Re: SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

olivier 12
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Re: SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

Lancé en 1901 aux chantiers DUBIGEON à Chantenay pour l’armement Bureau Frères de Nantes. Navire identique au SAINT DONATIEN , mis à l’eau le 30 Novembre 1900 et qui disparut corps et biens lors d’une traversée sur lest entre Bordeaux et Adélaïde en 1906. Les autres navires de cette série étaient les BEAUMANOIR , SAINTE ANNE et MEZLY.

Caractéristiques

2500 tpl 1581 tx JB 1388 tx JN
Longueur 75,40 m Largeur 11,50 m Creux 7,29 m
2365 m2 de voilure

Voici le SAINT ROGATIEN toutes voiles dehors vers 1908


Pris au neuvage par le capitaine ARNEAU

Au premier voyage, perdit son lieutenant, tombé de la mâture.

Voici deux voyages effectués par ce voilier en 1908 et 1912 qui donnent une idée de la longueur des embarquements des marins ;

Port Arrivée Départ

Cherbourg /12/1907 14/01/1908

Sydney 13/04/1908 30/05/1908

Newcastle (Australie) 31/05/1908 24/06/1908

Talcahuano 15/08/1908 16/10/1908 (à ordres)

Honolulu 28/11/1908 03/12/1908

Sydney 11/01/1909 08/02/1909

Queenstown (Irlande) 23/05/1909 10/06/1909

Hambourg 17/06/1909

Et l’état-major du SAINT ROGATIEN pour ce voyage de dix huit mois comportant 6 escales seulement entre Cherbourg et Hambourg :

ILLIAQUER Louis Capitaine CLC 1880 Bangor Belle Ile
CLERC Louis Second CLC 1877 St Laurent du Médoc Bordeaux
BICHON Georges Lieutenant LLC 1888 Pornic Noirmoutier

Voici le SAINT ROGATIEN photographié en Mai 1908 au wharf de Wooloo-Mooloo lors de la première escale à Sydney.


Le voyage de 1912 se fit sur l’itinéraire suivant :

Port Arrivée Départ

Calais 03/05/1911

Rahalui (Ile de Maui) 04/10/1911 Fin Octobre
(archipel d’Hawaï)
Portland (Oregon) 25/11/1911 14/12/1911

Astoria 15/12/1911 18/12/1911

Dublin 06/05/1912 23/05/1912

Port Talbot 25/05/1912

Le passage du Horn fut sans doute très dur à l’aller, et cent quarante huit jours plus tard, le 29 Septembre à 16h30, le navire est en plein Pacifique, par 19°00 N et 145°00 W, dans du gros mauvais temps, lorsque survient un accident.

Voici la translation du rapport manuscrit fait par le lieutenant Bichon, que l’on peut lire en annexe du rôle d’équipage.

« Je soussigné, Georges Bichon, lieutenant au long cours, lieutenant sur le trois-mâts Saint Rogatien du port de Nantes, certifie ce qui suit :
Le 29 Septembre 1911, par suite de la grosse mer qui régnait depuis plusieurs jours, le petit panneau arrière fut décondamné laissant pénétrer l’eau dans la cale. Monsieur Victor Sergent, deuxième capitaine, était occupé avec plusieurs hommes à remplacer les coins manquants et à remettre les prélarts en état d’assurer l’étanchéité du panneau lorsqu’un énorme paquet de mer balaya le pont arrière, entraînant avec lui Monsieur Sergent et les hommes. Après que le pont fut dégagé, chacun se releva sans aucun mal. Seul Monsieur Sergent était couvert de sang et ressentait une douleur très vive. Aussitôt, aidé de quelques hommes, je l’ai transporté dans sa chambre et déshabillé. Là, en présence du capitaine, j’ai pu constater que Monsieur Sergent avait une grave blessure, profonde de plusieurs centimètres.

