MARTHE Quatre-mâts barque

Memgam
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par Memgam »

D'autres informations sur Marthe (2) sont disponibles sur le site "caphorniersfrançais".
Memgam
Rutilius
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MARTHE [II] — Quatre-mâts barque — Armement A.-D. Bordes & Fils.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Le quatre-mâts barque Marthe [II]


Image



Image

State Library of Victoria – Malcolm Brodie shipping collection
Images n°ˢ H 99.220/3867 & H 99.220/3717

°

Témoignage officiel de satisfaction décerné au bâtiment

Journal officiel du 17 octobre 1917, p. 8.203.

J.O. 17-X-1917 - T.O.S - .JPG
J.O. 17-X-1917 - T.O.S - .JPG (36.01 Kio) Consulté 399 fois
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
raycath
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par raycath »

Bonjour à tous,

Un complément au récit du naufrage du MARTHE

Note de l’attaché naval à Lisbonne

Télégramme chiffré envoyé le 8 Août 1917 à Marine Paris


« D’après les renseignements qui me sont parvenus des îles Açores, un sous-marin a coulé le voilier français MARTHE le 2 Août par 35°12 N et 23°50 W après un combat de 50 mn et en vue d’un vapeur à coque grise et cheminée jaune.

Tué : URPHANT
Gravement blessé : BLOUIN

Equipage sauvé. Remis par sous-marin anglais E 38 au vapeur MARESFIELD arrivé à La Horta le 7 Août. »

Récit du commandant du sous-marin E 38

5 Août Position à midi 35°40 N 23°30 W

13h30 Aperçu un objet noir par bâbord à environ 5 milles. Stoppé et plongé.

14h15 Fait surface pour inspection. Remarqué que l’objet est un bateau à rames. Navigué en surface jusqu’à lui. C’était un canot de sauvetage contenant le capitaine et 15 hommes du quatre-mâts barque français MARTHE. Nous les avons pris à bord et le capitaine déclare qu’il a été coulé à coups de canons le 2 Août par un sous-marin ennemi. Il m’avise qu’il y a un second canot qui doit se trouver au Nord de notre position actuelle. Nous partons à sa recherche.

15h30 Aperçu le second canot que nous allons accoster. Nous prenons à bord l’officier en second et 18 autres hommes, soit un total de 35 personnes.

(nota : la liste d’équipage du MARTHE comporte 38 noms. Si l’on retire le matelot Urphant, tué au combat, le sous-marin a donc récupéré 37 personnes. Ce chiffre de 35 est inexplicable, à moins que le commandant du sous-marin n’ait pas inclus dans le décompte les deux mousses Heurtel et Doguet. Ils étaient pourtant bien à bord puisque leurs signatures et celles de tous leurs camarades figurent sur le rapport du capitaine)

Cinq sont blessés. L’un d’eux, un mousse, est dangereusement blessé et très malade. Le second canot n’avait plus d’eau et les hommes étaient épuisés. Leur position était 35°50 N et 23°45 W. Ils n’avaient pas de cartes et suivaient une direction qui ne pouvait les conduire vers la terre.

Le capitaine déclare avoir aperçu un vapeur de couleur gris clair avec une cheminée jaune à trois reprises dans la journée du 2 Août. A 19h45, un très grand sous-marin a ouvert le feu à 6000 yards. Le vapeur est alors passé sur l’arrière du MARTHE et s’est dirigé vers le sous-marin en se tenant éloigné de la ligne de tir.
Le capitaine du MARTHE déclare avoir touché une fois l’ennemi avec son canon de 90 mm, ce qui fit cesser le feu du sous-marin pendant quelques minutes. Une fumée noire fut aperçue sur l’avant. Après quoi le feu recommença et le MARTHE fut abandonné à 20h00.
Le pointeur du MARTHE fut gravement blessé à la jambe après avoir commencé le feu et mis hors de combat.
Après l’abandon du MARTHE, le capitaine et le second déclarent avoir aperçu des signaux échangés entre le vapeur et le sous-marin. Finalement, ils virent leur bâtiment couler et se dirigèrent à l’aviron vers Santa Maria.

