NEUILLY Trois-mâts barque

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Terraillon Marc
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

La fiche Miramar du NEUILLY

Single Ship Report for "5618442"IDNo: 5618442 Year: 1900
Name: NEUILLY Keel:
Type: barque Launch Date:
Flag: FRA Date of completion: 12.00

--------------------------------------------------------------------------------
Tons: 2301 Link:
DWT: 0 Yard No: 8
Length overall: Ship Design:
LPP: 84.6 Country of build: FRA
Beam: 12.3 Builder: Nantais
Material of build: Location of yard: Nantes
Number of
screws/Mchy/
Speed(kn): sail

--------------------------------------------------------------------------------
Naval or paramilitary marking :
A: *
End: 1917

--------------------------------------------------------------------------------
Subsequent History:

Disposal Data:
sm/x 46.27N/15.07W 1.10.17


A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
TBrignaudy
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par TBrignaudy »

En attendant la suite.
A propos du Capt. Brignaud, je pense qu'il pourrait être originaire de Mison (au lieu de Cison), aujourd'hui dans le département des Alpes de Haute Provence à quelques kms au N de Sisteron.
Amts
Yves
Effectivement, Emilien Brignaudy est bien né à Mison, non loinde Sisteron.
T.Brignaudy
Rutilius
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NEUILLY — Trois-mâts barque — Société générale d’armement, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

□ Pour son ultime traversée de Melbourne à Bordeaux, le Neuilly avait été affrété par le Ministre du Ra-vitaillement — agissant au nom de l’État — par un contrat en date du 1er mars 1917, qui visait également l’Eugénie-Fautrel. Cette convention garantissait la Société générale d’armement contre les risques de la guerre maritime, l’État s’engageant à prendre lesdits risques à sa charge pour la valeur totale des bâtiments, fixée à 1.200.000 francs pour chacun d’eux. Elle spécifiait toutefois que la société devait, aux frais de l’affréteur, assurer ces voiliers auprès de la Commission exécutive des assurances contre les risques maritimes de guerre instituée à cet effet auprès du Ministre des Finances, ce qui fut fait le 14 juin 1917.

Conformément aux dispositions de l’article 3 de la loi du 10 avril 1915 (Loi portant conversion en loi des décrets des 13 août, 10 octobre et 12 novembre 1914 relatifs à la garantie de l’État contre les risques de la guerre maritime : J.O. du 14 avr. 1915), la Commission exécutive prenait en effet en charge, en cas de sinistre, 80 % de la valeur du navire, telle que fixée dans la police d’assurance des risques ordinaires, l’État ne demeurant tenu que des 20 % restants. Une limite importante à cette garantie intégrale de l’État était néanmoins apportée par l’article 5 de la même loi qui disposait en substance que : « Si le navire quitte le port d’embarquement ou un port d’escale contrairement aux instructions des autorités maritimes ou consulaires françaises, ou n’observe pas, pour sa conduite à la mer, les ordres desdites autorités, l’État sera déchargé de toute obligation quand le sinistre sera la conséquence de l'infraction commise et, dans ce cas, la moitié de la prime lui reste acquise. » Par conséquent, était systématiquement rejetée par l’administration toute demande d’indemnité formée par une société d’armement dont un navire avait été coulé ou endommagé par fait de guerre, dès lors que le capitaine ne s’était pas en tous points conformé aux instructions reçues des autorités maritimes ou consulaires, ou, par sa conduite à la mer, en avait méconnu les ordres.