Fait à bord du Saint Rogatien le 4 Octobre 1911 » Signé G. BICHON

Le 4 Octobre est la date à laquelle le navire entre dans le port de Rahalui, cinq mois après son départ de Calais. Le second capitaine Sergent, (originaire de Malestroit), est donc débarqué et envoyé immédiatement à l’hôpital.
Le lieutenant Bichon le remplace alors dans la fonction de second. Le mouvement sera enregistré au consulat de France de Portland (Orégon) le 25 Novembre 1911.

Après l’escale de Rahalui, le SAINT ROGATIEN demeura à Portland du 25 Novembre au 14 Décembre, avant de reprendre la mer pour Astoria, à l’embouchure de la rivière Columbia et Falmouth (à ordres) en Angleterre. En fait, sa première escale en Europe sera Dublin. Ce voyage de plus de treize mois n’avait comporté que quatre escales entre Calais et Port Talbot.

Voici deux officiers photographiés sur la dunette du SAINT ROGATIEN en Mai 1912 à Dublin.

Image

Celui de gauche est le second capitaine Georges BICHON. En Avril 1917, il sera torpillé sur le SAINT SIMON de la Navale de l’Ouest (voir site d’Yves histomar.net - torpillage du SAINT SIMON)
Je pense que celui de droite est le capitaine Louis ILLIAQUER, qui s’apprêtait à débarquer, remplacé par le capitaine Louis LACROIX. Georges BICHON, en deux embarquements, avait navigué plus de 29 mois avec lui, comme lieutenant, puis comme second, et sans doute ont-ils voulu garder un souvenir de ces embarquements si longs et si difficiles. Georges BICHON débarquera un mois plus tard à Port Talbot.
Mais ce n’est pas une certitude, et je lance donc un appel à toute personne qui pourrait fournir une photo du capitaine ILLIAQUER (voire à ses descendants éventuels) pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Voici enfin le SAINT ROGATIEN à Port Talbot en Juin 1912.

Image

La perte du SAINT ROGATIEN

Extrait du rôle

Trois-mâts SAINT ROGATIEN immatriculé à Nantes n° 577
Armé au long cours à Nantes en date du 27 Octobre 1916 par l’armement Bureau et fils.
Equipage embarqué à Dieppe.
Navire expédié de Dieppe le 16 Novembre 1916 pour Puerto Borghi (République argentine)

Capitaine ILLIAQUER Louis né le 28/08/1881 à Bangor Inscrit à Belle Ile domicilié 9 rue St Nicolas à
Vannes
Second RINGUET Henri LLC né le 24/08/1884 à Ecuras Inscrit à Bordeaux domicilié à Montbron
Lieutenant RENAUD Auguste né le 20/10/1891 à St Viaud inscrit à St Nazaire dom. 61 rue du Gros
Ormeau à St Nazaire
Maître équipage LANOE Joseph
Cuisinier GELOT Yves né le 25/07/1865 à Pont Labbé inscrit à Nantes dom. Hôtel Univers. Place Graslin
à Nantes

« Le trois-mâts SAINT ROGATIEN a été torpillé le 17 Novembre 1916 »
Aucun autre commentaire.

En annexe du rôle, on trouve la note suivante :



Suivie d’un procès-verbal de disparition :

« Aujourd’hui, 17 Novembre 1916 à 08h30, étant à 40 milles dans le NW de Dieppe, par devant nous RINGUET Henri, second capitaine du trois-mâts SAINT ROGATIEN, appelé dans l’ordre du service à remplacer Monsieur ILLIAQUER, capitaine du navire qui est disparu dans le naufrage, ont comparu

Auguste RENAUD, lieutenant, et
Louis HUBY, matelot léger, né le 22 Mai 1889 à Plougoumelen inscrit à Auray, domicilié à St Goustan

Qui nous ont déclaré qu’Arthur VERMAUT, né le 26/01/1866 à Bruges, sujet belge embarqué sur le rôle en qualité de chauffeur mécanicien, domicilié à Charleroi (Belgique) a disparu dans les circonstances suivantes :

