EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

olivier 12
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Trois-mâts barque EDOUARD DETAILLE

Lancé le 19 Janvier 1901 aux chantiers de la Loire à Nantes pour l’armateur Guillon dont c’était le 4e navire. Portait le nom du président de la Société des Artistes Français.

Trois-mâts barque type CA à coffre, à jubilee rig (gréement à doubles perroquets et sans cacatois.)

Caractéristiques

3000 tpl 2185 tx JB 1919 tx JN
Longueur 79,54 m Largeur 12,26 m Creux 7,29 TE 6,20m
2609 m2 de voilure

Pris au neuvage par le capitaine Lucas.
Navigation sans incidents notables jusqu’en 1917 où il était exploité par la Société Nouvelle d’Armement de Nantes.

La perte de l’EDOUARD DETAILLE

Extrait du rôle

Trois-mâts EDOUARD DETAILLE immatriculé à Nantes n° 174
Armé au long cours à Nantes en date du 14 Octobre 1916 par la Société Nouvelle d’Armement.
Parti le 2 Décembre 1916 (d’un port non mentionné) pour Buenos Aires avec 23 hommes d’équipage.

Capitaine Louis THOUIN CLC né le 11 Août 1885 à Binic Inscrit à Binic domicilié à Binic
Second Mathurin CHAPELET OMM né le 1 Février 1883 à Binic Inscrit à Binic domicilié à Binic
Lieutenant Louis Gautier né le 6 Septembre 1871 à Etables Inscrit à Binic domicilié à Etables

« Le trois-mâts EDOUARD DETAILLE a été torpillé le 25 Septembre 1917 à environ 250 milles au sud d’Ouessant. Coulé par un sous-marin allemand à 10h30 par 46° N et 11°50 W (méridien de Paris) »

Pas de rapport du commandant. Pas de renseignements sur le sauvetage des marins, tous rescapés.
Liste nominatives des rescapés jointe au rôle :

THOUIN Louis Capitaine Binic
CHAPELET Mathurin Second Binic
GAUTIER Louis Lieutenant Binic
VATEL Auguste Maitre Cayenne
LANGOUET Yves Second maitre Binic
HEURTEL François Charpentier Binic
LE GAUEFF Jules Mécanicien Vannes
BELAUR Jérôme Cuisinier Binic
GOURIO Louis Cambusier Binic
LUCO François Matelot Vannes
PETITBON Jean-Baptiste Matelot Paimpol
FELISSE Louis Matelot Vannes
DANIEL François Matelot Binic
LE DIRACH Théodore Matelot Auray
LE MENTEC Henri Matelot Vannes
HERY Marcel Matelot Binic
LEDRU Jean Matelot Cancale
CHAZE Albert Matelot Nantes
MAURICE Alexis Matelot Noirmoutier
GUYON Jules Matelot Dinan
TRICOT Jules Novice Saint Malo
FOEZON Jean-François Mousse Binic
MAHE Louis Mousse Binic

Le sous-marin attaquant


Etait l’U 60 du Kapitanleutnant Karl Georg SCHUSTER

L’EDOUARD DETAILLE a donc été torpillé quatre jours avant l’EUGENIE FAUTREL, de la même compagnie, sur la même zone et par le même sous-marin qui fit une patrouille particulièrement fructueuse.

Cdlt

Olivier
olivier
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Yves D
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par Yves D »

Bonsoir à tous

EDOUARD DETAILLE a été coulé d'une tropille lancée "en coup de grâce" après avoir été évacué sur ordre de U 60. Un équipage majoritairement binicais !
Curieusement, je note qu'au cours de cette patrouille du 12.9 au 19.10 dans le secteur Atterrages occidentaux et Gascogne, U 60 n'aura coulé que des voiliers et à chaque fois, il semble avoir pris les dispositions nécessaires pour préserver la vie des équipages, ce qui honore son Commandant.
Source : Spindler vol.IV

