NEUILLY Trois-mâts barque

Rutilius
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NEUILLY — Trois-mâts barque — Société générale d’armement, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,
« "... un grand diable d'ancien membre de l'équipage qui après avoir dit à tous les échos du port ses regrets de n'avoir pas été là pour "le coup de l'Hélène" après avoir aussi proposé d'embarquer même comme soutier, avait vu ses désirs comblés par le commandant Malbert.

— Viens donc mon fils, lui avait-il dit.

Et le nommé Le Stan(g), ce gaillard en complément d'effectif fit du bon travail " (La Dépêche). »
Signalement : Cheveux châtains. Yeux roux. Front moyen. Nez rectiligne. Visage ovale. Taille : 1,77 m. Marques particulières : néant.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Merci à Rutilius pour ces détails physiques d'Yves Le Stanc. On sait ainsi qu'il mesurait 10 cm de plus que son commandant Louis Marie Malbert.

Le dessin exécuté par Benjamin Flao doit résulter de l'analyse de deux photos, celle des essais du lance-amarre et le portrait d'équipage du remorqueur Iroise par le photographe brestois Henri Chalois, dont un exemplaire a été acquis en 2013 sur une brocante à Brest par les Archives municipales de cette ville (cote : 2Fi13546).

Le matelot Yves Le Stanc est au deuxième rang, le deuxième à partir de la gauche, la vareuse largement ouverte sur le tricot.
Le cuisinier Yves Cariou (Brest, n° 450, né le 6 avril 1889) est reconnaissable à sa tenue.
Le mousse Ange Malenfant est au troisième rang, au milieu, devant le mât de charge arrière, né à Saint Quay Portrieux le 14 juillet 1913 et auteur de ses souvenirs, "Mon village et la mer, Nature et Bretagne, 1979. Dans son livre, Yves Le Stanc devient le "grand Stave" (sic).

Au premier rang, de gauche à droite :
François Nédelec, deuxième mécanicien (Brest, n° 3574, né le 7 janvier 1875)
Jean Flavius, chef mécanicien (Brest, n° 3727, né le 15 janvier 1882) Décédé avec son épouse dans le naufrage du Saint Philibert au large de Saint-Nazaire en 1931.
Louis-Malbert, capitaine, (Paimpol n° 4628 né le 18 juillet 1881 à Saint Quai Portrieux)
Albert Nicolas, second, (Brest n° 3497, né le 19 mars 1886)
Jules Mailloux, troisième mécanicien, (Brest n° 3166, né le 9 novembre 1871)

Cette photo est une de celles de l'équipage de l'Iroise, probablement prise en 1928, quand Louis-Marie Malbert a reçu la Légion d' Honneur remise le samedi 1 er septembre 1928 par monsieur Rouault de Coligny, administrateur de la Marine à Brest. Elle est parue ici et là (Le Cunff, 1956 ; Bulot, 1985 ; Le Télégramme 1999 ; Pahun, 2004).

Cordialement.

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Memgam
Rutilius
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NEUILLY — Trois-mâts barque — Société générale d’armement, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Le dernier capitaine du trois-mâts barque Neuilly


— BRIGNAUDY Émilien Louis Léon, né le 26 juillet 1886 à Mison (Basses-Alpes — aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence), décédé le 9 mai 1972 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

• Fils de Louis BRIGNAUDY, né le 23 février 1831 à Mison, négociant, et d’Euphanie GARCIN, née le 13 juillet 1844 à Savournon (Hautes-Alpes), sans profession ; époux ayant contracté mariage dans cette commune, le 16 janvier 1873 (Registre des actes de mariage de la commune de Savournon, Année 1873, f° 1, acte n° 1 ~ Registre des actes de naissance de la commune de Mison, Année 1886, f° 8, acte n° 22).

• Époux d’Éliane Marie DROUIN, née le 7 octobre 1897 à Saint-Nazaire et y décédée, le 16 avril 1982 (Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Nazaire, Année 1897, f° 85, acte n° 668), avec laquelle il avait contracté mariage dans ladite ville, le 1er février 1923 (Ibid. — Mention marginale).

Fille de François DROUIN, né vers 1867, marin, et d’Alphonsine Gabriel Marie VICTOR, née vers 1865, sans profession, son épouse (Ibid.).