Il se trouvait à bord du navire au moment où celui-ci fut torpillé et disparut presque instantanément dans une explosion formidable. Pas de navires en vue. Pas de côtes en vue. Etat de la mer : mauvaise. »

Au bas du PV, l’Administrateur de l’Inscription Maritime a ajouté :

« Le SAINT ROGATIEN, canonné puis torpillé par un sous-marin allemand a coulé presque instantanément. Il est certain que le chauffeur mécanicien VERMAUT a coulé avec le navire et n’a pu échapper à la mort ainsi que quelques marins nous l’ont déclaré ici-même.
Nantes, le 25 Novembre 1916. »

Ce PV du second RINGUET, qui semble comme écrit dans le canot de sauvetage, est assez étonnant.

Selon Louis Lacroix, quand le SAINT ROGATIEN fut attaqué, le capitaine ILIAQUER fit descendre tout l’équipage dans les canots, mais resta à bord avec le matelot HUGUEN pour tenter de sauver son navire,en attendant les patrouilleurs alertés. Mais tous deux furent engloutis quand le navire sombra. Plus tard, leurs noms furent donnés à deux vapeurs du type Marie-Louise, en souvenir de leur sacrifice.
Le matelot HUGUEN était né le 31/10/1858 à Quimper, inscrit à Quimper et domicilié à Monfrugi (Quimper).
Il est juste de leur associer le nom du mécanicien belge VERMAUT qui parait avoir été oublié.

Le sous-marin attaquant

Etait l’UB 40 du Kapitanleutnant Karl NEUMANN.
Position donnée 40 milles NW Dieppe 50°25 N 00°08 E.

Cdlt

Olivier
Dernière modification par olivier 12 le sam. mai 02, 2020 10:33 am, modifié 1 fois.
olivier
Rutilius
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Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


Louis LACROIX : « Les derniers grands voiliers », J. Peyronnet & Cie éd., Paris, 1937, p. 463 et 464.

« En 1916, sortant de la Manche et longeant la côte Sud d’Angleterre en raison des sous-marins allemands qui infestaient cette mer, Saint-Rogatien fut attaqué par UB-40, capitaine Karl Neumann.
Monsieur Illiaquer essaya de gagner l’endroit le plus propice pour sauver son navire ou l’échouer ; jusqu’au dernier moment, il resta à son bord, attendant les patrouilleurs alertés.
Saint-Rogatien coula sous ses pieds, l’engloutissant ainsi que le matelot Huguen qui n’avait pas voulu abandonner la barre. Après guerre, deux vapeurs du type Marie-Louise portèrent leur nom en souvenir de leur sacrifice. »


L'affirmation ci-dessus soulignée de Louis Lacroix se trouve confirmée par les termes de la citation dont firent respectivement l'objet le capitaine Illiaquer et le matelot Huguen, ainsi qu'il ressort de ce qui suit :


Le Morbihannais, n° 69, Vendredi 16 mars 1917, p. 2,
en rubrique « Chronique locale ~ A l’ordre du jour ».

« Le ministre cite à l’ordre de l’armée le capitaine au long cours Illiaquer, inscrit à Belle-Ile, commandant du trois-mâts Saint-Rogatien, du port de Nantes :

" Canonné puis torpillé par un sous-marin, a refusé d’abandonner le bâtiment dont il avait la charge ; s’est volontairement laissé engloutir avec lui."