Pourquoi une torpille plutôt que le canon ? Le temps si j'en juge par la carte météo du jour ne présentait rien laissant supposer une mauvaise mer et je n'ai pas le KTB pour y répondre. Si je puis me le procurer, j'y reviendrai.
Cdlt
Yves
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La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques précisions sur la perte de l’EDOUARD DETAILLE

Le 24 Septembre, le capitaine de l’EDOUARD DETAILLE avait vu sombrer à 12 milles dans le NNW un grand quatre-mâts. Il était convaincu qu’il s’agissait de l’EUROPE, car il connaissait bien ce navire qui était avec lui à Sydney.
Il avait quitté Sydney le 16 Juin, chargé de 3000 tonnes de blé à destination de Rochefort.
Il s’attendait donc à être attaqué et avait fait vérifier les baleinières de sauvetage. Le 25 Septembre, il fut canonné par un sous-marin qui tira 8 obus, dont trois touchèrent le bâtiment.
Il n’y eût ni tués ni blessés et l’équipage, de 28 hommes tous français, se réfugia dans les embarcations.
Le sous-marin plongea alors, et dix minutes plus tard lança une torpille qui atteignit le bâtiment sur bâbord avant.
Celui-ci coula en deux minutes.

Le sous-marin fit surface et s’approcha des baleinières. Le capitaine fut interrogé sur sa provenance, sa destination et son chargement. Le commandant allemand parlait assez bien le français, mais utilisait quand même un interprète. Il lui indiqua le point exact (qui ne différait que de quelques milles du point du Français), lui demanda s’il avait suffisamment de vivres et l’autorisa à faire route vers la terre.
Sur le sous-marin, il y avait une douzaine d’hommes, presque tous en cirés. Le sous-marin avait deux canons, sans doute de 88 mm et une mitrailleuse sur l’arrière. Il évoluait facilement.

Une des baleinières avait été percée par un éclat d’obus et se remplissait d’eau. On aveugla la voie d’eau avec des morceaux d’étoffe et un placard de plomb.
Il y avait sur la zone, depuis la veille, un trois-mâts ressemblant à un terre-neuvier, et le capitaine pense qu’il s’agissait d’un bâtiment ravitailleur à moteur. Sur cette zone ont été coulés l’EUROPE, le MARCEAU et le DETAILLE. Il pense donc que les Allemands sont avertis du départ des bâtiments de Sydney, et comme c’est le point d’atterrissage de tous ces navires, ils les détruisent. Si des mesures ne sont pas prises, tous les bâtiments chargés de blé seront coulés.

Les deux embarcations firent route sur la terre distante de 220 milles. Elles étaient abondamment pourvues en vivres et le temps était heureusement très beau. De plus, elles rencontrèrent le 29 Septembre une baleinière abandonnée du NIEMEN (nota : vapeur français coulé le 17 Septembre par l’U 54). Les vivres et l’eau qu’elle contenait furent très utiles aux naufragés.

Le 2 Octobre vers 08h30, après 7 jours de navigation, les naufragés furent recueillis par un torpilleur, épuisés de fatigue, à 16 milles au nord d’Ar Men.

Les dépositions du second Mathurin Chapelet, du maître d’équipage Auguste Vatel et des matelots Jean-Baptiste Petitbon et François Luco n’apportent rien de nouveau.
A noter que le sous-marin qui coula l’EUROPE est très différent de celui qui coula l’EDOUARD DETAILLE.
La commission d’enquête conclut :
« Il est évident qu’il y a nécessité de prendre des mesures pour protéger ces voiliers… »

Elle ajoute aussi :
" Il est étonnant que le sous-marin ait lancé une torpille contre le voilier abandonné. C'est à croire que le commandant a profité de l'occasion pour faire faire un exercice à son équipage"
(Ce serait à vérifier avec le KTB du sous-marin ;))

Cdlt
olivier
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Une photo de l'EDOUARD DETAILLE (prise en Australie)

Image

Cdlt
olivier
Michael Lowrey
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par Michael Lowrey »

Bonjour à tous,

Unfortunately, commanders in their KTBs only very rarely explain why they opted to sink a ship they stopped in a particular manner. I have U 60's KTB and no explanation is given. EDOUARD DETAILLE was the only vessel U 60 sank by torpedo on this patrol; two other good size steel-hulled barks (EUGENIE FAUTREL and BON PREMIER) were sunk by gunnery.