Capitaine au long-cours (Brevet simple), inscrit le 22 mai 1907 au quartier maritime de Cannes, f° et n° 888 ; lieutenant de vaisseau auxiliaire, étant attaché au port de Lorient. Classe 1906, n° 382 au recrutement de Dignes.

Par décret du 7 novembre 1933 (J.O. 9 nov. 1933, p. 11.367), nommé au grade de lieutenant de vaisseau dans la réserve de l’armée de mer. Affecté en cette qualité au Centre mobilisateur de Lorient (J.O. 30 nov. 1933, p. 11.944).

**********

Après guerre, a commandé de 1923 à 1935, date de sa vente à la démolition, le Kouang-Si [II], ex-Port-de-Saint-Nazaire, de la Compagnie des Messageries maritimes, cargo mixte qui était affecté à la ligne de l’Indochine et servait également de transport de troupes. En 1936, fut nommé au commandement du Sontay [II], ex-Bayern de la Norddeutscher Lloyd, de Brême, cargo mixte qui remplaça Kouang-Si sur la même ligne (L’Ouest-Éclair — éd. de Nantes —, n° 14.332, Dimanche 2 février 1936, p. 8).

L’Écho d’Alger, n° 9.359, Vendredi 20 mars 1936, p. 8, en rubrique « Nouvelles maritimes »

SONTAY [II] - L.E.A. 20-III-1936 - .jpg
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur le matelot japonais recueilli par l’U 90

Ce matelot se nommait K. HIGO. Il fut en réalité le seul survivant du vapeur HERON, torpillé par l’U 90 le 30 Septembre 1917 et qui avait coulé en moins d’une minute. Aucune embarcation n’avait pu être mise à l’eau. L’équipage comportait 17 Anglais et 4 Japonais.

Au moment du torpillage, Higo se trouvait dans la machine. Il ne put donner, lors de son interrogatoire, aucune information sur ce qui s’était produit. Il s’était retrouvé dans la mer et entendait les cris d’autres survivants. Le sous-marin l’avait repêché et son commandant lui avait demandé le nom du navire. Puis il s'était éloigné sans repêcher personne d'autre. Le 30 Septembre dans l'après midi, il avait vu le DRAKE se faire couler par canonnage, tandis que son capitaine, un officier nommé CADER, était fait prisonnier dans le sous-marin.

Higo n’a jamais mentionné le nom du voilier AMIRAL TROUDE, coulé le même jour que le HERON, lors de son interrogatoire. De plus, la description qu’il donne du sous-marin ne correspond pas à celle du sous-marin qui a coulé AMIRAL TROUDE. L’officier anglais qui l’a interrogé suggère qu’il a été remis à une embarcation du NEUILLY. Il en déduit que NEUILLY et HERON ont été coulé par le même sous-marin, et AMIRAL TROUDE par un autre sous-marin.

Toutes ces conclusions sont exactes et conformes à la réalité.

Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: NEUILLY Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Précisions sur le naufrage du HERON le 30 Septembre 1917

Ce petit navire de 879 t et 68 m de long, lancé en 1889 à Dundee, avait quitté Newcastle avec un chargement de charbon pour Porto le 22 Septembre 1917. Il appartenait à la General Steam Navigation Co Ltd. Il fut donc torpillé par l’U 90 le 30 Septembre. L’équipage se composait de 17 Britanniques, 4 Japonais, 1 Suédois et 1 Portugais. Il était armé d’un petit canon.
Le vapeur coula instantanément sans que l’on ait le temps de mettre les canots à la mer et tout l’équipage se retrouva dans l’eau, appelant au secours. Le sous-marin fit surface. Le chauffeur K. HIGO appela à l’aide et le sous-marin s’approcha pour le repêcher. Selon l’officier enquêteur, il aurait pu sauver d‘autres hommes car beaucoup étaient aux alentours, appelant à l’aide. Mais il s’éloigna du lieu du naufrage.
Le 30 Septembre vers midi, le sous-marin coula un navire nommé DRAKE et fit prisonnier son capitaine. Selon Higo, le sous-marin était en patrouille depuis deux semaines et prévoyait encore trois semaines en mer.

Précisions sur le naufrage du DRAKE

Le capitaine de ce navire qui allait de Londres à Gênes, fait prisonnier par l’U 90, s’appelait en réalité Fred John CARTER.
Le reste de l’équipage du vapeur, ainsi que les trois pêcheurs français, furent récupérés dans les canots douze heures plus tard par le SS CRONSTADT et débarqués à Gibraltar.