Le matelot Huguen, inscrit à Quimper :

" Timonier de service au moment du torpillage du Saint-Rogatien, a refusé d’abandonner son bâtiment et son capitaine. Est mort à sa barre." »

V. également : Le Gaulois, n° 14.398, Vendredi 16 mars 1917, p. 3.
Dernière modification par Rutilius le jeu. mai 07, 2020 9:02 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un petit complément sur le naufrage du SAINT ROGATIEN


Le 17 Novembre à 08h00 le SAINT ROGATIEN est à 25 milles dans le N60W de Dieppe et fait route à 8 nœuds, allure grand largue, par forte brise d’ESE. Position donnée dans le rapport : 50°08 N 00°31 E
Grosse houle de SSE, mer très forte, visibilité faible (environ 2 milles)

Le capitaine étant de quart, il entend soudain un coup de canon venant de l’arrière. Dans la brume apparaît la silhouette d’un sous-marin à environ deux milles. Malgré la demande de l’équipage, le capitaine ne stoppe pas tout de suite. Le sous-marin continue à tirer à raison d’un coup toutes les deux minutes. Le 3e coup porte dans le grand perroquet et casse la vergue. Le sous-marin va tirer dix coups successifs. Après le 3e, le capitaine fait mettre en panne et affaler les deux embarcations dans lesquelles les hommes prennent place. Lui-même refuse d’y descendre, déclarant qu’il préfère sauter avec son navire.
Second capitaine, maître d’équipage et 8 hommes ont pris place dans une baleinière, lieutenant et 3 hommes seulement dans l’autre.
A ce moment là il reste à bord le capitaine, le timonier Huguen, le cuisinier et le mécanicien.
Le canot du second, dirigé par le maître d’équipage, revient vers le voilier. Le capitaine et le matelot Huguen refusent de descendre. (nota : apparemment les deux autres hommes ne sont pas vus sur le pont)
Le sous-marin tire à nouveau et un obus tombe à 10 m du canot qui s’écarte alors.

Le sous-marin s’approche du voilier et à 09h00, à 500 m, lance une torpille qui frappe le SAINT ROGATIEN à la hanche tribord arrière. L’effet est foudroyant. Une immense gerbe d’eau s’élève ; elle retombe à peine que le voilier s’engloutit instantanément.

Un vapeur anglais sort alors de la brume, à 2 milles environ. Les hommes du SAINT ROGATIEN voit le sous-marin se diriger vers lui puis le couler, sans pouvoir dire toutefois si c’est par canonnage ou par torpille et sans savoir si l’équipage a eu le temps de mettre ses embarcations à la mer.
Celle-ci est trop grosse pour pouvoir s’en rendre compte.

Les baleinières font alors route sur la côte anglaise, côte sur laquelle la mer brise avec violence. L’embarcation du second finit par se jeter à la côte sur une plage de galets situées entre Beachy Head et Hastings. Pas d’information concernant celle du lieutenant.

Mais tous les survivants seront pris en charge par le consul de France et rapatriés sur Le Havre.

Voici la liste des rapatriés

Image

Disparus

Le torpillage du SAINT ROGATIEN aura en réalité fait 5 victimes

ILLIAQUER Louis Capitaine
HUGUEN Henri Matelot timonier
GELOT Yves Cuisinier
VERMAUT Arthur Mécanicien
ainsi qu’un matelot originaire de Nantes, dont le nom n’est pas mentionné, qui eût le crâne fracassé par un paquet de mer au moment où il se disposait à embarquer dans le canot. (Nom qui pourra être retrouvé ultérieurement après nouvelle consultation du rôle aux archives de Nantes)

Conclusions de l’officier enquêteur

Celui-ci, tout en laissant entendre que le rôle d’un capitaine n’est pas de disparaître inutilement avec son navire en laissant son équipage dans les embarcations de sauvetage à la merci des éléments, déclare néanmoins que l’attitude du capitaine Illiaquer ne peut être critiquée et est tout à fait digne d’éloges. Il était marié et père de famille et il a fait preuve d’un courage allant jusqu’à l’héroïsme, tout comme le matelot Huguen.
Il ajoute que l’attitude du second aurait été bizarre. Il serait resté inactif pendant toute le déroulement des évènements et c’est le maître d’équipage Lanoë qui aurait pris la direction des opérations ; mais il précise qu’il n’a pu interroger que le maître d’équipage Lanoë, resté au Havre pour embarquer sur le CHÂTEAU D’IF, de l’armement Corblet, du Havre. Il faut donc se méfier de cet unique témoignage et le corroborer avec d’autres.
Il ignore si les deux autres marins (mécanicien et cuisinier) restés sur le SAINT ROGATIEN étaient volontaires ; peut-être ont-ils tout simplement été oubliés à bord.