Tel fut le cas du Neuilly. Avant d’appareiller de Melbourne pour Bordeaux, le 7 juin 1917, le capitaine Émilien Brignaudy s’était certes régulièrement muni des instructions de l’Amirauté britannique, prises de concert avec le consul de France en cette ville, qui lui prescrivaient de passer par les Açores pour instructions ultérieures. Mais si le Neuilly était bien passé par ces îles et avait mis en panne dans la rade de la Horta, le 17 septembre 1917, l’administration fit grief à son capitaine de s’être borné à demander, par signal, s’il avait quelque communication à son adresse ; alors qu’aucune réponse ne lui était faite et, quand bien même l’état de la mer eut rendu malaisée la manœuvre du bâtiment, elle estima qu’il ne pouvait se dispenser de se rendre à terre afin d’y recueillir auprès des autorités locales les instructions nouvelles exigées par les instructions initiales. Que, faute pour le capitaine du Neuilly d’avoir agi de la sorte, l’administration considéra qu’il avait, dans sa conduite à la mer, commis l’infraction prévue par l’article 5 précité de la loi du 10 avril 1915, dégageant ainsi l’État de toute obligation d’indemnisation à l’égard de son armateur, la Société générale d’armement.

Saisi par cette dernière d’une requête en annulation de la décision de refus d’indemnisation à elle ainsi opposée, le Conseil d’État la débouta par une décision en date du 18 mars 1921, confirmant ainsi l'ensemble des motifs retenus par l’administration. Et la Haute assemblée ajouta même qu’à la date à laquelle le Neuilly se trouvait aux Açores, des instructions avaient été données par le Ministre de la Marine afin de dérouter tous les voiliers partis d’Australie pour France et de les envoyer des Açores sur Dakar.


• Conseil d’État, 18 mars 1921, Société générale d’armement, requêtes n°s 65.517 et 69.403 : Recueil des arrêts du Conseil d’État, 1921, p. 333.

MARINE MARCHANDE. — NAVIRES AFFRÉTÉS PAR L'ÉTAT. — GARANTIE DES RISQUES DE GUERRE. — ASSURANCES. — CONDUITE A LA MER. — INSTRUCTIONS DES AUTORITÉS MARITIMES. — INOBSERVATION PAR LE CAPITAINE. — TORPILLAGE. — DEMANDE D’INDEMNITÉ. — REJET.
18 mars. — 65.517 - 69.403., Société générale d’armement. —

MM. Edmond Laurent, rapp., Riboulet, c. du g. ; Mes de Ségogne et Hersant, av..
Vu : 1° – LA REQUÊTE de la Société générale d’armement..., tendant à ce qu’il plaise au Conseil, annuler une décision du ministre du Ravitaillement, du 5 décembre 1917, et une décision confirmative du sous-secrétaire d’État du Ravitaillement, du 23 mai 1918, déclarant que l’inobservation des ordres reçus a dégagé l’État de toute responsabilité à l’égard des risques de guerre courus par les voiliers Neuilly et Eugénie-Fautrel, affrétés par lui et coulés par des sous-marins ennemis ;

Vu : 2° – la requête de la Société générale d’armement..., tendant à ce qu’il plaise au Conseil annuler, pour les mêmes motifs, une décision du 10 décembre 1919, par laquelle le commissaire du ravitaillement a : 1° – rapporté la décision susvisée du 5 décembre 1917, comme émanant d’un fonctionnaire sans qualité ; 2° – opposé une fin de non-recevoir à ladite réclamation à lui adressée concernant la part de réparation qui incombait à l’État représenté par la Commission exécutive des assurances contre les risques maritimes de guerre ; 3° – confirmé le refus d’indemnité pour le surplus ;

Vu les lois des 10 avril 1915 et 24 mai 1872 ;

CONSIDÉRANT que les deux requêtes susvisées sont connexes et que, dès lors, il y a lieu d’y statuer par une seule décision ;

Considérant d’une part, que, par contrat d’affrètement du 1er mars 1917, le ministre du Ravitaillement a loué à la Société générale d’armement les voiliers Neuilly et Eugénie-Fautrel, en garantissant cette compagnie contre les risques de la guerre maritime ; qu’il a déclaré, dans ce contrat, prendre ces risques à sa charge pour la valeur totale de ces bâtiments, fixée à 1.200.000 francs pour chacun d’eux, étant spécifié, toutefois, que la société devait, aux frais de l’affréteur, assurer ces voiliers auprès de la Commission exécutive instituée à cet effet au ministère des Finances, laquelle fonctionne dans les conditions prévues par la loi du 10 avril 1915 qui, notamment, limite à 80 % de la valeur du navire l’assurance susceptible d’être consentie, au nom de l’État, par cette commission ; qu’il suit de là que la Société générale d’armement est recevable à réclamer au ministre du Ravitaillement la totalité de l’indemnité afférente aux sinistres survenus, sauf à subroger ce dernier dans les droits qu’elle possède à rencontre de la Commission exécutive en vertu du contrat d'assurances qu'elle a passé, le 14 juin 1917, avec celle-ci ;