Nous nous sommes dirigés à 12 nœuds vers le rendez-vous fixé à l’avance avec le MARESFIELD, au large de Fayal.
Ayant maintenant 66 hommes à bord, je ne jugeait pas opportun d’aller à l’endroit où le MARTHE avait coulé, et spécialement d’autant plus que le mousse, gravement blessé, semblait sur le point de mourir.
La gangrène s’était déclarée dans ses blessures.

Aperçu le MARESFIELD au large de Fayal et entré en communication. Transbordé les Français à bord du MARESFIED, en lui donnant l’ordre de les débarquer le plus rapidement possible à La Horta.

Le vapeur MARESFIELD

Cargo de 4176 t et 111 m de long, lancé en Mars 1910 aux chantiers de North Sands.
Rebaptisé par la suite MONKSWOOD (1929) , ELISABETH LENSEN (1935) , ELISABETH DAL (1942) il sera victime d’une collision dans la rivière Mersey le 8 Août 1944 et, échoué, deviendra perte totale.

Liste d'équipage du MARTHE

L'orthographe de certains noms, difficiles à déchiffrer, est incertaine. De même certains quartiers d'inscription sont quasiment illisibles. Le matelot Hilpron Théophile est peut-être inscrit à Cancale car on trouve ce nom et ce quartier sur la liste d'équipage du voilier FRANCOIS coulé le 10 Août 1915 (à moins qu'il ne s'agisse d'un homonyme).

http://img156.imageshack.us/img156/5224/marthe.jpg

Voici le dessin fait par le capitaine Leff de l'U 155

http://img156.imageshack.us/img156/9041/marthe5.jpg

Cdlt



Bonjour, et merci pour toutes ces explications, je viens de revivre, en découvrant ce forum; toute l'histoire du combat de la Marthe, tel que me l'expliquait mon Grand Père dont le nom figure dans la liste il était canonnier sur ce navire .
son nom: COLL Emile .
Merci encore ce récit m'a bouleversé.
Memgam
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Outre les chroniqueurs Louis Lacroix, qui relate surtout la perte de Marthe (2) en quatre pages (1940) et Henri Picard qui le fait en une demie page (1976), la carrière du quatre mâts Marthe (2) est maintenant détaillée en deux pages et demie (très denses), par Briot (2012).

Le navire et son équipage (un ou plusieurs voyages pour le capitaine, équipage embarqué au voyage dont quelques éléments peuvent réembarquer, mais ce n'est pas la règle)
connaissent des événements de mer habituels.

Extraits :

A son neuvage, Marthe (2) est commandé par le capitaine Michel Ange Maurin du quartier de Marseille qui appareille le 11 décembre 1900. il fera 6 voyages à bord.
2 ème voyage, 8 octobre 1901, un abordage responsable, au port, à North Shields, en 1901.
7 ème voyage, 12 août 1905, décès d'un second-maître.
9 ème voyage, 7 décembre 1906, échouement en sortant de Port Talbot (Grande-Bretagne).
10 ème voyage, 26 août 1908, échouement en entrant à Dunkerque.
12 ème voyage, 19 août 1910, le novice de 16 ans et demi de veille au bossoir, tombe à la mer dans un coup de roulis. Une recherche de 3 heures et demie, en baleinière, reste vaine.
13 ème voyage, 16 janvier 1911, décès d'un matelot au Cap Horn.
16 ème voyage, 1 er août 1912, le second disparait en mer.
19 ème voyage, 7 août 1915, chute à la mer depuis la mâture d'un matelot.