That said, in general it's not at all unusual for a U-boat to sink a larger (say 1,000+ ton) stopped/abandoned vessel with a torpedo.

I wouldn't call this patrol particularly successful -- 8,077 tons of shipping sunk is average (at best) for a U-series boat with a veteran commander at this stage of the war.

Best wishes,
Michael
Memgam
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Edouard Detaille, du nom du peintre Jean Baptiste Edouard Detaille (1848-1912), qui fut peintre de l'Armée.
trois-mâts barque construit en 1901 aux Chantiers de la Loire à Nantes.
2185 tjb, 1919 tjn, 3000 tpl, 84,31 x 12,29 x 6,87 m, une petite chaudière timbrée à 6 kg.

Le 8 mai 1904, à 8 h du matin, par 45°26' sud et 30°35' est, le premier maître Bailey est emporté par une lame par mauvais temps. malgré la mise à l'eau d'un canot et une recherche pendant trois heures, l'homme, équipé de ciré et de bottes, n'est pas retrouvé. Déclaration faite à Port Adélaïde à l'arrivé en début juillet, d'Edouard Detaille.

En 1912, indicatif JBGK, immatriculé à Nantes, armateur Norbert & Claude Guillon, capitaine Lechvien.

Au cours d'un voyage, en plein Atlantique nord, capitaine Drillet, le trois-mâts passe sur une épave immergée et une pièce de bois vient bloquer le gouvernail pendant vingt quatre heures.

En 1916, le 9 avril, de nuit, le trois-mâts Edouard Detaille, capitaine Thouin, eau mouillage en baie Watson, près de Sydney, est abordé par le charbonnier Corrimal. Les dégats sont mineurs.

En 1917, après le torpillage, l'équipage a été recueilli, épuisé, à 16 milles d'Armen, par le torpilleur 267, le 2 octobre 1917, sept jours après la destruction du navire.

Journal de navigation du torpilleur 267, sgamemoiredeshommes SS Y 507 page 579 :
"Mardi 2 octobre 1917.
5 heures, nous appareillons
9 heures, nous trouvons 3 canots de l'Edouard Detaille avec des naufragés, nous les remorquons à Brest.
12 h, nous accostons la charbonnière."

Le torpilleur 267 est du type de 37 mètres à deux chaudières, voir son sujet dans le forum.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
Frederic Grellier, Trésors cap-horniers, volume 2, O Large éditions, 2012. photo page 43, State Library of South Australia.
Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937.
The Register, Adélaïde, Monday, 11 july 1904.
Daily commercial news and shipping list, Sydney, tuesday 11 avril 1916.
René Richard & Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faitss de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010.
Jean Labayle-Couhat, French warships of worl war I, Ian Allan, 1974, photo page 129.

Cordialement

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Memgam
Memgam
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Le capitaine Lechvien a commandé Bayard de son neuvage (1902), Edouard Detaille de 1906 à 1912 puis Bossuet. et ensuite Crillon pendant toute la Grande guerre. Voir les sujets, Bayard, et Bossuet.