Considérant d’autre part, que la compagnie requérante ne conteste pas que le ministre du Ravitaillement, en la garantissant intégralement contre les risques de guerre courus par les deux voiliers, n’a voulu assumer cette charge que dans les conditions mêmes où ces risques se trouvaient couverts, pour les quatre cinquièmes, par la Commission exécutive des assurances ; qu’il a entendu, notamment, que, si ces navires venaient soit à quitter le port d’embarquement ou un port d’escale contrairement aux instructions des autorités maritimes ou consulaires françaises, soit à ne pas observer, pour leur conduite à la mer, les ordres desdites autorités, l’État serait, conformément à l’article 5 de la loi susvisée du 10 avril 1915, déchargé de toute obligation quand le sinistre serait la conséquence de l’infraction commise ;

En ce qui concerne le Neuilly : — Considérant qu’avant de partir pour Bordeaux, le 7 juin 1917, le capitaine du trois-mâts Neuilly s’est régulièrement muni des instructions de l’Amirauté britannique à Melbourne et que ces instructions, prises de concert avec le consul de France en cette ville et non modifiées par lui, constituaient, bien que dénommées simplement « advice », l’ordre prévu par l’article 5 de la loi du 10 avril 1915 ; qu’elles prescrivaient au Neuilly de passer par les Açores pour instructions ultérieures ; que si, à la vérité, le capitaine a passé par ces îles, mis en panne dans la rade de la Horta, le 17 septembre 1917, et demandé, par signal, s’il avait quelque communication à son adresse, il ne pouvait, dès lors qu’aucune réponse ne lui était faite et, à supposer même que l’état de la mer rendit malaisée la manœuvre de son bâtiment, se dispenser de se rendre à terre afin d’y recueillir auprès des autorités locales les instructions nouvelles exigées par les instructions initiales ; que, faute de l'avoir fait, il a, dans sa conduite à la mer, commis l'infraction prévue et, en cas de sinistre, sanctionnée par la disposition législative précitée ; qu’il résulte, au surplus, des pièces versées au dossier qu’à la date du Neuilly aux Açores, des instructions avaient été données par le ministre de la Marine afin de dérouter tous les voiliers partis d’Australie pour France et de les envoyer des Açores sur Dakar ;

En ce qui concerne l’Eugénie-Fautrel : — [...]

Considérant, sans qu’il soit besoin d’examiner si le fonctionnaire qui a signé pour le ministre, le 5 décembre 1917, la première des décisions rejetant la demande en indemnité formée par la Société générale d’armement avait qualité à cet effet ; qu’il résulte de ce qui précède que c’est à bon droit que le ministre du Ravitaillement a, dans les circonstances de la cause, déclaré l’État dégagé de toute obligation de garantie en raison de la destruction du Neuilly et de l’Eugénie-Fautrel par des sous-marins ennemis ; ... (Rejet).
Dernière modification par Rutilius le lun. nov. 06, 2023 10:59 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Lors d'un voyage de nickel en Nouvelle-Calédonie, Neuilly s'est échoué en rade de Nouméa le 10 novembre 1911, capitaine Gobert. Neuilly a plusieurs fois escalé en Australie, à Newcastle en 1902 (capitaine Rousselet), cette escale a été endeuillée par la perte du maître d'équipage Adolphe Zirger, écrasé entre deux wagons de charbon ; à Sydney en 1904 (capitaine Carpentier), et de nouveau en 1907 (capitaine Fléard), en 1908 et en 1910 à Hobart avec le capitaine Floch, et toujours avec lui, en 1911 à Melbourne. le maître d'équipage y décédera, des suites d'une insolation dans l'Océan Indien.