Pour répondre à jld93 dont le GP fut matelot à bord de Marthe (2) du 18 octobre 1907 au 27 août 1908 :

<<Au voyage 10, avec Pierre Marie Guillou du quartier de Paimpol, le quatre mâts se signale à Ventnor le 22 août 1908, venant d'Iquique avec 89 jours de mer, mais il s'échoue à un demi-mille à l'ouest de l'entrée de Dunkerque. Renfloué par quatre remorqueurs, il entre au port le lendemain.>>

Sources : Louis Lacroix, Les derniers cap-horniers, Imprimerie S. Pacteau, 1940
Henri Picard, La fin des cap-horniers, Edita-Vilo, 1976.
Claude et jacqueline Briot, Cap-horniers du nitrate, BOD, 2012.

Cordialement.

Memgam
petite anne
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par petite anne »

Bonjour à tous,

MARTHE Quatre-mâts barque

Lancé au chantier de Rouen le 25 Août 1900 pour la compagnie Bordes. Navire identique au VALENTINE capturé le 3 Novembre 1914 par le PRINZ EITEL FRIEDRICH (voir fiche de ce navire).
Il prit le nom de MARTHE (2e du nom) qui était le prénom de l’épouse de Mr Adolphe Bordes.
Il succédait au MARTHE (1) , quatre-mâts barque construit en 1892 à Dundee et acheté en 1894 par la maison Bordes. Ce navire s’était échoué le 11 Mai 1898 sur le banc de Ruytingen alors qu’il tentait d’entrer par un épais brouillard, et en remorque, dans le port de Dunkerque. Il revenait de Pisagua avec 3400 tonnes de nitrate et devint perte totale.

Caractéristiques du MARTHE (2)

Quatre-mâts barque en acier type 4ba
3910 tpl 3120 tx JB 2756 tx JN
Longueur 97,87 m Largeur 13,52 m Creux 8,28 m
Longueur du gaillard 27 m Longueur de la dunette 21 m
4306 m2 de voilure

Sa meilleure traversée fut Newcastle d’Australie – Valparaiso en 32 jours. Mais ce n’était pas un marcheur exceptionnel.

Voici deux vues du MARTHE
à quai à Dunkerque (coll. Michel Nguyen)

http://img695.imageshack.us/img695/7139 ... kerque.jpg

et sous voiles

http://img695.imageshack.us/img695/288/martheenmer.jpg

La perte du MARTHE

En Juillet 1917, le capitaine du MARTHE est Yves LEFF. Né le 18 Juin 1877 à Kérity dans les côtes d’Armor, cet officier est fusilier breveté. Capitaine au long cours en 1910, il embarque comme second sur CHILI, puis pour deux campagnes sur MARTHE, sous les ordres du capitaine Yves BERNARD. Il va commander à partir de 1912, tout d’abord le trois-mâts QUILLOTA, puis le quatre-mâts EUROPE sur lequel il va s’illustrer en 1915. En effet, alors qu’il quitte Iquique avec un plein chargement de salpêtre, un matelot pseudo-anglais engagé à Iquique, mais en réalité espion allemand, met le feu à la cargaison.
L’espion est démasqué et maitrisé, mais il faudra des efforts surhumains de la part de l’équipage, dans une tempête effroyable, pour parvenir à rallier Caldera, puis Callao où le navire sera réparé. Quatre marins périront dans cette aventure. Yves Leff recevra les félicitations du Ministère de la Marine pour le sang-froid et l’énergie dont il a fait preuve en cette occasion.

Voici le capitaine Yves Leff . La plupart des clichés illustrant ce sujet ont été publiés dans l'ouvrage de Brigitte et Yvonnick Le Coat "Cap-Horniers français" et ont été pris par le capitaine Yves Bernard (Collection Michel Bernard)

http://img695.imageshack.us/img695/964/ ... neleff.jpg

Le second capitaine est Jules DESCHAMPS, de Saint Brieuc, que nous avons déjà rencontré second du CHANARAL lorsque celui-ci fut torpillé en Avril 1916 (voir fiche de ce navire)

Le MARTHE quitte donc Le Verdon le 6 Juillet 1917, en convoi avec ALEXANDRE, MADELEINE et quelques autres.