Cordialement.
Memgam
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Rapport de mer du commandant du trois-mâts Edouard Detaille

…Le vingt-cinq, me trouvant par L : 46° N et G. : 11°35', je faisais route à l'est avec une petite brise d'ouest-sud-ouest et un temps magnifique ; rien d'anormal. A neuf heures quarante cinq, Monsieur Chapelet, mon second, étant occupé à son travail sur le pont, je le fais appeler pour prendre des tops aux chronomètres. Les observations étant faites, nous causons quelques minutes : ensuite..Chapelet prend les jumelles pour scruter l'horizon, cherchant à découvrir un quatre-mâts qui depuis quarante heures naviguait avec nous ainsi qu'un petit trois-mâts goélette : rien en vue. Subitement, à deux milles et demi, dans l'ouest-nord-ouest, j'aperçois un point noir. J'avertis le second qui dirige sa jumelle dans la direction et reconnait un sous-marin : branle-bas général, commencé aussitôt la manoeuvre, laissé tomber perroquets et huniers volants, mais à peine la manoeuvre commencée qu'un obus éclate à dix mètres sur l'arrière.
Première attaque du sous-marin sans avis…Nous abandonnons la manoeuvre et sautons aux embarcations qui, en une minute, sont toutes deux à l'eau. Pendant cette minute, deux obus tombent à bord, l'un à tribord arrière, crevant ma baleinière en trois endroits différents, l'autre à tribord avant, crevant la misaine. Je fais aussitôt quitter le bord et après m'être assuré que tous le personnel était bien dans les embarcations, j'ai quitté moi-même le navire en jetant à l'eau ma boîte à papiers pour rejoindre ma baleinière :…déjà presque coulée malheureusement, j'ai du abandonner cette boîte qui aussitôt a disparu. A peine étais-je dans l'embarcation qu'un quatrième obus éclatait sur le pont arrière, l'autre sur le pont avant. Ces cinq obus tirés, le sous-marin nous a laissé nous éloigner du bord et après cinq minutes d'attente a disparu ; ce dernier est resté environ douze minutes en plongée, le temps nécessaire sans doute pour sa manoeuvre de torpille car, après cet intervalle, nous avons entendu un craquement : le navire venait de recevoir une torpille par bâbord avant, le faisant disparaître dans deux minutes, à six heures trente-cinq. Le sous-marin revenu en surface se dirige vers mon embarcation. Le commandant m'appelle et me pose ces questions :"Quel est le nom du navire ? D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Quel tonnage ?" puis ensuite il m'a donné mes positions me demandant aussi si j'avais des vivres et un compas, ce à quoi je lui ai répondu que j'étais muni de tout le nécessaire. Cinq minutes après, le sous-marin disparaissait.
J'ai fait route, me dirigeant sur la terre la plus proche qui était Ouessant, deux cent trente cinq milles environ. Favorisé la première journée par des vents d'ouest, j'ai fait quatre-vingt seize milles en bonne route. Les vents tournant ensuite au nord-est et à l'est, j'ai dû louvoyer pendant six jours pour atterir à l'île de Sein le deux octobre à huit heures du matin, accueilli par le torpilleur Deux cent soixante sept de Brest. Je suis rentré dans le port le même jour à quatre heures environ. Pendant la traversée qui a duré sept jours, je n'ai eu qu'à me louer du sang-froid et de la confiance de mon équipage.
Ayant quitté Sydney (Australie) le sept juin mil neuf cent dix sept avec un plein entier chargement de blé pour Rochefort, rien d'anormal ne s'étant passé à bord jusqu'à ce jour."
Signatures du capitaine Mr Thouin et deux matelots, Louis Gourio de Pornic et Louis Gautier d'Etables."

AD du Finistère, tribunal de commerce de Brest 63U/22/7.

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010, photo page 329.

Cordialement.

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Memgam
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

une vue d'Edouard Detaille, collection particulière, droits réservés.

Cordialement.