Sources :
Patrick Ahern, French sailing ships at Australian ports, arrivals and departures 1898-1925, patrick Ahern,
Patrick Ahern, Full sail beyond the three capes, the french bounty ships in Australia, 1898-1925, Patrick Ahern, 2008.
Marc Métayer Les voiliers du nickel, voyages en Nouvelle-Calédonie, Alan Sutton, 2003, photo de Neuilly, page 121, service des archives, fonds Maxime Meyer.

Cordialement.

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Memgam
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Yves D
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par Yves D »

Bonsoir à tous

Je viens de mettre en ligne dans Histomar Publications la biographie du Kptlt Walter Remy, commandant de l'U 90.
Ce document est mis gracieusement à la disposition de tous à cette adresse :
http://fr.calameo.com/read/000802552d298b4cae5de

Bonne lecture.
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

A propos du marin japonais recueilli par le CAMELLIA, le rapport d'enquête concernant le HERON apporte les précisions suivantes:

Il y avait 4 Japonais sur le HERON dont un seul a survécu et a été repêché par l'U 90.

(Selon le rapport du commandant REMY, ce marin a été remis le lendemain 1er Octobre 1917 à une embarcation du NEUILLY qui venait d'être coulé.)

Selon les informations recueillies par l'officier enquêteur, le Japonais aurait été récupéré par le CAMELLIA dans une embarcation appartenant au voilier nantais AMIRAL TROUDE, coulé par un sous-marin le 30 Septembre 1917. Mais il pense que ce marin doit provenir plutôt d'une embarcation du NEUILLY... ce que confirme donc le KTB de l'U90.

C'était il y a juste 100 ans jour pour jour...

Cdlt
Dernière modification par olivier 12 le dim. oct. 07, 2018 11:19 am, modifié 1 fois.
olivier
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Précisions sur la perte du NEUILLY (Archives de Kew)

22 hommes d’équipage dont 1 Australien. Navire non armé. NEUILLY se trouvait par 46°27 N et 15°07 W. Vent calme. Dès qu’il a aperçu le sous-marin, le capitaine Brignaudy a brûlé dans sa cabine toutes les instructions secrètes. Celui-ci courait au Nord à 6 milles dans l’Ouest à 6 ou 7 nœuds. Il a tiré 5 coups de canon, puis encore 5 à 6 coups après que les embarcations se soient écartées du voilier.

Un officier allemand et 3 hommes sont montés à bord du NEUILLY par les garants des embarcations, et conduits par l’embarcation du capitaine.

Le commandant a demandé :

- Avez-vous des ordres de l’Amirauté britannique ? (Non)
- Avez-vous de la viande fraîche ou des poulets à bord ? (Nous avons un cochon)
- Quelle est la cargaison ? (Du blé)
- Avez-vous des canons à bord (Non)
- Avez-vous la TSF ? (Non)

Il a déclaré qu’il venait de couler 3 navires de pêche au large d’Ouessant (Nota : DEUX JEANNE, LIBERTE, PEUPLES FRERES) Il a montré au capitaine Brignaudy un canon qu’il avait récupéré sur l’un d’eux. Ce canon était brun-noir, mais la culasse avait été enlevée.

Le commandant du sous-marin a remis au capitaine de NEUILLY un matelot auxiliaire japonais du HERON qu’il avait capturé.
Ce commandant paraissait un homme fort, âgé d’environ 30 ans, cheveux roux, yeux bleus. Il parlait aussi bien le français que l’anglais.
Il y avait aussi deux autres officiers.

Le sous-marin est resté le long du voilier, transférant à son bord de l’outillage, des approvisionnements et tout ce qui pouvait avoir de la valeur, notamment le chronomètre et les effets personnels des officiers et de l’équipage. Ficelé sur le côté gauche du sous-marin se trouvait le canon de 75 m pris sur l’un des pêcheurs français. Le sous-marin (90 m) possédait deux canons à poste fixe, très rouillés. Le blockhaus était au milieu avec une petite passerelle sur l’arrière. Il possédait la TSF.