Rapport du capitaine Leff

« Le 2 Août à midi, par 33°38 N et 23°30 W, courant au S20W par faible brise d’Est, aperçu fumée d’un vapeur stoppé puis, vers 16h00, un grand vapeur gris avec cheminée jaune clair qui passa sur notre avant, route au NW, puis ralentit. Deux heures plus tard, un point noir se montra par le travers au vent et deux obus tombèrent près du navire. C’était un grand sous-marin approchant rapidement. Je manoeuvrai pour présenter l’arrière du bâtiment et fit commencer le feu. L’Allemand, tirant avec ses deux pièces encadrait le voilier et ses obus, tombant par paires, causaient de graves avaries au quatre-mâts qui n’était plus qu’à 600 m. La canonnade continua, furieuse, pendant quinze minutes à raison de six projectiles par minutes. Tout à coup, l’ennemi cessa le feu et nous vîmes une épaisse fumée noire envahissant sa partie avant. Il était touché. Mais cette lueur d’espoir fut éphémère. Nous étions criblés et les voiles pendaient, en lambeaux, le pont était percé en plusieurs endroits, le roof arraché, les embarcations de l’avant en miettes. Un homme avait été tué et plusieurs blessés, dont notre meilleur pointeur mis hors de combat au début de l’action.
La nuit tombait et le sous-marin reprit son tir, distinguant parfaitement la silhouette du quatre-mâts tandis que nous ne pouvions régler notre tir que sur les lueurs de départ de ses obus.
Toute manœuvre étant inutile et impossible, tout en continuant à tirer, je fis armer les embarcations de l’arrière sur le côté tribord afin d’être protégé. Les blessés y prirent place en premier, puis les hommes ne servant pas les pièces. L’adversaire, gagnant sur notre travers ne s’approcha guère. Mais l’avantage était trop grand pour lui. Je crois qu’il possédait quatre canons de fort calibre. A chaque instant, nous étions renversés sur la dunette par le déplacement d’air produit par les obus passant à nous toucher.
Je crus de mon devoir de ne pas exposer l’équipage à un massacre inutile. Je fis accoster la baleinière de tribord et dès que les canonniers y eurent pris place, j’y descendis moi-même, emportant les papiers du bord.
Le matelot Alexis URPHEANT a été tué par un obus qui lui a fracassé le crâne et emporté tout le côté gauche.
Le mousse Yves BLOUIN est affreusement blessé. Les os de ses jambes sont à nu et sa hanche droite, de la ceinture jusqu’au genou est percée de crevasses où des morceaux de liège provenant de sa ceinture de sauvetage se sont incrustés, se mêlant aux chairs déchiquetées. Il a sur tout le corps d’autres blessures plus ou moins graves. Nous l’avons ligoté tant bien que mal pour arrêter le sang qui coule de ses plaies. Il réclame sa mère…
Le matelot Prudent RAUX est grièvement blessé au bras droit.
Le quartier-maître fusilier Alexis NONANT est blessé gravement à la cuisse gauche.
Le canonnier Joseph LAPEBIE a une plaie à la main droite.
Le canonnier Anthime FONTAINE a une blessure assez grave à la jambe gauche faite par un éclat d’obus. »

Le voilier fut semble-t-il coulé par une charge explosive. Un cliché en fut pris depuis le sous-marin.
Voici cette photo montrée dans l’ouvrage « Mémoires de marins des voiliers de l’armement Bordes » . Mais j’ai quand même un doute, ne comprenant pas comment elle a pu être prise de nuit ? Peut-être le KTB du sous-marin donne-t-il plus de renseignements sur l’heure exacte du naufrage, qui pourraient l’authentifier avec plus de certitude.

http://img174.imageshack.us/img174/9546 ... ageut0.jpg

Le sauvetage

Un long calvaire va commencer, tant pour les blessés que pour les autres marins en raison de la chaleur torride qui règne le jour et du manque d’eau.
Une embarcation est sous le commandement du capitaine Leff et l’autre sous le commandement du second capitaine Deschamps.
Le capitaine a gardé le mousse dans son canot.