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Memgam
yrbaf
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Re: EDOUARD DETAILLE Trois-mâts barque

Message par yrbaf »

merci pour vos informations sur le Edouard DETAILLE.
j' ai récemment récupéré un coffre de marin en triste état, mais qui une fois nettoyé m'a permis de découvrir une peinture de ce trois mâts barque.
Sur celle ci la coque est de couleur foncée contrairement aux différentes photos présentes sur ce forum (à l'exception de celle en annexe de votre réponse).
Cette teinte a t'elle été faite pour rendre le navire moins voyant ?
mesimages/20142/mini/DSC0850.jpg
mesimages/20142/mini/DSC0861.jpg

cordialement
Bonjour,

Rapport de mer du commandant du trois-mâts Edouard Detaille

…Le vingt-cinq, me trouvant par L : 46° N et G. : 11°35', je faisais route à l'est avec une petite brise d'ouest-sud-ouest et un temps magnifique ; rien d'anormal. A neuf heures quarante cinq, Monsieur Chapelet, mon second, étant occupé à son travail sur le pont, je le fais appeler pour prendre des tops aux chronomètres. Les observations étant faites, nous causons quelques minutes : ensuite..Chapelet prend les jumelles pour scruter l'horizon, cherchant à découvrir un quatre-mâts qui depuis quarante heures naviguait avec nous ainsi qu'un petit trois-mâts goélette : rien en vue. Subitement, à deux milles et demi, dans l'ouest-nord-ouest, j'aperçois un point noir. J'avertis le second qui dirige sa jumelle dans la direction et reconnait un sous-marin : branle-bas général, commencé aussitôt la manoeuvre, laissé tomber perroquets et huniers volants, mais à peine la manoeuvre commencée qu'un obus éclate à dix mètres sur l'arrière.
Première attaque du sous-marin sans avis…Nous abandonnons la manoeuvre et sautons aux embarcations qui, en une minute, sont toutes deux à l'eau. Pendant cette minute, deux obus tombent à bord, l'un à tribord arrière, crevant ma baleinière en trois endroits différents, l'autre à tribord avant, crevant la misaine. Je fais aussitôt quitter le bord et après m'être assuré que tous le personnel était bien dans les embarcations, j'ai quitté moi-même le navire en jetant à l'eau ma boîte à papiers pour rejoindre ma baleinière :…déjà presque coulée malheureusement, j'ai du abandonner cette boîte qui aussitôt a disparu. A peine étais-je dans l'embarcation qu'un quatrième obus éclatait sur le pont arrière, l'autre sur le pont avant. Ces cinq obus tirés, le sous-marin nous a laissé nous éloigner du bord et après cinq minutes d'attente a disparu ; ce dernier est resté environ douze minutes en plongée, le temps nécessaire sans doute pour sa manoeuvre de torpille car, après cet intervalle, nous avons entendu un craquement : le navire venait de recevoir une torpille par bâbord avant, le faisant disparaître dans deux minutes, à six heures trente-cinq. Le sous-marin revenu en surface se dirige vers mon embarcation. Le commandant m'appelle et me pose ces questions :"Quel est le nom du navire ? D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Quel tonnage ?" puis ensuite il m'a donné mes positions me demandant aussi si j'avais des vivres et un compas, ce à quoi je lui ai répondu que j'étais muni de tout le nécessaire. Cinq minutes après, le sous-marin disparaissait.
J'ai fait route, me dirigeant sur la terre la plus proche qui était Ouessant, deux cent trente cinq milles environ. Favorisé la première journée par des vents d'ouest, j'ai fait quatre-vingt seize milles en bonne route. Les vents tournant ensuite au nord-est et à l'est, j'ai dû louvoyer pendant six jours pour atterir à l'île de Sein le deux octobre à huit heures du matin, accueilli par le torpilleur Deux cent soixante sept de Brest. Je suis rentré dans le port le même jour à quatre heures environ. Pendant la traversée qui a duré sept jours, je n'ai eu qu'à me louer du sang-froid et de la confiance de mon équipage.
Ayant quitté Sydney (Australie) le sept juin mil neuf cent dix sept avec un plein entier chargement de blé pour Rochefort, rien d'anormal ne s'étant passé à bord jusqu'à ce jour."
Signatures du capitaine Mr Thouin et deux matelots, Louis Gourio de Pornic et Louis Gautier d'Etables."

AD du Finistère, tribunal de commerce de Brest 63U/22/7.

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010, photo page 329.

Cordialement.

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