Les bombes utilisées étaient de grande dimension et ont fait de larges trous dans la coque à bâbord. NEUILLY a coulé en quelques secondes juste après l’explosion.

Cdlt
olivier
Memgam
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Dans la liste des rapatriés de l'équipage du trois-mâts Neuilly, fournie par Yves D. ci-dessus, figure le matelot Yves Le Stanc, inscrit à Brest, n° 1926.

Yves Emile Le Stanc est né le 12 janvier 1893. Il sera plus tard matelot à bord du remorqueur de haute mer et d'assistance Iroise, capitaine Malbert, basé à Brest.
A ce titre, et avec l'ensemble de l'équipage, il sera titulaire du prix Henri Durand de Blois, décerné par la Société centrale de sauvetage des naufragés en 1929.

Il est passé à la postérité par une photo parue dans la Dépêche de Brest le vendredi 18 janvier 1929, montrant les essais du lance-amarre du général Reibel à bord de l'Iroise.
Cette photo a retenue l'attention du peintre de la Marine Pierre Péron, qui s'en est inspiré pour réaliser une des aquarelles illustrant une édition du roman de Roger Vercel "Remorques", édité par "Au moulin de Pen Mur" en 1943. Yves Le Stanc tient le dévidoir tandis que le capitaine Nicolas, second du bord, tient l'appareil.

"L'appareil lance-amarre est une tige de de métal longue de 2,50 m articulée sur un socle posé sur le pont du navire. A l'extrémité de la tige se fixe une cartouche que vient recouvrir une sorte d'obus creux en acier qui représente la flèche. C'est cette flèche, du poids de deux kilos au coeur de laquelle doit s'opérer la déflagration qui doit entraîner la ligne logée dans un dérouleur. La portée normale de l'engin est en moyenne de 200 mètres" (La Dépêche de Brest et de l'Ouest du mardi 15 janvier 1929).

Yves Le Stanc, surnommé "grandes guibolles" était aussi chargé de prévenir le capitaine Malbert quand celui-ci n'était pas à bord de l'Iroise et qu'un S.O.S. arrivait. Le journaliste Louis Le Cunff l'a rencontré en 1955 à Brest, avec le second Nicolas et le maître d'équipage Perhirin, pour évoquer la mémoire du capitaine Malbert et les activités du remorqueur Iroise dans un chapitre du livre "S.O.S. Atlantique".

Le dessinateur de bandes dessinées Benjamin Flao l'a croqué dans une illustration du livre de Jean-François Pahun sur Louis Malbert.

Sources : Archives du SHD à Brest, Inscription maritime 2P3 455.
La Dépêche de Brest et de l'Ouest des 15 et 18 janvier 1929
Roger Vercel, Remorques, Editions Au moulin de Pen Mur 1945, page 109.
Louis Le Cunff, S.O.S. Atlantique, André Bonne éditeur, 1956, chapitre IV, les mercenaires de l'ouragan, pages 151- 214.
Jean-François Pahun, Louis Malbert, Editions Larivière, 2004, page 37.

Cordialement.

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Rutilius
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NEUILLY — Trois-mâts barque — Société générale d’armement, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

— LE STANC Yves Émile, né le 12 janvier 1893 à Saint-Pierre-Quilbignon — aujourd’hui quartier de Brest — (Finistère) et décédé le 6 mai 1977 à Brest (Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Pierre-Quilbignon, Année 1893, f° 4, acte n° 13). Inscrit le 24 novembre 1914 au quartier de Brest, n° 1.926 ; classe 1913, n° 2.889 au recrutement de Brest.

• Fils de Jean Marie LE STANC, né le 22 juin 1852 à Saint-Pierre-Quilbignon, second maître de ma-nœuvre, et d’Anna Marie CARN, née le 19 octobre 1859 à Brest, sans profession ; époux ayant contrac-té mariage à Saint-Pierre-Quilbignon, le 4 février 1878 (Registre des actes de mariage de la commune de Saint-Pierre-Quilbignon, Année 1878, f° 6, acte n° 10).