Le calme plat oblige à ramer pendant quatre jours et quatre nuits, sur près de 150 milles. L’état des blessés empire. Le Samedi 5 Août au matin, les deux baleinières se perdirent de vue. Le Dimanche 6 Août au matin, le sous-marin anglais E 38 rencontrait celle du capitaine Leff et recueillait les naufragés. Il se mettait à la recherche du second canot qu’il retrouvait dans l’après midi. Ne pouvant conserver 36 hommes en plus de son équipage à son bord, le sous-marin les transféra le 7 Août sur sa conserve le vapeur anglais MARSFIELD qui les déposa le lendemain 8 Août à La Horta, dans l’île de Fayal.
Le mousse vivait toujours mais, atteint du tétanos, il ne put résister ; le malheureux s’éteignit le 14 Août.

Voici une partie du récit fait par un rescapé se trouvant dans le canot du second capitaine, le matelot PARCOU, qui fut plus tard pilote à Bordeaux.

« Aux dernières minutes de ce combat inégal, où le sous-marin, hors de portée de nos pièces nous couvrait de projectiles, j’entendis un cri déchirant. Le mousse Blouin, un enfant de Plouha, grièvement blessé par un éclat d’obus, se trainait dans son sang, appelant sa mère.
On distinguait le cargo ravitailleur du sous-marin, immobile à 4 ou 5 milles de distance. MARTHE, criblé d’obus, s’enfonçait doucement. Le mousse fut descendu avec précaution dans un drap, dans la baleinière la plus proche. Un homme manquait à l’appel. Le capitaine avait gardé le mousse avec lui et l’avait installé du mieux possible à l’arrière où il souffrait silencieusement.
Nous naviguâmes de conserve pour essayer de gagner les Açores à 150 milles dans le NW. Le jour, un soleil implacable épuisait les hommes affaiblis par les épreuves de la veille et la nuit d’insomnie et de nage. Il fallut rationner l’eau à moins d’un quart de litre par jour. La deuxième nuit, les hommes nageaient inconsciemment. Le Samedi matin, la baleinière du capitaine avait disparu. Le soleil dardait ses rayons brûlants sur les 19 hommes entassés dans la baleinière. Une fumée de vapeur fut aperçue, mais trop loin pour pouvoir attirer son attention. Le Dimanche matin, les hommes exténués ne tiraient plus sur les avirons que par intermittence. L’eau étant presque épuisée, ils appliquaient des compresses d’eau de mer sur leurs lèvres pour calmer leur soif.La houle était tombée et la baleinière restait immobile sur une mer d’huile dont pas un souffle de vent ne ridait la surface.
Vers 16h00, nous vîmes avec stupeur et désespoir la silhouette d’un sous-marin. Sans aucun doute, c’était lui qui avait envoyé le MARTHE par le fond. Il stoppa à 100 m et nous fit signe d’approcher le long du bord. Des hommes nous faisaient des signes. Soudain, un des occupants de la baleinière s’écria « Nom de Dieu, c’est notre capitaine Leff qui nous appelle ! » Nous retrouvâmes nos camarades blottis au fond du sous-marin, où le mousse vivait encore. Mais à La Horta, il ne put survivre. Il fut conduit à sa dernière demeure par un cortège ému jusqu’aux larmes par l’adieu touchant que le capitaine et un matelot prononcèrent sur sa tombe ».

Après un court séjour à La Horta, les survivants furent rapatriés via Lisbonne par le petit vapeur portugais PEDRO NUNES.