Toujours est-il que le capitaine et le matelot timonier qui avaient explicitement refusé de quitter le navire seront cités à l’ordre de l’armée (voir post ci-dessus)
Les deux autres disparus, ainsi que le marin tué au cours de l’évacuation, ne seront pas même mentionnés dans les récits ultérieurs. Ainsi, Lacroix indique que le naufrage fit deux victimes.

Le vapeur anglais

C'était le petit vapeur VANGUARD, 142 tx, qui allait de Honfleur à Londres sur ballasts. Il n'y eut pas de victimes.
A ce propos, la 2e position donnée sur le site U-boat.net pour ce vapeur me paraît être la bonne car elle correspond beaucoup mieux à celle du SAINT ROGATIEN au moment de son torpillage. Les marins du voilier n'auraient pas pu le voir s'il avait été à la première position indiquée.
En revanche, la position donnée par le KTB de l'UB 40 pour le SAINT ROGATIEN est trop éloignée... Celle donnée par l'équipage français paraît plus logique.

Cdlt
olivier
Rutilius
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Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Capitaines successifs du trois-mâts barque Saint-Rogatien

[Voir infra la mise à jour en date du 16 août 2022 ]
Dernière modification par Rutilius le mar. août 16, 2022 9:46 am, modifié 4 fois.
Rutilius
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Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


L’Ouest-Éclair — éd. de Caen —, n° 6.322, Jeudi 23 novembre 1916,
p. 3, en rubrique « Nouvelles maritimes ».


Image


Le Temps, n° 20.229, Vendredi 24 novembre 1916,
p. 2, en rubrique « Sur mer ».


Image
.
Dernière modification par Rutilius le jeu. mai 07, 2020 9:14 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Les capitaines Mathis et Heurtel, cités par Rutilius ci-dessus comme capitaines du Saint Rogatien, avait tous les deux Joseph comme prénom.

Source : Philippe Ouvrard, Les cap-horniers nantais, 1889-1921, thèse d'histoire, Nantes, 1980.
Memgam
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Re: SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

"En amplification au rapport ci-dessus, je déclare et certifie ce qui suit : "Les embarcations étant amenées à hauteur de lisse et prêtes à prendre la mer, le sous-marin commença à tirer sur le navire et les embarcations. Le capitaine me déclara alors ne pas vouloir abandonner son navire. Je pris alors la décision de faire amener les embarcations et de faire embarquer tout le monde. Le lieutenant fait amener l'embarcation de tribord. La mer très grosse menace de briser le canot contre le navire. Le matelot Le Pennec tombe en embarquant et se trouve tué contre le navire par une lame et disparaît. Le lieutenant tombe également à la mer et réussit à rester accroché au plateau de l'embarcation et à remonter dedans. Quatre réussirent à prendre place dans l'embarcation. Les autres hommes restant en haut, ne pouvant pas descendre, s'en vont. Alors la mer menaçant de briser l'embarcation placée au vent, le lieutenant fait couper la drosse pour s'écarter du navire. Le matelot Huguen étant à la barre, n'a pas voulu quitter son poste après l'avoir prévenu de l'abandonner pour se sauver dans les embarcations. Le maître d'équipage est allé le chercher au dernier moment, il n'a pu l'amener. Le cuisinier Gelot et le chauffeur Vermant effrayés, s'étaient cachés et n'ont réapparu qu'au moment que les embarcations étaient écartés du navire ; on ne put réaccoster les reprendre. La chaloupe en mettant à la voile démâta de son mât de misaine. Grâce à l'énergie du lieutenant, malgré le peu d'hommes, elle put se maintenir et mettre son grand mât en place, et après, faire route en pointe à la lame et atterrir à la nuit sur la côte anglaise à Selsey..."

