armistice, le grand sous-marin U 155 sera remis à l'Angleterre. Le voici arrivant à Londres, devant le pont sur la Tamise.

Image

Cdlt
olivier
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Terraillon Marc
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

Le navire a l'indice (2) dans la base de données

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
olivier 12
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un complément au récit du naufrage du MARTHE

Note de l’attaché naval à Lisbonne

Télégramme chiffré envoyé le 8 Août 1917 à Marine Paris


« D’après les renseignements qui me sont parvenus des îles Açores, un sous-marin a coulé le voilier français MARTHE le 2 Août par 35°12 N et 23°50 W après un combat de 50 mn et en vue d’un vapeur à coque grise et cheminée jaune.

Tué : URPHANT
Gravement blessé : BLOUIN

Equipage sauvé. Remis par sous-marin anglais E 38 au vapeur MARESFIELD arrivé à La Horta le 7 Août. »

Récit du commandant du sous-marin E 38

5 Août Position à midi 35°40 N 23°30 W

13h30 Aperçu un objet noir par bâbord à environ 5 milles. Stoppé et plongé.

14h15 Fait surface pour inspection. Remarqué que l’objet est un bateau à rames. Navigué en surface jusqu’à lui. C’était un canot de sauvetage contenant le capitaine et 15 hommes du quatre-mâts barque français MARTHE. Nous les avons pris à bord et le capitaine déclare qu’il a été coulé à coups de canons le 2 Août par un sous-marin ennemi. Il m’avise qu’il y a un second canot qui doit se trouver au Nord de notre position actuelle. Nous partons à sa recherche.

15h30 Aperçu le second canot que nous allons accoster. Nous prenons à bord l’officier en second et 18 autres hommes, soit un total de 35 personnes.

(nota : la liste d’équipage du MARTHE comporte 38 noms. Si l’on retire le matelot Urphant, tué au combat, le sous-marin a donc récupéré 37 personnes. Ce chiffre de 35 est inexplicable, à moins que le commandant du sous-marin n’ait pas inclus dans le décompte les deux mousses Heurtel et Doguet. Ils étaient pourtant bien à bord puisque leurs signatures et celles de tous leurs camarades figurent sur le rapport du capitaine)

Cinq sont blessés. L’un d’eux, un mousse, est dangereusement blessé et très malade. Le second canot n’avait plus d’eau et les hommes étaient épuisés. Leur position était 35°50 N et 23°45 W. Ils n’avaient pas de cartes et suivaient une direction qui ne pouvait les conduire vers la terre.

Le capitaine déclare avoir aperçu un vapeur de couleur gris clair avec une cheminée jaune à trois reprises dans la journée du 2 Août. A 19h45, un très grand sous-marin a ouvert le feu à 6000 yards. Le vapeur est alors passé sur l’arrière du MARTHE et s’est dirigé vers le sous-marin en se tenant éloigné de la ligne de tir.
Le capitaine du MARTHE déclare avoir touché une fois l’ennemi avec son canon de 90 mm, ce qui fit cesser le feu du sous-marin pendant quelques minutes. Une fumée noire fut aperçue sur l’avant. Après quoi le feu recommença et le MARTHE fut abandonné à 20h00.
Le pointeur du MARTHE fut gravement blessé à la jambe après avoir commencé le feu et mis hors de combat.
Après l’abandon du MARTHE, le capitaine et le second déclarent avoir aperçu des signaux échangés entre le vapeur et le sous-marin. Finalement, ils virent leur bâtiment couler et se dirigèrent à l’aviron vers Santa Maria.

Nous nous sommes dirigés à 12 nœuds vers le rendez-vous fixé à l’avance avec le MARESFIELD, au large de Fayal.
Ayant maintenant 66 hommes à bord, je ne jugeait pas opportun d’aller à l’endroit où le MARTHE avait coulé, et spécialement d’autant plus que le mousse, gravement blessé, semblait sur le point de mourir.
La gangrène s’était déclarée dans ses blessures.

Aperçu le MARESFIELD au large de Fayal et entré en communication. Transbordé les Français à bord du MARESFIED, en lui donnant l’ordre de les débarquer le plus rapidement possible à La Horta.

Le vapeur MARESFIELD

Cargo de 4176 t et 111 m de long, lancé en Mars 1910 aux chantiers de North Sands.
Rebaptisé par la suite MONKSWOOD (1929) , ELISABETH LENSEN (1935) , ELISABETH DAL (1942) il sera victime d’une collision dans la rivière Mersey le 8 Août 1944 et, échoué, deviendra perte totale.

Liste d'équipage du MARTHE

L'orthographe de certains noms, difficiles à déchiffrer, est incertaine. De même certains quartiers d'inscription sont quasiment illisibles. Le matelot Hilpron Théophile est peut-être inscrit à Cancale car on trouve ce nom et ce quartier sur la liste d'équipage du voilier FRANCOIS coulé le 10 Août 1915 (à moins qu'il ne s'agisse d'un homonyme).

Image

Voici le dessin fait par le capitaine Leff de l'U 155

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Cdlt
olivier
jld93
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par jld93 »

Bonjour,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos informations sur le Marthe 2. Mon GP y fut matelot entre le 18 octobre 1907 et le 27 août 1908. Auriez-vous des références d'archives sur ce navire et d'autres photos ? Merci.



MARTHE Quatre-mâts barque

Lancé au chantier de Rouen le 25 Août 1900 pour la compagnie Bordes. Navire identique au VALENTINE capturé le 3 Novembre 1914 par le PRINZ EITEL FRIEDRICH (voir fiche de ce navire).
Il prit le nom de MARTHE (2e du nom) qui était le prénom de l’épouse de Mr Adolphe Bordes.
Il succédait au MARTHE (1) , quatre-mâts barque construit en 1892 à Dundee et acheté en 1894 par la maison Bordes. Ce navire s’était échoué le 11 Mai 1898 sur le banc de Ruytingen alors qu’il tentait d’entrer par un épais brouillard, et en remorque, dans le port de Dunkerque. Il revenait de Pisagua avec 3400 tonnes de nitrate et devint perte totale.
olivier 12
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour jld93,

Je n'ai pas d'autre renseignement sur MARTHE.

Un petit conseil sur l'utilisation du forum : il n'est pas nécessaire, pour poser une question, de recopier intégralement un post précédent car cela encombre terriblement et inutilement la page. Il suffit simplement d'écrire dans la case "Réponse rapide" , en bas de page, lorsqu'on s'est identifié. Seul celui qui met le message peut le corriger.
Pour corriger il faut :

- s'identifier
- cliquer sur l'icône en tête de message "Editer le message"
- sur le texte qui apparaît, porter la correction (en l'occurrence, effacer le post inutile)
- cliquer sur "validez votre message". Le nouveau texte apparaîtra expurgé.

Cordialement

Olivier
olivier
jld93
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par jld93 »

Merci pour votre réponse ... et le conseil ...
jld



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