• Époux de Marie Joséphine LEJEUNE, avec laquelle il avait contracté mariage au Relecq-Kerhuon (Finistère), le 23 juin 1934.

**********

Après avoir été classé « Service armé » par le Conseil de révision d’Octobre 1914, incorporé le 10 février 1915 au 62e Régiment d’infanterie ; arrivé au corps le même jour, matricule n° 7.851. Classé « Service auxiliaire » le 23 février 1915 par la Commission de réforme de Lorient pour « otite double chronique et audition insuffisante ». Passé le 18 mars 1915 au 85e Régiment d’infanterie territoriale, matricule n° 11.163 ; envoyé dans la zone des armées. Classé « Service armé » le 5 novembre 1915 par la Commission spéciale de réforme d’Oulchy-le-Château (Aisne). Admis le 19 janvier 1916 à l’Hôpital mixte de Provins (Seine-et-Marne) pour « bronchite et otite ancienne » ; sorti le 21 janvier 1916. Admis le même jour à l’Hôpital d’orientation et d’évacuation n° 11 de Château-Thierry (Marne). Évacué sur l’intérieur le 23 janvier 1916 et admis le 25 à l’Hôpital auxiliaire n° 201 du Mans (Sarthe). Classé « Service auxiliaire » le 22 février 1916 par la Commission de réforme du Mans pour « léger souffle cardiaque ». Rejoint le 18 mars 1916 le 85e Régiment d’infanterie territoriale dans la zone des armées (Compagnie agricole). Dirigé le 22 juin 1916 sur le dépôt intérieur. Maintenu « Service auxiliaire » le 20 juillet 1916 par la Commission de réforme de Vannes pour « bronchite et emphysème ». Affecté le 11 octobre 1916 à la 11e Section de commis et ouvriers militaires d’administration, matricule n° 1.538. Placé en sursis d’appel comme cuisinier du 1er novembre 1916 au 31 janvier 1917 à bord du trois-mâts barque Neuilly, de la Société générale d’armement, de Nantes ; sursis prolongé pour une durée illimitée le 27 février 1917. Démobilisé le 25 août 1919 par le dépôt démobilisateur de la 11e Section de commis et ouvriers militaires d’administration. Certificat de bonne conduite accordé. Déclaré « Bon absent service armé » le 28 janvier 1927 par la Commission de réforme de Brest. Dégagé de toutes obligations militaires le 1er juin 1943.

**********

□ Par décision du Ministre de la Marine marchande en date du 10 avril 1931 (J.O. 3 mai 1931, p. 4.930), avec le capitaine au long-cours Louis MALBERT[ (Paimpol, n° 4.628), commandant le remorqueur Iroise, et les autres marins composant l’équipage de ce bâtiment, récompensé par un témoignage officiel de satisfaction collectif, ainsi que par le prix Henri-Durand (de Blois), pour le sauvetage des équipages :

— du cargo danois Hélène, désemparé de sa machine par 46° 44’ N. et 6° 50’ W. (5~7 décembre 1929) ;

— du cargo Galdamès, en détresse au large de l’île d’Ouessant, à 12 milles dans l’Ouest du phare de la Jument (7 décembre 1929) ;

— du cargo italien Senatore-d’Ali, victime d’une avarie de servo-moteur ayant immobilisé son gouvernail (8~12 décembre 1929) ;

— du cargo grec Aghia-Marina, en avarie de barre à environ 138 milles dans le S.-O. de l’île d’Ouessant (29~31 décembre 1929).
Dernière modification par Rutilius le lun. nov. 06, 2023 11:15 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Un merci particulier à Rutilius pour ces précisions d'état-civil concernant Yves Emile Le Stanc, et ce d'autant plus que l'orthographe de son nom est allégrement massacrée.
Le dernier en date étant le chasse-marée (2017) qui s'est cru autorisé à le modifier, Le Stanc est devenu Le Stang. Le remplacement du c par le g est fréquent puisque cette erreur existait déjà en 1929 dans la Dépêche de Brest et de l'Ouest. Pahun a fait mieux en 2003 puisqu'il a réduit le nom à Stang, "Le" étant passé à la trappe.