La cinquième victime est le matelot Le Pennec, tué lors de l'évacuation. Deux personnes sont restées à bord de leur plein gré, le capitaine Illiaquer et le timonier Huguen. Le cuisinier et le chauffeur ont été victimes de panique et ont été abandonnés.

Cordialement.

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne occidentale coulés par faits de guerre 1914-1918, association Bretagne 14-18, 2010.
Memgam
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SAINT-ROGATIEN — Trois-mâts barque — Société en nom collectif Louis Bureau et fils, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Distinctions posthumes

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 22 octobre 1919 (J.O. 16 nov. 1919, p. 12.915), le capitaine au long-cours Louis Andéol ILLIAQUER, inscrit au quartier de Belle-Île, n° 39, fut inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Légion d’honneur dans les termes suivants :

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□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 21 octobre 1919 (J.O. 4 nov. 1919, p. 12.328), le matelot timonier Henri Joseph HUGUEN, inscrit au quartier de Quimper, n° 225, fut inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

Image
.
Dernière modification par Rutilius le jeu. mai 07, 2020 9:34 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: SAINT ROGATIEN Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Les 5 disparus. Sur le jugement prononcé par le Tribunal civil de première instance de Dieppe, les 4 français furent officiellement reconnus comme Morts Pour la France.

Gelot, Yves, né le 25 mars 1863 à Pont L'Abbé (29), cuisinier, inscrit à Nantes n° 302
Huguen Hervé, né le 31 octobre 1858 à Quimper (29), matelot timonier, inscrit à Quimper n° 225
Illiaquer Louis, né le 28 août 1880 à Bangor (56), capitaine, inscrit à Belle Ile n° 39, chevalier LH (JO du 16/11/1919)
Le Pennec Alexandre, né le 4 septembre 1898 à Nantes (44), matelot léger, inscrit à Nantes, n° 2056.
Vermante Arthur, né le 23 janvier 1870 à Bruges (Belgique), chauffeur, sujet belge.

Illiaquer, Louis Abdéol Joseph,
né le 28 août 1880 à Bangor, (sur Belle Ile, 56). Fils de Jules Martin et de Marie Françoise Jamet, marié le 26 novembre 1907 à Rosalie Le Buhé. Une fille, Geneviève Elisabeth, née le 21 mai 1916.
Matricule n° 39 au registre des capitaines au long cours et au cabotage du quartier de Belle-Ile.
Nommé capitaine au cabotage par brevet le 1er mars 1905. Capitaine du Saint Rogatien depuis le 1er août 1905.
Etats de service pendant la Grande Guerre
Citation à l'ordre de l'Armée (Journal Officiel du 9 mars 1917) : "Commandant le trois-mâts Saint Rogatien, canonné puis torpillé par un sous-marin, a refusé d'abandonner le bâtiment dont il avait la charge ; s'est volontairement laissé engloutir avec lui." Le bateau fut coulé le 17 novembre 1916 au large de Dieppe. Le sous-marin allemand était l'UB 40 commandé par l'enseigne de vaisseau Karl Neumann.

Par jugement du 5 juillet 1917, le Tribunal de première instance de Dieppe a déclaré constant le décès des cinq marins disparus de l'équipage du trois-mâts Saint Rogatien disparus le 17 novembre 1916 et les a reconnus Morts Pour la France. Le dit jugement a été transcrit, le 2 août 1917 à l'état-civil de la mairie de Dieppe.
Inscrit au tableau spécial pour accéder au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur (Journal Officiel du 16 novembre 1919).

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, Association Bretagne 14-18, 2010.

Cordialement
Memgam
Rutilius
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Message par Rutilius »

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