Les mousses du MARTHE.

http://img695.imageshack.us/img695/937/ ... rs1911.jpg

Ce magnifique cliché a été pris sur le MARTHE vers 1911 par le capitaine Yves Bernard. Aucun des deux garçons n’est donc le mousse Blouin. Mais il donne une idée de l'extrême jeunesse de ces gamins, encore trop petits pour tenir la barre, embarqués dès 14 ans voire, parfois, 12 ou 13. Ils effectuaient surtout le service des officiers au carré et le service de la cuisine ainsi que des travaux divers de matelotage ou de lavage. Exempts de quart de nuit, on ne les envoyait dans la mâture que par beau temps pour serrer un cacatois ou affaler une cargue. L’apprentissage était parfois dur ; en cas de faute sérieuse, une punition pouvait être le « peloton » pendant leur temps de repos. Cela consistait à rester debout un certain temps avec une barre de cabestan entre les bras. Mais c’était rare ; en général, il faisaient rapidement partie intégrante de cette famille que constitue un équipage après quelques jours de mer et les capitaines veillaient à ce qu’ils ne soient pas brimés.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 155 du KL Karl MEUSEL.
En quatre jours, il avait envoyé par le fond trois grands voiliers français : MADELEINE, ALEXANDRE et MARTHE.

Voici pour terminer deux autres clichés du MARTHE
de retour du Chili (coll. Michel Nguyen "Cap-Horniers français" de Brigitte et Yvonnick Le Coat)

http://img695.imageshack.us/img695/4319 ... uchili.jpg

et une photo du roof (cliché Yves Bernard)

http://img651.imageshack.us/img651/6649 ... lepont.jpg

Cdlt

Olivier
Rutilius
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MARTHE [II] — Quatre-mâts barque — Armement A.-D. Bordes & Fils.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Distinction honorifique

□ Par arrêté du Ministre de la Marin date du 28 juillet 1921 (J.O. 10 août 1921, p. 9.408 et 9.419), fut ins-crit au tableau spécial de la Médaille militaire :

« Raux (Prudent-Joseph), Cancale 1.027 matelot : a fait preuve d’un courage et d’une énergie exception-nels dans la défense du voilier Marthe contre un sous-marin. A été blessé et cité. »
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

A l'attention de Rutilius.

Pour Raux Prudent Joseph,

S'agit-il d'un lapsus calami de l'original et donc reproduit par fidélité à la source ou d'une erreur de transcription pour "énegie" à la place, peut-être, d'énergie ?

Cordialement.
Memgam
Rutilius
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MARTHE [II] — Quatre-mâts barque — Armement A.-D. Bordes & Fils.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Distinctions honorifiques


Citations à l’ordre de l’armée

Journal officiel du 17 octobre 1917, p. 8.203.

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Inscriptions au tableau spécial de la Médaille militaire

□ Par arrêté du Ministre de la Marin date du 21 octobre 1919 (J.O., 4 nov. 1919, p. 12.328), furent inscrits au tableau spécial de la Médaille militaire :

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□ Par arrêté du Ministre de la Marine date du 28 juillet 1921 (J.O. 10 août 1921, p. 9.408 et 9.419), fut inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire : « Raux (Prudent-Joseph), Cancale 1.027 matelot : a fait preuve d’un courage et d’une énergie exceptionnels dans la défense du voilier Marthe contre un sous-marin. A été blessé et cité. »
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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MARTHE [II] — Quatre-mâts barque — Armement A.-D. Bordes & Fils.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Le dernier capitaine du quatre-mâts barque Marthe

— LEFF Yves Marie, né le 18 juin 1877 à Kérity — aujourd’hui Paimpol — (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor) et décédé le ... à ... (...). Capitaine au long cours, inscrit au quartier de Paimpol, n° 170 ; lieutenant de vaisseau auxiliaire.

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 13 octobre 1917 (J.O. 17 oct. 1917, p. 8.203), inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants :

Image
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: MARTHE Quatre-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Source : Brigitte et Yvonnick Le Coat, Cap-Horniers français, mémoire de marins des voiliers de l'armement Bordes, Le chasse-marée-éditions Ouest-France, 2002, page 290.

Cordialement.

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Memgam
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