Récit fait par le capitaine CARTER

Le DRAKE a été coulé par canonnage le 30 Septembre 1917 à 09h30 et j’ai été fait prisonnier. Le commandant du sous-marin avait demandé aux canots où était le capitaine. L’équipage avait répondu qu’il l’ignorait. Le chef mécanicien était en uniforme et il a été appelé à bord du sous-marin. Je me suis alors levé dans mon canot et j’ai déclaré que j’étais le capitaine. On m’a fait monter à bord. Le chef mécanicien a été renvoyé dans le canot, avec d’ailleurs 3 pêcheurs français qui étaient prisonniers dans le sous-marin. (Nota : il s’agissait de Pierre BARON, Armand STEPHAN et Alphonse BURGAUD, patrons des bateaux de pêche DEUX JEANNES, LIBERTE et PEUPLES FRERES coulés le 27 Septembre. Leur histoire figure sur le forum.)

J’ai demandé que l’on remorque mes canots jusqu’à la terre car nous étions à environ 300 milles du cap Finisterre. Le commandant a brutalement refusé, me disant qu’il avait assez à faire rien que pour veiller à la sécurité de son sous-marin.
Quelques jours plus tard le sous-marin a coulé une barque française qui venait de Melbourne avec du blé pour Bordeaux. Ils avaient 180 jours de mer… (Nota : il s’agit bien sûr du NEUILLY coulé le 1er Octobre). Le seul survivant du HERON coulé quatre heures avant le DRAKE, un Japonais, a été mis dans les canots du Français.

J’ai pu voir sur les cartes la zone de patrouille du sous-marin qui s’étendait en triangle d’un point situé à 46°20 N jusqu’à une ligne allant de l’embouchure de la Gironde à la pointe de Penmarch.

Le 4 Octobre, alors qu’il s’apprêtait à torpiller un transport, le sous-marin a été repéré par un destroyer à quatre cheminées et a aussitôt plongé. Des charges ont été lancées par le destroyer et leur explosion a fait stopper les moteurs électriques. Il était à 54 m de profondeur. Après avoir remis les moteurs en marche, le commandant m’a dit que c’était un destroyer américain d’escorte du convoi de 4 navires, et que nous avions eu beaucoup de chances de nous en sortir. Il a ajouté qu’il allait devoir rentrer en Allemagne car la secousse avait détérioré le sous-marin. Le soir, nous sommes venus en surface et il y a eu communication radio avec l’Allemagne. Nous avons ensuite pris le chemin du retour.

Quelques jours plus tard, un vapeur italien chargé de charbon a été coulé par canonnage. Le capitaine est venu à bord, mais il a été autorisé à retourner dans son canot. J’ai demandé au commandant pourquoi il ne le gardait pas prisonnier. Il m’a répondu qu’il avait ordre de garder seulement les capitaines anglais. (Nota : on ne trouve aucun navire italien coulé par U 90. Ce vapeur non identifié a dû s’en sortir).
Dans la nuit du 15 au 16 Octobre, nous avons croisé le convoi du Havre, mais ne l’avons pas attaqué car il était trop bien gardé. Nous sommes restés posés sur le fond, à 40 m, au large du cap d’Antifer. Puis nous avons traversé la Manche pour atteindre Beachy Head.
Le 16 Octobre à 11h00, nous avons été bombardés par un avion, mais pas touchés. Nous nous sommes alors reposés sur le fond. En revenant en surface, on m’a dit que nous étions devant Dungeness. Nous sommes allés en surface jusqu’au bateau-feu de South Goodwin que j’ai très bien vu le 16 à 22h00. Nous avons suivi la côte hollandaise en surface, avant de plonger a nouveau au matin. Un destroyer allemand nous a ensuite escorté jusqu’à Wilhelmshaven où nous sommes arrivés le 18 Octobre à 19h00.

Ce sous-marin n’avait fait qu’une patrouille de 10 jours avant que je sois fait prisonnier. Il était venu en Atlantique en passant par le Nord de l’Ecosse. Le commandant m’a dit que c’était la cinquième fois qu’il revenait en Allemagne en passant par la Manche et qu’il commandait des sous-marins depuis le début de la guerre.

Cdlt
olivier
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