Le parcours de Le Stanc dans l'armée de Terre au cours de la Grande guerre décrit par Rutilius est symptômatique du sort des inscrits maritimes, trop nombreux au début de la guerre pour les besoins de la Marine.

Quant aux décorations de 1929, Le Stanc ne faisait pas partie de l'équipage de l'Iroise, lors de la sortie Hélène et Galdamès, mais il était bien là pour le Senatore d'Ali comme l'indique Pierre Bouis :

"Deux hommes à bord à ne pas figurer sur le rôle : un reporter - qui allait être le premier à assister à un sauvetage par l'Iroise - et un grand diable d'ancien membre de l'équipage qui après avoir dit à tous les échos du port ses regrets de n'avoir pas été là pour "le coup de l'Hélène" après avoir aussi proposé d'embarquer même comme soutier, avait vu ses désirs comblés par le commandant Malbert.
-Viens donc mon fils, lui avait-il dit.
Et le nommé Le Stan(g), ce gaillard en complément d'effectif fit du bon travail" (La Dépêche).

On trouvera ci-dessous le portait d'Yves Le Stanc par Benjamin Flao, l'équipage endimanché pour la remise des médailles à la Sorbonne et deux photos du remorquage du Senatore d'Ali. Celle de la prise de remorque par Pierre Bouis, et celle du remorquage dans le goulet de Brest, par Henri Chalois, photographe professionnel à Brest. Le Senatore d'Ali est alors sous remorque de l'Iroise et de l'Auroch, les deux remorqueurs de l'Union française maritime basés à Brest. En dernier, le passage de la remorque de l'Auroch à l'Enrichetta le 17 juin 1928, par temps de curé.

La photo de la prise de remorque, certes de qualité photographique médiocre, est d'un intérêt documentaire rare et remarquable.
Il n'existe pas, à ma connaissance, d'autres clichés pris dans ces conditions de mauvais temps pour l'Iroise.

Le Senatore d'Ali est alors en panne de gouvernail, non manoeuvrant, comme l'indique les deux boules présentes dans la mâture. Sa machine est sous pression, comme le montre la fumée rabattue par le vent. Le navire est stoppé et il dérive travers au vent, roulant bord sur bord, le remorqueur l'Iroise s'est présenté sous le vent, on en aperçoit que l'extrême arrière. Il se maintient en position très proche, quelques dizaines de mètres, voire beaucoup moins, par des "coups de fouet de l'hélice", agissant sur le safran du gouvernail orienté d'un bord ou de l'autre.
L'équipage du cargo est massé à l'avant, l'ancre bâbord a été démaillée et donc perdue à la mer. L'extrémité de la chaîne a été remontée à bord pour y mailler la remorque, déjà transmise par la ligne du lance-amarre suivie d'un filin plus gros puis du câble d'acier de la remorque. La chaîne sera filée sur deux maillons (65 mètres). Elle est utilisée pouur réduire le risque de rupture par ragage au portage à bord du cargo et pour alourdir la remorque qui s'enfonce dans l'eau et absorbe mieux les variations de tension. Celles-ci sont ensuite absorbées par un élément élastique, un spring en manille, très gros cordage en fibres végétales placé après le câble d'acier. Son extrémité est accrochée à un autre câble d'acier dont l'autre bout est sur un croc à bord du remorqueur. Il reste ensuite à conduire à bon port l'attelage ainsi formé.

Sources : Pierre Bouis, Trois cents milles sur l'Iroise, Le sauvetage du Senatore d'Ali, notes de bord d'un reporter, La Dépêche de Brest et de l'Ouest du vendredi 13 décembre 1929.
Louis le Cunff, S.O.S. Atlantique, André Bonne, 1956.
Jean-François Pahun, Louis Malbert, Editions Larivière, 2004.
Jean-Paul Coquinot, Iroise, un remorqueur au destin mouvementé, chasse-marée n° 289, octobre 2017.

Cordialement.

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Memgam
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